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L’absence de participation populaire et de prise de conscience officielle par les pouvoirs publics a entraîné une injustice sociale généralisée et des inégalités marquées dans plu-sieurs pays africains, causant ainsi des troubles civils (Obasanjo et Mosha 1993). Il ne saurait y avoir de paix durable sans justice. L’allégement de la pauvreté et la participa-tion de tous à la gouvernance favoriseront la paix et la sécurité régionales.

Les communautés économiques régionales doivent élaborer des critères de convergence exigeant des États membres qu’ils rendent des comptes, qu’ils se montrent plus res-ponsables et plus transparents, qu’ils garantissent l’indépendance de l’appareil judi-ciaire, qu’ils créent des mécanismes de concertation en vue de promouvoir le dialogue et d’aplanir les divergences entre l’opposition et les partis au pouvoir, qu’ils placent l’in-térêt de la nation avant les inl’in-térêts personnels et qu’ils renforcent les capacités des par-lements et de leurs commissions qui doivent devenir de véritables instruments d’équilibre des pouvoirs.

Les traités et protocoles continentaux, régionaux, et sous-régionaux, ainsi que les méca-nismes institutionnels relatifs à l’intégration doivent comprendre des dispositions autori-sant une ingérence régionale ou sous-régionale dans les affaires internes des États membres dans certaines circonstances graves telles que les violations des droits humains, les menaces contre la population civile, les tentatives anticonstitutionnelles de renversement d’un gou-vernement démocratiquement élu. Le Conseil de sécurité de l’Union africaine devrait sans délais devenir pleinement opérationnel afin d’harmoniser tous ces efforts.

Les institutions d’enseignement et de formation devraient jouer un rôle essentiel dans la quête africaine d’une paix et d’une sécurité durables, bonne gouvernance et pour l’in-tégration régionale. La fonction spécifique des systèmes éducatifs a été énoncée suc-cinctement dans la Constitution de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture en ces termes: “Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix.»

À cet effet, les programmes d’enseignement doivent s’adapter aux impératifs de paix, de justice, de sécurité, de bonne gouvernance et d’intégration régionale en Afrique.

En Afrique, beaucoup de conflits résultent, du moins en partie, d’élections contestées et de contentieux électoraux. Par conséquent, chaque communauté économique régio-nale devrait mettre sur pied une commission de gestion et de supervision des élections 76 Accélérer l’intégration régionale en Afrique

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composée de représentants des médias, des milieux d’affaires, des organisations de la société civile, des organismes de défense des droits humains, des organisations fémi-nines et d’autres parties concernées. Cette commission devrait:

• Collaborer avec la commission électorale de chaque pays en vue de gérer les élec-tions présidentielles et parlementaires. Une telle collaboration devrait commencer au moins six mois avant le début des élections afin d’habiliter l’électorat et de don-ner une légitimité et une crédibilité régionales aux résultats des élections;

• Travailler avec des observateurs internationaux des élections appartenant à des organisations telles que l’Organisation de l’unité africaine (à présent Union afri-caine), l’Union européenne, le Commonwealth, et avec des organismes d’observa-tion américains, notamment le Carter Centre, le Nad’observa-tional Democratic Institute et le National Republican Institute;

• Mobiliser des ressources régionales et internationales (expertise, financement et matériel) pour l’organisation d’élections libres et justes dans les États membres;

• Valider toutes les élections présidentielles et parlementaires dans les États membres, conjointement avec les observateurs internationaux et les commissions électorales nationales.

Les États membres des communautés économiques régionales devraient proclamer une semaine annuelle de “l’intégration régionale” pour sensibiliser la population. Pendant cette semaine, un comité national élargi, composé de diverses parties prenantes, plani-fiera et mettra en œuvre des programmes et activités relatifs à la paix, à la justice, à la sécurité, à la gouvernance et à l’intégration régionale. Les participants viendraient des écoles, des collèges, des universités, des milieux d’affaires, des ministères de l’éducation, de la jeunesse et des sports, des partis politiques, des organisations féminines et autres organisations de la société civile. L’appui et la participation des partenaires au dévelop-pement, des donateurs et des institutions des Nations Unies seraient également utiles.

Conclusion

Certes, les efforts d’intégration de l’Afrique vont dans le bon sens et reposent sur une large assise, mais ils sont très insuffisants. Entre 1994 et 1996, il y a eu une vague d’in-tégration des communautés économiques régionales et des secteurs économiques, puis une stagnation, voire un recul. Ce manque de progrès significatifs n’est pas de bon augure et il donne une idée du défi redoutable que la jeune Union africaine doit relever pour porter l’intégration de l’Afrique à des niveaux comparables à ceux des autres régions.

Principaux acteurs de l’intégration régionale, les communautés économiques régionales n’ont pourtant pas reçu le pouvoir supranational requis pour assurer l’exécution des décisions collectives et la convergence des politiques. Elles doivent être rationalisées et habilitées pour agir au nom de leurs pays membres. Pour approfondir l’intégration régio-nale, mieux la coordonner et la rendre plus efficace, il faudra donner à ces institutions le

Les communautés économiques régionales doivent être rationalisées et habilitées pour agir au nom de leurs pays membres

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pouvoir de superviser la mise en œuvre, le contrôle et la coordination des activités d’in-tégration régionale. En travaillant de concert sous les auspices de l’Union africaine, elles pourraient voir leurs efforts d’intégration donner davantage de résultats.

Le financement de l’intégration régionale est une autre contrainte fondamentale qui se traduit par l’insuffisance des ressources financières des secrétariats des communautés économiques régionales et des programmes d’intégration régionale et continentale. Les initiatives régionales continuent de manquer de financement et d’adhérents effectifs.

La lenteur de l’intégration régionale est également imputable aux conflits politiques et aux contraintes en matière de ressources. Les conflits gaspillent les ressources natio-nales, créent des divergences entre les membres des communautés économiques régio-nales et créent des perturbations politiques dans la région.

Les nouveaux efforts d’intégration risquent de ne pas aboutir si des mesures décisives ne sont prises pour lever de telles contraintes institutionnelles, économiques et poli-tiques. Les priorités devraient être de renforcer la capacité de production et d’élargir la participation à l’intégration en accordant un rôle de premier plan au secteur privé. Des liens régionaux sectoriels et intersectoriels seront nécessaires pour soutenir l’intégra-tion. L’Union africaine devrait prendre l’initiative de redynamiser le processus, en éta-blissant des priorités pour le programme d’intégration de l’Afrique.

La mise en oeuvre des projets d’intégration régionale soulève trois grandes questions.

Tout d’abord, il faut identifier le moyen de transmettre à toutes les parties concernées des informations sur les avantages possibles de l’intégration, de façon à dégager un vaste consensus sur le processus. Ensuite, des formules incitatives adéquates sont nécessaires pour obliger les États à respecter les engagements pris dans le cadre des traités conve-nus. Enfin, une coordination des actions au sein des institutions régionales et interna-tionales s’impose afin que les initiatives d’intégration régionale puissent bénéficier du soutien et de l’appui nécessaires.

Les pays africains doivent se mobiliser rapidement pour soutenir l’Union africaine.

L’Afrique ne peut se permettre de faillir à l’entreprise cruciale de l’intégration régio-nale. Les dirigeants et les populations africaines ont l’occasion historique de réaliser le rêve d’unité qui leur tient tant à cœur. Ils doivent agir individuellement et collective-ment pour donner corps au programme de l’Union africaine.

Une coordination des actions au sein des institutions régionales et internationales s’impose afin que les initiatives d’intégration régionale puissent bénéficier du soutien et de l’appui nécessaires

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