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De l’écologie urbaine aux distances multidimensionnelles

Pour une intégration du paysage dans les réflexions sur la mobilité pédestre

Encart 3 : La convention européenne du paysage

3. Analyse objectivée de la relation paysages piétons

3.2. De l’écologie urbaine aux distances multidimensionnelles

Par ailleurs, les valeurs et la perception de chaque individu sont dépendantes des représentations sociales et culturelles (Bruner, 1991). C’est pourquoi, au-delà de toute spécification basée sur les objets paysagers, il faut également avoir à l’esprit que l’appartenance à un groupe social peut se traduire par des préférences paysagères particulières. Cet aspect est à rapprocher de l’appartenance territoriale (Luginbühl, 2001) et du phénomène de sectorisation sociale des villes qui fait écho au concept de mosaïque urbaine des sociologues de l’Ecole de Chicago. Burgess et Park, fondateurs de ce courant de recherche considéraient que l’organisation du territoire urbain résulte d’une "lutte" entre les citadins et que le processus de ségrégation n’est ni voulu, ni maîtrisé. Les intérêts économiques et individuels conduisent inéluctablement à à des formes de "défense" par regroupement des individus selon leurs appartenances culturelles. Ainsi, groupes

rdreuil, 2000). Pou aux E en Fra une fo périur

impor es. Il faut noter que cette sectorisation sociale a tendance à s’exacerber entre, d’une part, les quartiers anciens et certaines communes périurbaines en voie de

(Duha levier

Comm des résidents devant l’implantation de log

urbain Chaqu

paysage" (Loiseau , 1993). Puisque celui-ci est obligatoirement soumis à un processus de perception-cognition et que la cognition est elle-même dépendante d’un aspect affectif et

aleur personnelle attribuée aux paysages est en partie due au degré de "classe" d’appartenance de l’observateur et "classe" du lieu observé. Car la

la ségrégation et donnent naissance, en contrepartie,

sociaux, modes de vie, espaces et paysages inhérents se juxtaposent assez nettement sur le territoire urbain. Malgré l’éclatement des pratiques quotidiennes, les frontières urbaines ne disparaissent pas et "le quartier résidentiel garde une valeur identifiante" (Bo

L’espace devient social et doit être distingué de l’espace vécu parce qu’il résulte d’une production collective (Di Méo, 2000) et qu’il recouvre une réalité spatialement mieux délimitée (figure 24).

ssée à son paroxysme, cette mosaïque correspond au phénomène de ghettoïsation observé tats-Unis mais elle est restée plus mesurée dans les autres pays occidentaux. Globalement nce, on trouve à la fois, dans la ville agglomérée, des classes aisées et pauvres mais avec rte spécialisation territoriale et sociale. Les classes moyennes se localisent plutôt dans le bain et sont triées en fonction de la distance au centre, ce qui induit des différences tantes entre commun

"gentryfication" et, d’autre part, les quartiers des grands ensembles, toujours aussi pauvres yon et Caplain, 1997). Même si les politiques de la ville tentent d’actionner certains s pour favoriser la mixité, les réflexes demeurent encore très prégnants. Les Gated

unities24 aux Etats-Unis ou les réticences

ements sociaux dans leurs quartiers démontrent que la fragmentation sociale des aires es demeure.

e groupe humain "élabore sa culture, ses modèles culturels, dont certains touchent le

et al.

émotionnel, la v concordance entre

portion du territoire qu’un groupe habite participe à l’identité de ce groupe. Il se produit ainsi "une réversion et l’emprise territoriale imprègne l’ayant droit tout autant que celui-ci appose

sa marque sur l’espace" (Bordreuil, 2000). Le découpage ségrégatif influence donc très

nettement la manière dont les paysages sont perçus en dehors de toute considération esthétique.

24 - Quartiers résidentiels privés et dont les résidents sont sélectionnés selon des critères culturels, sociaux et ethniques.

Le processus d’analyse des paysages ne doit donc pas traiter les individus "comme les modes

finis d’un monde unique [...] Elle a affaire à une série d’ambiances et de milieux où les stimuli interviennent selon ce qu’ils signifient et ce qu’ils valent" (Merleau-Ponty, 1942). C’est aussi

l’un des thèmes de recherche de la géographie sociale qui s’attache à décrire la manière dont les individus prêtent du sens aux territoires (Gumuchian, 1991 ; Viard, 1981). D’inspiration sociologique, les modèles de l’écologie urbaine ont influencé les géographes parce qu’ils prennent des formes spatiales très concrètes. Mais ils sont remarquables parce qu’ils ont facilité la compréhension du fait urbain en conférant une dimension sociologique aux questionnements des géographes.

ent du sentiment d’appartenance de ces groupes qui constituent la ville. Distances géographiques, culturelles, sociales et psychologiques se conjuguent donc pour générer un coût du déplacement ; la distance est multidimensionnelle et la mobilité plus qu’un simple déplacement consistant à relier une origine et une destination (Huriot et Perreur, 1990 ; Lussault, 2005). Les distances métriques ne suffisent alors pas à mesurer l’éloignement entre deux lieux. Deux points apparemment proches peuvent être séparés par une distance psychologique forte en cas de discontinuité territoriale en partie repérable grâce aux paysages (figure 24). Ce fonctionnement fut bien mis en évidence par K. Lynch (1969) qui montra que les espaces relativement homogènes comme les quartiers sont séparés par des discontinuités, des limites qui peuvent être matérielles et psychologiques.

Découpée en "plateaux territoriaux" plus ou moins homogènes, la ville trouve une cohérence grâce à certaines fonctions comme les commerces ou les espaces verts dont les aires d’attraction sont transversales (Reymond, 1998). Mais là encore les structures sociales exercent une pression sur les individus et restreignent leur liberté de choix (Di Méo et Pradet, 1996) et de mouvement, spécialement en marche à pied. La proximité, qui n’est souvent abordée que par le biais de la distance-temps réticulaire, ne rend pas compte de cet état de fait. Pourtant, les distances dépendent égalem

Figure 24 : Distance métrique et distance psychologique

Les principes de l’écologie urbaine ne sont pas remis en cause par les nouvelles manières de pratiquer l’espace urbain. Certes les liens sociaux sont aujourd’hui moins dépendants d’une appartenance territoriale commune et l’automobile permet, au moins le temps du déplacement, de transcender ces barrières psychologiques. Néanmoins, le sentiment d’appartenance

territoriale n’a pas disparu et la ville continue à se présenter comme un espace où le citadin se sent ponctuellement étranger. La marche à pied reste la plus affectée par cette partition de la ville. Dans une ville où tout devient proche, on oublie ainsi un peu vite que les distances cognitives n’ont pas évolué au même rythme que les distances temporelles.