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De 1964 à 1971 : République Démocratique du Congo De 1971 à 1997 : République du Zaïre

1 LES FONDEMENTS DOCTRINAUX DE LA LITURGIE ANGLICANE

1.4. La responsabilité en matière doctrinale et liturgique

La diversité des positions théologiques et des pratiques liturgiques trouve principalement sa justi- fication dans le fait que, à la différence de l'Église catholique romaine, l'Église anglicane, n'a pas d'autorité centrale. La Communion Anglicane est un ensemble d'Églises nationales ou régionales

appelées parfois Provinces, rassemblées autour du Siège de Cantorbéry, en communion les unes avec les autres et au sein desquelles l'Archevêque de Cantorbéry exerce un ministère de prési- dence25. Ce dernier est l'évêque du diocèse du même nom et Primat d'Angleterre. Notons cependant que l'on parle parfois de l'Archevêque de Cantorbéry comme étant Primate of AU England et que l'Archevêque d'York est parfois appelé Primate of England.

1.4.1. L'Archevêque de Cantorbéry et les organes de conception et d'orientation

Dans l'exercice de ses fonctions pour le compte de la Communion Anglicane, l'Archevêque de Cantorbéry s'entoure des organes de conception et d'orientation en ce qui concerne la vie de la Communion en général et surtout en matière théologique, doctrinale, liturgique et oecuménique. "L'Archevêque de Cantorbéry comme Primus Inter Pares, le premier parmi ses pairs évêques, sert l'Église anglicane comme chef spirituel"26. Il est le symbole de l'unité de la Communion. L'Archevêque de Cantorbéry, bien que Primat de l'Église anglicane, n'a pas d'autorité réelle sur les Églises nationales ou Provinces. Même si les évêques ont du respect pour ses déclarations, ils n'ont aucune obligation de les appliquer. L'Archevêque de Cantorbéry n'a donc aucun pouvoir de commandement ou de publier des documents ayant force de loi, comme c'est le cas du Magistère romain. "Il n'y a donc pas de gouvernement central dans la Communion Anglicane"27.

Néanmoins le Conseil Consultatif Anglican (ACC on Anglican Consultative Council), l'un des organes du bureau de l'Archevêque de Cantorbéry, reste un organe de conception et d'orientation en ce qui concerne le développement sous ces différentes facettes au sein de la Communion ainsi que les discussions théologiques, la doctrine et la liturgie anglicanes. Toutefois les documents issus de ce Conseil, qui réunit tous les deux ans les membres représentant toutes les Provinces de la Communion Anglicane (évêques, prêtres et laïcs), n'ont qu'une valeur suggestive que chaque Province ou diocèse est libre d'appliquer, de modifier ou de rejeter.

Au Conseil Consultatif Anglican, il faut ajouter d'autres organes placés sous la supervision de l'Archevêque de Cantorbéry, comme la Réunion des Primats qui a lieu chaque année et la

25 MARTINEAU, S., 0p. Clt., p. 169.

26 ROSENTHAL, J., (ed), The Essential Guide to the Anglican Communion, London, Morehouse Publishing, 1998, p. 28.

Conférence de Lambeth réunissant tous les évêques de la Communion Anglicane chaque dix ans. Comme le stipule l'article 122 de la Conférence de Lambeth 1988:

Les quatre institutions - l'Archevêque de Cantorbéry, la Conférence de Lambeth, le Conseil Consultatif Anglican et la Réunion des Primats - sont des voies par lesquelles les provinces autonomes de la Communion Anglicane expriment leur unité et leur communion et jouissent de leur interdépendance aujourd'hui .28

Cependant les comptes-rendus de leur réunion restent toujours une suggestion ou un document dont le contenu est à rediscuter au niveau de la Province et du diocèse. Ces organes, loin d'être législatifs, ne jouent qu'un rôle consultatif et délibératif; néanmoins, leurs déclarations sont prises avec beaucoup de sérieux par les membres de la Communion Anglicane. Leur responsabilité, quoique limitée, est donc indéniable en matière doctrinale et liturgique.

1.4.2. L'évêque, garant de la doctrine

Dans l'Église anglicane ou épiscopale, comme le rappelle la Conférence de Lambeth 1998 dans sa section m concernant l'épiscopat, il n'y a donc pas d'autorité centrale. En parlant de l'esprit de l'anglicanisme, la Conférence de Lambeth 1920 avait spécialement renoncé à la possibilité que la Communion Anglicane soit liée par un gouvernement centralisé, qui dicterait la discipline et aurait pouvoir de contrôler ou de commander; la mise en contrats de telles possibilités ne cadre pas avec l'idéal de l'anglicanisme:

Il représente davantage le principe spirituel et chrétien de la loyauté à la Communion. Les Églises sont en effet indépendantes, mais avec la liberté chrétienne qui reconnaît la contrainte de la vérité et d'amour. Elles ne sont pas libres au point de nier la vérité. Elles ne sont pas libres au point d'ignorer les autres membres de la Communion.29 Cela dit, !'organisation de l'Église anglicane ou épiscopale ressemble sur plusieurs points à celle des Églises catholique et orthodoxe. Π y a une hiérarchie comprenant un primat, des archevêques, des évêques, des prêtres et des diacres. L'évêque est cependant la seule autorité à l'intérieur de son diocèse. Celui-ci ne prend pas ses décisions seul, mais au cours d'un synode diocésain comprenant l'évêque, le clergé et des laïcs élus dans chacune des paroisses; et le vote des membres du synode diocésain est décisionnel. Les décisions qui concernent l'ensemble des diocèses d'une province

28 LAMBETH CONFERENCE 1988, The Truth Shall Make You Free, London, Secretary General of the Anglican Consultative Council, 1988, p. 111.

29 LAMBETH CONFERENCE 1998, (The official report of the), London, Secretary General of the Anglican Consultative Council, 1998, p. 205.

ecclésiastique se prennent dans le synode général ou provincial, comprenant le collège des évêques, la chambre des représentants du clergé et celle des laïcs. Leurs décisions pourraient éventuellement être rediscutées au niveau diocésain.

Dans l'Église anglicane, la vraie responsabilité d'enseigner et de sauvegarder l'authenticité de la doctrine revient donc à l'évêque du diocèse avec son synode. C'est la raison pour laquelle les Anglicans voient en l'évêque le garant de la saine doctrine et de la foi.

Comme il n'y a pas sur terre, un chef de la Communion Anglicane, ainsi il n'y a pas un corps pour légiférer pour elle. Chaque Église nationale ou provinciale légifère dans les strictes limites de leurs propres diocèses. En dehors de ces limites, chaque diocèse légifère pour lui-même, sous l'autorité de son propre évêque diocésain, qui est la base de la juridiction de sa circonscription.30

À l'instar de l'Église primitive, où l'évêque - assisté de son presbyterium - était responsable de la direction des affaires concernant son Église (Ubi episcopus, ibi Ecclesia), ainsi en est-il aujourd'hui dans l'Église anglicane, où l'évêque est responsable du gouvernement de l'Église diocésaine. H agit aussi comme agent de liaison entre son propre diocèse et les autres diocèses.

L'évêque est ainsi le symbole de l'unité et de la continuité pour la vie des communautés chrétiennes. Il joue à ce titre le rôle de surveillant, d'enseignant et de théologien. L'évêque du diocèse assisté de son synode diocésain (membres du clergé et laïcs) est libre d'instaurer la liturgie qui convient le mieux à ses fidèles. Comme garant de la foi (responsable de l'enseignement correct de la doctrine), il a à se prononcer en matière doctrinale. Par charité, il ne devrait toutefois pas négliger le point de vue des autres institutions de la Communion Anglicane, comme la Province ecclésiastique qui est la véritable Église locale ou nationale avec son archevêque en tête et dont il fait partie, ou les autres organes collaborant avec l'Archevêque de Cantorbéry.

Enfin, l'Église anglicane connaît un fondement doctrinal bien solide, car elle s'appuie sur la Parole même de Dieu. En ayant recours aux services de la Raison, cette Parole de Dieu est constamment rendue actuelle par l'Église qui a le droit d'interpréter les Saintes Écritures et la Tradition en vue de leur contextualisation pour le peuple de Dieu. La sauvegarde de la bonne doctrine de l'Église et de la liturgie est garantie par des organisations bien structurées sous forme d'une démocratie qui permet la surveillance mutuelle entre les responsables et leurs ouailles par le biais du synode. Toutes les décisions importantes passent par le synode qui est normalement composé de trois chambres: celle des évêques, celle du clergé et celle des laïcs. Cependant le grand pouvoir dont

jouissent les évêques dans l'Église anglicane peut constituer un risque d'abus de pouvoir si le synode ne parvenait pas à bien jouer son rôle. Heureusement, il existe au sein de la Communion Anglicane différents organes de trait d'union pour la sauvegarde de l'unité doctrinale dans ses grandes lignes car les différences existent suivant les divers courants théologiques.

Nous avons déjà mentionné qu'à l'intérieur de la foi catholique à laquelle elle adhère, l'Église anglicane reconnaît des tendances diverses qui proviennent en partie de son histoire, certains diront de son génie, mais aussi de la liberté de recherche laissée aux théologiens31. Ceci est le principe même de l'unité dans la diversité de l'anglicanisme. En effet, "on trouve dans l'anglicanisme un éventail de positions théologiques et spirituelles assez vaste et il est probable que la majorité des Anglicans hésiteraient à se classer dans l'une ou l'autre de ces tendances"32. Ces tendances doctrinales affectent surtout la liturgie dans sa célébration. Les lignes qui suivent veulent brièvement rappeler la façon dont cette liturgie est parvenue à se différencier au cours de l'histoire.

2 . L'ÉVOLUTION DE LA LITURGIE ANGLICANE