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Linguistique appliquée et combinatoire lexicale

PARTIE I : CADRE DE RECHERCHE

Chapitre 1 : De la langue wolof

1.1 État de l’art

1.1.1 Linguistique appliquée et combinatoire lexicale

Les premières pratiques terminologiques au Sénégal remontent à la période

post indépendance, au moment où se posait la question de l’aménagement

linguistique. La pratique terminologique s’assimilait à un exercice de démonstration. En effet, la plupart des auteurs voulaient démontrer que « les langues nationales sont aptes à exprimer la science et la technique » (Mbodj, 1994 : 4).

La première recherche majeure a été menée par Diop (1975) qui reconnait que son travail cherche à « [démontrer] la possibilité du discours scientifique en

langue africaine », mais aussi à montrer qu’il est possible de « dispenser une culture

scientifique qui ne soit pas au rabais dans nos langues» (Diop, 1975 : 155). D’un point de vue linguistique, deux auteurs se sont intéressé aux procédés adoptés par Diop dans son travail (Dumont et Mbodj, 1978). Ils y relèvent des recours à l’emprunt, aux ressources internes de la langue, à la métaphore, entre autres procédés. À la suite de ces premiers travaux, ce sont les linguistes du CLAD qui ont principalement mené des travaux à caractère terminologique : Diaw (1976), Diaw (1981), Dialo (1982). Leurs recherches ont respectivement porté sur le vocabulaire de la faune, puis de la flore et Dialo a proposé une terminologie de la grammaire wolof. Le vocabulaire des élections (Mbodj, 1997) constitue également un travail à caractère terminologique.

Le vocabulaire des élections du CLAD s’inscrit dans la dynamique de productions terminologiques opératoires. C’est un livret comportant près de quatre-cents entrées. Ces entrées concernent autant des termes simples que des collocations et autres expressions qui rejoignent la terminologie juridique et administrative pour la plupart et certaines pratiques propres aux élections. Ce livret s’apparente au travail de traduction de la constitution du Sénégal en wolof, mais avec une teneur

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administrative et politique. Nous avons relevé de ce livret les collocations françaises de type N_ADJ.

(1) Affiche électorale Tafu wote

(2) Assemblée nationale Pencum ndawu réew mi

(3) Bulletin blanc Këyitu wote gu tànnul

(4) Bulletin multiple Këyitu wote gu baril tànn (5) Campagne électorale Diirub yëglewub tànn

(6) Candidat indépendant Way wotelu bu bokkul ci làng (7) Circonscription électorale Goxub wote

(8) Code électoral Yoonu wote

(9) Collège électoral Mbooleem wotekat yi bokk goxub wote

(10) Commission administrative Kuréelu saytu

(11) Communauté rurale Mboole dëkki kow

(12) Conseil économique et social Pencum koom koom ak nekkin (13) Conseiller municipal Way siisoo dëkku taax

(14) Opération électorale Doxalinu wote

(15) Corps électoral Mbooleem wotekat yëp

(16) Droits civiques Sañ-sañi doomi-réew

(17) Disposition électorale Yebu tànn

(18) Election municipale Wotelu ndawi taax (19) Election législative Wotelu dippite

(20) Fichier électoral Kàggu tànn

(21) Liste électorale Limu wotekat yi

(22) Majorité relative Raw gàddu

(23) Majorité absolue Rawug ëpp genn-wàll

(24) Majorité électorale Kàllafeg wote (25) Propagande électorale Wutum paralu tànn (26) Quotient municipal Cërub wote dëku taax

(27) Parti politique Làng

(28) Recensement général Woññi bu daj ñép

(29) Siège vacant Toogu yu wéyëŋ

(30) Suffrage proportionnel Wote bu yemook dooley baat (31) Suffrage universel direct Woteb ñépp jaaraledi

(32) Vice substantiel Sikk su mat dayo

(33) Vote nul Wote bu neen

(34) Vote préférentiel Woteb taamu

TABLEAU.1.1 :EXTRAITS DE COLLOCATION N_ADJ REPRIS DU VOCABULAIRE DES ÉLECTIONS

La plupart des termes de ce livret ont réussi à s’implanter et à même intégrer la langue commune grâce aux médias.

D’un point de vue linguistique, nous relevons l’usage de la proposition. La présence du connectif u : en (4), (9), (10), (14), (20), (21), etc. Ce connectif sert dans l’introduction de spécification.

Dans le cadre de notre mémoire de Master II, nous avons extrait du corpus compilé à l’époque un certain nombre de candidats termes qui ont été traduits. Le lexique est court et les procédés de désignation sont similaires à ceux que nous

avons adoptés avec les termes médicaux, notamment pour ce qui est de l’usage de

paraphrases. Dans les travaux que nous avons menés, nous avons tenté de mettre en application les principes de traduction par simplification qui se résument à ceci :

 Le style du texte simplifié doit être correct

 Le français fondamental doit se rapprocher du langage oral

 La signification et l’ordre logique des propositions doivent être gardés

 Les relations temporelles du texte doivent être restituées  Le style du texte simplifié doit garder le ton du texte initial

Les expressions triviales ou trop familières sont à proscrire.

(Yoda, 2005)

Le travail sur la traduction par simplification s’attache essentiellement à un travail terminologique de reformulation. Il est en effet une méthode basée sur la reformulation en des termes plus accessibles aux communautés réceptrices. Cela étant, il se rapproche de la théorie du skopos.

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Il y a tout de même un certain nombre de difficultés sur lesquelles cette approche bute. Ils sont d’ordre lexicologique. Les relations d’hyponymie et d’hyperonymie restent un recours fréquent. L’emprunt est également très

fréquemment utilisé. En ce qui a trait à la syntaxe, l’on a pu noter qu’il y avait la

présence de structure disloquée13. En observant notre corpus, nous relevons que la

structure canonique française SVO, devenait en wolof une structure disloquée. Cette dislocation se produit surtout avec les phrases françaises à la voix passive (35, 36, 37).

(35) Les besoins sont estimés (par un agent) à 15.000 tonnes par mois

Ab liggéeykat mooy xayma soxla yi ci 15.000 ton weer wu nekk.

Un travailleur EmphS évalue besoin les dans 15 000 ton mois Relat chaque.

(36) Les attributions du représentant de commerce sont régies par les règles du droit civil

Ay sart ci wàllu yoon ñooy

tënk sañ sañ ndaw bi yëngu ci njaay Detindef chartes à propos droits EmphS+Inacc

résumer droits petit Relat bouge dans commerce (37) Les salaires de nos cadres sont positionnés (par un comptable)

Ab contaabal mooy xayma payoor yi

DetIndef comptable EmphS+Inacc évalue paies les Malherb et Sall (1989), soulignent que le wolof n’utilise pas volontiers le passif. Ils préconisent donc d’utiliser la voix active tant qu’il y a une possibilité de le

faire. Mais de ce qui précède en 35, 36, 37, c’est une focalisation à travers l’usage

des conjugaisons de l’emphatique.

Aussi, avons-nous évoqué dans ce travail de master l’usage de paraphrase et

de tournures expansives. Ces dernières constituent les procédés les plus utilisés en vue de trouver des équivalents aux termes que nous avons extraits en français.

La question de l’ambigüité syntaxique a été évoquée. Elle se pose surtout

dans le cadre du traitement automatique de la langue. Elle n’est pas insurmontable

13 La dislocation syntaxique se définit comme une structure dans laquelle un syntagme, qui est nominal dans la plupart des cas, se trouve à droite ou à gauche d’un pronom clitique non réfléchi.

dans la mesure où des indicateurs autour du lexème permettent de faire la distinction entre un verbe un substantif et un adjectif.

Par ailleurs, la traduction par la simplification montre dans une certaine mesure la pauvreté du lexique et de la terminologie des langues nationales. Le fait de procéder à la simplification devient alors, non pas une méthode, mais un recours qui s’impose de lui-même. Dans l’impossibilité de produire une formulation satisfaisante, la simplification constitue une nécessité. En plus de cette nécessité, il y a le but et le public cible que le traducteur garde à l’esprit.

Enfin, dans la perspective d’usage fonctionnel des langues, ce travail sur la

traduction et la terminologie commerciales a été l’occasion de voir en quoi ces deux domaines peuvent influer de manière pratique dans l’apprentissage des langues

nationales. Dès lors, il semble que l’enseignement de ces langues, lorsqu’il passe par

une prise en compte de l’enrichissement terminologique de la langue wolof, serait

bénéfique pour les personnes désireuses d’acquérir une de ces langues, ce qui leur

permettraient de s’ouvrir aux sciences et techniques.

L’un des travaux ayant montré une appropriation efficiente de concepts étrangers, notamment anglais en passant par le français, est sans conteste celui de

Mbodj14. Dans cet article coécrit avec d’autres linguistes et terminologues africains,

il propose un lexique des éléments informatiques en wolof. Nous en relevons quelques termes.

Termes anglais Termes français Termes wolofs (38) computer ordinateur Jumtukaayu xel

(39) software logiciel xelalin

(40) hardware matériel jumtukaay

(41) monitor moniteur sàmm

(42) screen écran xoolu

(43) keyboard clavier lalu araf

(44) mouse souris janax

(45) key touche bësu

(46) printer imprimante moolukaay

(47) cable câble singa

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(48) player lecteur jàngukaay

(49) hard-disk disque dur disk bi (50) floppy disk disquette ndisk si

(51) ink encre daa

(52) help aide ndimmal

(53) font caractère araf

(54) column colonne jën

(55) control commande santaane

(56) copy copier sotti

(57) cursor curseur xuyentaan (20)

(57) delete effacer far

(59) eject éjecter rocci

(60) enter entrer dugg

(61) window fenêtre palanteer

(62) file fichier kàggu

(63) close file fermer un fichier tëcc ab kàggu

(64) print imprimer mool

(65) menu menu sas

(66) open a file ouvrir un fichier ubbi ak kàggu

(67) quit quitter dëdd

(68) save sauvegarder rawale

(69) leave sortir génn

(70) e-commerce e-commerce njënd ak njaay ci web bi TABLEAU.1.2 :VOCABULAIRE INFORMATIQUE DE BASE PAR MBODJ (1997).

Ces quelques termes basiques relatifs aux aspects matériels, internes de l’ordinateur et à certains types d’activités sont un parfait exemple dénominative réussie opératoire et qui est soumise au principe d’économie de la langue. L’auteur

est resté dans la logique de dénomination de l’anglais et du français également. Des

mots de la langue générale sont repris pour porter un sens spécialisé (40, 41, 44, 51, 52, 55, 56, 59, 60, 61, 68, 69). Nous relevons des dénominations recherchées qui

sont puisées dans le stock lexical peu utilisé (63, 64, 67). Le dernier terme désignant

le e-commerce (70) est une désignation que nous avons faite pour mettre l’accent sur

les limites de la dénomination pour ce genre de domaines.

Le lexique de base de l’article ne comporte pas l’anglais que nous avons ajouté pour montrer comment le français informatique reste fondamentalement calqué sur l’anglais et comment les termes wolofs s’inscrivent dans la même veine. Le calque en tant que procédé de traduction est très utile surtout lorsque les référents de langue à langue trouvent des équivalences.

Aujourd’hui, on retrouve également quelques travaux terminologiques qui peuvent être qualifiés de sommaires parce qu’ils jettent les bases d’une pratique nouvelle. Ces travaux donnent l’impression d’être des pratiques terminologiques spontanées et ponctuelles. Les outils lexicographiques sont un peu plus nombreux et il est possible d’en consulter en ligne.

Le dictionnaire bilingue de référence pour le wolof est, à ce jour, une œuvre

de Diouf (2003). La richesse de ce dictionnaire réside dans son nombre d’entrées,

dix-mille pour l’entrée Wolof-Français, mais aussi dans les différents précis

grammaticaux et lexicaux. Nous avons puisé des exemples de ce dictionnaire, notamment sur le plan de la morphologie lexicale et grammaticale. Cela nous a permis de proposer, dans certains cas, des termes construits sur la base des caractéristiques explicitées dans ce dictionnaire.

Ce travail lexicographique comporte d’importants éléments dans la recherche terminologique wolof. Son mérite est d’être à la fois sérieux, fouillé et écrit avec une place également accordée à l’explication du système verbal et de certains points essentiels de grammaire. Il procure des éléments de base dans le choix des termes et

pour l’actualisation des mots pour un usage terminologique. Ce dictionnaire a été un

ouvrage de référence important dans notre travail. L’adaptation en dictionnaire unilingue peut servir dans le cadre d’études lexicologiques.

À côté de cette forme classique de dictionnaire, il existe des livrets d’apprentissage de phrases et d’expressions qui comportent des lexiques courts.

Un projet de dictionnaire électronique unilingue wolof et bilingue wolof-françaisa été élaboré par des chercheurs de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et de l’Institut Supérieur de Traducteurs et d’Interprètes (ISTI) de Bruxelles. Ce projet a la caractéristique d’être novateur en se présentant sous sa forme électronique, mais surtout parce qu’il est une base de données lexicale qui fournit des éléments liés à la microstructure des dictionnaires classiques, mais aussi ajoute à cela des points liés à la catégorie grammaticale, le contexte d’attestation,

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des exemples de phrases et leur traduction. C’est un outil qui dans l’avenir, s’il est régulièrement mis à jour et suffisamment alimenté en données lexicales, peut constituer une référence.

Le vocabulaire juridique est réputé complexe. À cela s’ajoutent les différentes tournures syntaxiques parfois longues et difficilement compréhensibles par les non spécialistes. Mais le travail effectué par les traducteurs de la constitution comporte une richesse terminologique témoignant d’un travail de recherche plutôt poussé. Nous proposons de prendre quelques extraits d’articles et leur traduction.

Version française Version wolof

Article Premier Dog wu njëk wi

La République du Sénégaal est laïque démocratique et sociale.

Réewum Senegaal Repiblig bu layig la demokraatig te iteewo nekkinu nit ñi.

Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion.

Warlul na maxejj yépp ag yemoo ci kanamu yoon, te du ànd ak benn xàjjaatle ci wàllu cosaan, xeet, awra ak diine.

Elle respecte toutes les croyances.

Ngëm yépp la ormaal.

La langue officielle de la République du Sénégal est le Français. Les langues nationales sont le Diola, le malinké, le Poular, le Sérère, le Soninké et le Wolof.

Làmmiñ wi Repibligu Senegaal fal, di ci jaarale doxalinam moo di làmmiñu frãse. Làmmiñ yi réew mi tuddoo ñoo di joola, ak mandinka, ak pulaar, ak sereer, ak soninke, ak wolof, ak wépp làmmiñ weneen wu askanoo ci réew mi te ñu sákkal ko mbindin.

La devise de la République du Sénégal est : «Un Peuple - Un But - Une Foi».

Feemu Repibligu Senegaal moo di : « Bokk askan– Bokk jëmu- Bokk pas-pas »

Le drapeau de la République est composé de trois bandes verticales et égales, de couleur verte, or et rouge. Il porte, en vert, au centre de la bande or, une étoile à cinq branches.

Raaya Repibligu Senegaal dafa def ñetti sor yu taxaw te yem, seen melo di nëtëx, puur ak xonq. Am na biddéewu juróomi bànqaas bu nëtëx bu nekk ci diggu sor wu puur wi.

La loi détermine le sceau et l’hymne de la République.

Ab àtte moo di taxawal jàjju Réew mi ak bàkkam.

Le principe de la République est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Cëslaayu Repibligu Senegaal moo di : nguurug askan wi, jóge ci askan wi, dellu ci askan wi.

Article 2 Dog 2

La capitale de la République du Sénégal est Dakar. Elle peut être transférée en tout autre lieu par une loi constitutionnelle.

Ndakaaru moo di péeyub Repibligu Senegaal. Mënees naa toxal péey bi ci beneen béréb bu mu, ci biir dëndu Senegaal.

Article 3 Dog 3

La souveraineté nationale appartient au peuple sénégalais qui l’exerce par ses représentants ou par la

voie du référendum.

Baatu réew mi, askanu Senegaal moo ko moom ; askan wi dafa koy doxal, jaar ci ay ndaw yi ko toogal walla mu jaar ci referàmdom.

Aucune section du peuple, ni aucun individu, ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté.

Amul benn pàccu askan wi, naka noonu amlil kenn nit ku mën naa sédd boppam cëru doxal baat bi.

Le suffrage peut être direct ou indirect. Il est toujours

Pal gi mën naa doon gu jawal (jubal), mbaa gu

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universel, égal et secret. jaarale. Lu mu ci mënti doon, day matale, ñépp yem, te ànd ak kumpa.

Tous les nationaux sénégalais des deux sexes, âgés de 18 ans accomplis, jouissant de leurs droits civils et politiques, sont électeurs dans les conditions déterminées par la loi.

Doomi Senegaal yépp, góor ak jigéen, am gën jaa néew fukki at ak juróom-ñett yu mat sëkk te làmboo sañ-sañ yi ñeel jaambur ak yi ñeel politig, ay falaakon lañu, ci anam yi ab àtte tëral.

Article 4 Dog 4

Les partis politiques et coalitions de partis politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils sont tenus de respecter la Constitution ainsi que les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. Il leur est interdit de s’identifier à une race, à une ethnie, à un sexe, à une religion, à une secte, à une langue ou à une région.

Làngi politig yi ak lëkkaloo làngi politig yi ñooy xëccoo pal gi. War nañoo sàmmoonte ak Ndeyu Àtte bi, ak cëslaayi baatu réew meek demokraasi bi. Terees na leen ñuy tuddoo xeet, waaso, awra, diine, tariixa, làkk, ak diwaan.

Les conditions dans lesquelles les partis politiques et les coalitions de partis politiques sont formés, exercent et cessent leurs activités, sont déterminées par la loi.

Anam yi làngi politig yi ak lëkkaloo làngi politig yi di sosoo, anam yi ñuy doxe, ak anam yi ñuy tase, ab àtte moo koy tëral.

Article 5 Dog 5

Tout acte de discrimination raciale, ethnique ou religieuse, de même que toute propagande régionaliste pouvant porter atteinte à la sécurité intérieure

Jépp jëfu boddi ci biir xeet, ak waaso, ak diine, ak bepp wooteb xàjjaatle ci wállu diwaan, bu mën a gàllankoor kiiraayu biir

de l’État ou à l’intégrité du territoire de la République sont punis par la loi.

Réew mi, walla bu mën a lor ñummug déndu Réew mi, yoon daan na ko. TABLEAU.1.3 :CINQ PREMIERS ARTICLES DE LA CONSTITUTION DU SÉNÉGAL ET LEUR TRADUCTION EN WOLOF

Le tableau ci-dessus comporte les cinq premiers articles de la Constitution Sénégalaise en français, langue officielle, et en wolof. Ces articles sont contenus dans le premier titre relatif à l’État et à la souveraineté. On relèvera donc des notions fondamentales à ce qui caractérise un État et le rend souverain. La notion de

République (repiblig) est évoquée pour identifier le pays avec des précisions sur la

forme de république. Les différents symboles et emblèmes du pays sont ensuite énumérés : devise (feem), drapeau (raaya), hymne (jàjj). Les langues sont succinctement évoquées, pour consacrer le français comme langue officielle.

Le deuxième article détermine la capitale (péey) de la République alors que

l’article trois s’intéresse à la notion de souveraineté (baat) et de suffrage (pal) avec des précisions sur l’exercice de la souveraineté assurée par le peuple sénégalais dans

son ensemble. Les droits civiques et politiques (ñeel sañ-sañ jàmbur, ñeel politig),

lorsqu’un citoyen en dispose totalement, peut se prévaloir d’un statut d’élécteur (falaakoon). L’article quatre de la constitution aborde la question des partis et coalitions de partis (làngi politig ak lëkkëloo làngi politig) qui sont les seuls à pouvoir concourir au suffrage (pal). En ce qui concerne le cinquième article de la constitution, il traite des discriminations (boddi) qui sont punies par la loi sous toutes les formes : raciale (xeet), religieuse (diine), ethnique (waaso).

Il convient de préciser le cadre de la terminologie de la constitution. La constitution d’un pays est la charte mère –d’où le choix en wolof, de la part des

traducteurs de ndèyi àtte (mère des lois) – qui englobe l’ensemble des lois

fondamentales écrites d’un État de droit et s’imposant aussi bien aux citoyens qu’aux pouvoirs publics. La constitution relève donc du droit public et est le cadre qui régit le fonctionnement d’un État. Il faut donc noter que la constitution est un texte de base, fondamental où se retrouvent des notions relatives aux libertés, à la

souveraineté, mais aussi à l’organisation et au fonctionnement des organes

institutionnels, sans oublier les rapports entre pouvoirs d’une part et les rapports entre ces pouvoirs et les citoyens d’autre part.

La traduction de la constitution du Sénégal en wolof, fait appel à un ensemble de connaissances terminologiques juridiques, essentiellement tournées vers le droit public. Cela requiert donc une délimitation de la notion d’État, une connaissance de ses composantes, de son fonctionnement et de ses principes

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fondateurs. Pour ce qui est de la terminologie, pour être bien rendue en wolof, il est nécessaire de bien saisir et adapter ces notions ainsi que celles qui leur sont