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Chapitre 7 : Conception de l’ingénierie

7.1. Présentation des principes de conception retenus

7.1.1. Les méthodes courantes sont inadaptées

L’étude sur les modes de développement des outils SIG dans les organisations en Australie et Nouvelle Zélande lors des sept dernières années montre que deux tiers des organisations utilisant les SIG n’ont pas de « stratégie SIG » et que plus de 70% d’entre elles n’ont pas recours à des critères de performance. Nous ne reviendrons pas sur les principaux motifs présentés dans la première partie de ce document. Rappelant la nécessité d’un soin particulier à apporter à la dimension organisationnelle, [Douglas B., 2008] préconise l’approche suivante :

Fig 111. Stratégie de développement des SIG [Douglas B., 2008]

La première flèche vise à comprendre les besoins de l’organisation, la deuxième à déterminer les informations et les données nécessaires à collecter, la troisième à comprendre la structure organisationnelle nécessaire pour supporter les besoins métiers. C’est seulement lors de la dernière phase que les outils technologiques appropriés sont sélectionnés et mis en œuvre.

L’auteur insiste sur le rôle déterminant de la première étape, conditionnant le reste du projet. Ce mode de raisonnement est inapplicable dans notre situation. En effet, il s’agit plus de créer le besoin que de dérouler le projet sur la base de besoins clairement déterminés et définis (permettant d’aller jusqu’à la réalisation d’un business plan comme le propose le manuel [GITA, 2006]). Ainsi, à rebours du schéma ci-dessus, nous nous sommes d’abord attaché à définir les deux grands types d’application nécessaires à la profession (« site par site » et « cumul »), et montré l’intérêt d’un partenariat intra-organisationnel (professionnel).

Nous avons mentionné dans la partie précédente les principales sources d’information sur les risques naturels. L’idéal serait donc de pouvoir remonter jusqu’au bout de la chaîne et définir en étroite collaboration avec les sociétés et les familles professionnelles le cahier des charges des informations souhaitées pour répondre à leurs besoins métiers.

Concernant les familles professionnelles, les besoins liés à leur relation avec les Pouvoirs publics sont, de manière générale, relativement simples. Il s’agit essentiellement de compléter les statistiques du marché par une évaluation de l’exposition des agents économiques (risques de particuliers et de professionnels) aux différents aléas naturels rentrant dans le périmètre Catnat. Par ailleurs, ils peuvent exprimer des besoins spécifiques dans le cadre d’études ponctuelles aux objectifs bien définis. Nous aborderons dans les sections suivantes, les données, éléments de méthode ainsi que les outils mobilisés pour produire l’information appropriée. Le problème est tout autre vis-à-vis des sociétés.

Non seulement nombre d’entre elles ne trouvaient pas forcément, au départ, d’intérêt à notre initiative pour les raisons évoquées dans la deuxième partie de ce document, mais encore fallait-il dépasser les difficultés liées à l’âpre concurrence qu’elles se livrent sur le marché. Tenter de recueillir leurs besoins collégialement était peine perdue. De plus, chaque société n’approchait pas la problématique de gestion des risques naturels de la même manière. Tantôt les unes privilégiaient la gestion de sinistres et les autres la prévention, tantôt il s’agissait de réassurance pour les premières et de souscription pour les secondes. Le tableau ci-dessous résumé les difficultés rencontrées dans le cadre de partenariats :

Pour surmonter ces difficultés, nous avons choisi une stratégie de développement tout autre. La segmentation des besoins en deux types d’applications distinctes et complémentaires ne suffisant pas pour recueillir une formulation claire des besoins en information souhaitée, nous avons considéré qu’il était préférable de s’asseoir provisoirement sur cette étape et de commencer sans plus attendre la conception.

La conception de systèmes d’information se base sur des méthodes permettant de garantir une démarche structurée72. Les quelques manuels de référence concernant les infrastructures géomatique (exemple : [GSDI, 2004]) sont essentiellement destinés à la réalisation d’infrastructure de données, et non de services, comme nous envisageons de le faire.

Nous nous sommes donc tournés du côté des méthodes de conception des systèmes informatique. Celles-ci sont extrêmement nombreuses. L’approche classique, en cascade, que nous retrouvons dans les méthodes les plus simples de développement des SIG, partant de l’analyse des besoins pour construire un modèle fonctionnel, est inadaptée. Le modèle en V consistant à décomposer le système en sous-ensembles, à les tester et les modifier itérativement avant leur intégration n’est également pas satisfaisant pour pallier la difficulté essentielle que rencontrent les futurs utilisateurs de notre système à imaginer ce qu’il sera possible de faire avec un logiciel qu’ils ne connaissent pas.

Aussi, pour soutenir la créativité et le comportement innovant des utilisateurs, les gestionnaires de projets SI ont de plus en plus recours à des représentations plus pertinentes du futur système sous forme de maquettes ou de prototypes. Le recours à ces démarches ont fait évoluer les démarches de conception. Le modèle en V est ainsi devenu le modèle en W :

Fig 112. Démarche de conception en W [Reix R., 2005]

La méthode Rational unified process (RUP), leader du marché pour le développement des SIG selon [Golay F. et Miserez J.-L., 2007], repose sur la même philosophie que la méthode en W.

Le développement évolutif par prototype constitue un second bon exemple. Dans ce cas, l’utilisateur dispose d’un prototype fonctionnel, incomplet et imparfait mais opérationnel dans son environnement de travail. A partir de son utilisation, il suggère des améliorations pour la réalisation de versions successives, jusqu’à la réalisation d’une version jugée satisfaisante.

72

Fig 113. Principe du prototype [Reix R., 2005]

Cette méthode suppose un dialogue riche entre utilisateurs et développeurs. Elle est d’autant plus délicate à mettre en œuvre que le nombre d’utilisateurs est important, ce qui est à priori notre cas (cf chapitre 4). [Reix R., 2005] note que ce type de développement évolutif est parfois qualifié de modèle de la spirale pour traduire le fait qu’il est constitué d’une succession de cycles avec enrichissement de la solution.

Si ce principe nous paraît bon, il faut toutefois garder à l’esprit les facteurs clés de succès pour la conception de solutions reposant sur les technologies de l’information géographique à destination des organisations privées que nous avons mis en évidence dans la première partie de ce document, et retenus comme hypothèse de recherche (voir H1, p 161). Ces exigences de cohérence des ressources à mettre en œuvre, d’agilité compétitive et d’ouverture vers les partenaires nous ont ainsi conduits à examiner la littérature en science de gestion relative à la stratégie de l’innovation technologique.

7.1.2. Le recours à la théorie de l’innovation technologique et aux méthodes de

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