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Les explorations européennes

Dans le document Haut-Uele. Trésor touristique (pdf - 6,8 MB) (Page 135-139)

CHAPITRE V L’HISTOIRE DE L’ORGANISATION SOCIO-ADMINISTRATIVE DU HAUT-UELE

1.1.3. Les explorations européennes

Ayant le Nil comme voie de pénétration, toutes les grandes explorations vers le Haut-Nil s’organisaient à partir de l’Égypte et du Soudan. Elles se caractérisaient également par le fait qu’elles n’étaient pas l’œuvre des Belges. On trouve parmi les explorateurs les plus célèbres, des Allemands et des Italiens. Dans les lignes suivantes, nous présentons des extraits des notices biographiques

240 Cambier, R., «  Schnitzer Édouard  », in Biographie coloniale belge, I, Bruxelles, Institut royal colonial belge, Librairie Falk Fils - Georges Van Campenhout succ., 1948, col. 826-835.

241 van Zuylen, P., L’Échiquier congolais ou le secret du Roi, Bruxelles, Ch. Dessart, 1959, pp. 233-235.

SOUS LA DOMINIATION BELGE

qui montrent excellemment les résultats des voyages de Schweinfurth, Miani, Casati et Junker :

L’Allemand Georges Schweinfurth (1836-1925)

«  En juin 1868, il retourne en Égypte et gagne Karthoum, où il réside deux mois, et bénéficie de l’aide du trafiquant copte Ghattas. Le 5 janvier 1869, il quitte Khartoum, remonte le Bahr El-Abiad, le Bahr El-Ghazal et le Bahr-Jur, pour arriver fin février à Meskra-el-Rek, sur le Molmul. Fin mars, il traverse le pays des Dinka et arrive à Jur-Ghattas, résidence des trafiquants, qui lui servira de base. Il y rencontra un trafiquant d’ivoire, Mohammed Abd-es-Sammât, qui lui offrit de se joindre à sa caravane pour le conduire dans le pays encore inconnu des Mombutu ou Mangbetu, où il traverse alors le pays des Bongo et arrive à Sabi sur le Bahr-Jau. Continuant vers le Sud, il traverse la Sueh, pousse une pointe vers les sources

de celle-ci et pénètre chez les Niam-Niam ou Azande, peuplade anthropophage.

Le 2 mars 1870, il est chez Wando, chef des Niam-Niam, qui habite dans la vallée d’un affluent de la Bwere, appartenant au bassin du Congo. Il y séjourne jusqu’au 6 mars, puis il procède vers le Sud en traversant le bassin de la Bwere, et découvre, le 19 mars 1870, l’Uele, la “Grande eau des Mombutu”, dont les eaux, remarqua-t-il, coulent vers l’ouest et non vers le Nil. Il traverse ensuite l’Uele un peu en aval du confluent du Kibali et du Gada – à l’ouest du poste actuel de Niangara – et arrive le 22 mars chez Munza, chef des Mombutu, qui résidait à Nangazizi. Ici Mohammed Abd-es-Sammât fit sa provision d’ivoire et refusa d’aller plus loin au Sud.

Source  : Thornton, L., Les Africanistes peintres voyageurs 1860-1960, op. cit., p. 44.

Schweinfurth dut donc abandonner son rêve d’atteindre le Bomokandi et de voir la grande forêt équatoriale. Il avait cependant encore découvert les Akka, une de ces races de Pygmées dont Hérodote avait déjà signalé l’existence, mais que personne n’avait jamais vus.

Le 12 avril 1870, Schweinfurth retraverse l’Uele, qu’il avait été le premier Européen à voir, mais qu’il prenait pour la source du Chari, affluent du lac Tchad. Il fit un petit crochet jusqu’aux rapides du Kibali et retourna par le même chemin à Jur-Ghattas, où il s’installa pour classer ses collections242 ».

242 Robyns, W., « Schweinfurth Georges », in, Biographie coloniale belge, I, op. cit., col. 838.

Carte des routes du Dr Schweinfurth. (Carte sommaire des routes du Dr  Schweinfurth, 1868-1871, RP.2011.6.26, collection MRAC Tervuren, in Schweinfurth, G.A., Au cœur de l’Afrique 1868-1871 : voyages et découvertes dans les régions inexplorées de l’Afrique centrale, Paris, Hachette, 1875.)

L’Italien Giovanni Miani (1810-1872)

« Parti le 15 mars 1871, Miani arrive, le 15 juin, sur la rive droite du Nil, à Gaba-Shambyl, où il rencontre les vékils El Majo, Ali Arnaud et Mohammed Ali, avec lesquels il arrive, en août, à Lao. Il y séjourne jusqu’au milieu du mois de septembre, est en tribu Ajar en octobre, d’où il part avec Mohammed Ali, seul, pour passer le mois du Ramadan à Farial, sur le Rohl. De là, sa marche s’enfonce vers le Sud, où il traverse, en pays Mittou, les zéribas de Nganna, Nyoli, Reggo, Urungana, et en pays des Lubas, celles de Mundu sur l’Issou, affluent du Haut Tondji.

C’est en janvier 1872 qu’il pénètre dans le bassin du Kibali, nom indigène du fleuve que nous appelons aujourd’hui l’Uele. Le 1er février 1872, il traverse l’Uele, entre le confluent de la Dungu à l’est et celui de la Duru, en amont de l’endroit où la Gada se jette dans l’Uele. Il passe, en février, par la zériba de Monfa, dont le chef est Kupa, fils de Degberra, où la firme Ghattas avait une succursale.

En avril, il est en route pour la Gada, qu’il atteint le 29 avril. Il traverse la Gada le 29 avril, pour arriver, le 1er mai, à Nangazizi, résidence du chef Mbunza, où il séjourne jusqu’au 25 mai […]

De Mbunza, le camp levé, le 25 mai, l’expédition continue, sans que Miani indique la direction prise, vers le pays des Azande du Sud, pour atteindre, le 27 mai, la frontière mangbetu-azande […] Le 3 juillet, il arrive péniblement chez Bakangoi, après avoir effectué, ce jour-là, une marche de cinq heures et demie et traversé sept lacs ; il s’arrête chez Bakangoi du 8 juillet au 16 septembre... Le 17 septembre, après une marche de quatre heures, on arrive à Gandhuo, sur la Mamopoli, affluent de la rive gauche de la Poko […] Le 20, le campement est levé. On atteint Bangoi, non loin de la Tely, fin septembre, Miani y demeure trente jours, c’est-à-dire tout le mois d’octobre 1872 […]

C’est aux environs du village de Bangoi que Miani traverse le Bomokandi pour rejoindre sur la rive nord la chefferie de Mangi (Ngura) et la route vers Mombutu […]

Dans la deuxième quinzaine de novembre, marchant à petites journées, Miani revenait à Nangazizi, le village de Mbunza, où il était arrivé à l’aller le 1er mai. C’est là qu’il allait bientôt mourir et être inhumé, épuisé qu’il était par la maladie et les fatigues243 ».

243 Guebels, L., «  Miani Giovanni  », in Biographie coloniale belge, I, op. cit., col. 679-682.

« 1° Il est le premier qui ait fait mention des populations abarambo, makere, ababua.

2° Le premier qui ait mentionné l’existence de la Tele, de la Poko, de la Makongo, affluents sud du Bomokandi.

3° Le premier qui ait constaté personnellement que le Bomokandi, dans son cours inférieur, prend une direction nord-nord-ouest, attestant qu’il ne peut être qu’un affluent de l’Uele, qui, dès lors, avait en aval un débit beaucoup plus considérable qu’au point où Schweinfurth l’avait traversé, en 1870. Cette conclusion mettait en échec les hypothèses de Schweinfurth sur l’identité du Chari ou du Benue (Benoué) avec l’Uele.

4° Le premier qui ait signalé l’existence de la Bima, traversant le territoire Ababua.

5° Le premier à révéler, au nord-ouest, au-delà des Ababua, un troisième habitat azande, celui des Abandya, que Junker, huit ans plus tard, rencontra sur le Bas-Uele244. »

244 Guebels, L., «  Miani Giovanni  », in Biographie coloniale belge, I, op. cit., col. 684.

Monument élevé à la mémoire du moine italien Miani. (HP.1956.15.7329, collection MRAC Tervuren ; photo H. Goldstein, 1949, Sofam ©.)

SOUS LA DOMINIATION BELGE

L’Allemand Guillaume Junker (1840-1892)

« Le 9 juin 1880 il atteignait la résidence de Ndoruma, sur l’Uerre, et installait à proximité une station, Lacrima, où il laissait son adjoint, Bohndorff, chargé de prospections géographiques, mais surtout botaniques et zoologiques.

Entrant en rapport avec le sultan Semio, Junker se mit en route en sa compagnie en destination de l’Uele. Suivant la crête Gurba-Buerre, il entra dans l’angle Buerre-Uele, atteignit l’Uele et le traversa près du confluent de la Na-Akka, en territoire de Mambanga. Passant la Gadda, il se dirigea vers Tangasi, où il fut reçu par l’administrateur égyptien, Mohammed Weled Abdu, successeur d’Abd el Min, et entra en contact avec le chef Madjaga Niangara.

Quittant Tangasi le 22 octobre 1880, il partit en direction du nord-est et aborda les territoires azande de Wando et de ses fils Renzi et Ukwa, avec lesquels il eut des entrevues fréquentes, servant même d’arbitre dans leurs différends familiaux au sujet de la délimitation de leurs territoires. Puis il rentra à Ndoruma, pour s’y reposer durant un mois.

Le 1er janvier 1881, il repartait vers le Sud, arrivait en territoire madi de la région montagneuse des monts Angba et Lingua et passait l’Uele le 9 février 1881, pour entrer en territoires barambo de Buru et Bisanga de Mambanga. Il y rencontra Casati en septembre. Le 25 novembre, en compagnie d’Hawash, le major égyptien administrateur de Tangasi, Junker partait en direction sud, traversait le Bomokandi, et atteignait le chef Bakengai, fin décembre.

Recevant confirmation par les indigènes des dires de Piaggia selon lesquels un grand lac indépendant de l’Uele existait un peu au sud de Bakengai, Junker décida de partir en exploration vers le sud, passa chez Akengai, chez Bangoi, déjà visité par Miani, puis chez Kanna (fin janvier 1882). Continuant sa route, mais vers le sud-est, il arriva chez Madjabae, père de Gumbali, sur le Haut-Bomokandi.

C’est le point le plus oriental atteint par Junker.

Traversant ensuite la région marécageuse de l’Obbae, il rencontra à Kubbi l’administrateur de ce poste, Gumbari, et, en sa compagnie, il repartit vers le sud, voulant atteindre le Nepoko. Le 1er mai 1882, il était chez Sanga Mombele, le 5 mai à Tely, le 6 mai au Nepoko, à 60 milles du son embouchure dans l’Aruwimi-Ituri (à 2°30’ lat. N, 29° long.

E). C’est le point le plus méridional qu’il atteignit. Épuisé de fatigue et de privations, il ne put aller plus loin. Il rentra à Tangasi le 1er juillet 1882.

Cependant, il repartit le 8 août, retourna à la Na-Akka (l’ancien village de Mambanga), prit la direction ouest, passa à la zériba d’Hawash, au mont Kudunda, près de notre poste de Suronga, atteignit la crête Uerre-Bomu, traversa l’Asa, affluent sud du Boma, arriva à Semio fin septembre. Après avoir exploré le bassin de la Mbili, au début de février 1883, il atteignit la fameuse zériba d’Abdallah-Alikobbo le 24 février, sur la rive nord de l’Uele. Il y apprit que le confluent Uele-Bomu se trouvait à trois ou quatre jours à l’ouest d’Abdallah. Mais il ne put aller au-delà, les porteurs refusant de le suivre. Abdallah est donc le point le plus occidental qu’atteignit Junker, dans la région de l’Uele. Il rentra à Semio le 1er mai 1883.

La révolte du Mahdi l’obligea à regagner le Nil, où il revint (Lado) en 1884245 ».

« Des sept voyageurs qui ont parcouru en sens divers l’Uele avant l’occupation de la région par les Belges […]

Junker est incontestablement celui qui nous a laissé le plus d’indications géographiques et historiques. Sa relation abonde en détails nous permettant de reconstituer l’histoire de l’Uele aux environs de 1880 avec d’autant plus de sûreté que le voyageur fut presque toujours témoin oculaire des événements qu’il raconte246 ».

Junker écrivit la relation de ses voyages dans Reise in Afrika paru en trois volumes et traduit en anglais par Keane (Londres, 1891).

L’Italien Gaetano Casati (1838-1902)

« En juillet 1880, après avoir obtenu au Caire un prescrit officiel confirmant sa mission, il gagna Kharthoum et de là le fleuve des Gazelles, se portant à la rencontre de Gessi.

Ayant accompli sa mission à la satisfaction de son chef, Casati, familiarisé avec le pays par un long séjour, entreprit à son compte de nouvelles explorations. Il rencontra Guillaume Junker et, avec lui, se lança à la découverte de la région qui sépare les bassins du Nil et du Congo. Ils explorèrent ainsi les régions du Haut-Uele […]

De ses longues pérégrinations, Casati nous a laissé un important récit de voyage intitulé : Dix années en Equatoria.

Le premier, il y signale l’existence du Ruwenzori et y décrit 245 Lotar, L., « Junker Guillaume », in Biographie coloniale

belge, I, op. cit., col. 560-562.

246 Lotar, L., « Junker Guillaume », in Biographie coloniale belge, I, op. cit., col. 562.

le fleuve des Gazelles, les lacs Édouard et Albert et le cours de l’Uele, dans la partie supérieure247. »

Gaetano Casati, Dix années en Équatoria - Le retour d’Emin Pacha – L’expédition Stanley (ouvrage traduit avec l’autorisation de l’auteur par Louis de Hessem et enrichi de 170 gravures et de 4 cartes), Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1892.

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