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Liens, liaisons et moi précoce

2) «Le second lieu où l’inconscient se manifeste et probablement, pour une part, se forme, est l’ensemble intersubjectif constitué par le groupement des

1.4 Liens, liaisons et moi précoce

A partir des travaux de recherche menés par les théoriciens du lien, on perçoit que la transformation et l’intériorisation des perceptions du monde externe d’une part, et la constitution de la réalité interne d’autre part, sont les deux pôles d’une interaction constante au cours du développement qui permet l’élaboration des processus psychiques.

A ce stade de la présentation du référentiel théorique et du corpus de représentations du fonctionnement intra et inter psychique qui vont organiser ma recherche, il convient d’aborder un autre champ essentiel à la compréhension des processus présentés. On a perçu, en filigrane des modèles proposés, l’importance capitale accordée aux expériences subjectives primitives et à la qualité des premières rencontres et interactions vécues avec l’environnement. Il semble que le courant de pensée psychanalytique actuellement dominant prête un rôle déterminant à ces expériences dans le destin de la constitution de l’intrapsychique-réalité interne, ainsi que dans le développement des intersubjectivités des sujets.

J’ai commencé à présenter les hypothèses concernant le caractère traumatique des expériences subjectives précoces des sujets qui m’intéressent, conservées grâce aux mécanismes de défense primaires et « remises en jeu » au travers des comportements manifestés dans les relations interpersonnelles ultérieures. Mais avant d’explorer le registre psychopathologique et d’aller plus loin dans la présentation de la clinique à partir de laquelle j’ai construit mon paradigme des pathologies des traumatismes relationnels précoces, il semble opportun d’étudier les particularités des expériences subjectives primitives que l’on pourra retrouver dans des modes de retour plus tardifs, ainsi que les processus qui fondent et organisent l’intersubjectivité primaire, dans le champ du développement normal. Cela devrait permettre de mieux comprendre l’importance des enjeux et expliciter l’origine des hypothèses formulées, ainsi que le modèle d’intelligibilité des troubles observés que je propose.

1.4.1 Moi précoce et premières interactions

Les théoriciens de la vie émotionnelle et du développement du bébé considèrent qu’il est difficile de les appréhender en dehors de la position de dépendance extrême à son environnement. Winnicott138 partait du principe qu’« un bébé seul n’existe pas ». Il postulait cela à partir de l’idée qu’ « au stade le plus précoce, il n’y a aucune trace de prise de conscience chez le nourrisson. » Or, les observations et recherches contemporaines tendent à infirmer cette hypothèse.

La recherche que j’ai menée engage le principe de l’existence, dès l’aube de la vie, d’un moi précoce qui, bien qu’inachevé et immature au regard du moi de l’enfant plus âgé, et, a fortiori , du moi de l’adulte, dispose de ses caractéristiques et de ses capacités propres.

138 WINNICOTT D.W., (1958), La première année de la vie, in De la pédiatrie à la psychanalyse op. cit., p. 312

Contrairement à la conception freudienne initiale d’un nourrisson « déconnecté » et isolé de son environnement139, la psychanalyse contemporaine140, sous l’influence des travaux d’observation psychanalytique du nourrisson présentés, notamment, par E. Bick141, D. Stern142 et M. David143, considère aujourd’hui non seulement l’existence de l’activité psychique singulière d’emblée très active du bébé au cours de ses deux premières années de vie, l’état de relation du bébé, mais aussi le haut degré de différenciation et d’abstraction de sa capacité perceptive.

Grâce au développement de l’observation du bébé, il existe de plus en plus de preuves que des proto-souvenirs sont enregistrés depuis la période de grossesse. On peut citer à titre d’exemple le fait que les nouveaux-nés soient capables de discriminer la voix de leur mère et celle d’une étrangère. Dans le même esprit, des recherches ont montré la capacité de bébés de 8 mois de garder des traces mnésiques tactiles, y compris lorsque d’autres expériences de toucher sont intervenues. Grâce au développement de nouveaux outils, il devient possible de créer des mesures fines des réactions sensorielles et motrices des fœtus et des nouveaux-nés, et ainsi de démontrer les capacités de mémorisation très précoces du tout-petit.

Je propose de considérer l’état des représentations actuelles du fonctionnement du bébé au travers des modèles proposés par différents auteurs. Ceux-ci tendent en effet à invalider les hypothèses, longtemps si communément répandues, selon lesquelles un bébé ne se rendrait pas compte de ce qui l’entoure, ne mémoriserait pas ses expériences précoces et ne subirait aucun dommage ultérieur de l’inadéquation précoce de son environnement.

L’ouvrage de A. Ciccone et D. Mellier144 a constitué une référence essentielle pour moi dans ce travail. Ils insistent particulièrement sur l’importance des rythmes dans les interactions précoces, ainsi que sur les effets de la discontinuité dans l’intersubjectivité primaire.

Selon D. Stern, qui propose d’explorer l’intersubjectivité du nourrisson en accordant un rôle primordial au « sens du soi », le nourrisson est « programmé » de telle sorte qu’il est conscient des processus d’organisation de soi et des résultats de ces processus, car il est capable de les ressentir. Il discrimine trois niveaux de conscience de soi chez le nourrisson :

∙ de 0 à 2 mois, Stern fait l’hypothèse qu’il n’y a jamais de confusion entre soi et l’autre.

Il postule l’existence d’un « soi émergeant ».

139 Dans la lignée de la pensée de BLEGER J., (1967), Symbiose et ambiguïté. Etude psychanalytique, (1981) tr.fr., PUF, Paris – j’entends par « environnement » tout ce qui est objectivement non-soi, indépendamment de la perception subjective du sujet.

140 CICCONE A., LHOPITAL M., (1991), Naissance à la vie psychique : modalités du lien précoce à l’objet au regard de la psychanalyse, op. cit. CAREL A., HOCHMANN J., VERMOREL H., (1990), Le nourrisson et sa famille, Césura, Meyzieu

141 BICK E., (1964), Notes sur l’observation du bébé dans la formation psychanaytique, in sous la direction de BRIGGS A., Un espace pour survivre : l’observation du nourrisson selon Esther Bick : articles cliniques et derniers développements, Editions du Hublot (2006), Larmor-Plage (Morbihan)

142 STERN D., (1989), Le monde interpersonnel du bébé, PUF, Paris

143 DAVID M., (1997), Activité spontanée et fonctionnement mental préverbal du nourrisson, in BRAZELTON T. (dir.), Que sont les bébés devenus ? Erès, coll. Mille et un bébés, Ramonville Saint-Agne

144 CICCONE A. (dir.), MELLIER D. (dir.), (2007), Le bébé et le temps : attention, rythme et subjectivation, op.cit.

∙ entre 2 et 6 mois, il se produirait suffisamment d’expériences d’union avec l’autre pour susciter la constitution d’un « soi avec l’Autre », fondée sur l’élaboration distinctive d’un « soi-noyau » et d’un « Autre-noyau ».

∙ de 9 à 18 mois, le nourrisson ferait la découverte que la vie subjective peut être partagée avec un autre.

Selon Stern, le sens d’un « soi émergeant » correspondrait à l’apprentissage des relations entre ses différentes expériences sensorielles, dans la mesure où le nourrisson serait d’emblée compétent pour transférer ses expériences d’un mode perceptif à un autre. On parle ici de « transfert sensoriel trans-modal ».

M. David145 partageait, semble-t-il, ce point de vue, car elle considérait que le bébé dispose d’un fonctionnement préverbal précoce, en perpétuelle mouvance. La rapide maturation de l’appareil sensori-moteur doterait sans cesse le bébé de nouvelles possibilités, que ses tentatives innées, immédiates, pour appréhender ce qui lui arrive et répondre à l’urgence adaptative, pousseraient à utiliser aussitôt. Ainsi pourrait-il distinguer le monde ambiant avec ses objets inanimés et animés, les distinguer les uns des autres, s’en distinguer lui-même, entrer en relation et découvrir le « dehors » et le « dedans », soi et l’autre. Il pourrait aussi découvrir ses propres capacités d’ « attention », d’ « exploration » et d’ « appel et de réponses », au fur et à mesure qu’il les exerce grâce à ses possibilités sensori-motrices.

Cette approche s’oppose à d’autres conceptions, notamment celles de M. Mahler146, qui postulait que les deux premiers mois de vie du nourrisson constitueraient une « phase d’autisme normal ».

D’emblée, le bébé irait « activement à la conquête » (p.72) des capacités motrices et manuelles, actuelles et nouvelles. Selon M. David, ces « conquêtes » se feraient par étapes, se succédant avec continuité et toujours dans le même ordre, bien qu’à un rythme variable d’un enfant à l’autre. Elles constitueraient de réels « processus d’auto-apprentissage », mis en œuvre spontanément, activement et progressivement par le bébé, avec une persévérance remarquable, jusqu’à la maîtrise totale de l’acquisition en jeu. Ces processus d’apprentissage contribueraient à l’élaboration d’un « soi » corporel bien intégré, équilibré dans ses parties et dans son tout, ainsi qu’à l’affirmation de celui-ci.

Pour étayer l’hypothèse de la part importante que prendrait l’activité propre du bébé, en complément des expériences de relations avec son environnement, M. David fait référence aux documents vidéos de l’Institut Emmi Pikler sur les activités posturales et motrices des bébés. Elle écrit :

«Ces activités motrices et manuelles sont des modes d’exploration, de prise de connaissance, constituent en elles-mêmes des processus cognitifs et sont à la source et au service de toute une activité mentale qui se développe au même rythme que le développement sensori-moteur, qui en est le support. » (p.74)

Ainsi l’activité motrice, corporelle, serait la forme de pensée du bébé, dans la mesure où elle donnerait lieu à des « opérations mentales » d’abstraction, se produisant à l’occasion de répétitions de séquences qui déclencheraient un état émotionnel et un état d’attention particuliers. Il se produirait ainsi tout un travail de mémorisation, déduction, anticipation et établissement de liens (de corrélation puis de causalité). Mais aussi un travail d’exploration,

145 DAVID M., (1997), op. cit.

146 MAHLER M., PINE F., BERGMAN A., GARON-LEONARD J., (1980) tr.fr., La naissance psychologique de l'être humain : symbiose humaine et individuation , Payot, Paris

d’analyse, de synthèse, de découvertes successives de parties, d’abord éparses, puis qui se relient entre elles, se rassembleraient peu à peu ou se fixerait dans une représentation de « lui-même », « l’autre », des objets, de leurs rapports entre eux.

On trouve aussi des modèles selon lesquels le bébé n’a pas d’emblée de « sens du soi » proprement dit, mais plutôt qu’il ressent « divers états individuels comportementaux » (A.

Burnell147 ). M. David parlait de « nébuleuse subjective ». Selon ce point de vue, la subjectivité du bébé ne serait pas intégrée, unifiée, avant que ses « états individuels » ne soient rassemblés dans des unités constituant un « moi-sujet émergeant ».

Jusque là, l’éprouvé subjectif identitaire correspondrait à une somme d’expériences subjectives, non reliées entre elles, tel « un tas de billes »148. A ce sujet, D.W. Winnicott149 précise que cet état de non-intégration n’est pas similaire aux processus de désintégration d’un état préalablement intégré, ni à un mécanisme de clivage. Il s’agit d’un état primitif et certaines expériences subjectives peuvent demeurer, c’est-à-dire être « enregistrées », ainsi.

1.4.2 Le bébé et l’indifférenciation

Certains auteurs, dont R. Spitz150, considèrent qu’au stade pré-objectal, le bébé ne discrimine pas que l’adéquation – ou l’inadéquation, vient de l’objet.

Cette approche pose d’une façon différente le problème de l’indifférenciation. Il semble qu’au stade précoce du développement, il s’agisse moins d’indifférenciation que de difficulté de discrimination et d’attribution chez le bébé, lorsqu’il est aux prises avec une expérience d’activation d’états affectifs paroxystiques. Le problème semble plutôt résider dans la faible capacité du bébé à attribuer « l’agent » des actions et des premières formes d’émotions. L’espace subjectif propre du bébé est sans cesse menacé d’empiètement et de confusion entre ce qui émane de lui et lui « appartient » et ce qui vient de l’objet ou de l’environnement premiers.

Les travaux des neuroscientifiques151 ont depuis quelque temps rejoint les préoccupations des chercheurs en psychopathologie, à propos de l’appropriation subjective et de l’élaboration discriminative. Autrement dit, l’avènement de la capacité à repérer ce dont soi-même est l’agent, et ce qui appartient à « un autre », différencié de soi. Bien qu’il convienne de demeurer très circonspects vis-à-vis des résultats récents des recherches en ce domaine, il semble que le bébé disposerait d’emblée de neurones spécifiques, appelés

« neurones-miroirs », qui lui permettraient d’identifier les actions de l’autre et de lui-même.

Le problème est que ces neurones s’activeraient de façon identique lorsque le bébé produit lui-même quelque chose et lorsqu’il ne fait que percevoir le produit d’une action d’un autre.

Ainsi produire quelque chose ou ressentir les effets de la production d’un autre aurait

147 BURNELL A., ARCHER C., (2008), Traumatisme, attachement et permanence familiale : la peur peut vous empêcher d’aimer, Texte non encore publié

148 BICK E., (1968), The experience of the skin in early object relations, Int.J.Psychoanal., 49, 484-6. Tr.fr.HAAG G.et M., Les expériences de la peau dans les relations d’objet précoces , in MELZER D. et col, (1980), Exploration du monde de l’autisme, Payot, Paris

149 WINNICOTT D.W., (1970), Le processus de maturation chez l’enfant, Payot, Paris

150 SPITZ R., (1958), La première année de la vie de l’enfant : genèse des premières relations objectales, PUF, Paris

151 Ces travaux seront présentés plus loin, néanmoins, sur le point spécifique évoqué ici, voir : SROUFE L.A., (1996), Emotional development : the organization of emotional life in the early years, Cambridge University Press, New-York

le même résultat sur le plan neuronal. Ce serait dans une autre partie du cerveau que s’effectuerait l’opération secondaire de discrimination et d’attribution de l’agent véritable de la production, ainsi que du vécu émotionnel. Cette partie ne serait pas présente d’emblée, mais se développerait progressivement, au cours du développement.

A l’époque où la capacité de discrimination n’est pas franchement établie, le rôle de l’environnement est de faire en sorte que, lorsque l’expérience subjective qui découle d’un événement est chargée de déplaisir, le problème de l’attribution ne se pose pas de façon trop dangereuse pour la position narcissique du bébé. En effet, puisque le bébé est source de la pulsion et l’origine des comportements d’appel, il se vit comme « responsable », si l’on peut dire, de la qualité de ce qui fait retour. Au-delà même, il se représente comme étant à l’origine de tout. Comme le rappelle M. Berger (p. 86)152,

« Il ne sait ce qu’il est et fait qu’à partir du miroir que représente le monde extérieur, ici le visage maternel. Pour lui, le monde n’existe pas comme tel et il n’est que son Moi, ou plus exactement, le monde organise son Moi . » Ainsi, si l’enfant émet un message qui ne reçoit pas de réponse, le résultat interne sera l’annulation du sentiment d’avoir produit quelque chose. Autre expérience également source de détresse : dans le cas où le message envoyé reçoit effectivement une réponse, mais une réponse inattendue, inadéquate, le ressenti de l’enfant sera d’avoir lui-même produit une communication inadéquate. L’éprouvé de souffrance est alors double, issu des effets croisés de la persistance de l’état d’insatisfaction et du sentiment de sa propre incompétence, car il n’en perçoit pas la cause du côté de l’inadaptation de l’autre, mais de la sienne. Ainsi il se vit comme incapable de faire advenir le bon environnement dont il a besoin, ou plutôt comme capable de ne faire advenir que du « mauvais ». Ceci participe à la constitution d’une « culpabilité primaire 153 », narcissiquement intolérable.

Freud avait évoqué dès 1923154 un « sentiment de culpabilité inconscient », qui jouerait un rôle économique primordial dans la réaction thérapeutique négative. Il écrit (p.294) :

« Contre l’obstacle du sentiment inconscient de culpabilité, l’analyste livre un combat qui n’est pas facile. Directement, on ne peut rien contre lui, et indirectement rien d’autre que dévoiler lentement ses fondements inconscients refoulés de sorte qu’il se transforme peu à peu en sentiment de culpabilité conscient. » Il en étudie les manifestations paroxystiques dans la mélancolie, où (p. 296) « le moi n’élève aucune protestation, il se reconnaît coupable et se soumet aux châtiments.(… ) », ceci parce que « l’objet qui s’attire la colère du sur-moi est englobé par des identifications dans le sur-moi ». Cette proposition est à mon sens tout à fait fondamentale, je tenterai d’ailleurs de la mettre à l’épreuve de ma clinique un peu plus loin. R. Roussillon155(1991) a repris les hypothèses freudiennes, mais à un niveau plus nettement métaphorique. Partant de l’auto-intoxication des unicellulaires, il envisage de manière similaire le fonctionnement mental confronté à la question du traitement des produits du fonctionnement mental qui risquent de l’intoxiquer – et on pense par exemple à l’angoisse. Pour Roussillon, à la suite de Freud, le premier mode de traitement de ce qui fait effraction, de ce qui menace le psychisme et à ce titre est de l’ordre du traumatisme, est le retournement de passif en actif : face à un traumatisme qui est subi dans l’impuissance, le mode premier de protection serait de se rendre maître du traumatisme en l’agissant

152 BERGER M., (1990), Des entretiens familiaux à la représentation de soi, Editions du Collège de Psychanalyse Familiale, Paris

153 Voir infra chapitre 3 § 3.3.2. « Relations à l’objet externe et culpabilité » 154 FREUD S., (1923), op. cit.

155 ROUSSILLON R., (1991), Paradoxes et situations limites de la psychanalyse, PUF, Paris

soi-même. Plutôt se faire souffrir que subir la souffrance. Ce type de fonctionnement éclaire le mystère du masochisme.

Mais il permet également de faire le lien avec une évolution de ce mécanisme selon laquelle, au lieu de s’infliger à soi-même le traumatisme, on le fait subir aux autres, et en particulier aux autres auxquels on peut s’identifier. C’est l’identification à l’agresseur.

Mais revenons à ce mécanisme premier où le sujet s’attribue la souffrance qui en fait lui est infligée. Cette « fausse attribution » s’installe d’autant plus facilement que la différenciation entre soi et l’autre n’est pas encore établie. L’origine de la souffrance n’est dès lors pas située du côté des défailllances de l’environnement maternant, mais du côté du sujet : telle est l’origine de la culpabilité primaire, et plus précisément du côté de l’instance jugeante qu’est le Surmoi. L’activité de ce surmoi « cruel » a également pour effet, en retour, de perpétuer la confusion moi/non moi.

Selon M. Berger156, ceci peut rappeler la notion de pictogramme originaire, élaborée par P. Castoriadis-Aulagnier 157 . Il indique que, d’après cet auteur :

« les perceptions s’organisent sous la forme de la représentation d’une dualité

« zone sensorielle-objet cause de l’excitation », par une imago qui les met en scène comme une entité unique et indissociable. (...)Le pictogramme n’est rien d’autre que la première représentation que se donne d’elle-même l’activité psychique par sa mise en forme de l’objet-zone complémentaire. »

Il traduit en d’autres termes et corrobore ainsi l’exposé précédent :

« L’illusion que toute zone auto-engendre l’objet à elle conforme, fait que le

déplaisir résultant de l’absence d’objet ou de son inadéquation, par excès ou par

défaut, va être ressenti comme absence, excès ou défaut de la zone elle-même.

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