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De 1964 à 1971 : République Démocratique du Congo De 1971 à 1997 : République du Zaïre

2 L'ÉVOLUTION DE LA LITURGIE ANGLICANE ET DE LA DOCTRINE DE L'EUCHARISTIE

53 WAND, J W C., op cit, p 19.

2.5. La révision du Book of Common Prayer

2.5.1. La liturgie anglicane aux dimensions du monde

La liturgie de l'Église anglicane tire son origine de la Grande-Bretagne comme l'indique bien le qualificatif "anglican". Cette liturgie a été répandue dans le monde à la suite des événements suivants: a) les explorations des 17e et 18e siècles grâce à la puissance maritime britannique: sur chaque bateau il y avait des aumôniers qui exerçaient leur ministère auprès des marins; plus tard, ils exerceront aussi ce ministère dans les grands ports de stationnement en utilisant le Livre de la Prière Commune; b) le fait de la colonisation qui allait de pair avec l'évangélisation au 19e siècle: l'anglais étant la langue officielle des pays colonisés, il devenait ipso facto celle de la liturgie anglicane; c) les actions des missionnaires anglicans dans les pays non anglophones: Burundi, Rwanda, République Démocratique du Congo (francophones), Brésil, Japon, Corée du Sud, Chili, etc.

Ainsi donc, la Communion Anglicane est apparue en Afrique, en Asie, et dans le Pacifique, en association avec !'administration coloniale britannique. Il ne fait donc pas de doute que:

71 Le Livre de la Prière Commune selon ... - Trente-Neuf Articles de Religion, article 25, op. cit., p. 722.

Son identité a été inévitablement perçue comme étroitement liée à la culture britannique. Ses forces et ses faiblesses ont été perçues comme celles de cette culture. Dans les dernières décennies, particulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale, on a souvent constaté une réaction naturelle et souvent violente contre l'héritage colonial; une des conséquences de cette réaction a été la remise en question du christianisme ou son rejet. Ce dernier a été vu comme étant d'origine étrangère et apparemment identifié à la civilisation d'un pouvoir colonisant (...). H nous est devenu évident qu'on pouvait être anglican sans être Anglais; c'est cette réalité qu'on est entrain de vivre.72

Tous les pays colonisés par la Grande-Bretagne devaient adopter la liturgie anglicane de 1662 même si la traduction était faite dans leur langue ou dans une autre langue qu'ils comprenaient. 2.5.2. La révision de la liturgie anglicane: quelques facteurs décisifs

Au début du 20e siècle, l'anglicanisme était présent sur tous les continents et la Communion Anglicane, devenue véritablement une Église universelle, était en train de perdre son caractère purement britannique. Les Églises issues des missions étaient devenues plus autochtones et autonomes. Dans ces pays extérieurs à l'Angleterre se posaient les problèmes de la langue et de la culture. Pour l'Angleterre elle-même, il y avait le problème de la langue liturgique qui était l'anglais archaïque du 16e siècle du reste incompris par la génération du 20e siècle.

Le Livre de la Prière Commune de 1662, même si dans ses nombreuses traductions préserve et exprime cette foi centrale, le langage en anglais est cependant archaïque, et le vocabulaire est en quelque sorte différent de celui utilisé dans la vie de chaque jour. Cette forme quoique appréciée probablement à cause des cadences, de son langage et de son expression majestueuse pourrait devenir une fin en soi.73

Il faut noter aussi que la culture et la mentalité des Anglais avaient évolué et il leur fallait aussi une liturgie dans un anglais moderne et quelque chose qui corresponde à leur époque. Pour les autres pays anglophones, se posaient aussi les problèmes de ce vieil anglais et des éléments de la culture anglaise ou occidentale présents dans la liturgie importée. Il y avait également les questions liées à la richesse linguistique et culturelle de chaque pays.

En Angleterre, l'Église ne pouvait cependant pas entreprendre la réforme liturgique sans le consentement du Parlement, permission qu'elle n'a toujours pas obtenue jusqu'à aujourd'hui. C'est

72 CTDIA (= Commission théologique et doctrinale inter-anglicane), Pour l’Amour du Royaume, Montréal, Bellarmin, 1989, p. 9.

pourquoi le Livre de la Prière Commune de 1662 reste toujours un livre légal en Angleterre et certaines provinces de la Communion Anglicane s'en servent encore aujourd'hui. En 1999, la Communion Anglicane a fêté le 450e anniversaire du premier Book of Common Prayer, en la fête de la Sainte Trinité.

La révision de la liturgie était donc nécessaire. Le problème de la révision du Book of Common Prayer avait certes été soulevé en 1908, mais il avait alors connu un refus et à ce moment l'on avait même renforcé l'autorité du Book of Common Prayer de 1662. En 1920, l'Angleterre élabora un Book of Common Prayer, mais le Parlement refusa de donner son aval, si bien que seulement quelques extraits seront utilisés. C'est la Conférence de Lambeth de 1958 qui donna pour la première fois le feu vert pour la révision liturgique selon les besoins de chaque peuple; ce fut le départ effectif, et l'on s'est alors mis au travail. La Conférence de Lambeth de 1988 a renforcé cette idée dans sa résolution 47 sur la liberté liturgique:

Cette conférence a résolu que chaque Province devrait être libre, soumise aux normes universelles essentielles du culte et à la revalorisation des matériaux liturgiques traditionnels, à chercher cette expression cultuelle qui est appropriée à son peuple chrétien dans son contexte culturel.74

Depuis lors beaucoup de membres de l'Église anglicane ont développé et changé la tradition reçue en créant de nouveaux textes parallèles aux anciens livres de prière.

La dernière moitié du 20e siècle a été un moment de la révision liturgique intense. Les nouveaux livres liturgiques sont apparus dans beaucoup de traditions cultuelles différentes, et parmi la plupart de ces traditions il y avait des révisions successives publiées au cours de deux ou trois décennies (...). Les nouveaux livres dans la Communion Anglicane comprennent The Book of Common Prayer (Livre de la Prière Commune) 1979 ... de l'Église épiscopale des États-Unis, The Alternative Service Book 1980 de l'Église d'Angleterre, et The Book of Alternative Services 1985 de l'Église anglicane du Canada. Dans l'Église catholique romaine, les réformes du Concile Vatican Π, spécialement Sacrosanctum Concilium, la Constitution sur la sainte liturgie de 1963 avait préparé la voie pour des révisions importantes des textes liturgiques.75

Il convient de noter également le Livre de la Prière Commune de 1979 de l'Église épiscopale des États-Unis, traduit en français en 1983, est largement utilisé dans les pays francophones de la

74 LAMBETH CONFERENCE 1988, The Truth Shall Make You Free, Secretary General ACC, 1988, p. 232.

75 MEYERS, R., "Liturgy and Society: Cultural Influences on Contemporary Liturgical Revision", in P. BRADSHAW - B. SPINKS (ed.), Liturgy in Dialogue, London, SPCK, 1993, p. 154.

Communion Anglicane. Nous signalons que cette liste des livres de prière révisés n'est pas limitative: Anglican Prayer Book 1989 (Southern Africa), New Zealand Prayer Book 1989, A Modem Service of Holy Communion 1989 (Kenya), Come and Worship 1992 (Ouganda), A Prayer Book for Australia 1995, etc.

2.5.3. La révision de la liturgie anglicane: des principes de base

Les nouvelles compilations de la liturgie non seulement utilisent le langage contem- porain, mais aussi offrent une grande diversité dans et entre les membres de l'Église, une grande flexibilité dans les rites mêmes, et une grande péripétie de créer des formes liturgiques qui sont conformes à la réalité de chaque culture locale: un procédé reflété aussi dans la musique, les cérémonies, !'architecture et l'ornementation.76

L'ancienne uniformité a ainsi cédé la place à une diversité croissante. Il convient de signaler que la révision ne signifie pas l'invention d'une autre liturgie méconnaissable dans sa structure par les autres Anglicans. Bien que les révisions de la liturgie à travers la Communion Anglicane, depuis la Conférence de Lambeth 1958, soient les plus radicales dans l'histoire du Livre de la Prière Commune, toutes ont été basées sur les principes fondamentaux du premier Livre de la Prière Commune de 1549 de l'archevêque Thomas Cranmer.

Ces liturgies doivent: a) trouver leurs racines dans les Saintes Écritures; b) être en accord avec l'ordre préconisé par l'Église primitive: liturgie de la Parole et liturgie eucharistique; c) être unificatrices et non une - cause de - division dans l'Église; d) viser l'édification du peuple de Dieu. Tous ceux qui ont fait des révisions ont respecté la structure anglicane classique, tout en faisant preuve des aménagements à l'intérieur du cadre et des textes existants, si bien qu'un Anglican, dans quelque église anglicane ou épiscopale qu'il se trouve, saura reconnaître qu'il s'agit bien de la liturgie anglicane.

Tous les liturgistes semblent avoir un même souci dans le travail de la révision, celui de ramener la liturgie plus près de la communauté dans son milieu propre, en vue de permettre une adoration "en esprit et en vérité".

Le principe clé de la liturgie moderne est la flexibilité. Beaucoup de livres liturgiques contemporains offrent une variété des prières et des ordres de service, plutôt qu'une seule forme figée (comme dans le livre de 1662). La variété des formes liturgiques et la flexibilité dans leur utilisation implique que la liturgie peut et devrait être adaptée à des

circonstances de la communauté en prière dans le temps et dans l'espace, plutôt que d'exister comme une entité figée largement séparée des réalités du monde.77

Cependant il convient de signaler également que la liturgie révisée de l'Église anglicane s'est de plus en plus rapprochée dans sa structure de celle de l'Église catholique romaine, avec la possibilité de plusieurs Prières eucharistiques.