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Chapitre 2 : L’approche système d’information géographique pour la gestion

2.3. Quelques questionnements actuels de la communauté des technologies

2.3.3. L’enjeu de l’évaluation des SIG

Outre leur capacité à faciliter la compréhension du territoire17, les SIG constituent de précieux outils pour apporter de l’information aux décideurs et, de là, ont donc en principe une valeur pour les organisations [Caron C., 2004]. Ce même auteur suggère d’abord de s’intéresser au rôle symbolique et/ou rationnel que peut avoir un SIG dans une organisation avant de se pencher sur sa valeur. Il propose une synthèse des différents rôles qui lui sont généralement attribués :

- rôle de mode : une organisation décide de mettre en place un SIG car une organisation similaire en est déjà équipée ;

- rôle de vitrine technologique : le SIG constitue un symbole permettant de se démarquer de ses concurrents ;

- rôle symbolique du lien information-décision : le SIG est perçu comme un moyen de renforcer les liens information-décision ;

- rôle opératoire : par exemple pour permettre la gestion de données18 ;

- rôle de support juridique : par exemple pour assurer le contrôle du respect de contraintes d’ordre réglementaire ;

- rôle de persuasion : le SIG est utilisé pour son potentiel de diffusion efficace de l’information géographique sous des formes riches et variées, dans un but de persuasion ;

- rôle de soutien à la planification : par exemple pour supporter des tâches de scénarisation, de simulation, d’analyse spatiale et de production de cartes thématiques ;

- rôle prospectif ou exploratoire : pour exploiter de manière novatrice des technologies dans son domaine spécifique.

En retraçant plus largement l’évolution du rôle des SIG, il insiste plus particulièrement sur le potentiel de ces systèmes à offrir un avantage concurrentiel stratégique face à des organisations concurrentes. Ces nouvelles technologies revêtent un avantage stratégique en permettant à une organisation de se différencier. Réservant cet aspect pour la section suivante, il s’agit ici simplement de noter que ressortent à cette occasion les différentes perspectives de développement précédemment évoquées pour les TIC, à savoir :

- le déterminisme technologique : les SIG sont bénéfiques et apportent inévitablement le progrès ;

- le rationalisme managérial : l’introduction des SIG dans une organisation et son infusion ne sont pas qu’une affaire technique. La réussite n’est pas assuré à priori car dépendant de nombreux paramètres, comme évoqués dans la section précédente ;

- l’interactionnisme social : la mise en œuvre d’un SIG est un processus d’interaction unique entre les technologies et une organisation donnée. C’est la perspective aujourd’hui la plus répandue, comme l’a illustrée la section précédente.

[Rodriguez-Pabon O., 2005] a sondé en profondeur les considérations philosophiques et économiques relatives à la notion de valeur, le conduisant à conclure, comme [Caron C., 2004], à la plasticité de cette dernière. Différentes façons de déterminer la valeur d’un SIG se dégagent mais peuvent être regroupées en deux grands approches distinctes : les approches quantitatives et les approches qualitatives.

17 La dernière section de ce chapitre revient plus particulièrement sur cet aspect fondamental et son lien avec les

réflexions de la communauté scientifique présentées jusque là.

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Concernant les approches quantitatives, [Caron C., 2004] note qu’il s’agit essentiellement de répondre à la question : « l’investissement dans un SIG produit-il suffisamment de profits pour en justifier le coût ? ». Elles font appel notamment aux méthodes d’évaluation d’un investissement du type ratio coûts/bénéfices, valeur actualisée nette (VAN) ou encore taux de rendement. [Laudon K.C. et Laudon J.P., 2001] en dressent un inventaire détaillé, soulignant toutefois que de nombreux paramètres ne peuvent être évalués monétairement.

Cette difficulté est encore plus caractéristique des approches qualitatives. Tout en justifiant l’intérêt de dissocier la valeur de l’outil (le SIG) de celle du résultat produit (l’information géographique), elles se trouvent cependant confrontées à l’évaluation de la valeur sociale d’usage de l’information. En effet, [Million A., 1999] considère que la valeur symbolique de l’information créée reste sans valeur tant qu’elle ne s’inscrit pas dans la réalité physique d’un service. Autrement dit, et sans entrer plus à ce stade dans les détails théoriques19, il faudrait pouvoir évaluer [Caron C., 2004] :

- l’intensité de l’avantage que le SIG peut procurer à l’utilisateur ; - la durée de cet avantage ;

- le nombre de personnes aux besoins desquelles peut pourvoir le SIG.

Selon ces facteurs, la valeur sociale d’usage serait donc plus élevée pour les biens de première nécessité et c’est cette caractéristique qui relie indissociablement les concepts de rôle et de valeur des SIG.

Finalement, l’auteur constate que les concepts de rôle et de valeur d’un SIG ne sont pas toujours très clairs en pratique et qu’il n’existe pas encore d’un point de vue théorique de véritable consensus sur les concepts et termes appropriés à utiliser.

Conclusion du 2

ème

chapitre

Ce deuxième chapitre est revenu sur quelques généralités relatives à la notion de système d’information et ses applications fonctionnelles comme support d’aide à la communication et d’aide à la décision, ces dernières contribuant en tout ou partie à l’aide à la gestion des connaissances. Une synthèse des principales caractéristiques des systèmes d’information géographique a souligné le potentiel prometteur de ces technologies, encore jeunes. La figure ci-dessous insiste sur cet aspect : à l’image du métier de géomaticien qui peine encore, en France, à être reconnu, l’utilisation des SIG dans les organisations, essentiellement publiques, consiste essentiellement à acquérir, gérer et représenter de l’information géographique.

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Fig 28. Utilisation actuelle des SIG [Riedo M., 2007]

Le rappel de quelques questionnements actuels de la communauté des technologies de l’information géographique a permis de mettre en évidence des éléments susceptibles de justifier le peu d’engouement des organisations privées. Il s’agit notamment des problèmes de qualité des informations géographiques disponibles pour répondre à leurs besoins, des difficultés managériales liées à leur introduction dans les organisations et la difficile justification de leur valeur ou du retour sur investissement. Il semble donc difficile de pouvoir juger de la contribution des SIG à la création et à la gestion de connaissances nouvelles dans les organisations privées, dans une perspective de recherche d’un avantage concurrentiel par l’innovation. Ce constat constitue le point de départ de notre problématique de recherche et nous invite à identifier pourquoi et comment les technologies de l’information traditionnelles se sont peu à peu affirmées sur ce registre.

Chapitre 3 : La gestion stratégique des systèmes d’information

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