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Des structures de production peu développées

Les faibles revenus et la pauvreté généralisée sont les reflets de structures de produc-tion peu développées et de la faible productivité de beaucoup d’économies africaines.

Les principales faiblesses vont des infrastructures insuffisantes au manque de ressources humaines et physiques, en passant par l’absence de diversification de la production et des échanges. Ces insuffisances sont la conséquence de la faiblesse des institutions, de politiques inadaptées, de l’instabilité politique et de nombreux conflits eux-mêmes nés de l’histoire du continent africain et de ses richesses de départ.

Le rendement moyen d’un travailleur africain était estimé à $2 100 en 2000. Cette moyenne cache toutefois une fourchette très large – de $260 au Burundi à $9 900 à l’île Maurice et en Afrique du Sud. Dans 60% des pays africains, la moyenne était en deçà de $1 000. Le rendement moyen par travailleur dans le monde est de 3 à 5 fois plus élevé dans les pays à revenu intermédiaire et multiplié par 10 dans les pays à revenu élevé.

Le rendement agricole est également faible dans le continent. En 2000, le rendement des cultures céréalières était de 1,4 tonnes par hectare – allant de 0,2 tonnes au Botswana à 6,6 tonnes en Egypte, tandis que le rendement moyen était de 4,8 tonnes par hectare en Asie de l’Est, 3,1 tonnes en Asie du Sud-Est et 2,2 tonnes an Asie du Sud. Vingt-neuf pays se sont situés en dessous de la moyenne. Les facteurs responsables du faible rendement agricole sont, entre autres, les particularités géographiques, les conditions climatiques adverses, les régimes fonciers, la dégradation des sols et la déser-tification, les pratiques agricoles inadaptées, et le manque de systèmes d’appui.

Les faibles revenus et la pauvreté généralisée sont les reflets de structures de production peu développées et de la faible productivité de beaucoup d’économies africaines

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En 2000, le niveau moyen du capital par travailleur en Afrique s’élevait à environ $5 000 dans une tranche allant de $440 en Ethiopie à $28 000 au Gabon. Sur les 38 pays pour lesquels des données ont été disponibles, 28 affichaient un capital par travailleur infé-rieur à $4 000. Dans la plupart des pays à revenu élevé, ce capital dépasse $60 000. Sur les 30 pays classés aux rangs les plus bas en termes de capital par travailleur, 28 sont africains.

En dépit des avancées de ces dernières décennies, l’Afrique est la région la plus pauvre au monde en capital humain. En 2000, l’Africain moyen avait suivi 3,8 ans de scolarité, ce qui représente un peu plus de la moitié de la moyenne mondiale et environ 40% de celle des économies avancées. Plus de 40% des Africains de plus de 25 ans n’ont jamais été scolarisés. On trouve le taux le plus élevé de non-scolarisation au Mali avec 86%, et le plus faible à l’île Maurice, avec 14%. Seuls 19% des Africains de plus de 25 ans sont arrivés au terme de leurs études secondaires, le Niger ayant le taux le plus faible dans ce domaine (2%) et l’Afrique du Sud, le plus élevé (48%), alors que la moyenne est de 39% pour les pays les plus développés. Enfin, seulement 3% des Africains de plus de 25 ans ont atteint le niveau de l’enseignement supérieur, par rapport aux 12% en Asie de l’Est, en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Malgré les acquis considérables dans le domaine de la santé, l’espérance de vie en Afrique demeure faible et les taux de mortalité élevés. Dans bon nombre de pays, le capital humain est décimé par le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Le VIH/sida épuise le capital humain car il tue en quantité des personnes jeunes et productives, et il dégrade la qualité de ce capital car il touche surtout les personnes instruites. Couplée à d’autres effets socio-économiques, cette maladie est devenue l’un des plus grands problèmes aux-quels bon nombre de pays africains doivent faire face pour leur développement.

L’insuffisance des infrastructures est un autre problème majeur en Afrique. La capacité de ses réseaux de télécommunications est plutôt limitée, avec en 2000 une moyenne de 14 téléphones pour 1 000 habitants – le nombre allant de 1 pour 1 000 habitants en République démocratique du Congo à 120 pour 1 000 en Afrique du Sud. Dans vingt-quatre pays, il existe moins de 10 téléphones pour 1 000 habitants, alors que la moyenne des pays les plus développés est de 450 téléphones pour 1 000 habitants.

La faiblesse du réseau des routes revêtues entrave également l’activité économique. En 2000, l’Afrique avait en moyenne 4 kilomètres de routes revêtues pour 100 kilomètres car-rés de superficie – allant de 0,02 kilomètres en Ethiopie à 80 à Maurice. Ce dernier pays était le seul à disposer de plus de 10 kilomètres de routes revêtues pour 100 kilomètres car-rés. On note également une insuffisance dans les services de transport aérien et, par ailleurs, la production et la consommation d’électricité restent inférieures à celles des autres régions.

La production et les exportations de nombreux pays africains ne sont pas très diversi-fiées. Même si la part de l’agriculture dans le PIB en Afrique a chuté, passant de 40%

dans les années 60 à 20% en 2000, elle représente toujours plus de 40% du PIB dans

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Possibilités et nécessité 21 certains pays, et plus de 30% dans plusieurs autres. Pendant cette même période,

l’aug-mentation de la part du secteur industriel dans le PIB a été plutôt insignifiante, pas-sant de 26% à 30% (avec des variations de 6 à 60%), et la part des services est passée de 34 à 50%.

Il subsiste toutefois un certain nombre d’insuffisances structurelles. Tout d’abord, le rétré-cissement de la part de l’agriculture dans le PIB n’a pas été accompagné par une augmen-tation proportionnelle de l’emploi dans les autres secteurs, notamment l’industrie. Soixante pour cent des travailleurs africains se trouvent dans le secteur agricole – et, lorsque les éco-nomies relativement plus développées de l’Afrique du Nord et de l’Afrique australe ne sont pas prises en compte, cette part s’élève à près de 70%. Ensuite, la part du secteur manu-facturier peu développé ne représente que 14% du PIB et ce secteur est dominé par des industries légères comme l’alimentation et les textiles. La production de machines et de matériel de transport ne dépasse pas 20% du secteur manufacturier. Enfin, l’extraction minière, notamment du pétrole, avec de petits apports du secteur de la construction, occupe la place la plus importante dans les activités industrielles du continent.

Les pays africains dans leur majorité n’ont pas réussi à passer du stade d’exportateurs de matières premières à celui de fournisseurs de produits manufacturés, dont la demande est plus souple et les prix plus soutenus. En 1995, la part des matières pre-mières dans les exportations africaines s’élevait à 64%, alors qu’elle était de 49% en Amérique latine et d’à peine 5% en Asie. La moyenne mondiale avoisinait les 24%. En ce qui concerne les produits manufacturés, leur part dans les exportations du continent n’était que de 28%, alors qu’en Amérique latine, elle atteignait 50% et en Asie 37%

(CNUCED 1995).

L’Afrique n’exporte qu’un petit nombre de matières premières. Un seul produit de base compte pour plus de 60% des exportations, dans 20 pays africains (tableau 1.1). Trois produits représentent plus de 80% des exportations de 31 pays, une part qui atteint les 95% pour 19 d’entre eux (Algérie, Angola, Botswana, Cap-Vert, Congo, Ethiopie, Gabon, Guinée, Guinée équatoriale, Libye, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Ouganda, République démocratique du Congo, Rwanda, Tchad et Zambie).

Les pays africains dans leur majorité n’ont pas réussi à passer du stade d’exportateurs de matières premières à celui de fournisseurs de produits manufacturés

Tableau 1.1

Dépendance des pays africains vis-à-vis des exportations de matières premières, 1995 (nombre de pays)

Part du total des exportations (en %)

20–40 40–60 60–80 80–100

One 16 11 10 10

Two 2 12 9 24

Three 1 4 11 31

Source: Commission économique pour l’Afrique, à partir de sources officielles; sur la base de CNUCED 1995. Voir Annexe 1.

Un produit Deux produits Trois produits

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