• Aucun résultat trouvé

PARTIE II : ÉTUDE EMPIRIQUE

Chapitre 6 : Compilation de corpus

6.4 Corpus de vulgarisation

Dans ce corpus, des textes composés d’articles ont été compilés en anglais et

en français. Ces articles proviennent de revues de vulgarisation. C’est un ensemble

de textes qui se rapproche du style vulgarisant du corpus wolof. Sa taille n’est pas

très grande (vingt-cinq mille occurrences). Ce corpus est transitoire. Les collocations lexicales y sont étudiées de même que leur comportement dans deux parties du texte (introduction et conclusion). Pour ce dernier, le travail de Gledhill (2000) sur des articles scientifiques a servi de cadre de référence.

Les quelques textes de vulgarisation publiés par l’OSAD26, en ce qui

concerne le wolof, tournent autour de la santé de la reproduction, de la prévention de la santé maternelle et infantile. Ce sont là des problèmes récurrents vécus par les

148

populations en milieu rural. Les maladies dont souffrent les nourrissons (tétanos, tuberculose, coqueluche, poliomyélite, paludisme, diphtérie, rougeole, fièvre jaune), y sont abordées, avec des conseils de prévention et rappels de certaines attitudes à avoir. D’autres questions de nutrition, relatives aux besoins des nourrissons et femmes enceintes ou allaitantes sont évoquées. Des tableaux sont également dressés. Ils détaillent des conseils de nutrition.

La première remarque à faire sur ce corpus de vulgarisation est son caractère hybride puisqu’on y trouve des analyses d’experts qui adoptent un langage à la fois peu accessible et proche de la langue commune. L’intertextualité est alors assez dense dans le corpus. Nous avons en fait un discours de semi-vulgarisation selon la

typologie donnée par Loffler-Laurian (1983)27. Selon les différents genres de

définitions qu’elle donne pour les typologies de discours, on remarque que les définitions analytiques et fonctionnelles sont plutôt représentatives dans ce corpus :

Définitions analytiques

« L’agent responsable est une bactérie du type Myobacterium Tuberculosis, appelée aussi bacille de Koch, du nom du scientifique qui l’a découverte en 1882. » « La sclérodermie est une maladie auto-immune systémique, c’est-à-dire, elle touche plusieurs organes du corps, et elle est la conséquence d’une altération dans le système de défense du corps. »

"They [XDR] "represent the highest proportions of MDR TB ever recorded in the world""

Définitions fonctionnelles

« La protéase est également une enzyme : elle sert à l’assemblage des éléments constitutifs du VIH, avant son relargage hors de la cellule. » « La première est une enzyme qui permet à l’ARN du virus de se transformer en ADN afin de pouvoir être ensuite intégré à l’ADN de la cellule infectée »

"The test "has the potential to be used to identify recently infected individuals at high risk of TB infection in low prevalence countries

27 Un discours de semi-vulgarisation a comme émetteur un chercheur scientifique ou est une révision par un journaliste, le support est une revue et le message véhiculé s’adresse à un public de niveau de formation universitaire. (Loffler-Laurian : 1983)

EXTRAITS.6.7 :DÉFINITIONS DE TYPE ANALYTIQUE ET FONCTIONNELLE

De ces définitions, transparaît un fait discursif assez caractéristique de la vulgarisation scientifique : le métalangage. Les définitions analytiques et fonctionnelles permettent d’expliciter et ceci passe par l’usage de tournures métalinguistiques : c’est-à-dire, appeler, nommer, en d’autres termes, etc.

Les emetteurs des messages sont pour la plupart des experts s’adressant à une

certaine catégorie de personnes. L’énonciateur insiste sur des faits, mais nous

relevons des occurrences, deux (2) du pronom personnel je qui est apparu dans les

discours directs de certains énonciateurs. Le fait est assez peu commun en français où un caractère neutre est souvent attribué au discours scientifique spécialisé et qu’à la place du je, le nous, avec vingt-deux (22) occurrences, de modestie est nettement préféré. En anglais, par contre, la présence du pronom I est généralement très récurrente dans les articles de recherche même si nous n’en relevons que deux (2) dans notre corpus.

L’usage de tropes dans les discours de vulgarisation scientifique est également courant dans la recherche de tournure parlante qui peut captiver le public récepteur :

Ces boucliers sont composés de deux domaines voisins et flexibles d’une protéine de l’enveloppe, qui s’enroulent comme des boucles lâches autour des spicules. Le virus du sida, le VIH, ressemble à une boule hérissée d’une douzaine de minuscules «piquants», appelées spicules.

EXTRAIT.6.8 :LES TROPES DANS LES ARTICLES DE VULGARISATION

Par ailleurs, l’usage d’illustrations aussi bien dans les livrets de vulgarisation que dans les articles de vulgarisation scientifique est très différent de celui des textes des articles scientifiques. En effet, l’usage de l’image en vulgarisation demeure dans un registre proche de la comparaison. Cette image est un prolongement du texte, elle

vient en appui, mais de manière très métaphorique. L’illustration dans les articles de

recherche, démontre, étaie ou contredit une hypothèse. De plus, l’illustration ne peut

être souvent lue et comprise que par les experts du domaine étudié.

La langue de spécialité se veut une langue de précision. Les médecins, ou sages-femmes, conscients de la sensibilité de leur domaine ne semblent pas avoir la même facilité que les journalistes qui ont fini par trouver des termes opératoires

150

dans le cadre de leur travail de communicants, d’informateurs. Cependant le besoin

de communiquer et de bien communiquer semble évident auprès de ces professionnels qui se trouvent dans bien des cas en situations d’échange avec les malades ou avec un public donné dans le cadre d’un travail de sensibilisation, comme cela a souvent était le cas. Or (Giles et al : 1991) révèlent, dans leurs travaux portant sur la communication en contexte et ses implications, l’importance des échanges médicaux. Ils développent le concept de convergence qui montre l’efficacité des échanges lorsque les personnes s’adaptent mutuellement aux habitudes de communication tant du point de vue des schémas linguistiques, prosodiques que non-verbaux. Ce qui pose le problème de la communication médicale en contexte multilingue.

Les différentes parties d’un article de vulgarisation comportent des

simplifications notoires. On relève tout de même dans ces parties des collocations qui peuvent être extraites.

Les introductions se présentent comme des petits paragraphes qui abordent de manière générale le thème tout en spécifiant les cadres d’études et personnes morales ou physiques qui les prennent en charge. Les introductions sont donc courtes et jettent les bases de l’analyse qui suivra. Dans un des textes compilés, il n’y a même pas de petit paragraphe introducteur le titre restant tout de même assez explicite comme dans l’exemple suivant : TDS, une nouvelle famille d’agents

antirétroviraux contre le sida.

Le caractère scientifique des textes transparaît dans la compilation d’introductions, à travers des formulations du type étude menée, publiée, des chercheurs de, en plus de références institutionnelles :

EXTRAIT.6.9 :INTRODUCTIONS DE VULGARISATION SCIENTIFIQUE

On relève dans la figure ci-dessus qu’étude a une claire préférence

d’occurrence avec les formes adjectivales des participes passés de certains verbes

(publier, mener, conduire, soutenir). Les occurrences de tuberculose, hypertension,

comme dans le corpus scientifique français, sont en collocations avec des adjectifs tels que artérielle, pulmonaire, commune, résistant. Le style d’écriture vulgarisé semble proposer dans les introductions des formulations simplifiées dans lesquelles l’on ne dénombre pas beaucoup de patrons syntaxiques du type N_ADJ. Parmi ces formulations simplifiées on peut citer : tension élevée, tension basse (au lieu de

hypertension et hypotension, même si hypertension apparaît dans le corpus) bacilles de tuberculose qui sont devenues résistantes (au lieu de tuberculose résistante),

hypertension de grossesse (au lieu de hypertension gestationnelle).

Pour ce qui est du corpus anglais, les introductions sont encore plus courtes que celles qui ont été trouvées dans le corpus français. Elles apparaissent parfois sous forme de questions : Could this be the endgame for HIV? CAN diet explain

152

the higher blood pressure levels seen in African American compared with non-Hispanic whites in the US?. Les collocations de type N_ADJ n’y sont pas

nombreuses quoiqu’on relève, comme en français, tuberculosis resistant to

antibiotics (au lieu de resistant tuberculosis).

Les conclusions des articles compilés se terminent pour la plupart, en anglais comme en français, par des citations d’experts :

Ainsi, trois fois plus de patients ont immédiatement bénéficié du traitement de deuxième ligne adéquat, sans perte de temps due à un traitement inefficace sur leurs bacilles résistants » ; « Nous avons fourni des preuves de principe, mais nous avons encore besoin de rendre la métagénomique plus sensible et d’améliorer nos flux de travail. Mais, mises en garde de côté, célébrons le fait que la métagénomique est prête à documenter les infections passées et présentes, et à faire la lumière sur l’émergence, l’évolution et la propagation d’agents pathogènes microbiens !

EXTRAIT.6.10 :CONCLUSION CORPUS DE VULGARISATION

"This news gives us great hope that a cure for HIV in children is possible and could bring us one step closer to an AIDS-free generation," said UNAIDS executive director Michel Sidibé ; "The big challenge is identifying people very early in their infection," says Ball, adding that many people resist testing because of the stigma and potential discrimination. "There's a good rationale for being tested early, and the latest results may give some encouragement to do that," he says; etc.

EXTRAIT.6.11 :CONCLUSION CORPUS DE VULGARISATION (ANGLAIS)

On n’y relève pas cependant une multitude de collocations nom_adjectif :

étude génétique, vaisseaux lymphatiques, etc., entre autres occurrences relevées. Cela contraste avec le corpus dans sa globalité qui comporte un nombre assez important de patrons de ce type. Il a été possible de voir que le développement des différents textes du corpus comportait des analyses d’experts utilisent leur propre terminologie. Aussi bien dans les introductions que dans les conclusions le vocabulaire est plutôt modulé et tend vers la généralité d’analyse ou se termine sur une conclusion positive.

Synthèse de chapitre

Ce chapitre donne des précisions quant à la manière dont notre corpus a été constitué. L’idée de texte est presque toujours assimilée à celle de corpus, mais au cours de nos recherches de données linguistiques, nous avons recueilli des corpus écrits et oraux. La constitution et le traitement du corpus écrit ne pose pas de grandes difficultés dans le sens où nos recherches étaient ciblées sur les articles scientifiques et de vulgarisation. Il n’était non pas plus difficile de trouver ces articles.

Les corpus oraux constituent un ensemble de données langagières dont la modalité d’expression, l’oral, est très mouvante. Le travail sur ces corpus requiert donc une attention toute particulière afin d’en tirer le plus d’enseignements et de

résultats. Pour une langue comme le wolof, avec une culture de l’oralité très

développée, il est pertinent de procéder à davantage de transcriptions de corpus oraux en vue d’avoir des supports écrits qui font l’objet d’études. Jusque là, les

études sur corpus oraux que nous avons lues n’ont pas fait mention de corpus oraux

retranscrits à l’écrit alors que le caractère fugace qu’on a mentionné, peut constituer un obstacle à une analyse fine.

Le corpus constitué provient d’extraits de journaux parlés qui sont diffusés sur la chaîne nationale. Le dynamisme qu’impulsent les média sur les pratiques langagières wolof est fort intéressant et cela surtout, lorsqu’on remarque que le développement rapide du paysage radiophonique a favorisé une situation de colinguisme notoire français/wolof (Kébé, 2007). Ce colinguisme a tout de même des effets pervers sur la langue wolof qui est une langue emprunteuse. L’alternance

fréquente de code chez les locuteurs du corpus est une illustration. L’usage des mots

outils et des connecteurs joue un rôle important dans la cohésion du discours.

Il y a eu plusieurs types de profils. Celui de journaliste-vulgarisateur, avec des limites évidentes, mais aussi celui du journaliste qui réussit à créer des termes opératoires dans le cadre de l’exercice de son travail. Cela constitue un réel effort. Cependant, c’est une tâche qui ne lui incombe. L’élaboration de terminologies, l’aménagement linguistique doit se faire selon des normes clairement définies.

Nous avons trouvé quelques éléments de réponse quant à la manière dont ceux qui sont en contact avec la langue médicale l’utilisent. Chez les professionnels,

154

l’on note une propension à s’exprimer dans le jargon médical français. À deux reprises des professionnels ont eu recours à des interprètes, en l’occurrence le reporter ou le correspondant, pour faire des analyses. Cette attitude langagière déteint sur le journaliste ou reporter qui ne fait que reprendre les mêmes termes employés par le professionnel, tout en usant de métalinguisme qui cache mal leurs difficultés. Les autres locuteurs reprennent les mêmes termes, sans doute entendus chez le médecin ou autres professionnels. Ce corpus de vulgarisation comporte des collocations qui peuvent être extraites.