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Hypothèses de recherche et démarche scientifique scientifique

PARTIE II : ÉTUDE EMPIRIQUE

5.3 Hypothèses de recherche et démarche scientifique scientifique

Le travail se fonde sur des principes liés à la constitution de collocation et de terminologie en wolof, sans oublier la portée d’une telle étude. Pour ce faire, notre méthodologie est axée sur l’analyse de corpus. Ils servent à l’extraction

de cooccurrences et de termes. Une enquête de terrain menée corrobore nos

analyses et donne la portée d’un tel travail de recherche.  Hypothèses de recherche

La présente recherche traite de problèmes terminologique et combinatoire.

Pour la question terminologique, nous émettons l’hypothèse d’une approche

terminologique wolof différenciée, d’un point de vue linguistique, avec la structure

propositionnelle comme unité terminologique. La raison pour laquelle je fais cette hypothèse est la suivante. La stucture verbalisante de la langue wolof donne lieu à des terminologies paraphrastiques et expansives.

La deuxième hypothèse évoquée à la suite de Diki-Kidiri est empirique et perceptuelle. Diki-Kidiri a beaucoup insisté sur l’importance du percept dans les langues négro-Africaines et sur la place de la culture. Cet auteur souligne l’intérêt du vécu, de l’expérience, en tant que points de départ essentiel à tout processus de dénomination. Par ailleurs, il convient de souligner le caractère opératoire d’un

travail terminologique wolof, fortement orienté vers l’objectif, le but de l’objet ou

du concept dénommé.

En ce qui a trait à la combinatoire, j’utilise l’hypothèse de Benveniste (1974)

sur le caractère microsyntaxique des compositions nominales. Nous pensons que ces affixes et formants, au même titre que les collocations de type N_ADJ constituent des structures syntaxiques condensées qui se déploient pleinement lorsqu’ils sont réécrits en wolof.

 Choix de corpus

Les critères adoptés pour compiler les corpus français et anglais diffèrent de ceux du wolof. La raison de ces différences est liée à la rareté des corpus wolof, de

surcroît de spécialité. C’est la raison pour laquelle une démarche trop restrictive a

été exclue Par ailleurs, la réalité des usages de la terminologie médicale pour le wolof nous oblige pour l’heure à privilégier les textes de vulgarisation scientifique.

La taille, plutôt petite, du corpus écrit incite à recourir aux corpus oraux. Ceux-ci apparaissent comme des options pour mener l’étude. Nous avions eu des

réticences à manipuler les corpus oraux du fait que l’oral est une modalité

d’expression assez mouvante. C’est la raison pour laquelle, tout le corpus oral, dans la thématique du domaine médical, a été transcrit dans sa globalité.

Les corpus français et anglais, que nous aborderons de manière plus détaillée dans le chapitre suivant, tournent autour d’articles de recherches sur le SIDA, l’hypertension artérielle, la tuberculose. Le choix porté sur ces thèmes s’explique par le fait que la question des maladies infectieuses (tuberculose) et sexuellement transmissibles (SIDA), de même que les problèmes liés à l’obésité, constituent de réels problèmes de santé publique. Nous avons estimé que ces thèmes pourraient être d’intérêt et éventuellement servir. Ce sera aussi l’occasion de nous prêter à l’exercice de traduction de termes spécialisés, pour en apprécier la teneur en wolof.

Des articles scientifiques sont compilés grâce à la Cochrane Library, pour l’anglais

et le français. Un corpus de textes de vulgarisation scientifique l’a également été avec des revues comme New Scientist (pour l’anglais) et Alphagalileo (pour le français).

Deux raisons justifient le choix de travail sur des corpus anglais et français. La première raison est quantitative. Elle est liée à la disponibilité des productions scientifiques dans cette langue, comme en atteste d’ailleurs la taille du corpus anglais. En outre les études en langues de spécialité sont bien plus développées en anglais qu’en français. Celles-ci confèrent à la compilation de grandes données

linguistiques pour les besoins d’analyse un rôle majeur dans le traitement de

données terminologiques et de tous les éléments (les syntagmes de groupes) propres à caractériser le discours spécialisé. La seconde raison linguistique est qu’il a semblé que l’analyse des collocations dans deux langues génétiquement et

géographiquement proches (anglais et français) et de deux autres qui ne l’étaient pas

(français et wolof), montrerait avec force un phénomène différemment traité. Ce dernier reste indéniablement lié à l’idiosyncrasie de la langue.

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Dans la démarche d’extraction, nous faisons des va-et-vient entre corpus anglais et corpus français avant de proposer un corpus terminologique wolof. Cela mérite quelques précisions.

Il faut dire que les textes anglais constituent le corpus qui comporte le plus

de collocations et d’informations médicales. C’est un corpus de référence duquel est

extrait le plus d’éléments collocationnels, informatifs et linguistiques possibles. Le

corpus français sert à établir une étude comparative entre la combinatoire française et son expression en wolof. Deux raisons nous poussent à procéder de la sorte.

La première, c’est qu’il paraît superflu de faire une comparaison de la combinatoire entre les corpus anglais-wolof et français-wolof, au risque de répéter les mêmes choses.

La deuxième raison est qu’il y a suffisamment matière à traiter entre français

et wolof. C’est pourquoi par exemple dans le cas des verbes supports nous n’avons

pas eu besoin de beaucoup recourir à une extraction à partir du corpus anglais puisque le corpus français nous offre assez d’éléments linguistiques pour analyse.

En dernière analyse, la compilation de corpus et son analyse terminologique méritent quelques précisions. C’est un corpus dynamique. Il comprend aussi bien des éléments extraits que des éléments constitués sur la base des compositions

savantes. C’est ainsi que nous avons procédé à une recherche en ligne, sur des sites

dédiés à la recherche médicale, MeSH en particulier, les termes et patrons syntaxiques qui enrichissent ce corpus wolof. Nous pensons que ces compositions savantes doivent servir de base de dénomination et que la recherche terminologique

autour des affixes et formants grecs et latins permet d’enrichir chaque fois un peu

plus ce corpus wolof.

 Travaux de terrain

L’étude investit un domaine où les spécialistes, médecins, infirmiers et autres professionnels de la santé, seraient les principaux usagers des travaux. Il a alors

semblé opportun d’initier un travail de terrain auprès de ces personnes. L’enquête de

terrain a l’avantage, les travaux linguistiques, de procurer des données qui reflètent

les pratiques langagières courantes. Elle montre les rapports entretenus par les locuteurs avec les langues. Que cela soit pour les sciences sociales ou humaines, l’enquête comporte un enjeu dans la délimitation des champs d’étude et d’application. Elle constitue également un réel outil d’évaluation.

Il demeure tout de même utile d’exprimer clairement ce que l’on entend par

enquête de terrain. L’enquête est un travail d’investigation qui peut porter sur des

consultatif d’un expert, un linguiste par exemple, dans un domaine bien précis. Cette démarche est également appelée enquête de terrain qualitative qui se différencie de celle qui est quantitative. Cette dernière recueille les avis des locuteurs, qui bien qu’ayant les compétences linguistiques « de performance », n’ont pas nécessairement les connaissances linguistiques scientifiques. La notion « de terrain » est une manière de s’ancrer au plus près des réalités autour desquelles tourne la thématique de recherche.

L’enquête de terrain est un travail empirique où les informateurs ou

interviewés sont au cœur de la recherche et s’expriment au-delà du cadre clos des

laboratoires ou des institutions.

Les différents outils d’enquêtes de terrain utilisés en linguistique sont entre

autres les enregistrements et les questionnaires. Le recours aux enquêtes en linguistique pour les langues d’Afrique noire coïncide avec la description que certains chercheurs ont voulu faire de ces langues « exotiques ». Cependant, ils ont été en face de travaux qui n’étaient pas le fait de linguistes, sinon de missionnaires,

comme c’est le cas du Père Boilat au Sénégal.

L’utilisation des questionnaires, afin de relever des particularités linguistiques des langues en Afrique, date de la période post indépendances et avait des visées lexicales et ethnolinguistiques principalement :

(…), mais ceux qui étaient utilisés l’étaient surtout à des fins précises : listes des mots les mieux appropriés à faire ressortir les différents indices de classe ou les racines les plus susceptibles de donner des comparaisons fécondes en bantou (Malcolm Guthrie et Amaat Meeussen) ; listes de cent ou deux cents notions pour la lexicostatistique ou la glottochronologie (Morris Halle), listes ad hoc pour faire ressortir la parenté généalogique (Joseph Greenberg). (Bouquiaux, 2008 : 253)

Le but de notre questionnaire est de se focaliser sur l’usage des langues en

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