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LE PEUPLEMENT DU HAUT-UELE

LES PEUPLES DU HAUT-UELE

2. LE PEUPLEMENT DU HAUT-UELE

Au xviiie siècle, les Azande occupent peu à peu une bonne partie du nord de l’Uele où ils ne manquent pas d’affronter les Mangbetu qui, quelques années auparavant, avaient mené des combats acharnés contre les Mayogo et les Mamvu. À partir de 1860, le commerce avec Khartoum accroît la puissance des chefs azande qui vendent aux Arabes des esclaves contre des fusils. Des centaines des personnes sont faites prisonnières et vendues aux négriers arabo-égyptiens. Dans le nord du Congo – et donc dans l’Uele –, la traite se fait par Dem Ziber (Soudan) vers Le Caire (Égypte) ou Tripoli (Libye). Du jour au lendemain, ces chefs deviennent des sultans et, en 1879, ils reconnaissent la souveraineté de l’Égypte. Mais c’était sans compter avec les conquêtes mahdistes de 1884. Celles-ci aboutissent à l’éviction de l’Égypte de la région. Le commerce s’arrête pour les chefs azande, et ceux-ci se mettent à utiliser leurs armes pour agrandir leurs territoires. Contrairement aux hégémonies luba-lunda, en déclin au xixe siècle, les Azande connaîtront leur apogée à la faveur de la conquête coloniale. Arrivés par le sud en 1890, les Belges mettront vingt-deux années pour conquérir l’ensemble de la région de l’Uele. Ils n’y parviendront qu’en démembrant systématiquement les chefferies azande et mangbetu. Mais ils finiront par s’appuyer sur elles pour asseoir leur autorité.

Selon Jan Vansina, la plus grande partie de la savane entre Mbomu et Uele est occupée par les Azande, tandis que les forêts au sud du fleuve sont habitées par les Mangbetu et leurs voisins, les Mamvu et Mangbutu du Haut-Bomokandi. En réalité, de nombreux peuples

« zandéisés » sont enregistrés comme des « Azande », alors que subsistent encore des îlots « non zandéisés » de ces peuples : les Abarambo, Amadi, Bangba, Kare, Sere-Baka, Mundu et Bari. Les Azande eux-mêmes, bien qu’ayant une structure sociologique uniforme fondée sur le système des

« clans » d’est en ouest, sont dirigés par deux dynasties de chefs, les chefs Avungara à l’est (Dungu, Niangara, Poko, Bambesa et Ango) et les chefs Abandia à l’ouest (Buta, Bondo et Aketi) ; en d’autres termes, il n’y a pas d’Azande Avungara d’un coté et des Azande Abandia de l’autre. Dans la structure sociologique zande, les Avungara (autrement appelés « Akulangba ») constituent un « clan » au même titre que d’autres clans azande145.

145 Vansina, J., Introduction à l’ethnographie du Congo,

Les peuples « zandéisés » ont pour clans les noms de leurs anciens peuples : Amadi, Basili, Bangbahin, Bugulu, Mundu, etc. Ils parlent la langue « pazande ». Le reste des peuples non zandéisés conservent leur identité et leur langue (Barambo, Bangba, etc.). Les langues de certains d’entre eux sont moins discernables, suite à une diminution du nombre de leurs locuteurs respectifs.

Les Mangbetu ont également influencé un certain nombre de peuples voisins, mais sans les assimiler entièrement : les Popoi, les Malele, les Makere, les Medje, les Mangbele, les Mayogo et un groupe d’Amadi.

Le Haut-Uele est actuellement habité par divers peuples de trois principales souches, notamment :

– les peuples pygmoïdes : dans le Haut-Uele, ils sont appelés Aka et Tike-Tike. Ils vivent principalement dans les territoires de Rungu, Wamba et Watsa ; – les peuples de souche soudanaise  : les Azande qui

occupent l’ensemble du territoire de Dungu et une partie de celui de Niangara  ; les Mangbetu qu’on trouve dans les territoires de Niangara et de Rungu ; les Mayogo qui habitent une bonne partie du territoire de Rungu, une partie de celui de Niangara et une petite portion de Wamba ; les Mamvu qui peuplent une bonne partie du territoire de Watsa ainsi que les Logo qui occupent le territoire de Faradje ;

– les peuples de souche bantoue : il s’agit notamment des Budu et apparentés ainsi que des Lika et apparentés qui habitent tous le territoire de Wamba.

2.1. LES PYGMOÏDES

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Ces peuples sont considérés comme les premiers occupants du centre du continent. Disséminés sur différents territoires du Haut-Uele, ils vivent en symbiose avec les autres peuples. Ne pratiquant pas l’agriculture, la chasse et la cueillette sont leurs principales activités.

Kinshasa/Lubumbashi/Kisangani–Bruxelles, Éditions universitaires du Congo/Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP), 1966, pp. 39-52.

146 Hutereau, A., « Les négrilles de l’Uele et de l’Ubangi », Congo ; I-4, 1924, pp. 495-514 ; I-5, 1924, pp. 693-711.

Ils apportent le produit de leur chasse à leurs voisins pour recevoir en échange des produits agricoles et autres.

Dans les années vingt, de nombreux artistes-peintres étaient fascinés par les figures «  mangbetu  ». Les Européens qui exploraient les régions arrosées par l’Uele ne manquaient pas de décrire leurs rencontres d’une part avec les guerriers Azande et d’autre part avec des hommes considérés comme vraiment très exotiques : les pygmoïdes.

Le 25 avril 1882, le docteur Junker quitte le pays du chef Gambari (Gombari), et après avoir traversé divers cours d’eau qui étaient des affluents de la Nala, un grand tributaire du Bomokandi, il arrive finalement chez Malingbe. Là il apprend :

« qu’une colonie nomade des nains Akka, appelés Tikki-Tikki par les Arabes, se trouvait dans le voisinage. Je décidai, à force de présents, les indigènes Momfu à me conduire à leur campement. En une heure de temps, j’arrivai à une cinquantaine de petites huttes, bâties l’une à côté de l’autre, dans la forêt, par les Akka.

Elles étaient sans habitants, mais mon guide avait réussi à rallier deux des gnomes et, dès que je les vis, je tirai aussitôt de mes ballots quelques menus cadeaux, leur en promettant d’autres s’ils décidaient leurs frères, leurs femmes et leurs enfants à venir nous rejoindre plus loin.

Cette fois, je réussis à atteindre mon but. Un quart d’heure plus tard, je me trouvai au centre d’un cercle formé par 40 à 50 de ces petits êtres accompagnés de leurs femmes, et, dans la pénombre de la forêt, on en distinguait au moins encore autant. Je procédai aussitôt à une ample distribution de perles de couleur et d’autres petites quincailleries, ce qui fit, en partie, s’évanouir leur timidité. Le son de mes divers instruments de musique, et les images représentant des animaux de la forêt, achevèrent de les mettre en belle humeur. J’eus ainsi l’occasion d’examiner ces nabots, mais, malheureusement, le temps me manquait, car notre route était longue encore et mes gens me pressaient à partir. Je perdis donc de vue les petiots, presque aussi vite que je les avais aperçus, et quand nous continuâmes notre route, les gnomes sylvains avaient de nouveau disparu dans la sombre frondaison environnante147. »

147 « Explorations et découvertes du docteur W. Junker dans les bassins de l’Uelle et du Bomu », Le Congo illustré, Bruxelles, 1892, p. 182.

Le docteur Junker, comme tant d’autres explorateurs de l’époque qui ont observé les pygmoïdes, est obsédé par la petite taille de ces gens. Il n’hésite pas, pour les désigner, à utiliser les termes les plus variés : gnomes, petiots, nabots, etc.

2.2. LES AZANDE

Selon Jan Vansina, les Zande sont descendus de la République centrafricaine à partir du territoire occupé par les Nzabaro et ont établi leur premier royaume, dirigé par une dynastie ngbandi, sur le Bas-Mbomu dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ils pourraient même venir de plus loin, du lac Tchad. Si leur royaume florissait à cette époque, il déclina au cours du XIXe siècle, toléré par le monde arabe qui entretenait avec eux un commerce d’ivoire et d’esclaves.

Leurs princes possédaient de magnifiques palais entourés de plusieurs enceintes protégées. Le pouvoir des chefs Avungara était fortement centralisé ; un contre-pouvoir s’organisa, lié à la magie et à la divination, celui du mani148.

Le terme « Azande » n’est pas à proprement parler une ethnonymie. Il regroupe en son sein plusieurs peuples qu’on peut classer en deux groupes : les Vungura à l’est, qui sont les plus nombreux, et les Bandiya à l’ouest. Certains de ces peuples furent complètement absorbés par eux et perdirent même leur identité ainsi que leur langue. Leurs noms tribaux dégénérèrent en noms de clans, de sorte qu’ils se considèrent maintenant comme des Azande149.

D’après Joseph-Aurélien Cornet et Angelo Turconi,

« Zande » (au pluriel Azande) signifie : « celui qui habite la terre ». C’est de cette façon que ce peuple voulait s’affirmer comme le propriétaire de ces vastes contrées. Mais leurs voisins leur attribuaient des noms divers. Les Arabes leur auraient donné le sobriquet swahili de « Niam-Niam », qui 148 Turconi, Angelo, Neyt, François (textes), Infini Congo : au rythme de la nature et des peuples, Spa, Silvana Editoriale, 2010, p. 264.

149 Baxter, P. T. W. & Butt, A., The Azande and related people of the Anglo-Egyptian Sudan and Belgian Congo, Londres, International African Institute, 1953, cités par Monnier, L. et Willame, J.-C., « La province de l’Uele », in Verhaegen, B. (dir.), Les Provinces du Congo. Structure et fonctionnement, II, Sud-Kasaï–

Uele–Kongo-Central, Léopoldville, IRES, Cahiers économiques et sociaux, 1964, p.  124, «  Collection d’études politiques n° 2 ».

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serait l’imitation du bruit fait par des anthropophages se léchant les babines. Il n’est cependant pas permis d’affirmer que les Azande aient été cannibales, même si Schweinfurth en était convaincu. L’origine du terme «  Niam-Niam  » serait Dinka, peuple du Sud-Soudan, et signifierait dans leur langue : « peuple de la rivière » ou « ceux qui habitent entre deux rivières »150.

D’autres groupes, proches des Azande, communément appelés les « Zandéisés », ont conservé actuellement une certaine conscience de leur identité originelle. Parmi eux, on citera les Barambo, les Madhi, les Bangba, les Kare, les Sere-Baka, les Mundu et les Bari.

D’origine mythique, les Avungara et les Abandia (Bandiya ?), qui fondèrent de puissants empires dans l’Uele, font partie de la dernière grande vague de migrations venues du Soudan avant la conquête européenne pour s’installer dans la savane entre Mbomu et Uele. Le mythe des Avungara est celui de leur ancêtre Basanginonga qui mit fin au despotisme du chef Ngura d’une dynastie précédente en le maîtrisant physiquement (« kavo  » = ligoter).

Initialement, ces conquérants ne disposaient pas d’une organisation politique centrale, mais ils se constituèrent en groupes de guerriers indépendants. Dans leurs conquêtes, ils imposèrent un système d’assimilation des vaincus.

Avec une habileté remarquable, la classe noble avungara s’employa à faire éclater les lignages de parenté des peuples vaincus, essentiellement par des mariages, pour les assimiler et asseoir son autorité.

L’organisation politique des Azande était conçue sur un mode pyramidal et féodal. Chaque royaume était divisé en provinces gouvernées par un chef, « généralement le jeune frère ou fils du chef ». Ces chefs de provinces étaient relativement indépendants, mais totalement soumis au roi.

À l’échelon inférieur, on trouvait un sous-chef, qui, obligatoirement, ne pouvait être un membre des dynasties avungara. Il était responsable de l’ordre dans sa région et avait une fonction ambiguë : il devait, en effet, tout à la fois s’attacher les faveurs du chef dont il dépendait étroitement sans s’aliéner celles de son peuple.

L’individualisme caractérisait souvent la classe noble des Avungara (et non l’ensemble du système social azande) et les crises d’instabilité qui accompagnaient la plupart des 150 Cornet, J.-A. et Turconi, A., Zaïre : Volken, Kunst,

Cultuur, Anvers, Mercatorfonds, 1989, pp. 155-157.

successions dynastiques rendirent ces monarchies (de type cantons suisses) particulièrement fragiles et instables.

2.3. LES MANGBETU

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Comme les Azande, les Mangbetu n’appartiennent pas à un seul peuple. Ils regroupent en leur sein toute une série d’autres peuples, à savoir les Mabili, les Mando, les Mabisanga et les Medje, qui s’identifient comme tels.

D’origine soudanaise eux aussi, les Mangbetu ont également connu une prestigieuse histoire. Ils ont résisté au pouvoir des conquérants Avungara. D’après Baxter et Butt, « ils auraient créé au xixe siècle une série de royaumes militaires dont celui du remarquable roi Mbunza, qui faisait l’étonnement des voyageurs152 ».

La mort de Mbunza donna le signal du recul des royaumes mangbetu153, scindés dans la suite en deux branches : les Mathsaga, au Nord-Est, et les Mangbetu, au Sud-Ouest.

Sur le plan politico-administratif et socioculturel, les Mangbetu avaient un système proche de celui des Azande : comme ces derniers, les peuples mangbetu étaient, à la fin du xixsiècle, cimentés par une langue, des habitudes, des coutumes et des mariages en commun et ils exercèrent, par là même, un rayonnement dans tout le Haut-Uele154.

Le chef est le maître de la terre et des gens. Ces derniers n’ont sur le sol que des droits d’usage accordés à titre précaire, en droit, mais accordés, en fait, pour toujours, si le sujet accomplit ses devoirs.

Les Mangbetu, tout comme les Azande, ne furent pas arabisés (comme ce fut le cas des Arabo-Swahilis de Tippo-Tip au Maniema), bien qu’ayant subi des attaques de la part des Arabes. Leur espace politique était divisé en grandes circonscriptions à la tête desquelles se trouvait un parent du chef, généralement un de ses fils, parfois un oncle, un frère ou un cousin. Les grandes circonscriptions étaient 151 Voir Denis, P., Histoire des Mangbetu et des Matshaga jusqu’à l’arrivée des Belges, Tervuren, MRAC, 1961, série archives. Van Overbergh, C. et De Jonghe, J., Les Mangbetu, Bruxelles, 1909, «  collection de monographies ethnographiques, IV ».

152 Baxter, P. T. W. & Butt, A., art. cit., p. 124.

153 Monnier, L. et Willame, J.-C., «  La province de l’Uele », art. cit., pp. 126-127.

154 Idem.

divisées en petites circonscriptions à la tête desquelles se trouvait un fonctionnaire subalterne, généralement appartenant aux populations assujetties. Le chef avait des conseillers qui l’assistaient pour rendre la justice et dans l’administration. Ceux-ci étaient choisis parmi les populations assujetties. Le chef faisait souvent assister un chef des grandes circonscriptions, généralement un Mangbetu, par un ou plusieurs conseillers. Le chef du

« sultanat » nommait et révoquait les chefs des grandes et des petites circonscriptions.

À l’arrivée des Belges, la puissance politique des Mangbetu était déjà affaiblie par les Arabes. Les colonisateurs se servirent néanmoins de leur autorité morale pour épauler l’administration coloniale et imposer ainsi leur domination.

2.4. LES MAYOGO

Répertoriés comme faisant partie de la première vague soudanaise155, les Mayogo doivent leur appellation à ce qu’ils représentaient au moment de la pénétration de l’Uele. En effet, d’après les informations reçues des sages du village, les Mayogo constituaient un peuple guerrier, ainsi que le rappelle l’étymologie de leur nom : « egu » signifie la guerre ; « mayo » signifie « Je demande, je veux ». Et donc

« Mayogo » (Mayo-egu) signifie, « Je demande la guerre, je veux la guerre ».

Il n’en reste pas moins que contrairement à ce que plusieurs ont écrit, les Mangbetu n’ont pas su assimiler les Mayogo, qui leur ont opposé une farouche résistance.

Dans l’occupation actuelle des espaces habités, les Mayogo sont encerclés par les Mangbetu. Il est tout à fait incorrect de rattacher les Mayogo aux Mangbetu ou aux Azande156. Ce qui est vrai, c’est que la particularité et les origines des Mayogo auraient échappé à la vigilance des premiers ethnologues de la région de l’Uele.

À l’arrivée des Belges, les Mayogo furent surpris dans leur progression vers le sud en pleine forêt équatoriale, certains d’entre eux n’ayant pu poursuivre la marche. Il s’agit du groupe que l’on trouve du côté de Niangara vers Felende ou encore vers Gao. Ceux qui conquirent le sud s’installèrent dans les environs d’Isiro d’où ils chassèrent les Mamvu, qui prirent le chemin de Mungbere, en allant vers Watsa. Ce qui se raconte aussi, c’est que les Mayogo parvinrent à résister à la domination des Mangbetu dont l’empire était déjà en décomposition. Aussi la pression des Azande aurait-elle tout submergé, si l’arrivée des Belges n’avait figé les peuples au milieu de leur conquête et aidé les plus faibles à survivre157.

155 de Calonne-Beaufaict, A., Azande. Introduction à une ethnographie générale des Bassins de l’Ubangi-Uele et de l’Aruwimi, Bruxelles, 1921, p. 247.

156 Ndaywel è Nziem, I., Histoire du Zaïre. De l’héritage ancien à l’âge contemporain, Louvain-la-Neuve, Éd.

Duculot, 1997, pp. 202-203.

157 Monnier, L. et Willame, J.-C., «  La province de l’Uele », art. cit.

Le roi Mbunza des Mangbetu. (Le roi Mbunza, gravure, RP.2011.6.25, collection MRAC Tervuren, in Schweinfurth, G.A., Im Herzen von Afrika, Reisen und Entdeckungen im Centralen Aequatorial-Afrika während der Jahre 1868 Bis 1871, Leipzig, Brockhaus, 1878, p. 255.)

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2.5. LES MAMVU

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Si un grand nombre d’auteurs reconnaissent que les Mamvu, les Mangbutu, les Lese et les Mvuba formaient jadis un seul peuple, désigné par le nom collectif de Mamvu, les hypothèses divergent quant à la classification des peuples mamvu.

Schebesta159 et Van den Kerken soutiennent que les Mamvu appartiennent au groupe des soudanais-nilotiques.

Costermans a un avis contraire. Hoefler les classe parmi les Bantous. Stuhlmann160 estime que les Mamvu formeraient un « Mischovolk » de pygmées et de nilotiques. David les considère comme des pygmées mbuti, de plus grande stature, dénommés Momfu et Bambuba et qu’ils seraient d’ailleurs fortement absorbés par les peuples immigrés. A.

de Calonne-Beaufaict161 va jusqu’à dire que les Hottentots et les Bushmen sont des descendants du groupe Mamvu-Mangbutu. Des liens de parenté existeraient encore entre les Mamvu et les Biri en Afrique équatoriale française, les Azande, les Moru, les Bari et les Avokaya. Les Proto-Mamvu auraient produit, par fusion avec les Shilluk, les Logo et les Bari-Mangbutu. D’après G. Van Bulck (1903-1966), il y aurait des liens de parenté entre les Meembi comprenant les Okibo et les Avari  ; les Mangbetu  ; les Mamvu  ; les Ameingi, comprenant les Muledre et les Maidjiru  ; les Balese-Mvuba et les Efee ; et, enfin, les Mabeindi. Certains auteurs parlent volontiers d’un grand groupe de peuples appelé Mamvu-Mangbetu-Lese-Mvuba.

Mais d’où viennent-ils ? De quels ancêtres descendent-ils ? Sur ces questions, les opinions divergent. La plupart les 158 Van Geluwe, Mamvu-Mangbutu et Balese-Mvuba, Tervuren, Musée royal du Congo belge, 1957, pp. 10-14.

159 Paul-Joachim Schebesta était missionnaire et professeur, voir Dupré, W., « Paul-Joachim Schebesta », in Biographie belge d’outre-mer, VI, Académie royale des sciences d’outre-mer, 1967, col. 897-904.

160 Franz Stuhlmann (1863-1928) est un explorateur allemand qui amena deux Pygmées en Europe, notamment à Anvers, et qui fut reçu par le roi Léopold II, voir Coosemans, M., « Franz Stuhlmann », in Biographie coloniale belge, V, Bruxelles, Académie royale des sciences coloniales, 1958, col. 781-785.

161 Voir de Calonne-de Beaufaict, J., «  Calonne – de Beaufaict Adolphe (1881-1915)  », in Biographie coloniale belge, IV, Bruxelles, Académie royale des sciences coloniales, 1955, col. 91-85.

localisent plus à l’ouest de l’aire d’habitat actuelle. Stanley dit avoir rencontré des Mamvu entre les chutes Panga et le Ngayo. Stuhlmann place leur berceau dans la partie nord-ouest de la forêt équatoriale congolaise. Schebesta, quant à lui, le cherche sur les traditions mamvu dans la région de Dungu d’où viendraient les Logo. A. de Calonne-Beaufaict le situe dans la crête Tchad-Mbomu et présente l’évolution historique des Mamvu de la manière suivante : « Au xvie siècle, à la fin de la période néolithique, sous la pression des peuples du Soudan central, les Mamvu se dirigèrent du Tchad-Mbomu vers Semio et, de là, vers Amadi à la Haute-Nava jusqu’au Rwenzori. Au cours de leur exode, ils abandonnèrent des frères qui s’assimilèrent, au cours du xve siècle, aux envahisseurs soudanais que l’on retrouve dans les groupes azandéisés des Biri, des Apambia et des Kare actuels  ; vers l’ouest, des populations de la forêt, d’origine ouest-africaine probablement, se mélangèrent à eux ; ce qui engendra les groupes de Makere162. »

S’inspirant des notes inédites de A. de Calonne-Beaufaict, le colonel Bertrand décrit les vagues successives

S’inspirant des notes inédites de A. de Calonne-Beaufaict, le colonel Bertrand décrit les vagues successives