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Chapitre 3 : La gestion stratégique des systèmes d’information dans les

3.3. Le cas du développement des SIG pour la gestion des territoires dans

3.3.1. Les logiques d’action pour l’acquisition de connaissances nouvelles sur le

A l’image des réflexions actuelles de la communauté géomatique présentées précédemment [Pornon H., 2006] s’interroge sur la contribution des SIG à l’amélioration du fonctionnement des organisations, en participant au décloisonnement des services et en permettant les échanges et le partage de données entre services. Il s’agit bien d’assigner des objectifs de coordination aux SIG. C’est l’idée d’une intégration organisationnelle. De plus, il avance l’idée d’une intégration territoriale : le SIG est supposé permettre de prendre de meilleures décisions sur le territoire ou d’apporter une meilleur compréhension du territoire du fait de sa capacité à croiser les données et synthétiser les diverses approches du territoire. Il convient donc, selon lui, de se demander si les SIG peuvent apporter une contribution à l’amélioration du fonctionnement des organisations ou à l’aménagement et la gestion du territoire.

Ce même auteur dresse dans [Pornon H., 2007] un bilan très précieux de vingt années de géomatique. Pour lui, l‘enjeu des prochaines années est double : d’une part mieux intégrer le SIG dans l’organisation par un effort de formalisation et, d’autre part, de rendre les SIG plus collaboratifs, à la fois dans les organisations et entre les organisations. Les outils méthodologiques permettant de prendre en compte le premier sont connus et issus des méthodes de gestion de projet. Il se focalise donc sur le second.

Fig 34. Typologie des dynamiques collaboratives [Noucher M., 2007]

[Pornon H. et Noucher M., 2007] démontrent, comme l’illustre le schéma ci-dessus, que les SIG sont un bon catalyseur de l’ouverture inter-organisationnelle, en ce sens qu’ils provoquent, par leur seul déploiement, des relations nouvelles avec des organisations partenaires. Cette prise de conscience collective se caractériserait, selon eux, par la nécessaire émergence d’une logique d’action marquée par le déploiement conjugué d’infrastructures de données spatiales (IDS) et de communautés de pratiques au bénéfice de l’acquisition de

connaissances nouvelles et partagées sur le territoire. Elle traduirait le passage obligé du « décider seul avec les données des autres » au « décider ensemble » [Pornon et al, 2004], selon une dynamique d’apprentissage inter-organisationnels et inter-thématiques ou métiers.

Tab 8. Logique d’action pour l’acquisition de connaissances nouvelles sur le territoire [Pornon H. et Noucher M., 2007]

Les infrastructures de données spatiales (IDS), originellement mises en œuvre pour mutualiser le coût lié à l’acquisition de données géographiques onéreuses, se définissent selon cinq éléments majeurs :

- des informations géoréférencées ;

- des accords techniques et organisationnels ; - une documentation (métadonnées) ;

- des mécanismes pour découvrir, consulter les données ; - des méthodes permettant un accès aux données spatiales.

Outre la mutualisation de l’acquisition des données, elles visent, selon [Douglas J., 2004] à faciliter la mise à disposition et l’accès aux données spatiales. En complément, comme l’illustre la figure ci-dessous, elles peuvent avoir pour objectifs de promouvoir l’information géographique, de développer l’utilisation des SIG, de fournir des outils de lecture des dynamiques territoriales, etc.

Par ailleurs, [Masser I., 2005] indique que ces IDS s’inscrivent dans une logique institutionnelle et s’orientent vers des principes à la fois stratégiques (politiques) et technologiques (normes). La directive INSPIRE illustre parfaitement cet aspect.

Les communautés de pratique visent quant à elle à rapprocher les acteurs : construire une culture de l’information géographique, communiquer les compétences, former les acteurs, partager l’expérience et le savoir, assurer une veille technologique, etc. Sans revenir de nouveau sur leur définition présentée dans le chapitre 1, il est ici important d’évoquer leurs principales composantes et quelques types de communautés.

Selon [Wenger, 1998], les trois dimensions fondamentales des communautés de pratique sont [Noucher M., 2006] :

- l’engagement mutuel : les acteurs doivent maintenir des relations étroites et des engagements articulés autour de leurs tâches respectives ;

- l’entreprise commune : c’est le résultat d’un processus de négociation qui reflète la complexité de l’engagement mutuel. Elle est définit par les participants en cours de processus ;

- le répertoire partagé : il comprend des routines, des mots, des outils, des procédures, des histoires, des gestes, des symboles, des styles, des actions ou des concepts créées par la communauté, adoptés au cours de son existence et devenus partie intégrante de la pratique.

A titre d’exemple, les clubs utilisateurs, comités techniques SIG des grandes organisations, groupes de travail thématique ou encore forum d’utilisateurs peuvent être considérés comme des communautés de pratique s’ils atteignent ces dimensions de partage de ressources, d’échange de savoir, de collaboration et d’apprentissage collectif.

[Pornon H. et Noucher M., 2007] reprennent la typologie des communautés de pratique proposée par [Wenger et al, 2002] et fondée sur les intentions stratégiques qui préside à leur création :

Type de communauté de pratiques Finalités

Communauté d’aide Apporter une assistance aux participants Communauté de bonnes pratiques Partager et diffuser les bonnes pratiques mises

en œuvre par les participants

Communauté de gestion de connaissance Contribuer à la capitalisation de la connaissance dans l’organisme ou sur le territoire

Communauté d’innovation Permettre l’émergence d’innovations entre les participants

Tab 9. Finalités des différents types de communautés de pratiques (adapté de [Pornon H. et Noucher M., 2007])

Une autre typologie est proposée par [Knowings et le Pôle production Rhône Alpes, 2004] et est plutôt basée sur le contexte sous-jacent à la création de la communauté :

- communauté thématique ou métier : partage de savoir entre membres, économies d’échelle dans la veille, mise au point d’outils collectifs, etc. ;

- communauté d’innovation ou de progrès : amélioration continue, recherche de nouvelles solutions, processus, modes opératoires, partage de connaissances stratégiques, etc.;

- communauté de projet : organisation des collaborations, partage des ressources, capitalisation des connaissances, etc.

Fort de leurs expériences auprès des collectivités notamment, de [Pornon H. et Noucher M., 2007] insistent sur les principaux freins au développement de ces communautés, parmi lesquels :

- les divergences sémantiques ou cognitives entre acteurs ;

- les contraintes d’ordre relationnel ou stratégique liées au positionnement des acteurs ;

- les difficultés d’articulation entre plusieurs communautés de pratiques ; - les risques de divergence sur les objectifs.

En conséquence, il apparaît que la création et l’animation de ces communautés est un exercice très délicat. Pour ces auteurs, le développement d’une géomatique collaborative favorisant l’émergence de communautés de pratiques et de situations de géocollaboration, permettant aux acteurs de passer progressivement du « travailler avec les SIG » au « travailler ensemble avec les SIG », constitue un véritable défi pour les années à venir. Mais un défi nécessaire.

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