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Synthèse de chapitre

Chapitre 3 : Terminologie et langue de spécialité

3.4 Discours scientifique spécialisé et discours de vulgarisation vulgarisation

3.4.2 Discours de vulgarisation

La vulgarisation scientifique constitue un vaste projet de partage de connaissances. Elle est projet parce qu’elle s’inscrit dans une dynamique de restitution, de large diffusion de savoirs au plus grand nombre. Elle reste tout de même une ferme volonté qui fait face à un certain nombre de difficultés. Parmi ces

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difficultés, l’on peut citer la problématique de restitution, la forme qu’elle prend ainsi que le public auquel elle s’adresse.

La question de la portée de la vulgarisation nous conduira à parler de

ses objectifs. Sur le plan textuel, l’on abordera les marqueurs discursifs perceptibles

lors de la réécriture et la place des images dans les illustrations. Les canaux de diffusion utilisés seront aussi évoqués.

La vulgarisation épouse deux contours essentiellement : informer et assurer la diffusion de savoirs à grande échelle ; elle constitue également sur le plan linguistique un travail de substitution pour laquelle la rhétorique occupe une place importante. Ces deux axes autour desquels tourne la vulgarisation sont souvent inséparables. Le travail sur la langue est en fait un travail fait en amont dans le

but de simplifier et de rendre accessibles des connaissances.

Les canaux de vulgarisation sont nombreux, ce sont les médias tels que la télévision, la radio ou encore la presse. À cela s’ajoutent les revues de vulgarisation et dans une moindre mesure les ouvrages. Les moyens de vulgarisation constituent les moyens de communication les plus répandus. Pour chacun de ces canaux toutefois, il faut noter des objectifs de diffusion divers. L’usage des médias de grande diffusion se fait pour les campagnes de sensibilisation (prévention) ou d’information au grand public. Alors que les revues ciblent surtout les personnes qui trouvent de l’intérêt à la vulgarisation scientifique.

L’analyse de la vulgarisation inclut une perspective comparatiste. Le

discours scientifique spécialisé nous semble le plus évident. La raison d’un tel choix

réside dans le fait que la vulgarisation est d’abord un discours qui s’inspire des

textes scientifiques. En effet, nous avons mentionné supra que la vulgarisation est

un projet qui vise à rendre accessibles des connaissances scientifiques ; alors que ces connaissances sont fondamentalement confinées dans des écrits.

Les textes scientifiques spécialisés pour lesquels nous avons donné quelques caractéristiques, posent, sur le plan de l’expression, des difficultés d’ordre lexical. Les articles de revues scientifiques sont destinés aux spécialistes de même domaine. Il convient donc pour en faire une plus large diffusion de procéder à un travail de reformulation pour laquelle l’adoption d’une méthodologie est nécessaire.

Sur le plan théorique, la vulgarisation s’inspire des méthodes de traduction

que Mounin (1976) a développées. Ce sont des procédés que les traducteurs utilisent pour résoudre les problèmes linguistiques auxquels ils font face dans l’exercice de

traduction. Parmi ces procédés, l’équivalence est à notre sens, sur le plan

cadre de l’approche distributionnelle, autre approche méthodologique empruntée par la vulgarisation scientifique, la reformulation passe également par la recherche d’équivalence à travers la paraphrase qui explicite des termes pivots.

Daniel Jacobi donne quelques traits saillants des procédés de reformulation dans les textes de vulgarisation. Il relève des reformulants qui constituent les éléments de reformulation, des définissants qui explicitent les termes pivots, mais aussi des synonymes prototypes qui rapprochent sur le plan formel reformulants et termes pivots. Les reformulations peuvent également se faire à la manière

dictionnairique, notamment grâce à la paraphrase, ou encore par désignation d’une

même entité par le truchement de répertoires lexicaux organisés. (Jacobi, 1994) On insistera donc sur quelques traits particuliers comme la dimension métaphorique, la place des néologismes et les tournures de reformulation. Ce sont en effet les principales régularités que l’analyse linguistique conduite au triple niveau syntaxique, sémantique et pragmatique, permet de mettre en évidence. (Jacobi, 1986 : 60)

Il ajoute également que

Le discours vulgarisé s’inscrit dans un ensemble d’écrits tant du point de vue diachronique que synchronique avec lesquels il entretient un rapport d’intertextualité. Il se construit contre, ou avec, tout un lexique qui représente la somme des textes existants sur le thème disciplinaire auquel il se rattache. Il transforme un certain nombre de discours : tous ceux dont il s’inspire qu’il annexe, allie à sa cause, cite, utilise. Ceci lui confère une densité et une complexité très grande. Simultanément les écrits ainsi manipulés sont pervertis, dénaturés et en tout cas transformés. (Jacobi, 1986 : 83)

De ce qui précède, on peut relever que le discours de vulgarisation fait essentiellement usage de comparaison et que la reformulation reste également un élément clé. Par ailleurs, sur le plan textuel, sa complexité réside dans le mélange de différents types d’écrits desquels il s’inspire.

Les communications à caractère vulgarisant consacrent une place importante à l’image qui donne force à l’information véhiculée. À cet égard, Laszelo dira :

« L’illustration est la règle dans les magazines de vulgarisation, son usage systématique est relativement rare dans les livres de vulgarisation. Son mérite, qu’exprime le proverbe chinois : “Une image vaut un millier de mots” est sa richesse d’information. De plus, l’aller-retour texte-illustration, comme les voix dans une partition musicale, est captivant ; un ressort connu des amateurs de bandes dessinées. L’image sert aussi de bon point pour rétribuer l’effort d’une lecture, ressentie comme ingrate » (Laszelo, 1993 : 79)

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Dans les textes scientifiques, les illustrations sont également présentes. Elles sont pour la plupart des tableaux d’analyses de données et de résultats qui peuvent ne pas être à la portée du plus grand nombre. Dans les textes de vulgarisation, des images qui peuvent résumer tout un texte. Elles viennent ainsi en appui à un ensemble d’explications, de reformulations.

Le dernier point de comparaison qui peut être évoqué entre le discours scientifique spécialisé et le discours de vulgarisation est le lexique. La caractéristique intertextuelle du discours vulgarisé propose à la fois un lexique spécialisé et un lexique général. Toutefois le dessein de tout projet de vulgarisation

est de se rapprocher le plus possible de la langue générale, d’où l’importance de la

reformulation qui tend souvent vers la banalisation. Ce va-et-vient entre textes spécialisés et écrits reformulés, en vue d’une large diffusion, développe un lexique hybride, à l’image du texte vulgarisé dans son ensemble. Cela se traduit par la présence de termes, reformulés à l’aide de paraphrases et périphrases dans l’exercice d’explicitation. Les synonymes des termes sont aussi utilisés.

Synthèse de chapitre

Ce chapitre consacré aux langues de spécialité et à la terminologie établit des caractéristiques et particularités générales des typologies de textes sur lesquels porte le présent travail.

Les productions linguistiques issues des domaines de spécialités renferment

des particularités qui portent essentiellement sur le lexique, la syntaxe et

la sémantique. Ce sont, pour la plupart, des écrits dans lesquels la sémantique de la terminologie dépend du contexte et du cotexte, avec une syntaxe tantôt expansive tantôt laconique.

La notion de langue de spécialité est contestée par certains linguistes. Ils y voient comme une tentative de création d’un sous-système qui n’a pas sa raison d’être. Le champ d’étude est très exploré en sciences du langage. Des particularités peuvent être relevées dans les textes et pratiques langagières issus des domaines de spécialité, mais l’usage du terme languen’est pas approprié.

La notion de discours scientifique a été abordée. D’une part, la dimension

communicative de tout travail terminologique incite à considérer le discours comme un message pour lequel émetteur et récepteur doivent être bien identifiés. D’autre part, la typologisation des discours scientifiques donne une approche ciblée. Elle

évalue la portée d’une étude sur la terminologie wolof.

Nous levons également dans ce chapitre une confusion faite entre discours scientifique et discours de vulgarisation. Ce dernier est une partie intégrante du premier. L’opposition ou la comparaison concerne donc le discours scientifique spécialisé et le discours de vulgarisation.

La vulgarisation scientifique, vue sous un angle purement linguistique, constitue un travail de réécriture ou encore de traduction intralinguistique. Elle a alors recours à la métaphore comme principale figure de style, à la créativité ou banalisation lexicale, dans une certaine mesure, et à la reformulation. Cette dernière nous intéresse tout particulièrement parce qu’elle est fondamentale dans tout projet de vulgarisation. La vulgarisation permet de souligner un aspect bivalent du langage qui apparaît comme obstacle à la communication, à l’accès à l’information et un remède à cette difficulté d’accès.

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La densité du discours vulgarisé se manifeste par un fort degré d’intertextualité, mais ne rend pas pour autant les écrits incompréhensibles pour le lecteur. Le recours au lexique général et à la reformulation des termes tend vers une simplification voire une banalisation agrémentée d’images qui transmettent les messages.

Chapitre 4 : Collocation

L’unité terminologique étudiée dans cette recherche n’est pas de type simple. La terminologie a beaucoup investi le champ des unités à plusieurs composantes lexicales et grammaticales. Les auteurs qui se sont intéressés à la langue médicale ou aux autres langues de spécialité ont souvent mis en avant les collocations ou autres unités complexes. Une définition de la collocation (§4.4) est donnée en tenant compte de paramètres clés et en insistant sur sa place dans les recherches en linguistique appliquée (§4.3). Les deux premiers sous-chapitres abordent des considérations générales (§4.1) liées aux notions de phraséologie et collocation et aux principales approches (§4.2) adoptées pour cette dernière.