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Une fois la guerre terminée, elle s’est poursuivie par des pillages massifs en Irak274.

Par la suite, deux facteurs, liés entre eux, favorisent l’insécurité.

Le communautarisme est d’abord favorisé sur le plan politique, à tel point que certains

qualifient la situation politique irakienne par l’expression « libanisation »275. En effet, les

personnalités actives sur le plan politique, dès la fin de l’opération militaire, sont présentes

269 Pour plus d’information sur les fonctions de l’U.N.M.O.V.I.C. en Irak, www.unmovic.org, consulté le 3 mai 2006.

270 Résolution 1441, Conseil de sécurité, 8 novembre 2002, S/RES/1441 (2002), § 4: « Décide que de fausses informations ou des omissions dans les déclarations soumises par l’Iraq en application de la présente résolution et le fait à tout moment de ne pas se conformer à la présente résolution et de ne pas coopérer pleinement dans sa mise en oeuvre constitueront une nouvelle violation patente des obligations de l’Iraq et seront rapportés au Conseil aux fins de qualification ».

271 BHUTA (N.), « The Antinomies of Transformative Occupation », op. cit., p. 724.

272 A ce sujet, lire SASSOLI (M.), « Legislation and Maintenance of Public Order and Civil Life by Occupying Powers », E.J.I.L. 2005 vol. 16 n° 4, pp. 667-681.

273 Marinos Diamantides cité in, JAMAIL (D.), « US Influence ‘Too Much’ », op. cit. 274 LUIZARD (P.J.), La question irakienne, op. cit., p. 352.

61 pour protéger les intérêts de leurs communautés, plutôt que pour incarner ou promouvoir l’intérêt général. Les tensions entre communautés religieuses, principalement sunnites et chiites, au sein du C.I.G. sont exacerbées. Ce repli communautaire, est visible, par ailleurs, sur le plan social, puisque les tensions se sont développées. Elles sont notables par l’explosion de voitures piégées, puis les représailles, le cercle de la violence n’en finit pas. Les tensions entre communautés ethniques existent aussi, comme entre Kurdes et Turkmènes. De plus, le 19 juillet 2005, deux représentants sunnites à l’Assemblée constituante furent tués par la guérilla. Ainsi, les tensions inter-communautaires suscitent l’insécurité.

Ensuite, l’omniprésence américaine aboutit à un effet de rejet de la part d’une partie de la population irakienne. Cela favorise le recours à des moyens radicaux contre les symboles de l’occupation en Irak (l’armée, les dirigeants et leurs alliés). Le 19 août 2003, l’O.N.U. subit un attentat meurtrier, avec 24 morts, dont Sergio Vieira de Mello, le R.S.S.G. en Irak.

L’armée américaine subira les mêmes actions, entre le 1er mai et le 14 septembre 2003, 153

soldats trouveront la mort276. L’insécurité se manifeste aussi à travers les nombreux

enlèvements.

En Afghanistan, le facteur principal d’insécurité est incarné par les Talibans toujours présents sur le territoire et susceptibles de se reconstruire avec l’aide d’Al-Qaïda et des réseaux vivants du trafic de drogue. En 2002,

« L’insécurité et le banditisme continuent de freiner les secours dans de nombreuses régions du pays. Le personnel humanitaire n’a toujours pas accès à trois provinces situées à l’est - Pakhtia, Khost et Paktika. Dans de nombreux districts situés au sud du pays, plusieurs routes nationales sont toujours trop dangereuses pour s’y aventurer »277.

En outre, le pouvoir dont disposent les seigneurs de la guerre et les miliciens reste important278.

La question centrale, ici, est de savoir comment le pouvoir constituant peut exercer ses fonctions, alors que le pays et sa population vivent en situation de guerre, avec la présence d’armées étrangères sur leur sol. En effet, cette présence ainsi que la montée de l’insécurité sont deux facteurs de pression. Un pouvoir constituant exerçant ses fonctions dans ces conditions ne sera pas pleinement indépendant et souverain. Ainsi, l’ébauche du texte constitutionnel pourra être modifié au gré des pressions issues de groupes adverses ou de personnalités mécontentes, répandant l’insécurité ou suggérant certaines directions à prendre sous la menace.

276 Cité dans LUIZARD (P.J.), La question irakienne, op. cit., p. 361.

277 RUTSCH (H.), « Afghanistan, sur la voie de la reconstruction », Chronique des Nations Unies, volume XXXIX n° 1 2002, département de l’information, édition en ligne, www.un.org/french/pubs/chronique/2002/numero1/0102p7_2.html, consulté le 3 mai 2006.

278 « jusque là, l'échec de la communauté internationale à étendre au-delà de Kaboul un solide parapluie sécuritaire pérennise, voire accroît, le pouvoir politique et économique des seigneurs régionaux de la guerre. Même Kaboul, où plus de deux ans après leur entrée dans la capitale, restent concentrés des miliciens de la vallée du Panshir et de la plaine du Chamali, n'est pas encore démilitarisée », International Crisis Group, « Elections et sécurité en Afghanistan », Briefing Asia, 30 mars 2004, www.crisisgroup.org/home/index.cfm?id=1266&l=2, consulté le 3 mai 2006.

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Section 2 : Le financement de la reconstruction, un outil à double tranchant

Les bailleurs de fonds internationaux sont primordiaux, car ils vont permettre de mener le chantier de la reconstruction en Irak et en Afghanistan, par l’apport de dons suffisants. Dans nos deux États, leur rôle débutera suite à la réunion de tous les donateurs, lors d’une conférence sur l’aide à la reconstruction (§ 1). Il se prolongera ensuite, par la mise en place de programmes (§ 2).

Cependant, il faut étudier leurs interventions selon le prisme de l’imposition d’un modèle. En effet, comme l’explique le Professeur Daudet :

« Ces États ressentent la nécessité de se doter d’un arsenal institutionnel et normatif conforme à des aspirations démocratiques spontanées ou sollicitées, quand elles ne sont pas imposées par les bailleurs de fonds […] Le vocabulaire politique rejoint d’ailleurs le vocabulaire économique avec l’expression de conditionnalité politique pour désigner le passage obligé à la démocratie pour l’État qui souhaite bénéficier de l’aide qu’il réclame »279.