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Terrain d’étude et constitution des bases de données marche à pied et paysages

3. Le recensement paysager

3.1. Méthodologie d’enquête

La détection paysagère vu du dessus, un temps envisagée, a été rapidement abandonnée. Les images satellites ne rendaient en aucune manière compte des paysages urbains tels qu’ils sont appréhendés par les piétons. Le repérage sur le terrain, effectué par des enquêteurs, s’est imposé comme la seule solution possible malgré les problèmes de reproductibilité que cela suppose : elle était la seule permettant de restituer fidèlement la dimension visuelle des piétons.

Cette méthode de reconnaissance paysagère in situ peut paraître discutable car nous aurions pu utiliser le support photographique, par nature plus objectif. Mais la technique se révèle excessivement gourmande en terme de temps dès lors que le nombre d’images à traiter devient important. L’échantillonnage des prises de vues en milieu urbain eût été également problématique car "la photographie opère un contour" qui occulte le tout environnant et est "sujette à l’influence de déformations impliquées par les prises de vues" (Gendrot, 2002). Cela rend éminemment subjectif toute tentative d’échantillonnage photographique en milieu urbain. En outre, bien que plus commode, la photographie se rapproche de la notion de site paysager ; nous avons préféré aborder le paysage sans discontinuité, par le biais d’une succession de scènes paysagères ininterrompues. Ce paysage en mouvement a donc été saisi à la manière du marcheur, en nous inspirant toutefois des méthodes de quantification paysagère basées sur les photos. Pour plus de précision, on consultera avec intérêt les travaux de certains chercheurs de

ns notre cas, les classes paysagères ont été renseignées en fonction de leur prégnance, elle-même dépendante du temps de soumission et de la position des objets paysagers dans le champ visuel. Cette technique était évidemment soumise à la subjectivité des appeler, inévitable quelles que soient les

nçon est l’élément de base de notre recherche et donc de notre enquête. Il s’agit de la portion de rue située entre deux carrefours. Ce choix se justifie aisément : les carrefours sont

s dont nous disposons ; les itinéraires recueillis

au mieux la réalité visuelle des piétons. La détection des éléments paysagers a donc pris en l’école bisontine du paysage (par exemple Brossard et Wieber, 1980 ; Griselin et Nageleisen, 2003) pour l’analyse détaillée de clichés qu’ils mettent en œuvre : une partition régulière de l’image permet d’évaluer le poids de chaque élément paysager en fonction de la surface qu’il occupe sur l’image.

Notre méthode d’évaluation directe sur le terrain a déjà été utilisée (Rougerie et Beroutchachvili, 1991). Da

enquêteurs, le biais perceptif étant, faut-il le r

méthodes mises en œuvre pour recenser le paysage visible. Pour minimiser les différences de perception entre enquêteurs, seuls les éléments objectivement repérables ont été retenus. En outre, des séances communes ont été réalisées sur le terrain afin d’harmoniser les lectures du paysage avec deux maîtres mots : neutralité et objectivité.

3.1.1. Quel objet renseigne-t-on ?

Le tro

les lieux où s’ancrent les choix des piétons. Une fois le choix d’itinéraire effectué, le tronçon est "consommé" dans son intégralité par le piéton ; celui-ci ne pourra prendre de nouvelle décision d’orientation avant la prochaine intersection. Cette posture méthodologique est également cautionnée par la nature des trajet

lors de l’enquête "marche à pied" sont des trajets routiniers. Effectués régulièrement, on peut supposer qu’ils sont parfaitement connus par les marcheurs. Chaque tronçon est donc emprunté en connaissance de cause ; il n’est pas choisi uniquement en fonction de ce qu’il laisse apparaître visuellement au carrefour mais pour sa valeur paysagère "intégrale".

3.1.2. Une approche paysagère spécifique

L’enquête paysagère présente une réelle particularité puisque nous n’avons pas uniquement cherché à qualifier les éléments paysagers présents sur chaque tronçon. Cette technique n’était pas satisfaisante car elle n’aurait pas respecté l’impératif que nous nous étions fixé : synthétiser

compte tout ce qui était visible lors du parcours de chaque tronçon, c’est-à-dire qu’elle a pu intégrer des éléments appartenant à d’autres tronçons. De cette façon, l’enquête porte sur le paysage visible (Brossard et Wieber, 1984), et non sur la simple localisation des éléments de paysage. A. Purcell et R. Lamb (1998) ont par exemple démontré l’intérêt d’une telle description pour l’étude des préférences relatives à la végétation en milieu naturel. Cette approche permet de r n se déplaçant. Plus concrètement, elle permet de répondre aux questions suivantes : quels sont les éléments

eproduire très fidèlement ce que le piéton voit e

paysagers qui s’offrent à la vue du piéton s’il choisit ce tronçon lors de son trajet ? Quelle est la prégnance de chaque élément paysager ? Comme le sens de parcours influence fortement ce que l’on voit, chaque tronçon s’est vu attribuer une double qualification paysagère (figure 34). Ce double recensement peut être rapproché du constat de R. Golledge (1999) selon lequel la distance entre A et B peut ne pas être perçue de la même manière que celle entre B et A. Si la distance cognitive joue ainsi des tours à la distance euclidienne, le paysage peut en partie en être considéré comme responsable.

Figure 34 : Un tronçon viaire, deux compositions paysagères

Cette technique d’enquête n’était pas la plus facile à mettre en œuvre, ni d’un point de vue terrain (doublement du nombre d’observations), ni d’un point de vue technique (double codage

dans le systèm s réaliste.

aysage ?

une rue ;

e d’information géographique), mais elle fournit une information plu

3.1.3. Comment renseigner le p

Le savoir des experts de l’urbain que sont les architectes et les urbanistes est primordial et peut servir de base à la mise en place d’un recensement paysager. Par exemple, D. Mangin et P. Panerai (1999) citent des cas de contraintes architecturales comme la largeur de la rue, son emprise, la présence d’obstacles visuels, le contrôle de la distance entre clôtures et bâti, la définition des types de bâtiments, leur alignement et leur mitoyenneté. D’autres indicateurs permettant de caractériser les rues existent. Ils sont même assez nombreux et l’on se contentera de citer, ici, quelques exemples :

- le profil en travers, dépend du rapport entre la largeur de la rue et la hauteur des bâtiments adjacents. Ce rapport est déterminant dans l’impression générale que dégage

- le rapport entre la largeur des trottoirs et celle de la chaussée ;

- le profil en long, plus général, qui regroupe la succession des hauteurs, des types façades, de proximités des bâtiments… ;

- la symétrie de la rue, essentiellement du point de vue du bâti ; - la présence de "vides", de végétation, de m

De tels indicateurs sont toutefois calculés de manière très ponctuelle pour des portions du re, de manière systématique, tous les éléments vus depuis les rues d’un espace donné. En outre, ces ils décrivent davantage des formes (matériau,

onstituent. Ce présupposé est en partie discutable puisqu’un lieu

l’avan

l’éche paysagère ; cela facilite grandement le repérage sur le terrain. Nous postulons que deux paysages peuvent avant tout être différenciés en fonction des élém

totalem inées que les

lée (Caron et Roche, 2001). Ainsi, la composition paysagère prise en compte peut varier très fortement selon les individus, oscillant de quelques éléments isolés à des tableaux complexes et très précis (Lynch, 1969). Lors de notre enquête, nous avons tenté de balayer le champ des possibles partant du principe que tous les éléments sont susceptibles de recouvrir un intérêt particulier pour les piétons. L’objectif de notre enquête terrain était donc de caractériser finement les paysages urbains de chaque tronçon à partir d’une grille de recueil prédéfinie (tableau 7). Cette grille simplifie évidemment la réalité mais elle présente l’avantage de faciliter le relevé terrain. Pour la dresser, nous nous sommes basé sur la description morphologique de la ville, constituée du site, du plan, du parcellaire, du bâti et de l’usage du sol (Allain, 2004). Le site se compose de la topographie et de l’hydrographie. Le plan détermine notamment la trame viaire

obilier urbain.

territoire urbain qui nécessitent une attention particulière. En revanche, il n’y a jamais eu, à notre connaissance, de prospection purement paysagère s’attelant à décri

indicateurs sont très généraux dans le sens où

couleur, élévation, ouverture, fermeture) que des figures, qui sont les éléments concrets du paysage visible (Norberg-Schulz, 1997). Ce sont ces figures très précises que nous nous sommes attelé à décrire, considérant ainsi la complexité paysagère comme une juxtaposition de composants simples.

Un tel axiome fait référence aux travaux des psychologues qui ont démontré que l’ensemble des phénomènes perceptifs complexes peut être décomposé en entités plus simples. A une impression globale correspond ainsi une pluralité de sensations simples. Ces études, si elles ont traité les perceptions auditives, tactiles et gustatives, ont particulièrement porté sur le domaine visuel (Mariné et Escribe, 1998). De manière identique, le paysage peut donc être partiellement réduit aux objets paysagers qui le c

n’est pas simplement réductible à une somme d’éléments singuliers. Mais il présente tage de fournir un cadre simple d’observation et d’analyse permettant de démêler veau de la complexité

ents paysagers qui les composent, même si l’impression d’ensemble n’en est pas ent dépendante. C’est donc à partir d’un ensemble de classes prédéterm

paysages seront appréhendés.