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Le patrimoine géologique de l’arc alpin : de la médiation scientifique à la valorisation touristique N. Cayla, 2009. Thèse de l’Université de Savoie, Laboratoire EDYTEM

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Introduction

Une fois inventorié, évalué et protégé, le patrimoine géologique peut connaître deux destinées :

Rester confiné dans une certaine confidentialité, il sera, alors, au mieux visité périodiquement par les enseignants lors de sorties scolaires, de camps de terrain d’étudiants ou par des chercheurs lors d’excursions scientifiques à l’occasion de colloques ou de réunions de sociétés savantes. Ce relatif anonymat sera d’ailleurs un gage de sa protection si ce patrimoine est un site fossilifère de référence, par exemple. Mais cet intérêt confiné à un public limité n’exclut pas les menaces de destruction comme le rappelle le remblaiement, à la fin des années 1980, de la carrière de May/sur/Orne célèbre pour son platier d’âge toarcien.

Le patrimoine géologique peut aussi faire l’objet d’une mise en valeur touristique et permettre ainsi un développement local à la source duquel quatre réseaux d’acteurs interviennnent :

des scientifiques ayant étudié le site et qui souhaitent transmettre leurs connaissances, partager leur savoir, mettre en évidence l’importance du géotope pour tous et sans doute aussi susciter de nouvelles vocations,

des médiateurs scientifiques : accompagnateurs en montagne, guides du patrimoine, journalistes scientifiques, enseignants, chercheurs en géodidactique dont le rôle est de rendre accessible à tous l’interprétation scirntifique de l’objet géologique,

des habitants conscients de la nouvelle dimension patrimoniale de leur territoire, et soucieux d’y développer une activité économique valorisante afin de mieux faire connaître celui-ci, de le démarquer de ses voisins et d’assurer sa survie économique pour eux-mêmes et les générations montantes,

des collectivités territoriales dans un souci qui relève parfois de la planification des équilibres entre territoires.

Ces quatre réseaux d’acteurs et ces trois objectifs verront leur efficacité grandement améliorée si une synergie est trouvée entre les différents partenaires.

Bien que d’un intérêt certain, les sites ne faisant l’objet d’aucun type de mise en valeur à destination du plus grand public ne seront pas retenus dans ce travail. En effet, l’objectif est avant tout l’étude comparative de l’offre géotouristique dans le but de créer des « Via Geoalpina » virtuelles reliant différents géosites touristiques afin de retracer l’histoire des Alpes en mettant en cohérence à l’échelle géologique de la chaîne alpine l’ensemble des sites qui localement illustrent tel ou tel point de l’histoire de celle-ci.

Cette étude se trouve donc à la confluence de deux champs disciplinaires :

la Géographie qui permet d’analyser sous l’angle principalement des jeux d’acteurs, la naissance et le développement du géotourisme au sein de l’arc alpin, et ainsi de mieux comprendre la mise en place de cette offre touristique au sein des territoires et son influence sur l’économie locale et régionale.

la Géologie afin de comprendre l’intérêt scientifique des géotopes valorisés dans le but de retenir les éléments essentiels à leur intégration dans une histoire géologique des Alpes. Cette dernière approche sera l’objet de la troisième partie de ce travail.

Cette distinction disciplinaire n’est pas toujours simple à réaliser. Ainsi, la géomorphologie qui intègre la glaciologie relève du domaine des géographes et pourtant ce champ d’étude se base sur de nombreux concepts ainsi que des techniques d’analyses élaborées par des géologues. Inversement, de nombreuses applications de terrain de la géologie ont joué et jouent encore un rôle important dans l’aménagement du territoire ou bien l’économie entière de certaines régions, comme l’illustre parfaitement l’histoire minière des Alpes. C’est pourquoi le terme

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de géosciences, domaine transdisciplinaire à la croisée des sciences exactes, expérimentales et humaines, plus conforme à l’esprit de ce travail sera le plus souvent utilisé.

Les investigations conduites amènent également à s’intéresser à des champs disciplinaires connexes tels que l’épistémologie ou la didactique mais également, dans la dernière partie, les nouvelles techniques de communication scientifique. Chacun de ces domaines mériterait de pousser les recherches vers une meilleure compréhension du rôle de chacune de ces disciplines pour la mise en valeur des sites et surtout la médiation scientifique qui accompagne leur mise en tourisme. Malgré cet intérêt certain et le manque de travaux de recherche dans ces différents domaines, ils ne seront qu’abordés afin de souligner les contributions qui pourraient être apportées par des investigations plus poussées dans ces différents domaines..

Cette seconde partie s’intéresse donc au géotourisme. Ce terme relativement récent d’utilisation, sera dans un premier temps défini et caractérisé, par rapport à l’ensemble des pratiques touristiques. L’analyse de ses différents éléments constitutifs permettra d’en délimiter précisément les contours. Cette étude est nécessaire afin de réaliser une typologie des différents géosites touristiques sur lesquels portera l’inventaire présenté ensuite.

Le terme de géotourisme, apparu récemment plonge cependant ses racines dans des pratiques plus anciennes qui seront exposées. Cette approche historique sera l’occasion de montrer combien la plupart des destinations du tourisme géologique du XXe siècle étaient déjà bien connues des naturalistes et géologues des siècles antérieurs.

Un corpus de 388 géosites touristiques a pu être réalisé. Il sera exposé, dans un premier temps, pays par pays en suivant une traversée du sud-ouest au nord-est de la chaîne. Cette approche géographique permettra de comparer cette offre afin de mettre en perspective les résultats obtenus au regard de critères culturels, politiques ou économiques. L’analyse qualitative qui suivra sera l’occasion de revenir sur la typologie des objets sélectionnés, une large place sera faite alors à l’illustration à partir d’exemples pris dans ce panel.

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Chapitre 4 : Le géotourisme, à la découverte et au service du patrimoine

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