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De 1964 à 1971 : République Démocratique du Congo De 1971 à 1997 : République du Zaïre

3 LE VISAGE DE L'ÉGLISE ANGLICANE DU CONGO EN UN SIÈCLE D'ÉVANGÉLISATION: 1896-

3.5. La période de la récolte (1972־ )

3.5.1. La naissance des diocèses et des provinces

La quatrième période, qui est celle de la croissance rapide de l'Église, commence à partir de la création du premier diocèse anglican du Zaïre en 1972. En effet, l'expansion rapide entre les années 1960 et 1972 a conduit à la création du premier diocèse anglican du pays en 1972, celui de Boga- Zaïre36. Son premier évêque fut Mgr Philip Ridsdale, qui eut sous sa juridiction épiscopale tout le

35 IDEM, p. 394.

36 Le diocèse s'appellera Boga-Zaïre, parce qu'il fait partie de la Province ecclésiastique de l'Ouganda, Rwanda, Urundi et Boga-Zaïre. Cet ajout permettait de le localiser au Zaïre. À noter

Zaïre. À l'inauguration du diocèse, la statistique pastorale d'après Mgr Philip Ridsdale se présentait comme suit: 30 membres du clergé, 25 paroisses et 30 congrégations37.

Mgr Philip Ridsdale et son épouse, la diaconesse Lucy, peuvent être comparés à Apolo, pour leur amour et pour leur grand dévouement au ministère au Congo. Grâce à leur travail assidu, mené sous !'inspiration du Saint-Esprit, l'Église anglicane a atteint tous les coins du Congo, et ce, en un temps record.

Pendant cette période, l'Église anglicane du Congo connaît également un grand changement sur le plan organisationnel. Le 24 août 1974, le Rév. Ndahura Bezaleri est sacré évêque assistant du diocèse de Boga-Zaire. Il est le premier évêque anglican congolais. Par ailleurs, le 18 juillet 1976, le Congo voit naître son deuxième diocèse, celui de Bulcavu.

La juridiction de ce deuxième diocèse s'étend sur les provinces du Kivu, du Kasai Oriental, du Kasai Occidental, du Katanga et de la ville de Kinshasa, soit une superficie de plus ou moins 1.000.000 km2. Mgr Ndahura Bezaleri en sera le premier évêque diocésain. Il sera intronisé par Sa Grâce Janani Luwum, archevêque de l'Ouganda qui fut assassiné l'année suivante par le Maréchal ldi Amin Dada, alors Président de l'Ouganda. Mgr Ndahura Bezaleri était un homme spirituel, intelligent, doué, dynamique et visionnaire. Il avait un grand souci pour le développement de l'Église anglicane du Congo dans tous les domaines où il y avait carence.

C'est aussi au cours de cette période que s'est réalisée la réunification des deux ramifications de l'Église anglicane: celle entrant par l'Ouganda à Boga et celle entrant par la Zambie à Lubumbashi. L'Église anglicane à Lubumbashi fut ainsi cédée par la Zambie à l'Église anglicane du Congo. L'Église anglicane du Congo, du Burundi et du Rwanda, ayant chacune deux diocèses en 1976, sera autorisée par la Province de l'Ouganda à former le Conseil francophone qui conduira ces trois pays francophones à une Province ecclésiastique autonome. Cette Province francophone, au coeur de l'Afrique, a vu le jour en 1980. Mgr Ndahura, évêque de Bukavu, était ainsi élu archevêque de la nouvelle Province du Burundi, Rwanda et Zaire. Il fut intronisé le 11 mai 1980 par Sa Grâce Robert Runcie, archevêque de Cantorbéry, assisté de Sa Grâce Sylvanus Wani, alors archevêque de l'Ouganda. Cet événement heureux sera suivi du sacre d'autres évêques congolais.

que le pays avait changé de nom - Congo devenant Zaïre - en 1971. Depuis 1997, le pays s'appelle la République Démocratique du Congo et les autorités ecclésiastiques de ce diocèse préfèrent l'appeler actuellement le diocèse de Boga tout court.

La date du 7 septembre 1980 est marquée par le sacre de trois autres évêques congolais par Sa Grâce Ndahura Bezaleri: Mgr Patrice Njojo Byankya, intronisé comme deuxième évêque du diocèse de Boga-Zaïre en remplacement de Mgr Philip Ridsdale, retraité; Mgr Sylvestre Tibafa Mugera, intronisé le 12 octobre 1980, comme évêque du nouveau diocèse de Kisangani; et Mgr Emmanuel Mbona Kolini, évêque assistant de Bukavu. Désormais le Congo comptait trois diocèses: Boga-Zaïre, Bukavu et Kisangani, tous trois dirigés par des évêques autochtones. Malheureusement, le 25 décembre 1981, l'archevêque Ndahura a été prématurément arraché par la mort à l'affection de l'Église anglicane du Burundi, Rwanda et surtout du Congo (Zaïre). Il fut remplacé par Mgr Dirokpa Balufuga Fidèle, sacré et intronisé le 21 février 1982 comme deuxième évêque du diocèse de Bukavu. À la tête de la Province du Rwanda, Burundi et Zaïre, lui succédait Sa Grâce Justin Ndandali, évêque de Butare (Rwanda), intronisé le 5 Juin 1982.

Au cours de cette période, l'Église anglicane continuera à créer de nouveaux diocèses. Trois autres diocèses sont issus du diocèse de Bukavu. Le diocèse du Katanga (alors Shaba) fut créé le 2 novembre 1986 avec !'intronisation de Mgr Emmanuel Mbona Kolini comme premier évêque; le diocèse du Nord Kivu fut créé le 23 février 1992 avec le sacre de Mgr Methusela Munzenda Musubaho comme premier évêque. Au cours de la même année, Mgr Peter Dawson (CMS/Australie) est sacré évêque assistant de Bukavu avec résidence à Kindu. Entre-temps, l'Église anglicane du Zaïre était devenue une Province ecclésiastique autonome, créée le 30 mai 1992 et Mgr Patrice Njojo Byankya était élu et intronisé premier archevêque de la Province de l'Église Anglicane du Congo (PEAZ).

Kindu deviendra enfin diocèse le 31 août 1997 avec le sacre de Mgr Zacharie Masimango Katanda, comme évêque titulaire. Le 11 septembre 1997, dans le diocèse du Katanga, Mgr Henri Isingoma Kahwa succédera à Mgr Emmanuel Mbona Kolini devenu l'archevêque de l'Église épiscopale au Rwanda et évêque de Kigali. La mort a frappé Mgr Mavatikwa Kany, sacré évêque assistant du diocèse de Kisangani le 14 décembre 1997 et décédé le 29 décembre 1999. La mort a encore frappé l'Église anglicane du Congo en la personne de Mgr Tibafa Mugera Sylvestre, évêque de Kisangani, décédé le 6 octobre 2000. Il fut remplacé par Mgr Funga Batolome Lambert, sacré évêque, le 10 septembre 2000 à Boga et intronisé le 15 octobre comme second évêque du diocèse de Kisangani. On trouvera à la page suivante un tableau illustrant la naissance des diocèses et des provinces de l'Église anglicane qui est au Congo

La naissance des diocèses et des provinces Diocèse de Boga Diocèse de Kindu Diocèse Bukavu Diocèse de Kisangani Diocèse de Shaba Nord-Kivu Diocèse

Canon Apolo Kivebulaya (Uganda - CMS)

3.5.2. La Francophonie au sein de la Communion Anglicane

Au cours de l'année 1992, le Burundi et le Rwanda seront érigés chacun en Province ecclésiastique autonome. Ces trois Provinces anglicanes de l'Afrique centrale, le Burundi, le Rwanda et le Congo, furent ainsi les premières Provinces francophones au sein de la Communion Anglicane, à cause de leur position géographique dans des pays francophones. (Nota: dès 1564, le Book of Common Prayer fut traduit en français pour les Channel Islands ou Iles Anglo-Normandes: Jersey, Guernesey, etc.). La majeure partie de l'Église anglicane est anglophone et cette Église était très développée dans les colonies britanniques, mais négligée dans les pays purement francophones. D'autres pays existent où la langue française est utilisée, comme le Canada, Haïti, les îles de l'Océan Indien (Madagascar, Seychelles, île Maurice, etc.), quelques pays de l'Afrique de l'Ouest (Guinée, etc.), mais l'Église anglicane dans ces Provinces est à prédominance ou d'obédience anglaise ou tout simplement ses diocèses dépendent d'autres Provinces anglophones (v.g. Haïti dépend des États-Unis; le Canada est anglophone du point de vue de l'Église anglicane; etc.).

Notons également que malgré la vocation francophone des Provinces de l'Afrique centrale, le français n'est pas la langue principale du culte, celui-ci étant davantage célébré dans les langues locales selon les exigences de l'Église anglicane. Il en est de même des anciennes colonies britanniques où les langues locales sont davantage utilisées.

La position minoritaire de ces Provinces francophones de l'Afrique centrale au sein de la Communion Anglicane a été très préjudiciable. Tous les documents importants de l'Église, les instructions, les comptes-rendus des grandes rencontres ou réunions comme la Conférence de Lambeth38 ou du Conseil Consultatif Anglican, et même tous les livres portant sur la théologie anglicane, l'histoire de l'anglicanisme, la liturgie, et autres documentations utiles, sont rédigés en anglais. Les francophones qui ne connaissent rien de l'anglais sont donc privés de ces richesses intellectuelles et spirituelles. Toutes les bonnes écoles anglicanes de formation missionnaire qui se trouve dans les anciennes colonies britanniques ou en Occident utilisent également l'anglais et les

38 La Conférence de Lambeth réunit tous les évêques de la Communion Anglicane chaque dix ans, sous la présidence de l'Archevêque de Cantorbéry. Cette Conférence dure actuellement trois semaines. Elle traite de tous les problèmes intéressant et préoccupant l'Eglise. Cette assemblée n'a pas d'autorité et les résolutions votées par les évêques n'ont qu'un poids moral. Chaque province est libre de les adopter comme telles ou de les modifier ou simplement de ne pas en tenir compte. La première Conférence de Lambeth a eu lieu en 1867 avec 76 évêques anglicans et la Conférence de Lambeth 1998 avait réunit 800 évêques anglicans. Depuis Lambeth 1988, on utilise d'autres langues que l'anglais pour la traduction au cours de la réunion de la Conférence: le français, l'espagnol, le japonais et le swahili.

Toutes les instructions ou informations en anglais demeurent inaccessibles à ceux qui ne connaissent pas cette langue; même des informations importantes sont classées sans qu'on en connaisse le contenu. C'est le cas de la révision et de l'inculturation de la liturgie dont la Communion Anglicane parle tant depuis 1958; les provinces francophones de l'Afrique centrale y restent étrangères faute de connaissance de l'anglais. Un constat amer a été fait à la Conférence de Lambeth de 1998, où chaque matin, une Province devait célébrer l'Eucharistie suivant la liturgie inculturée de son pays. Les pays francophones n'avaient rien à présenter, si ce n'est la liturgie anglicane de 1662, que les Anglais eux-mêmes ont modifiée depuis déjà bien longtemps.

La déclaration de Georges Titre Ande au sujet de la négligence dans laquelle sont laissés les francophones au sein de la Communion Anglicane est significative:

Sans doute, c'est possible que la Province de l'Église anglicane du Congo (PEAC) soit victime de son identité francophone. Ce qui concorde avec l'avis de la Conférence Internationale sur l'Anglicanisme d'expression française, tenue à Limuru, Kenya, du 12 au 17 mars 1996. L'inventaire des ressources théologiques, humaines, spirituelles, matérielles, a permis de constater un très grand déséquilibre entre le monde anglican d'expression anglaise et celui d'expression française. Les membres de la Conférence souhaiteraient que se renforce un partenariat juste et soutenu en vue de parvenir à un équilibre afin que le monde anglican d'expression française puisse mieux s'acquitter de sa mission d'évangélisation.39

Pour signaler leur présence au sein de la Communion Anglicane et pour la défense des droits des Anglicans francophones, le Conseil Exécutif des Églises de la Communion Anglicane d'expression française a été créé en 1996. Cette première réunion des responsables des Églises francophones avait pour but de faire l'inventaire de la population francophone anglicane dans le monde (environ trois millions de fidèles et une quarantaine d'évêques) et surtout d'assurer entre les diocèses et les communautés de tous pays un lien vivant, un regain de confiance et une nouvelle dynamique de travail et de progrès.40

3.5.3. Une croissance rapide de l'Église

L'érection du diocèse de Boga-Zaïre a donné un coup d'accélérateur à la diffusion de l'Évangile par l'Église anglicane. Celle-ci connaîtra une expansion extraordinaire pour des raisons diverses avec une adhésion massive de nouveaux chrétiens. Rappelons d'abord les trois principales raisons.