• Aucun résultat trouvé

Fréquentation des sites et retombées économiques pour les territoires

géologique et de sa protection

Chapitre 5 : Du tourisme au géotourisme

7.7 Fréquentation des sites et retombées économiques pour les territoires

Le géotourisme génère deux types de retombées économiques sur les territoires. Les retombées directes proviennent des droits d’entrée acquittés par les visiteurs dans les sites marchands ( musées, mines, grottes et parfois gorges). Les retombées indirectes sont liées aux dépenses réalisées sur place par des touristes venus parcourir un sentier d’interprétation, offre non marchande, par exemple.

Sur les 388 sites inventoriés, 254 sont des sites à entrée payante. Trois sources d’informations ont été utilisées afin de collecter les données de fréquentation de ces sites touristiques : des synthèses réalisées à l’échelle des départements, cantons, Landër ou région par des instances officielles ( l’Observatoire culturel du Piémont (http://www.ires.piemonte.it), le service

Le patrimoine géologique de l’arc alpin : de la médiation scientifique à la valorisation touristique N. Cayla, 2009. Thèse de l’Université de Savoie, Laboratoire EDYTEM

166

statistique autrichien (onglet Kultur) (http://www.statistik.at/), Museo STAT 2007 (Enquête de la direction des musées de France), Bilan de fréquentation des 80 principaux sites et musées de l’Isère (CDT-Isère), Touriscope (Côte d’Azur), les statistiques officielles de l’ICOMOS pour chacun des pays… ). Certains sites, pour la plupart des sites de faible fréquentation, n’apparaissent pas dans ces synthèses. Un contact direct a donc été établi afin d’obtenir les données par les gérants. Ce sont ainsi 65 % des sites qui ont ainsi pu être renseignés (Annexe 2). Les fréquentations oscillent entre deux extrêmes, le site le plus fréquenté, la mine de sel de Berchtesgaden accueillant plus de 360 000 visiteurs par an alors que la petite mine de mercure de St-Anne en Slovénie n’est visitée que par 600 personnes dans le même temps. Pour les autres sites, fermés en période non touristique, gérés par des associations qui ne font pas réellement de suivi, ou bien des sites privés pour lesquels aucune réponse n’a pu être obtenu, les données n’ont pas pu être collectées. Dans la figure de synthèse présentant ces résultats (Figure 2.37), les sites non renseignés ont été grisés.

Pour les seules statistiques obtenues ce sont déjà plus de 5 millions de touristes qui chaque année acquittent un droit d’entrée afin de découvrir une offre géotouristique sein de l’arc alpin. Sachant que 1 € dépensé dans un site culturel rapporte 8 € on peut estimer à 40 millions d’euros le chiffre d’affaire pour l’ensemble de la chaîne alpine et, sachant que 10 000 entrées sur un site génèrent un emploi direct environ 500 emplois directs liés à cette forme de tourisme et autant d’emplois indirects puisque l’on estime qu’un emploi direct est source d’un à deux emplois indirects.

7.8 Conclusion

En étudiant chaque type d’offre géotouristique ce chapitre a permis d’illustrer, à l’échelle de l’arc alpin des phénomènes plus généraux qui avaient été présentés dans le chapitre 4, abordant les différentes formes de tourisme géologique. Tout d’abord, le géotourisme a connu dans les Alpes comme ailleurs une évolution quant au type de mise en tourisme des patrimoines géologiques. Au XIXe siècle, la constitution de collections récoltées sur le terrain alimente des muséums d’Histoire naturelle situés en général loin des lieux de fouille ou de récolte. Progressivement, les outils de valorisation se rapprocheront des sites de découverte assurant ainsi une meilleure contextualisation, une valorisation systémique qui abouti à promouvoir un territoire et pas seulement un objet. Le cas des musées de sites est exemplaire de cette nouvelle génération de produit touristique. Dans le même temps, les premiers géosites à être mis en tourisme sont des gorges, des canyons ou des grottes représentatifs d’une nature sauvage ou pittoresque et la visite est davantage axée sur la création d’une émotion par l’installation de passerelles au-dessus du vide ou l’utilisation d’un éclairage parcimonieux qui peuvent permettre à l’imagination de donner libre cours à ses fantasmes… renforcés par les noms donnés à certain spéléothèmes qui font largement références aux diables et aux démons. Là aussi progressivement, grâce aux progrès des connaissances scientifiques, les visites vont être enrichies d’explication géologiques jusqu’à la création, plus récemment d’écomusées qui viennent compléter la découverte offerte par le parcours de la gorge, du canyon ou de la grotte. Depuis les années 1970, la fermeture progressive des différentes mines encore en exploitation dans le massif a donné lieu à la reconversion de ces sites en produit touristique avec le double avantage de maintenir une activité économique mais aussi de renforcer l’identité des territoires. Enfin, depuis une trentaine d’années, le développement important des sentiers d’interprétation marque un nouveau pas dans la diversification de l’offre géotouristque. Alors que la grande majorité des sites précédemment décrits ont une vocation économique et doivent assurer leur rentabilité, ce dernier produit qui nécessite un investissement initial, consenti en général par les collectivités territoriales relève d’une offre gratuite. Ces sentiers sont créés par des communes qui veulent mettre en avant leur territoire, des espaces protégés qui doivent développer des outils didactiques ou des laboratoires de recherche qui valorisent ainsi le résultat de

Le patrimoine géologique de l’arc alpin : de la médiation scientifique à la valorisation touristique N. Cayla, 2009. Thèse de l’Université de Savoie, Laboratoire EDYTEM

167 programmes scientifiques. Ils entrent dans une offre touristique globale qui permet de renforcer l’attrait ces territoires et de diversifier leur offre.

L’évolution de l’offre géotouristique observée au cours des deux derniers siècles, s’appuie sur une évolution simultanée de la notion de patrimoine géologique. Représenté originellement par des géotopes d’une nature remarquable sur lesquels se sont appuyés, dans la plupart des pays, les premières mesures de protection celui-ci s’est étendu à une nature plus « banale » pour la plupart des citoyens ou des touristes qui nécessite désormais la mise en place d’une médiation scientifique afin d’en comprendre la richesse. Cette évolution a permis d’étendre le nombre de géosites à valoriser et ainsi de rendre potentiellement de très nombreux territoires susceptibles de jouer la carte du géotourisme.

Le patrimoine géologique de l’arc alpin : de la médiation scientifique à la valorisation touristique N. Cayla, 2009. Thèse de l’Université de Savoie, Laboratoire EDYTEM 168

Le patrimoine géologique de l’arc alpin : de la médiation scientifique à la valorisation touristique N. Cayla, 2009. Thèse de l’Université de Savoie, Laboratoire EDYTEM

169

Conclusion

Cette seconde partie avait pour objectif de réaliser un panorama de l’offre géotouristique au sein de l’arc alpin. Pour cela, il était nécessaire de définir le géotourisme afin d’établir une typologie des géosites inventoriés. Cinq catégories ont été retenues :

les géosites in situ : grottes, gorges, mines et carrières ainsi que les sentiers géodidactiques. Cette première catégorie est à rattacher à l’écotourisme, en effet, elle est axée sur des objets naturels dont la protection a été prise en compte. La découverte y associe une dimension liée aux activités de pleine nature avec une dimension éducative.

les objets géotouristiques ex situ : la nébuleuse muséographique.

Cette seconde catégorie relève du tourisme culturel qui propose au travers de la découverte des patrimoines d’un territoire d’enrichir les connaissances du visiteur.

Chacune de ces catégories a ensuite fait l’objet d’une présentation spécifique afin d’en donner une définition, et de rappeler quelques éléments conceptuels, historiques ou économiques. Si certains types d’objets sont spécifiques au géotourisme : grottes, gorges ou mines, d’autres tels les musées ou les sentiers d’interprétation ont été développés par d’autres secteurs touristiques, culturel ou de nature et dans ce cas on observe que l’adaptation de ces produits au patrimoine géologique a presque toujours été postérieure aux avancées observées dans les autres domaines.

L’inventaire réalisé, pays par pays, a permis en première analyse de mettre en avant pour chacun d’eux les éléments les plus remarquables de ces résultats et en particulier les différences culturelles qui ont pu être notées. Des pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Suisse sont davantage tournés vers un géotourisme qui s’appuie sur la découverte de géotopes in situ, privilégiant donc une approche naturaliste de la géologie, alors que des pays comme la France, l’Italie ainsi que certains cantons suisses ont une offre muséographique importante, qui privilégie donc l’approche ex situ, davantage orientée vers une perception culturelle de la géologie.

Enfin, ces résultats ont été passés par le filtre de plusieurs analyses : qualitative d’abord, nous intéressant alors à chaque type d’objets géotouristiques en soulignant les principales différences observées pays par pays. Quantitative ensuite afin de définir les centres stratégiques du géotourisme alpin ainsi que leur rôle dans le développement des territoires.

Plusieurs générations d’offre géotouristique ont déjà eu le temps de se succéder depuis deux siècles. A l’origine le géotourisme s’est appuyé sur des géosites rares et pour cela remarquables, devant lesquels chacun peut, sans culture géologique éprouver une émotion et donc de l’intérêt. L’accent était alors mis sur des sites naturels grandioses ou des collections uniques. Progressivement, suivant en cela les avancées scientifiques, le champ patrimonial s’est étendu à des sites plus communs mais qui, par le biais d’une médiation, pouvaient prendre valeur aux yeux de tous. Les géosites potentiellement valorisables sont devenus plus nombreux et de nombreux territoires ont alors pu, par le levier de jeux d’acteurs partiellement décrits dans certains cas ici, s’emparer de ce nouveau champ de développement local.

5 millions de géotouristes parcourent les Alpes chaque années montrant que cette niche touristique est devenue désormais une ressource économique à part entière.

Le patrimoine géologique de l’arc alpin : de la médiation scientifique à la valorisation touristique N. Cayla, 2009. Thèse de l’Université de Savoie, Laboratoire EDYTEM

Itinéraires géotouristiques

Documents relatifs