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Synthèse de chapitre

Chapitre 3 : Terminologie et langue de spécialité

4.3 Collocation et linguistique appliquée

4.3.1 Collocation lexicographie et terminologie

Le projet COBUILD, est un des éléments majeurs des travaux de Sinclair. Il s’est inscrit dans une dynamique empirique pour aborder le lexique différemment des grammaires traditionnelles. Renouf (1987) qui a fait un compte rendu des travaux a souligné les grandes possibilités offertes par le stockage et le traitement de corpus à une grande échelle.

using computer techniques extensively to build a substantial corpus of English text, to analyse it objectively and exhaustively, and to capture the insights gained from that analysis in an electronic data base has moved the science of lexicography into a new phase. The power of the machine to store, search, classify, sort and otherwise manipulate language data in vast quantities liberates the study of language (...). (Renouf, 1987 : 61).

Ce travail a une haute portée didactique, notamment grâce à la place laissée au traitement des expressions polylexicales et des collocations qui constituent des écueils majeurs dans l’apprentissage des langues. Il faut remarquer donc que les

travaux lexicographiques autour de la collocation s’inscrivent, pour la plupart, dans

les travaux développés en linguistique de corpus.

Dans le domaine de la terminologie, Heid (1989) relève l’intérêt des

collocations en langue de spécialité et note :

Il ne suffit pas de répertorier des termes isolés dans un dictionnaire spécialisé, mais il faut aussi tenir compte des possibilités de combinaisons de ces termes (Heid, 1989)

À sa suite, des auteurs comme Béjoint et Thoiron (1992), Cohen (1992) Martin (1992) ou encore Blampain (1993), s’attachent à donner les caractéristiques des collocations en langue de spécialité et à suggérer des méthodes de constitution de dictionnaire ou d’extraction de ces collocations.

Il est intéressant de noter que L’Homme (1998a, 1998b) L’Homme et

Meynard (1998) font une distinction entre collocations de combinaisons lexicales

spécialisées (CLS). L’Homme définit les premières comme des « groupements de

nature générale » et les secondes comme des « groupements spécialisés ». C’est

ainsi qu’elle donne d’abord les caractéristiques de chacun de ces groupements. Pour

ce faire, elle fait un parallélisme entre les travaux lexicographiques de Mel’čuk et al

(Cohen, 1986 ; Heid et Freibott, 1991 ; Meynard, 1997 ; Laporte et L’Homme, 1997). Elle relève le caractère conventionnel des collocations et CLS, mais souligne :

Les CLS, tout comme les collocations, ont un caractère conventionnel. Elles font l'objet d'un consensus, mais cette fois-ci, le consensus s'établit au sein d'un groupe de spécialistes. Un non-spécialiste doit apprendre à mobiliser ces usages pour insérer les unités terminologiques dans des environnements idiomatiques. Ainsi, dans le domaine médical, on dira administrer un médicament, plutôt que * donner un médicament (Laporte et L'Homme 1997). De même, on peut dire créer un fichier, dans le domaine de l'informatique, mais non *concevoir ou * établir un fichier (Heid et Freibott 1991). Le domaine de l'Internet a également ses usages particuliers : créer un lien se dit alors que * concevoir un lien surprend (Meynard 1997). (L’Homme, 1998a : 514)

Sur le plan formel, L’Homme relève que les CLS tendent à se construire autour du terme qui est, dans presque tous les cas, un nom.

(…) nous pouvons dire que les CLS ont comme base un terme et que celui-ci est un nom. Les cooccurrents sont des verbes, des adjectifs ou d'autres noms qui se définissent par rapport à un terme à vocation nominale. (L’Homme, 1998a : 515)

Pour ce qui est de la semi-compositionnalité, l’auteur note qu’elle n’est pas

une condition requise puisque certaines CLS peuvent être ou ne pas être

complètement compositionnelles, le sens de l’ensemble étant déductible des

éléments. Enfin, L’Homme soulignera que le système des FL peut totalement

s’adapter aux CLS dans la mesure où les relations sémantiques entre les éléments de la collocation peuvent être généralisées à d’autres collocations.

Dans un autre article (L’Homme, 1998b), elle spécifie la différence entre l’approche lexicographique et celle qui est adoptée en terminologie pour les collocations. Sur le plan formel, elle rappelle la prédominance du terme, notamment du nom. Pour ce qui est de la sémantique, elle relève une proximité entre le mot-clé ou base et la valeur de la FL ou collocatif, ce qui n’est pas souvent le cas des

collocations lexicographiques. L’Homme et Meynard (1998) relèvent que les autres

catégories lexicales, adjectifs, verbes constituent les cooccurrents des termes pour les CLS.

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4.3.2 Collocation et langue médicale

La collocation, dans les travaux sur les langues de spécialités, est appréhendée comme un ensemble de syntagmes de groupes propre à des discours tenus par des spécialistes lorsqu’ils font usage de la langue.

La langue médicale a fait l’objet d’un certain nombre de recherches parmi lesquelles on peut citer les travaux de Maniez et de Gledhill. Ces deux auteurs se sont penchés sur ses particularités : la collocation pour Gledhill (2000) et le groupe nominal dans les textes spécialisés en anglais ainsi que leur difficulté de traduction pour Maniez (2000, 2007).

Gledhill (2000) a mené un travail de recherche sur les collocations qui rejoint le cadre de Swales. Il a fait une étude sur les différentes parties des écrits scientifiques dans le domaine médical. Une place importante est accordée à la grammaire dans cette étude qui ne s’est pas cantonnée à une approche terminologique qui met souvent en avant les collocations nominales. Cette influence provient des études de Halliday sur la lexico-grammaire. Les collocations grammaticales, les cadres collocationnels ainsi que les colligations

sont les points évoqués. Les mots grammaticaux n’ayant pas suscité beaucoup

d’intérêt chez certains terminologues dans les études sur corpus, ils se sont révélés être des éléments clés dans les productions phraséologiques.

Dans son travail, Gledhill remet en cause ce que beaucoup d’auteurs avancent concernant l’écriture scientifique qui serait neutre ou encore dépourvue de style. Pour ce faire, il se fonde sur des articles de recherche dans le domaine médical. L’étude portant sur les collocations, l’auteur avance que la particularité de l’écriture scientifique tient plus de la préférence d’occurrence d’items que de considérations purement terminologiques.

Maniez évoque la place du groupe nominal, le nom en tant qu’élément clé

des travaux d’investigation lexicologique et terminologique en langue de spécialités. Dans sa perspective traductive, Maniez dira que la pré modification par un nom adjectival en anglais (patron syntaxique de type N_N) sera de manière préférable traduite en français par un adjectif (pour un patron de type N_ADJ) pour des raisons de « consonance plus technique », pour « éviter un certain nombre de choix » notamment les prépositions et pour des raisons de « concision » (Maniez, 2000 : 120).