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II.3. Construction du soi et acquisitions mémorielles

II.3.2.3. LES SELFS-SCHEMAS : LA REPRESENTATION DE NOTRE MONDE

Ce que les sujets croient d’eux-mêmes, selon Strauman (1990), « est supposé avoir une base dans l’histoire de leurs interactions sociales et de leurs conséquences émotionnelles » (Monteil, 1993 ; p.58). De ce fait, nous accumulons tout au long de notre vie des savoirs et des croyances, des orientations de soi personnelles qui nous façonnent, mais par-dessus tout, qui nous poussent à avoir tel ou tel comportement dans une situation actuelle.

Ces orientations de soi sont supposées être des représentations de situations d’expérience de vie émotionnellement signifiantes, d’évènements donc de contextes sociaux dans lesquels l’individu a fait l’expérience de conséquences émotionnelles. On peut les comprendre comme une fonction d’un processus de conditionnement ou alternativement comme une manifestation de l’accessibilité de la connaissance. (Monteil, 1993 ; p.59)

II.3. Construction du soi et acquisitions mémorielles 80 Chapitre II : Approches psychosociologiques des phénomènes identitaires

Lorsqu’un individu est mis en présence d’une information et qu’il l’archive, il existe différentes structures pour organiser ce processus : des frames (Minsky, 1975), des scripts (Abelson, 1975) et des schémas (Bobrow & Norman, 1975 ; Stotland &

Canon, 1972 ; Tesser & Conlee, 1975). Ces structures lui permettent donc d’organiser la masse d’informations qu’il perçoit, en fonction de différentes variantes, dans notre cas, nous souhaitons nous intéresser plus particulièrement à l’information qui à un rapport à soi, structures que Markus (1977) appelle les self-schemas :

Les self-schemas sont des généralisations de connaissances sur soi issues de l’expérience passée, qui organisent et guident le traitement de l’information relative à soi qu’apportent les expériences sociales. (Markus, 1992, p.78)

Les self-schemas peuvent avoir une forme de représentation cognitive spécifique, celle où l’individu a été impliqué, comme une situation passée et la réaction qu’elle a suscitée, ou une représentation cognitive générale, qui est issue du caractère redondant de certaines catégorisations ou évaluations, comme les qualités ou les défauts que l’individu pense avoir. Ces self-shemas permettent à l’individu de se construire une représentation de lui-même en fonction de ce qu’ils représentent, mais ils influencent aussi toutes les entrées qui parviennent au sujet sur lui-même.

Ainsi, au fur et à mesure que des informations semblables parviennent au sujet, le self-schemas devient de plus en plus solides et résistent mieux à des informations contradictoires (avec celles encodées précédemment), cependant, le sujet ne devient pas totalement immunisé contre ces entrées contraires à ce qu’il pense être. Ces self-schémas « reflètent les invariances repérées par les individus dans leur propre comportement social » (Markus, 1972 ; p.79).

Synthèse du Chapitre II 81 Chapitre II : Approches psychosociologiques des phénomènes identitaires

Synthèse du Chapitre II

A travers ce chapitre, nous avons essayé de définir les questions relatives à l’identité et au soi, car nous envisageons le parfum comme un élément appartenant à la construction identitaire, ainsi qu’à la mise en scène de soi. Nous nous sommes référé à Mead (1963) pour qui le soi se façonne dans l’expérience sociale de ce dernier, lorsque l’individu s’éprouve en se confrontant aux regards des autres, lorsqu’il devient un objet pour lui-même, au même titre que les autres apparaissent comme des objets pour lui. Cette notion est reprise par Rodriguez-Tomé (1972), par le biais de son modèle « Le moi et l’autre », où le concept de soi est avant tout social, sans véritable concours de la personne elle-même. Selon Ziller (1973), le concept de soi est appris et c’est ainsi que se créent des « délimitations du soi » au cours du temps, qui sont fixées, voire imposées par les pressions extérieures de l’environnement social. Tandis que Bugental (1949) introduit et explique le concept de soi comme un système perceptuel appris, et qui fonctionne comme un objet à l’intérieur du champ perceptuel.

La construction de l’individu passe par la construction de son soi, en fonction de l’articulation de ces processus mémoriels fondamentaux, il y a donc une traduction de l’histoire sociale et affective de l’individu au sein de la mémoire permanente de l’homme. Or, l’individu est influencé par ces souvenirs, puisque ces derniers le constituent socialement et individuellement. Ainsi, Neisser (1988), explique qu’il y une interconnexion entre le développement de la mémoire et le développement social : la mémoire autobiographique lie la conscience de ses propres états subjectifs avec la perspicacité à l’égard d’autrui. Markus (1992) introduit la notion de self-schémas, où les représentations cognitives des individus deviennent générales et lui permettent d’appliquer des comportements-types en fonction des situations auxquelles il est confronté.

Ces notions sont fondamentales pour notre recherche positionnée au centre de la représentation que l’on a d’autrui, mais aussi de soi, au travers de ces différents processus mémoriels qui permettent à l’individu de se fier à ses expériences passées pour s’orienter dans son présent. Lorsque l’individu est dans une situation de communication il se réfère à ces différents processus mémoriels, qui lui permettent d’inférer du sens à ce qu’il vit présentement.

Nous pouvons donc déduire qu’il existe des similitudes entre l’apprentissage olfactif, et la construction identitaire et celle du soi de l’individu, en effet, nous

Synthèse du Chapitre II 82 Chapitre II : Approches psychosociologiques des phénomènes identitaires

façonnons nos expériences olfactives sur des préférences en termes d’odeurs, mais aussi sur des informations que nous leur avons associées. Il en est de même pour la construction du soi de tout un chacun, l’individu est perpétuellement influencé par ses souvenirs et ses acquisitions mémorielles au cours de son évolution. Nous approfondirons lors du chapitre suivant les spécificités du stockage des données olfactives, afin de comprendre quels en sont les rouages physiologiques.

Introduction au Chapitre III Chapitre III : Approches des mécanismes perceptifs de l’odorat : de la sensation 83

au stockage en mémoire de ces données

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