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Le patrimoine domestique de la Médina de Marrakech : Origines, patrimonialisation, gentrification et mise en

Section 2. La Medina de Marrakech : genèse et transformations de l’espace urbain depuis sa création

I. Les origines de la maison à cour intérieure

L’habitat traditionnel de Marrakech peut être vu comme le croisement de deux modèles : celui de la maison construite autour d’un espace régulier ouvert sur le ciel, le wast ed-dar75, et celui du jardin clos ou riad, qui n’a pas toujours été confondu avec l’habitation. La maison à cour intérieure est perçue comme un héritage des traditions grecques et romaines que l’Islam aurait adoptées, développées et répandues autour de la Méditerranée (Marçais, 1954).

Pourtant des fouilles effectuées au Proche-Orient ont révélé les plans de maisons à cour intérieure datant du quatrième millénaire avant J.C., où la composition rigoureusement symétrique et la répartition axiale des pièces autour de l’espace central semblent déjà préfigurer le modèle musulman (Aurenche, 1981).

Olivier Aurenche a pu suivre la naissance et le développement de ce type de plan qu’il appelle « plan complexe de type Obeid » depuis le sixième millénaire sur deux sites Grawa et Eridu ( Aurenche, 1981, p. 201-202).

Plus récemment, le palais de Mari76 en Syrie se présente comme une savante imbrication de cours intérieures autour desquelles s’organisent les pièces. Le palais royal d’Ougarit (13ème siècle av. J-C.) s’organise autour de six cours dont plusieurs sont ouvertes d’un côté par un portique à doubles colonnes (ibid.).

Les civilisations urbaines naissantes en Mésopotamie ont vu se développer ce type d’habitat qui, tout en préservant l’intimité des familles, permet aux maisons de se coller les unes aux autres et profiter ainsi du maximum de surface des parcelles disponibles à l’intérieur des enceintes (Marçais, 1954). Bien adaptée à un climat tempéré chaud, la maison à patio s’est développée autour de la Méditerranée, adoptée et développée par les différentes civilisations qui s’y sont succédées (ibid.).

75 Signifiant « Cour de la maison » dans le dialectal marocain.

76 Le palais royal de Mari, également appelé, abusivement, palais de Zimrî-Lîm, est un palais de Mari, construit pendant la période des shakkanakku (XXIIe – XIXe siècles av. J.-C.). Le palais mesure 200 mètres de longueur pour 120 de large. Il couvre un espace de 2,5 hectares, découpé en près de 300 pièces. Il disposait d'au moins un étage, voire deux. (« En Syrie, le plus ancien palais de l’humanité détruit par l’organisation Etat islamique », sur Le Monde.fr, 29 mars 2018)

André Bazzana (1992) a étudié l’habitat médiéval de l’Espagne Orientale, et par comparaison avec les relevés effectués dans les villes du nord du Maroc et les plans de certaines maisons médiévales que de fouilles récentes ont révélés, il a analysé la structure de la maison à cour intérieure qu’il a retrouvée, tant dans les grandes demeures bourgeoises que dans les maisons populaires. Selon lui, « … dans le monde islamique, et peut-être dans un monde méditerranéen dont les sources se trouvent au Proche-Orient ancien, l’espace central de la maison est le pôle sociologique et culturel autour duquel s’organisent et se différencient les cellules d’habitation. Le wast ed dar, ou wast al hus, est en effet le cœur de la maison, l’élément principal autour duquel s’organise la vie familiale. La maison qui rassemble la famille agnatique placée sous l’autorité de l’aïeul, se décompose structurellement en deux unités : le wast ed dar central ou latéral, et le mur périphérique, le hayt barrani qui isole de l’extérieur » (1992).

La question du modèle de l’habitat traditionnel au Maroc n’est pas tranchée.

Une première hypothèse stipule qu’il a été réimporté tardivement à partir de l’Espagne musulmane. Une seconde précise que l’évolution des modèles maghrébins et andalous a été parallèle et complémentaire (Bazzana, 1992). « Il est évident que les liens entre les deux mondes n’ont jamais cessé au-dessus du détroit, et bien que l’histoire nous ait légué de témoins de la richesse architecturale des palais andalous, rien ne permet d’affirmer que l’architecture ne s’est pas également développée au Maroc ». Bazzana (1992).

Cependant, vu la profonde influence qu’eue la culture andalouse sur le premier grand bâtisseur de Marrakech, Ali Ben Youssef, on peut déduire l’importation pure et simple des modèles espagnols à partir du XIème siècle (notamment de la mosquée Ibn Youssef, portant son nom) (figure 15). S’il est probable que les palais, les mosquées et les grandes demeures bourgeoises ont pu être calqués sur l’architecture d’Al-Andalous, l’habitat populaire n’est certainement que la répétition du modèle local (Wilbaux, 2001, p.66).

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Figure 15 : Cour intérieure de la Medersa Ben Youssef probablement inspirée du modèle andalou.

Source : Joseph de La Nézière, Les monuments mauresques du Maroc, Volume1, 1922.

La ville de Fès au nord, tout comme les villes du sud comme Aghmat Sijalmassa, ou Neffis, avait développé un habitat urbain depuis quelques siècles. Il existe peu de choses sur l’architecture domestique de ces villes à l’époque de la fondation de Marrakech. Mais connaissant les liens étroits entre les villes de commerce de chaque côté du Sahara, ne peut-on imaginer certaines influences entres les villes du sud et celles du nord ? A Tombouctou, mais également à Djenné ou à Gao, par exemple, les maisons sont centrées sur les patios. Le relevé d’une maison de Tombouctou présenté par V.Pâques, montre des pièces barlongues entourant un patio auquel on accède de la rue par une entrée en chicane dans laquelle se trouve un escalier ou une échelle pour accéder à la pièce d’étage construite au-dessus de l’entrée. Cette pièce, ouverte par une fenêtre vers la rue rappelle la disposition de la

« douiria » si caractéristique de Marrakech (Pâques, 1994, p.171).

Un parallèle peut également être fait avec les maisons du Caire (figure 17).

Des fouilles entreprises en 1912 dans l’ancien quartier d’Al-Fustat ont mis à jour des maisons fatimides contemporaines de la création de Marrakech. Leur structure symétrique plaçant face à face autour d’un wast ed-dar (centre de la maison)

orthogonal des espaces de réception précédé ou non de galeries, est proche du modèle de l’habitat traditionnel ancien de Marrakech (Wilbaux, 2001, p.67).

Certaines contraintes religieuses ou sociales ont pu favoriser le développement d’un habitat centré sur la protection de l’intimité familiale. Germaine Tillion (1996) parle d’une « sacralisation de l’espace » qui protège la maison et dont l’inviolabilité se confond avec l’honneur appelé la horma.La maison à wast ed-dar est aussi, pour certains, le symbole matérialisé d’une société basée sur la réclusion des femmes (Tillion, 1996, p. 163-140).

La maison centrée est le domaine de la femme et de la famille, dont l’homme est le garant. Fermée sur elle–même, la maison est refuge ; protection mais aussi prison. C’est par le mariage que l’homme rentre pleinement dans son rôle de propriétaire et de protecteur, et qu’il « s’impose comme le premier défenseur de la dignité de sa maisonnée ». La maison, par son plan, exprime pour l’homme « une volonté souterraine de mieux assurer sa domination sur la femme » (Tillon, 1996).

Ces comportements, ainsi que l’organisation spatiale qui y correspond, seraient antérieur à l’avènement de l’Islam. La religion servirait ainsi de « caution » au maintien de comportements sociaux archaïques. Mohamed Boughali écrit : « on aurait sans doute enregistré la même organisation spatiale de la maison marocaine traditionnelle, ainsi que les réactions psychologiques qu’elle entraîne, sans l’Islam »77.

André Raymond résume ainsi la question du rapport de la maison à wast ed-dar et de l’Islam : « il s’agit donc d’un type qui d’une part très ancien (on reconnait sa large diffusion dans les villes de l’orient antique et dans les cités grecques et romaines); mais qui est d’autre part si remarquablement adapté à la société musulmane qu’il a connu une extension remarquable dans les régions arabisées du monde méditerranéen » (Wilbaux, 2001, p. 68) .

77 Mohamed Boughali, « La représentation de l'espace chez le marocain illettré : mythes et tradition orale », Paris, Éditions Anthropos, 1974 [compte-rendu].

115 II. Les origines du riad

Le Maroc compte sur son territoire une trentaine de villes avec des Médinas.

Depuis le Protectorat, ces Médinas ont été déclassées, marginalisées voire complétement détruites. La déqualification de leur fonction résidentielle et la dépréciation de leur urbanité les ont ramenées à de simples quartiers sous-équipés dans des agglomérations marocaines étalées et polycentriques. Depuis une trentaine d’années, le regard porté sur les Médinas devient positif. La remise en valeur des deux Médinas de Marrakech et de Fès a encouragé leurs considérations culturelles et patrimoniales, touristiques, économiques et politiques (Kurzac-Souali, 2012).

Dans ces villes comme dans les pays au sud de la Méditerranée, le riad comme forme de jardin clos et intime est lié à l’imaginaire du bonheur terrestre que l’on est tenté, bien au-delà de l’Islam qui en a multiplié l’image, de lier son origine à celles des premières civilisations. Qu’il serait, donc, l’origine du jardin clos ?

Le résultat des fouillessur les sites mésopotamiens confirme que l’origine du jardin clos est persane. D’ailleurs, le mot arabe « El boustan » terme courant pour désigner le jardin est nettement d’origine persane78. On a trouvé les traces de jardins à l’intérieur de plusieurs palais à Mari (à l’extrême sud-est de la Syrie) et à Ras Shamra79 (près de Lattaquié en Syrie). Dans la grande cour du palais d’Ougarit80 à Ras Sharma on a découvert les traces d’un jardin de 22m sur 15m environ. Ce sont pour le moment les plus anciens vestiges de jardins clos. Pourtant ; il n’est pas prouvé jusque-là qu’ils soient considérés comme des archétypes du riad musulman. La division axiale en quatre parties qui en est une particularité essentielle n’y est pas apparente (Wilbaux, 2001).

Les miniatures persanes ont souvent pris pour cadre ou pour sujet le jardin lieu de méditation et de plaisir. La composition géométrique, l’omniprésence de l’eau, la division quadripartite y sont fréquemment représentées (figure 16). Le modèle du riad a même servi de thème à la réalisation de tapis dont un très bel exemple se trouve au musée de l’homme à Paris (Roux, 1977)81. Le jardin persan a

78 Le terme « jenna » indiquerait un jardin potager avec des orangers, des palmiers, des vignes, alors que le mot « Boustane » indiquerait un jardin de fleurs formellement conçu (selon Herzfeld).

79 Selon O. Aurenche, op. cit. (cfr Schafffer, 1962, 15-17)

80 Cette capitale de l'ancien royaume homonyme était au débouché d'une route qui joignait la mer Méditerranée au bassin

mésopotamien, entre l'Empire hittite au nord et la sphère d'influence égyptienne au sud. Elle connait son apogée au tournant du IIe millénaire av. J.‑C. (Marguerite Yon, 2008).

81 Cité par Wilbaux, 2001.

servi de modèle à de multiples interprétations que l’on reconnait jusqu’en Inde. En orient on l’appelle « Chahar Bagh » ce qui signifie littéralement « quatre jardins » (Rous et al., 1977).

Figure 16 : Le modèle El Boustane montrant la composition géométrique, l’omniprésence de l’eau et la division quadripartite. Jardin Hafezieh, Shiraz, Iran, 2005

D’autre part, bien qu’ils soient encore célèbres aujourd’hui, les jardins de l’Espagne musulmane sont profondément remaniés par la Renaissance qui cache ses traces originelles. Le jardin clos de plan cruciforme est attesté en Andalousie dès le Xè siècle, à Madinat El-Zahra dans « la maison de marbre ». On le retrouve également à l’Aljaféria de Saragosse (XIè siècle,) où deux corps de bâtiments sont séparés par un riad dont les allées sont encore visibles (Gomez-Moreno, cité par Wilbaux, 2001)82 (figure 17).

82 Gomez-Moreno, in Ars Hispaniae, III, pp 279-280 et fig. 333 (cité par Wilbaux, 2001)

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Figure 17 : Palais l’Aljaféria de Saragosse avec jardin clos de plan cruciforme, 2017.

Source : http://www.spainisculture.com (consulté en juillet 2018).

Près de Murcie, dans les ruines du Castillejo de Monteagudo, créé par Ibn Mardanich au XIIè siècle (1147- 1171) la structure du riad est très clairement repérée (Ibid.). Le patio del crucero à Séville était construit sur le même principe, son organisation primitive remonte au XIIè siècle (Ahaman et Cambazard-Amahan, 1999).

Durant les travaux de restauration du patio de l’Acequia dans le Généralife, en 1959, un jardin primitif a été découvert, il serait du XIIIè siècle. Son implantation quadripartite avec les cheminements se coupant à angles droits surplombant le niveau des parterres le rattache indéniablement au modèle du riad et même peut-on penser que la cour des lions de l’Alhambra de Grenade aurait été elle-même, à l’origine, un riad planté de massifs de fleurs (Wilbaux, 2001, p. 70)

Q. Wilbaux mentionne dans son ouvrage La Médina de Marrakech, formation des espaces urbains d’une ancienne capitale du Maroc (2001), que le plus ancien riad actuellement retrouvé au Maroc est celui mis à jour par H.

Terrasse83 et J. Meunité à Marrakech dans les années 1990 et qui faisait partie du palais d’Ali Ben Youssef datant du début du XIIème siècle. De plus, un jardin clos

83 Henri Terrasse, né le 8 août 1895 à Vrigny (Loiret) et mort le 11 octobre 1971, est un archéologue et historien français. en 1935, il est nommé chef de service des monuments historiques du Maroc, où il met toute sa compétence à la restauration et à la protection du patrimoine artistique marocain, et ce jusqu'à son départ du Maroc. En 1941, il est nommé directeur de l'Institut des hautes études marocaines, et, en 1945, il succède à Georges Marçais dans la chaire d'archéologie musulmane à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines d'Alger. Il quitte définitivement le Maroc en 1957. Il prend la direction de la Casa de Velázquez jusqu'à sa retraite, en 1965.

au Xème siècle a été exhumé dans les fouilles récentes de Belyounech, près de la ville marocaine de Ceuta (Wilbaux, 2001, p71). Ce jardin entouré de petits canaux d’irrigation ne présente cependant pas la division, en quatre parterres du riad classique, mais il atteste l’existence d’une tradition du jardin privé au Maghreb avant les créations almoravides de Marrakech où l’influence andalouse est évidente (Ibid.).

Marrakech plus que toute autre ville marocaine, a systématisé l’usage du riad jusque dans ses plus modestes habitations (Deverdun, 1959). On suppose que les modèles architecturaux ramenés d’Andalousie par les conquérants Almoravides n’aient fait qu’apporter un peu d’architecture. Cependant la géométrie et le décor correspondent à un modèle d’habitat qui préexistait dans les agglomérations urbaines du Haouz (Wilbaux, 2001, p. 72).

A moins de 100 km de Marrakech, des fouilles effectuées en 1960 à 1964 à Chichaoua par P. Berthier ont révélé deux agglomérations du XIIè siècle dont l’une comportait un quartier de vastes habitations avec de nombreux jardins et riads.

D’autres villes marocaines pouvant avoir abrité des riads, tels que Salé, Rabat, etc.

(figure 18), sont moins explorées dans ce sens mais dont le modèle est presque identique à celui des riads de Marrakech.

Figure 18 : Riad Zouaoui à Salé, 2015.

Source : Belles maisons traditionnelles de Rabat-Salé, 2015.

119 III. Le riad et le dar en Médina de Marrakech

L’espace de la Médina de Marrakech représente un tissu continu de différentes formes d’habitations. Les maisons traditionnelles appelée les dars, le riad, le caravansérail appelé foundouk et plusieurs palais constituent autant d’habitations regroupées en quartiers appelés houma. On y accède par des ruelles étroites bordés par des murs qui sont percés de portes de bois cloutés. Les rares fenêtres installées dans les murs des maisons n’éclairent souvent que des espaces secondaires tels que les escaliers ou les pièces de services (Deverdun, 1959).

Le dar, ou la maison traditionnelle de la Médina de Marrakech constitue la base de la structure des quartiers d’habitat. Il est construit autour d’une cour intérieure sous forme d’espace ouvert appelé le wast-ed dar (centre de la maison).

Si l’architecture des dars est simple voire rurale et peu raffinée, les wast-ed dar sont plus spacieux, ouverts et aérés et sont plantés d’arbres pour la plupart adoptant le modèle du jardin quadriparti des riads au centre des maisons (Wilbaux, 2001.p.55).

Toutes les maisons de la Médina sont construites sur le même modèle, fermée sur l’extérieur et disposant d’un espace central et découvert à savoir le wast ed- dar. Cet élément architectural permet d’éclairer toutes les pièces de la maison construites autour de lui. C’est également un élément définissant la classe sociale du propriétaire et de la famille. Les façades neutres des maisons sont généralement partagées entre toutes les maisons mais c’est la taille, les proportions et le décor de la maison qui déterminent si la maison est un riad, un dar ou autres. Il est marqué par une composition de revêtements précieux en marbre ou zellijs84 entourant une fontaine. La cour a été de tout temps l’un des éléments majeurs, souvent même le premier à recevoir le plus d’embellissement et de soins (Touri, 1987, p.359).

La cour est également une source d’admiration du visiteur. Les façades qui l’entourent sont souvent identiques ou dessinées deux par deux de façon symétrique. Un axe principal de composition existe entre les deux pièces principales (salons appelés bit diaf) destinées aux visiteurs et les côtés latéraux sont réservés aux locaux de services entourant parfois le b’hou (alcôve) et la fontaine (Wilbaux, 2001, p.56).

84 Au Maroc, petit morceau de céramique émaillée, pour l'ornementation.

Le dar et le riad sont les deux modèles d’habitat principaux en Médina de Marrakech. Contrairement au riad dont le wast ed-dar est occupé en grande partie par un jardin planté d’arbres autour d’une fontaine, le dar est une maison dont l’espace central n’est pas planté mais qui dispose également de fontaine. Si les riads sont naturellement plus spacieux et situés dans des quartiers plus riches, les dars sont des petites maisons concentrées dans des quartiers denses et pauvres de la Médina. Autour de la moquée Ben Youssef et dans le quartier Elmouassine, en l’occurrence, la présence des riads est beaucoup plus importantes du fait de sa localisation géographique proche du centre de la Médina. Historiquement, les habitants riches (commerçants venant de Fès et notables pour la plupart) ont adopté les riads comme modèle d’habitat urbain plus compacte inspirés des autres grandes villes marocaines telles que Fès (Touri, 1987, p.360).

Wilbaux distingue deux types principaux de dars en Médina de Marrakech : d’un côté, une maison à patio habitée par une population pauvre et constituée de pièces qui entourent le wast ed-dar d’une dimension de 10 à 20m2. Ces petites maisons sont souvent le résultat de morcellements d’anciennes propriétés plus grandes ou d’anciens riads. Certains sont en effet des anciens riads avec patios de 20 à 50 m2 dont on a retiré les arbres. A l’opposé, la maison du riche est une maison à l’architecture et au décor soigné. Il peut disposer d’étage et a généralement un patio de forme carrée dont les pièces sont précédées par des galeries sur les quatre côtés. La fontaine y fait l’objet d’un soin particulier avec une vasque de marbre blanc et de zellij.

A l’origine, le riad (d’autres orthographes différentes sont utilisées : riyad, riadh ou riyadh) est un jardin clos disposant de quatre parterres autour d’une fontaine. Ce jardin faisait souvent partie d’un ensemble plus vaste (demeure ou palais à plusieurs cours et patios). A Marrakech, le mot désigne toute maison dont l’espace central ouvert sur le ciel est arboré (Touri, 1987, p 359). Pour plusieurs chercheurs (Wilbaux, 2001, Kurzac-Souali , 2006), ce qui fait la particularité de la ville de Marrakech c’est que le jardin clos ou riad est pris comme modèle d’habitat contrairement à d’autres villes comme Fès où il est considéré comme espace d’agrément et de prestige réservé aux grandes familles riches.

Dans sa définition du terme riad, Gaston Deverdun (1959) dit « J. Meunié a retrouvé un charmant petit jardin intérieur. Il comprend un bassin avec vidange

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et trop-plein, dont l'enduit était encore peint en rouge, et deux chemins en dess, qui, en se coupant au centre, délimitent quatre parterres rectangulaires ; de petites canalisations en poterie passaient sous le dess des chemins, pour que l'eau provenant du bassin puisse irriguer successivement les quatre rectangles. Les allées se terminaient, sauf du côté du bassin, par trois marches, permettant d'accéder au pourtour surélevé tout en allongeant la perspective ».

Si l’origine lointaine du riad est difficile à déterminer, l’hypothèse d’une importation andalouse reste vraisemblable. La tradition hispano-mauresque est soulignée dans ces vestiges par la richesse en eau qui court partout et la découverte pendant les fouilles d'un « magnifique » chapiteau omeyyade (Wilbaux, 2001, p.

Si l’origine lointaine du riad est difficile à déterminer, l’hypothèse d’une importation andalouse reste vraisemblable. La tradition hispano-mauresque est soulignée dans ces vestiges par la richesse en eau qui court partout et la découverte pendant les fouilles d'un « magnifique » chapiteau omeyyade (Wilbaux, 2001, p.

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