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LE PEUPLEMENT DU HAUT-UELE AVANT LE XIX E SIÈCLE 144

LES PEUPLES DU HAUT-UELE

1. LE PEUPLEMENT DU HAUT-UELE AVANT LE XIX E SIÈCLE 144

Dans la région de l’Uele et de l’Ituri, des paysans de milieux culturels divers se sont rencontrés, y ont forgé une nouvelle tradition et ont fait des terres de la moyenne Bomokandi-Nepoko un pivot pour la région entière. D’après Jan Vansina, dans cette région du nord-est, des locuteurs de 28 langues des trois principales familles linguistiques africaines sont actuellement entassés comme si ces gens avaient immigré vers ce noyau de tous les points des alentours.

Les premiers agriculteurs, qui étaient probablement des locuteurs oubanguiens, venaient de l’ouest et apportaient avec eux une tradition d’outils polis dont les plus remarquables étaient des haches robustes en hématite très riche en fer. Celles-ci étaient si solides que les gens ont continué à les fabriquer jusqu’au xviie siècle. Puis les locuteurs bantou, venus du sud-ouest, sont arrivés à leur tour, parmi les ancêtres des Mabodo qui se sont installés sur la frontière forêt-savane près et au-144 Ce point est emprunté quasi intégralement à l’article

de Jan Vansina, « Sur les sentiers du passé en forêt : les cheminements de la tradition politique ancienne de l’Afrique équatoriale », Enquêtes et documents d’histoire africaine, Louvain-la-Neuve-Mbandaka, Centre d’histoire de l’Afrique-Æquatoria, 9, 1991, pp. 217-229.

delà du 3° Nord, et les ancêtres du groupe Buan qui a commencé à se diversifier dans les derniers siècles avant notre ère, juste au sud de la vallée de la moyenne Bomokandi, alors une vigoureuse forêt tropicale. Pendant ce temps, les locuteurs soudanais central du sud se différenciaient en plusieurs groupes linguistiques dans les hautes terres à l’ouest du Nil et du lac Mobutu. Dans cette région, la fonte du fer a fait ses débuts à partir de c. 300 av. J.C. et la banane a probablement été adoptée dans les premiers siècles de notre ère. Ce dernier développement en particulier doit être lié à plusieurs expansions humaines qui ont suivi  : l’expansion des locuteurs proto-mamvu dans les profondeurs des forêts d’Ituri, à l’est du 280°

Est où ils ont influencé tous les locuteurs bantou, l’expansion des locuteurs buan au nord, entre Uele et Mbomu, mais aussi au sud dans la région d’Aruwimi, et peut-être l’expansion des groupes de langues oubangiennes à l’ouest vers l’Ubangi et vers la boucle du Congo.

Chacun des trois groupes d’immigrants avait apporté son propre héritage social. Seule une minorité parmi les proto-Oubanguiens étaient des pêcheurs spécialisés qui se sont installés le long de l’Uele et d’autres rivières importantes. Parmi les autres, la chasse demeurait très importante même s’ils cultivaient aussi des ignames. Ceux-ci étaient alors très mobiles et vivaient dans des habitations dispersées. Les proto-Oubanguiens n’avaient pas d’idéologie liée au statut de leader et il n’est pas encore certain que même des chefs temporaires, par exemple en temps de guerre, aient été reconnus au-delà du

niveau de la maisonnée étendue. Les institutions intégrantes entre maisonnées semblent avoir été très faibles. Il n’existait pas de rituel d’initiation complexe pour les garçons et le mariage ne représentait pas, semble-t-il, une occasion de construire des liens à long terme entre de nombreuses maisonnées.

La culture soudanaise centrale du sud avait été à l’origine une culture de gardiens de troupeaux et d’agriculteurs. Ces gens vivaient en habitat dispersé, chaque résidence étant constituée d’une maisonnée et n’ayant d’autre chef que le leader de la maisonnée étendue. Mais les classes d’âge et leurs rituels d’incorporation ont pu fournir un cadre social plus large. À l’ouest du graben, les proto-Mamvu avaient abandonné leurs troupeaux en entrant dans les aires de savanes infestées par la mouche tsé-tsé. Les chèvres remplacèrent alors les bovins et l’agriculture s’intensifia. Les cultures principales furent d’abord les céréales, puis les ignames et finalement les bananes.

Le caractère peu structuré de leur organisation sociale ressort du fait que leur forme préférée de mariage consistait dans la pratique pour deux hommes d’épouser la sœur de l’autre. Ainsi les alliances matrimoniales entre maisonnées étendues n’entraînaient pas d’obligations mutuelles subséquentes et durables car aucune dette ou crédit matrimonial n’existait entre elles. Les alliances matrimoniales n’étaient donc pas des bases pour de futures alliances à long terme entre plusieurs groupes. Cette forme de mariage n’impliquait pas de richesses matrimoniales et, par conséquent, l’échange matrimonial ne pouvait servir à attirer des partisans et devenir un homme fort. La circoncision n’était pas pratiquée non plus et, s’il y a avait eu des classes d’âge, elles étaient maintenant tombées en désuétude. Il y avait donc très peu d’organisation dans la société proto-mambu au-delà de la maisonnée étendue. Il y avait des « Maisons », mais pas de villages, pas de districts et pas d’hommes forts.

Le contraste était énorme entre ces deux traditions et la tradition bantou occidentale héritée par les ancêtres des Mabodo et des Buan. Ces derniers avaient des districts, des villages, des Maisons, des hommes forts, des rituels de circoncision élaborés au niveau du village, et ils avaient adopté très tôt

la compensation matrimoniale comme forme principale de mariage, renforçant ainsi la base de l’autorité des hommes forts. Leur économie était parfaitement adaptée aux environnements forestiers, bien qu’ils bénéficièrent énormément de l’adoption de la banane par le temps épargné et l’excès de production qu’ils échangèrent contre la viande et le miel des chasseurs et cueilleurs qu’ils entraînèrent lentement à s’attacher à leurs village.

Les Mayogo et Bangha (oubanguiens), les Mamvu (soudanais central du sud) et les Buan (bantou) se mélangeaient tous durant la seconde moitié du premier millénaire de notre ère, dans la région de la moyenne Bomokandi et de la Nepoko. Vers l’an mille, leurs différents héritages avaient fusionné dans une nouvelle tradition commune. Celle-ci alliait une grande partie de l’héritage forestier buan avec des caractéristiques du genre de la vie de la savane mamvu. Le mélange des technologies était évident dans la chasse et l’agriculture. La pratique de la chasse à grande échelle, associée avec le brûlage des herbages (typique de la forêt). L’inventaire des cultures incluait à présent des céréales et d’autres espèces venues de la savane, ainsi que des cultures forestières. L’association des cultures (typique des forêts) était jointe aux rotations des cultures (typiques des savanes). La durée de la jachère fut réduite pour satisfaire l’habitude mamvu d’une agriculture plus intensive, mais comme aucune nouvelle technique fertilisante n’était utilisée, les sols s’épuisèrent et les savanes se déplacèrent vers le sud. Dans la sphère sociale, la nouvelle tradition adopta un peuplement en agglomérations compactes. Mais le village ne consistait qu’en une seule Maison qui était plus grande et qui possédait une cohésion interne plus forte et une stratification sociale plus importante qu’aucune maisonnée dans n’importe quelle autre tradition précédente. Le mariage avec compensation matrimoniale devint usuel et permit aux hommes forts d’utiliser les excédents plus importants pour se construire de gros harems, attirer plus d’hommes jeunes, accroître la main-d’œuvre et étendre le réseau de leurs alliances de défense. Cependant, les liens entre les communautés plus étendues se relâchèrent parce que le village et la Maison fusionnèrent, parce

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que le district disparut, et parce que les anciennes idées sur le rôle du chef étaient maintenant transférées aux hommes forts.

Cependant, la plupart des locuteurs buan quittèrent lentement les terres de la moyenne Bomokandi pour se répandre vers l’ouest, vers l’Itimbiri supérieur et la Likati, pendant que d’autres Mamvu et Mayogo continuaient à pénétrer dans la région de la moyenne Bomokandi-Nepoko depuis l’est. Ce furent des mouvements très lents, étalés sur des siècles et qui n’empêchèrent pas la tradition commune de s’enraciner. Ces mouvements culminèrent vers l’an mille avec l’arrivée dans la région de la moyenne Bomokandi-Nepoko d’un autre groupe de langue soudanaise centrale du sud, celui des Mangbetu. Ces gens provenaient des terres plus hautes et beaucoup plus sèches où les frontières actuelles du Congo, du Soudan et de l’Ouganda se rencontrent. Quand les locuteurs mangbetu arrivèrent dans cette région si différente, ils s’endettèrent tellement vis-à-vis de leurs instructeurs bantous qu’ils leur empruntèrent presque tout leur vocabulaire lié au nouvel habitat.

Une fois dans la région, ils migrèrent plus loin et commencèrent à se séparer en plusieurs groupes de langues. Durant la moitié du millénaire suivant, les locuteurs mangbetu s’étalèrent de tous côtés depuis le 3° Nord jusqu’à l’équateur, et du 26° Est au 28° Est.

Les ancêtres des Abelu et des Lombi s’installèrent respectivement dans les forêts profondes de la vallée de la Lindi et à l’est de la basse Nepoko. Ils furent suivis par les aïeux des Meje qui occupèrent la bordure des forêts de la Nepoko. Tous s’installèrent dans des interstices entre les terres exploitées par d’autres.

Chacun des groupes qui en résultèrent fut acculturé par ses voisins, mais tous gardèrent la caractéristique fondamentale du proto-mangbetu : un village égale une Maison. À son tour, chaque groupe, excepté les Lombi, mit ses voisins en contact avec la nouvelle tradition de la moyenne Bomokandi-Nepoko.

Pourtant, l’immigration dans la région-noyau de la moyenne Bomokandi-Nepoko fut bien plus forte que l’émigration. La densité de population s’accrut et, inévitablement, la fréquence et l’échelle des conflits augmentèrent aussi, ce qui entraîna à son tour de

nouvelles dispositions militaires. Quelques temps après l’an mille, une nouvelle disposition standard pour la bataille apparut. Des lanciers, protégés par des boucliers couvrant tout le corps, se battaient en rangs serrés : une tactique qui nécessitait de la discipline et un nombre d’hommes assez important. Les armes d’estoc de corps à corps furent perfectionnées. La lance et le bouclier avaient été utilisés dans la région longtemps auparavant, mais le couteau recourbé, ou

« trombash  », employé pour agripper et écarter le bouclier de l’adversaire avant de le frapper d’un coup de lance, était nouveau. Il fut développé à partir de la faucille à moissonner les céréales, commune à l’est.

Les armes de jet perdirent de leur prestige et l’emploi de l’arc à la guerre devint presque désuet au nord de la vallée de Bomokandi-Nepoko.

Les nouvelles tactiques signifiaient que plus d’hommes étaient disponibles et qu’un nouveau type de Maison se développait. Les Maisons s’agrandirent et se firent plus efficaces. Le nombre de leurs membres augmenta, elles se différencièrent de plus en plus, et elles adoptèrent des pratiques de succession plus efficaces. On peut penser que l’augmentation de la taille de leur Maison moyenne facilita le succès de l’expansion mangbetu. Dans le cœur du pays, le processus d’agrandissement de la Maison continua jusqu’au point où, vers le début du xviiie siècle, les plus grandes maisons englobaient plusieurs villages, et étaient en train de se transformer en Maisons-chefferies. À cette époque, les clients étaient devenus plus nombreux, les esclaves étaient des prisonniers de guerre ou fournis par le commerce, les harems se gonflaient, les guerriers employés étaient des semi-mercenaires spécialisés et désignés par des termes spéciaux.

L’épineux problème d’un ordre de succession à la charge de chef fut résolu comme suit. Le leader de la Maison désignait un héritier officiel et lui donnait quelque responsabilité. Le champ des prétendants légitimes fut limité aux fils du titulaire, et parmi eux, le fils aîné était souvent l’héritier privilégié.

Cela renforça la continuité de la charge de chef, sans pourtant entraîner ni une idéologie patrilinéaire complètement développée, ni la formation de lignages stricts. La charge de chef continua à être

considérée comme un statut atteint par l’effort personnel, non comme un droit d’héritage. Les dissensions et les prises de pouvoir occasionnelles continuèrent au xviiie siècle malgré la désignation d’un héritier officiel.

Les inégalités entre les Maisons les plus fortes et les plus faibles s’aggravèrent rapidement. Les premières accrurent leur domination, justifiant leurs exigences au nom d’une supériorité, soit comme donneuses d’épouses ou au contraire comme receveuses d’épouses, mais des receveuses qui conservèrent leur supériorité en vertu d’une parenté à plaisanterie.

L’agrandissement progressif de la Maison dans la région-noyau n’empêcha pas cependant l’arrivée d’un autre groupe de gens. Les Mabodo commencèrent à se déplacer vers l’ouest depuis les sources de la Nepoko et de l’Ituri, pour occuper un territoire de la moyenne Nepoko, probablement à partir du xviiie siècle. Ils y devinrent, pour un temps, les meneurs politiques. Même si leurs Maisons étaient plus faibles et plus petites que celles de la tradition de la moyenne Bomokandi-Nepoko, elles avaient maintenu la vieille organisation bantou du village et du district. La cohésion à l’intérieur des districts avait été renforcée par le développement de forts lignages segmentaires appuyés par une institution et une idéologie spéciale : l’« embaa », terme référant au principe de la succession patrilinéaire légitime, et désignant aussi un ensemble de rituels, charmes, et emblèmes qui y étaient liés.

Ces objets étaient sous la responsabilité d’un gardien muni d’un statut politique spécialisé. Ainsi, malgré la faiblesse de leurs Maisons, les Mabodo pouvaient rassembler autant ou plus de guerriers que n’importe lequel de leurs ennemis. Par ailleurs, leur armement était peut-être légèrement supérieur car ils mettaient en ligne des archers armés de flèches empoisonnées en plus de leurs lanciers groupés.

Leurs lignages firent une telle impression que les groupes mangbetu commencèrent à désigner leurs Maisons par un préfixe composé « Mava-  », dans lequel « va- » était une reprise de « ba- » qui préfixait les noms de lignages mabodo. Un autre aspect de l’impact de leur établissement dans la région fut de forcer les groupes meje et abelu autour d’eux

à accélérer la croissance de l’échelle des Maisons locales. L’organisation mabodo n’était pas seulement un sérieux adversaire pour leurs voisins du nord, elle constituait aussi une menace pour leurs voisins du sud, les Bali de la rivière Aruwimi […]

Des « Maisons-chefferies » firent leur apparition dans les années 1700, d’abord embryonnaires et puis fortes, dans la région la plus tendue, juste au nord et au sud des nouveaux établissements mabodo.

Avant la fin du siècle, huit Maisons-chefferies étaient parvenues à dominer la région de forte densité de population. La Maison-chefferie la plus grande et la plus cohérente se situait alors vers la Nepoko et son affluent, la Nava. À présent, le prestige meje éclipsait le prestige mabodo, quoique les districts mabodo étaient encore assez forts pour résister à une agression venue de n’importe laquelle des nouvelles Maisons-chefferies.

Cependant, les Maisons-chefferies se répandirent rapidement vers la source de la Bomokandi sans rencontrer d’opposition sérieuse. Les petites Maisons locales mamvu firent face à la menace en s’installant sur des buttes rocheuses pour se défendre, mais la mesure fut inefficace. Les terres mamvu devinrent un lieu favorable pour les raids aux esclaves et autres butins (le plus souvent des chèvres), et des aventuriers étrangers commencèrent à y établir leurs propres Maisons-chefferies. Par contraste avec la supériorité meje, les locuteurs mangbetu de la vallée de la Bima étaient sur la défensive contre les locuteurs buan.

Les Buan avaient adopté la très efficace organisation patrilinéaire segmentaire qui s’était développée dans la région de la haute Likati depuis 1600 et qui leur permettait de coordonner une action militaire sur de grands districts.

À partir de 1750, les anciennes populations près de la Bomokandi inférieure étaient aussi sur la défensive en subissant la pression indirecte de l’expansion abandia et celle des premiers azande Avungura. Les mobiles Abarambo qui vivaient au sud de la Bomu vers 1750 commencèrent à se retirer vers le sud en face de l’attaque azande, traversèrent l’Uele et s’installèrent entre les anciens habitants au nord des établissements makere. Dans cette situation labile, un seul catalyseur pouvait transformer

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l’ensemble du paysage politique. Ce catalyseur s’appela Manziga, du groupe Mabita. Manziga était un “self-made man”qui débuta comme client adopté.

Après 1750, il reprit la Maison de son maître, à l’est de la basse Nepoko dans la région d’Abelu, l’agrandit, s’en alla dans les terres meje où il se rendit maître de plusieurs Maisons-chefferies jusqu’à la Bomokandi au nord. Son fils et héritier, Nabiembali entreprit de nouvelles conquêtes après 1800 et subjugua toute la région de la moyenne Bomokandi-Nepoko, sauf la Maison-chefferie principale des locuteurs mayogo et les terres mabodo. En une seule génération, une Maison-chefferie avait donné naissance à un royaume. Comme signe de la transformation, le nom Mabiti fut proscrit et Mangbetu devint le nom officiel de la nouvelle unité politique.

Après 1815, Nabiembali se lança dans de nouvelles conquêtes en dehors de ses domaines centraux et occupa l’aire entre l’Uele au nord, les Maisons makere à l’ouest, et de nombreuses terres mamvu à l’est, incorporant des gens de milieux ethniques et linguistiques nombreux et différents dans le nouvel état mangbetu. Vers 1820, Nabiembali était devenu assez puissant pour résister aux premières attaques azande, depuis l’autre rive de l’Uele, donnant ainsi le temps à la nouvelle entité mangbetu de développer ses racines.

La croissance du royaume de Nabiembali fut si rapide que le développement d’institutions appropriées à cette nouvelle formation sociale ne suivit pas. Les institutions politiques mangbetu restèrent celles de la Maison-chefferie. Nabiembali continua à rassembler parents, épouses, clients et esclaves autour de lui. Les relations politiques continuèrent à être exprimées en termes de parenté, et les relations entre Maisons-chefferies dans l’état étaient toujours considérées en termes matrimoniaux. Nabiembali donnait des épouses aux leaders locaux et épousait quelques unes de leurs femmes. Dans le premier cas, il était le frère de la mère des enfants mâles de l’union, un d’entre eux étant alors responsable de la Maison-chefferie de sa mère. Dans le second cas, ses fils étaient les fils des sœurs des leaders du groupe de leur mère, et il utilisa ce lien pour les placer comme ses représentants dans ces groupes. Ses conseillers personnels étaient des parents proches,

des clients fidèles ou des esclaves complètement sous sa coupe. L’idéologie royale resta enracinée dans les conceptions de l’homme fort de talent, intelligent et bénéficiant d’une chance surnaturelle. Après 1850, quand la tension devint évidente parmi la foule de fils et de neveux de Nabiembali, l’oracle “mapingo”

qui prédisait le succès à la guerre, devint populaire parmi l’élite. Quant aux insignes royaux, c’étaient des objets mal définis, exceptionnels en prix ou en prestige, mais ils ne restaient que des indicateurs de la réussite du leader.

Nabiembali ne réussit pas non plus à créer de nouvelles institutions judiciaires, militaires et financières. La garde du corps royale composée de mercenaires professionnels, de proches parents et de dépendants du roi continua à former le noyau de l’armée. Les revenus gouvernementaux provinrent d’abord du butin, de la production alimentaire des femmes et des esclaves à la cour royale, et probablement des amendes judiciaires. Après les années 1850, la part du tribut et du commerce devint plus importante, mais ce tribut était toujours expliqué en termes de don. Aucun système judiciaire centralisé et hiérarchisé ne se développa. Ainsi, les

Nabiembali ne réussit pas non plus à créer de nouvelles institutions judiciaires, militaires et financières. La garde du corps royale composée de mercenaires professionnels, de proches parents et de dépendants du roi continua à former le noyau de l’armée. Les revenus gouvernementaux provinrent d’abord du butin, de la production alimentaire des femmes et des esclaves à la cour royale, et probablement des amendes judiciaires. Après les années 1850, la part du tribut et du commerce devint plus importante, mais ce tribut était toujours expliqué en termes de don. Aucun système judiciaire centralisé et hiérarchisé ne se développa. Ainsi, les