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Chapitre 3 : La gestion stratégique des systèmes d’information dans les

3.3. Le cas du développement des SIG pour la gestion des territoires dans

3.3.3. L’apport de l’évaluation des infrastructures d’information géospatiale

[Rodriguez-Pabon O., 2005] met en évidence qu’une des différences entre les IDS et les infrastructures d’information géospatiale (IIG) réside dans la capacité des secondes à tenir compte des acteurs, notamment des utilisateurs, ainsi que de leurs besoins et des contextes dans lesquels ils sont ancrés. Il définit alors ces outils orientés « services » comme des systèmes à la fois techniques, sociaux, organisationnels et économiques qui, en mettant en valeur les technologies de l’information et des communications, visent à démocratiser l’accès et l’utilisation de l’information sur le territoire dans le but de la rendre la plus utile à tous les niveaux de la société.

Il défend la thèse selon laquelle l’évaluation des IIG ne doit pas se limiter à estimer leur valeur intrinsèque (leur qualité) par la détermination de niveaux d’efficience et d’efficacité qu’elle peut atteindre. Afin de réaliser une évaluation complète et adéquate, une telle évaluation doit également, selon lui, s’intéresser à estimer leur valeur extrinsèque, leur vertu. Elle doit déterminer les effets, les bénéfices et les impacts, de tout ordre, que ces infrastructures peuvent produire sur les dimensions sociale, politique et humaine qu’elles renferment.

Comme le montre le schéma ci-dessous, l’évaluation peut alors être quantitative ou qualitative, peut se conduire avant ou après l’implantation des SI et enfin peut s’intéresser à des buts hautement objectifs et rationnels ou viser des buts à caractère subjectif ou politique.

Fig 36. Schéma de classification des approches d’évaluation [Rodriguez-Pabon O., 2005]

Selon lui, la mise en œuvre d’une IIG se déclenche en visant premièrement l’atteinte d’une situation cadre dans laquelle les conditions technologiques et organiques qui garantissent

l’opération sont réunies. C’est une situation dans laquelle l’infrastructure devient fonctionnelle. Au fur et à mesure que des objectifs « immédiats » sont atteints, il indique que la poursuite du développement de l’IIG s’inscrit dans la direction d’une démarche plus globale visant des « objectifs majeurs » constitutifs de la situation visée.

En s’appuyant sur le paradigme de la diffusion des innovations dans les organisations de [Rogers E.M., 1962], il met alors en évidence que les IIG suivent un parcours semblable à la courbe en S illustrée sur la figure ci-dessous :

Fig 37. Objectifs des IIG vis-à-vis de la courbe de la diffusion d’une innovation [Rodriguez-Pabon O., 2005]

A partir d’observations empiriques sur les infrastructures nationales suisse et uruguayenne il construit alors un cadre théorique pour les infrastructures d’information géospatiale et propose, pour les différentes zones d’évaluation illustrée sur la figure suivante, une batterie de critères et d’indicateurs pour conduire un processus d’évaluation applicable quel que soit le stade de développement de l’infrastructure. Ceux-ci sont organisés en fonction des deux grandes dimensions évoquées précédemment et reprises dans le schéma ci-dessous :

Fig 38. Les dimensions et l’évaluation des IIG dans le temps [Rodriguez-Pabon O., 2005]

Sur le plan pratique, les travaux de cet auteur semble donc pouvoir contribuer à l’amélioration des processus de mise en œuvre des IIG et à la démonstration des impacts et des bénéfices qui en découlent. Toutefois, face au temps nécessaire à leur manifestation, il souligne que

demeure toujours le problème du comment « vendre » aujourd’hui ces infrastructures afin d’obtenir les ressources nécessaires à leur réalisation.

Conclusion du 3

ème

chapitre

Le troisième chapitre a souligné que les TIC permettent de modifier la structure de la concurrence et que le recours à la chaîne de valeur de l’industrie permet de développer un avantage concurrentiel en optimisant la configuration produits/clients/technologies [Reix R., 2005]. En complément, nous avons identifié la nécessité de maintenir une certaine agilité compétitive et l’intérêt de développer des aptitudes au changement, à l’apprentissage.

De plus, nous avons relevé que l’efficacité de fonctionnement d’une organisation est déterminée par les conditions d’un équilibre entre ses besoins en traitement de l’information et sa capacité de traitement de l’information en termes de choix technologiques, en veillant à leur capacité d’évolution, et de ressources humaines, par une bonne gestion de l’apprentissage ([Galbraith J., 1977] ; [Fichmann R., 2000] ; [Reix R., 2005]).

Par ailleurs, nous avons appris de la littérature relative à la gestion des systèmes d’information géographique dans les organisations publiques que l’acquisition de connaissances nouvelles sur le territoire passerait par la mise en œuvre d’une logique d’action marquée par le déploiement conjugué d’infrastructures de données spatiales et de communautés de pratiques [Pornon H. et Noucher M., 2007]. Outre la mutualisation de l’acquisition des données, les infrastructures de données spatiales visent notamment à faciliter la mise à disposition et l’accès aux données spatiales. En complément, elles peuvent avoir pour objectifs de promouvoir l’information géographique et de développer l’utilisation des SIG. Les communautés de pratique visent quant à elle à rapprocher les acteurs : construire une culture de l’information géographique, communiquer les compétences, former les acteurs, partager l’expérience et le savoir, assurer une veille technologique, etc.

Enfin, nous avons pris connaissance du cadre théorique relatif à l’évaluation des infrastructures d’information géospatiale [Rodriguez-Pabon O., 2005]. La différence avec les infrastructures de données spatiales réside dans leur capacité à tenir compte des acteurs, notamment des utilisateurs, ainsi que de leurs besoins et des contextes dans lesquels ils sont ancrés. Ces outils orientés « services » sont définis comme des systèmes à la fois techniques, sociaux, organisationnels et économiques qui, en mettant en valeur les TIC, visent à démocratiser l’accès et l’utilisation de l’information sur le territoire dans le but de la rendre la plus utile à tous les niveaux de la société.

En résumé, nous avons vu dans les deux premiers chapitres que notre problématique de recherche s’inscrit dans la difficulté de pouvoir évaluer la contribution des SIG à la création et à la gestion de connaissances nouvelles dans les organisations privées, dans une perspective de recherche d’un avantage concurrentiel par l’innovation. Nous avons mis en évidence certains motifs. Le diagnostic réalisé dans ce chapitre nous éclaire sur quelques facteurs clés de succès pour l’implantation des TIC dans les organisations privées ainsi que sur des pistes d’action à mettre en œuvre pour acquérir des connaissances nouvelles. Leur croisement avec les éléments de méthode issus du premier chapitre semble nous permettre d’apporter une contribution à la résolution d’une partie des problèmes rencontrés par la communauté des technologies de l’information géographique. Un tel succès nous positionnerait favorablement pour évaluer la contribution des SIG à la création et à la gestion de connaissances nouvelles dans les organisations privées, dans une perspective de recherche d’un avantage concurrentiel par l’innovation.

Conclusion de la première partie

Le premier chapitre a introduit l’enjeu de la création de connaissances dans les organisations pour développer des capacités d’innovation considérées comme des sources d’avantage concurrentiel sur des marchés de plus en plus compétitifs. Après avoir rappelé la différence entre les notions de connaissance et de connaissance organisationnelle et leurs principaux modes de création et de gestion, notamment à partir des technologies de l’information et de la communication (TIC), nous avons souligné quelques caractéristiques de l’organisation apprenante. Si les systèmes d’information sont généralement évoqués pour l’aide à la création et à la gestion des connaissances, nous nous interrogeons sur le rôle et la contribution possibles des systèmes d’information géographique.

Le deuxième chapitre est revenu sur quelques généralités relatives à la notion de système d’information et ses applications fonctionnelles comme support d’aide à la communication et d’aide à la décision, ces dernières contribuant en tout ou partie à l’aide à la gestion des connaissances. Une synthèse des principales caractéristiques des systèmes d’information géographique a souligné le potentiel prometteur de ces technologies. Cependant, à l’image du métier de géomaticien qui peine encore, en France, à être reconnu, l’utilisation de ces technologies dans les organisations consiste essentiellement à acquérir, gérer et représenter de l’information géographique. Le rappel de quelques questionnements actuels de la communauté des technologies de l’information géographique a permis de mettre en évidence des éléments susceptibles de justifier le peu d’engouement des organisations privées. Il s’agit notamment des problèmes de qualité des informations géographiques disponibles pour répondre à leurs besoins, des difficultés managériales liées à leur introduction dans les organisations et la difficile justification de leur valeur ou du retour sur investissement. Il semble donc difficile aujourd’hui de pouvoir juger de la contribution des SIG à la création et à la gestion de connaissances nouvelles dans les organisations privées, dans une perspective de recherche d’un avantage concurrentiel par l’innovation.

Le troisième chapitre a cherché à identifier pourquoi et comment les technologies de l’information traditionnelles se sont peu à peu affirmées sur ce registre. Nous avons retenu que les TIC permettent de modifier la structure de la concurrence et que le recours à la chaîne de valeur de l’industrie permet de développer un avantage concurrentiel en optimisant la configuration produits/clients/technologies. En complément, nous avons identifié la nécessité de maintenir une certaine agilité compétitive et l’intérêt de développer des aptitudes au changement, à l’apprentissage. De plus, nous avons relevé que l’efficacité de fonctionnement d’une organisation est déterminée par les conditions d’un équilibre entre ses besoins en traitement de l’information et sa capacité de traitement de l’information en termes de choix technologiques, en veillant à leur capacité d’évolution, et de ressources humaines, par une bonne gestion de l’apprentissage.

Le témoignage d’expériences en matière de gestion des systèmes d’information géographique dans les organisations publiques constitue à ce titre une précieuse référence. L’acquisition de connaissances nouvelles sur le territoire passerait par la mise en œuvre d’une logique d’action marquée par le déploiement conjugué d’infrastructures de données spatiales et de communautés de pratiques. Le cadre théorique relatif à l’évaluation des infrastructures d’information géospatiale a utilement complété le tour d’horizon. La différence avec les infrastructures de données spatiales réside dans leur capacité à tenir compte des acteurs, notamment des utilisateurs, ainsi que de leurs besoins et des contextes dans lesquels ils sont ancrés. Ces outils orientés « services » sont définis comme des systèmes à la fois techniques,

sociaux, organisationnels et économiques qui, en mettant en valeur les TIC, visent à démocratiser l’accès et l’utilisation de l’information sur le territoire dans le but de la rendre la plus utile à tous les niveaux de la société.

Ce diagnostic nous éclaire sur quelques facteurs clés de succès pour l’implantation des TIC dans les organisations privées ainsi que sur des pistes d’action à mettre en œuvre pour acquérir des connaissances nouvelles. Leur croisement avec les éléments de méthode issus du premier chapitre semble nous permettre d’apporter une contribution à la résolution d’une partie des problèmes rencontrés par la communauté des technologies de l’information géographique, présentés dans le deuxième. Un tel succès nous positionnerait favorablement pour évaluer la contribution des SIG à la création et à la gestion de connaissances nouvelles dans les organisations privées, dans une perspective de recherche d’un avantage concurrentiel par l’innovation. Ces perspectives sont résumées par la figure ci-dessous, représentant notre problématique de recherche :

Fig 39. Problématique de recherche

Nous formulons alors les principales hypothèses initiales de recherche suivantes :

- H1 : le développement de tout projet lié aux technologies de l’information géographique dans les organisations privées doit veiller notamment à la cohérence des ressources mises en œuvre, au maintient d’une certaine agilité compétitive ainsi qu’à l’ouverture en direction des partenaires ;

- H2 : l’initialisation d’un processus de connaissances nouvelles sur le territoire s’appuyant sur le développement d’une infrastructure d’information géospatiale professionnelle peut jouer un rôle moteur dans l’adoption des technologies de l’information géographique dans les organisations privées de l’industrie ;

- H3 : l’adoption des technologies de l’information géographique dans les organisations privées contribue à l’innovation et à l’avantage concurrentiel au sein de l’industrie.

Les sous-hypothèses initiales de recherche ci-dessous, issues de la revue de littérature présentées dans les trois premiers chapitres, soutiennent les hypothèses principales précédentes :

- SH1 : les organisations privées sont regroupées au sein d’une industrie ;

- SH2 : les organisations privées doivent faire face aux besoins de création et de gestion de connaissances nouvelles pour développer leur capacité d’innovation et leur avantage concurrentiel au sein de cette industrie ;

- SH3 : la qualité de l’information sur le territoire disponible ne permet pas de répondre aux besoins des organisations privées, dans leur contexte spécifique ;

- SH4 : les organisations privées de l’industrie ne disposent pas ou peu de connaissances en matière de technologies de l’information géographique ;

- SH5 : une infrastructure d’information géospatiale professionnelle peut se définir comme un système à la fois technique, social, organisationnel et économique qui, en mettant en valeur les technologies de l’information géographique, vise à démocratiser l’accès et l’utilisation de l’information sur le territoire dans le but de la rendre la plus utile à tous les niveaux de l’industrie ;

- SH6 : une infrastructure d’information géospatiale professionnelle s’inscrit dans la chaîne de valeur de l’industrie

Notre approche de recherche étant relationnelle, ces sous-hypothèses doivent être considérées simultanément.

L’objectif de la prochaine partie est de tester et d’adapter ces sous-hypothèses à partir du cas du secteur de l’assurance en France.

2

ème

partie : Contexte industriel. L’enjeu de la création de

connaissances nouvelles sur les risques naturels et les

technologies

de

l’information

géographique

dans

l’industrie de l’assurance en France et ses métiers

La deuxième partie présente notre contexte industriel et permet de formuler les hypothèses spécifiques de notre recherche. Le quatrième chapitre introduit le secteur de l’assurance en France, plus particulièrement celui de l’assurance dommages, et les principales évolutions pressenties. Une application du modèle prospectif de l’industrialisation de l’assurance par la chaîne d’activités fait la transition avec le cinquième chapitre. Celui-ci analyse plus spécifiquement le cas de l’assurance des risques naturels, notre cadre opératoire, revient sur son évolution et mentionne quelques perspectives envisagées avant d’évaluer l’intérêt que peuvent représentées pour ce secteur les technologies de l’information géographique. Le sixième chapitre propose un diagnostic de l’usage de ces technologies par les sociétés d’assurance et précise nos hypothèses spécifiques de recherche.

Chapitre 4 : L’industrialisation de l’assurance française et

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