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Pour une intégration du paysage dans les réflexions sur la mobilité pédestre

Encart 3 : La convention européenne du paysage

3. Analyse objectivée de la relation paysages piétons

3.4. Une méthode d’analyse particulière

Comme il fut dit précédemment, la piste paysagère, en tant qu’ambiance visuelle, reste peu explorée alors même qu’elle peut permettre de compléter nos connaissances sur les individus- piétons. Ainsi, les choix d’itinéraires peuvent être vus comme un processus d’ajustement qui consiste, pour chaque piéton, à sélectionner les paysages qu’il valorise. Même si cette influence des paysages est secondaire et qu’elle intervient, par ordre d’importance, après d’autres facteurs tels que la minimisation de la longueur du trajet, elle ne peut, à notre sens, être occultée. Pour l’appréhender, nous proposons une méthodologie basée sur deux principes fondamentaux qui sont l’analyse technique du paysage urbain et l’observation indirecte des préférences.

3.4.1. L’analyse technique du paysage urbain

Le paysage est éminemment subjectif car il correspond à une réalité perçue. Il est toutefois possible de le mesurer d’un point de vue relativement objectif, en minimisant le rôle des filtres perceptifs. C’est ce que nous ambitionnons de faire dans le cadre de ce travail mais c’est également ce que d’autres ont déjà entrepris avant nous. Cette volonté n’est en effet pas récente et certain travaux, déjà anciens, ont pour certains jeté les bases de l’analyse paysagère urbaine. R. Allain (2004) cite, en guise d’exemple, les réflexions portant sur les effets de la distance et du positionnement de l’observateur sur la perception d’un objet paysager urbain25

ou, plus récemment, l’approche séquentielle du paysage liée aux déplacements qui met en œuvre une analyse progressive du champ visuel (figure 25). Ces tentatives d’appréhension des paysages urbains ne sont évidemment pas les seules et nous en présenterons de plus récentes dans la partie suivante.

Figure 25 : Analyse séquentielle du déplacement

3.4.2. L’observation indirecte

Comme nous l’avons déjà mentionné, nous n’interrogerons pas directement les piétons sur leur ressenti puisqu’ils n’ont pas nécessairement conscience du rôle du paysage sur leurs choix d’itinéraires. A ce titre, on pourrait d’ailleurs nous objecter qu’il s’agit là d’un signe révélateur du faible intérêt que les citadins portent aux paysages urbains. Mais, la métaphore de P. Sansot (1998) nous rappelle, fort justement, que "les marchandises, nous les contemplons sans avoir

nécessairement le besoin de les acheter" ; le paysage urbain n’est certes pas scruté mais il est

intériorisé et joue un rôle indéniable car "l’image a une fonction active. Elle a un sens dans la

vie inconsciente, elle désigne sans doute des intérêts profonds" (Bachelard, cité par Merlin et

Choay, 2000). Il est par exemple rare que les citadins ne perçoivent pas les changements paysagers affectant leurs espaces du quotidien. Le paysage urbain est donc un élément actif du fonctionnement des villes (Allain, 2004).

Caractères du lieu Significations sociales et culturelles du lieu Axes structurants et relations d’axes

Repères et volumes marquants Limites physiques et administratives Fonctions et paysages

Coordonnées symboliques Marqueurs territoriaux

Limites culturelles, historiques, symboliques

Images et représentations symboliques et/ou fonctionnelles

Tableau 4 : La ville, du concret au représenté (In Bailly, 1995, d’après Lynch, 1969)

Pour appréhender ce lien entre paysages et citadins, l’utilisation de techniques indirectes semble donc plus pertinente. Ces méthodes évitent, par exemple, que les appréciations se calquent sur les discours consensuels très prégnants. C’est dans cette optique que la technique des mental maps26 a été créée. Elle permet de découvrir comment les citadins se représentent

leur ville (Cauvin, 1998) en faisant apparaître les distorsions de l’espace perçu (Gumuchian, 1991). A chaque caractéristique d’un lieu sont donc associées des représentations qui, constamment, redéfinissent la ville en contribuant à l’élaboration de distances multiformes. (tableau 4).

Figure 26 : Positionnement méthodologique de la recherche

Pour notre part, dans un même souci d’objectivité, nous chercherons dans les choix d’itinéraires l’expression de l’attrait ou du rejet de certaines formes paysagères.

Selon cet axiome, nous reprenons le polysystème paysage27 qui sert de base conceptuelle à

notre travail (figure 26). Pour mettre en évidence notre démarche, nous distinguerons trois éléments repérables :

- Le premier (1) correspond à notre hypothèse de travail. Les choix d’itinéraires sont considérés comme les révélateurs des préférences paysagères des piétons : le paysage visible puis perçu influence la consommation des espaces en marche à pied. L’action du filtre perceptif sera d hercherons à dégager des règles communes de perception des paysages. Pour cela, nous utiliserons deux bases de données spécifiques.

- Nous nous livrerons à un recensement du paysage visible (2). Une enquête terrain permettra de recueillir des données sur les informations visuelles auxquelles sont soumis les piétons lors de leur trajet. Ce recensement se fera, dans la mesure du possible, en respectant les règles d’

- La troisi ur cela, nous

enregistrerons des trajets effectués en marche à pied, ce qui permettra d’étudier les es

Conclusion

Le paysage se trouve au centre de nombreuses thématiques de recherche, dans des disciplines variées. Il fait appel à de multiples compétences, engage de nombreux acteurs et recouvre des besoins très différents (Rimbert, 1973). Complexe, le paysage n’en est pas moins un moyen de valorisation de l’espace urbain.

A ce sujet, la remise en cause actuelle de l’étalement urbain amorce une nouvelle tendance : les réflexions en matière d’urbanisme portent davantage sur les formes urbaines existantes. Insertion, destruction, réhabilitation, transformation sont les maîtres mots de politiques de la ville qui se recentrent sur le préexistant. L’occasion semble unique de repositionner le paysage urbain au centre du débat et de sortir par la même occasion d’une conception trop simpliste. L’enjeu est d’importance car en intervenant sur les paysages, on peut espérer valoriser l’opinion que les citadins portent sur l’environnement urbain et, au-delà, favoriser l’usage des modes de déplacement doux qui sont intimement liés à la notion d’ambiance urbaine.

Au final, nous plaiderons avec A. Berque (1995b) pour une "mise en scène paysagère", pour un paysage qui serait plus adapté aux attentes des citadins et à ceux qui y sont le plus sensible, les piétons ; car le paysage est soumis à la vue mais aussi et surtout lieu de pratiques

onc analysée selon ce processus et nous c

objectivité adéquates.

ème étape (3) consistera à étudier le système utilisateur. Po

comportements en aval du filtre perceptif. Nous pourrons ainsi, sous certain contraintes, tester si le lien supposé entre paysages et mobilité pédestre est valide.

individuelles (Collot, 1986) qui lui sont en partie liées. Evidemment, un tel vœu implique un gros effort d’objectivation des préférences paysagères. Cette responsabilité incombe en partie aux géographes du fait de leurs compétences dans le traitement des données spatialisées. Pour notre part, nous prendrons à notre compte l’analyse désagrégée des choix d’itinéraires en liaison avec les paysages.