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Le patrimoine domestique de la Médina de Marrakech : Origines, patrimonialisation, gentrification et mise en

Section 2. Gentrification et gentrification par le tourisme. Quelques exemples

II. Outils des méthodes d’analyse

3- Cadre qualitatif de recherche :

Dans ce projet de recherche, notre unité d’analyse s’articule autour des riads-maisons d’hôtes de la Médina de Marrakech. Le choix d’une étude de cas répond à une stratégie de recherche « idiographique », qui cherche à comprendre un phénomène dans son contexte, plutôt que de chercher à établir des lois générales. L’objectif en est donc l’optimisation de la compréhension du phénomène (Gagnon, 2005). Elle vise à décrire en profondeur le phénomène et analyser les relations entre l’individuel et le social (Anadon, 2006).

Nous avons interviewé trois catégories de personnes. Procéder à cet échantillonnage diversifié émane de notre volonté d’étudier les différents contextes social, culturel et économique qui gèrent le rapport aux RMH en Médina de Marrakech selon des systèmes de valeurs, des visions et des représentations sociales diverses.

Population cible et terrains d’enquêtes :

Notre population cible est à la fois large et cosmopolite. Elle est composée de trois catégories d’enquêtés :

Catégorie 1 : Propriétaires et/ou gérants de RMH.

Catégorie 2 : Autochtones et anciens habitants de la Médina (ayant vendu leurs habitations pour aller s’installer dans la ville extra-muros).

Catégorie 3 : Touristes-clients des RMH, touristes, agents immobiliers, professionnels du tourisme, acteurs publics et associatifs.

La liste de nos enquêtés est cependant restée ouverte à toute personne ayant accumulé une connaissance (scientifique ou populaire) sur notre sujet. De plus, nous

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avons fait appel à une technique d'échantillonnage non probabiliste. Il s’agit de saisir les sujets de notre population cible qui sont disponibles. Cette technique d'échantillonnage est la plus pratique pour notre travail de terrain et la plus adaptée à nos moyens.

Afin d’assurer une meilleure représentativité de l'ensemble de la population cible, nous l’avons regroupée en plusieurs échantillons théoriques répartis sur l’ensemble des quartiers de la Médina. Nous avons essayé de décrire notre population afin d’expliquer notre position face aux individus laissés de côté pendant le processus de sélection et aussi ceux surreprésentés dans notre échantillon.

La collecte des données par entretien semi-directif :

Nous choisissons de procéder par entretien semi-directif, appelé parfois entretien compréhensif, ou entretien approfondi centré. Les nuances existent, mais l’esprit reste le même : un entretien d’une durée longue, s’inspirant d’une base de thèmes à aborder, mais restant très souple et flexible. Comme le rappellent trois spécialistes des représentations sociales, Moliner, Rateau et Cohen-Scali, dans leur ouvrage sur le pratique des études de terrain : « c’est probablement dans les entretiens individuels que les représentations sont les plus accessibles car c’est là qu’elles jouent pleinement leur rôle » (Moliner et al., 2002, p.25)

Les auteurs rappellent les trois intérêts majeurs du recueil des discours par entretiens, pour le chercheur en représentations sociales. D’abord, la temporalité de l’entretien permet d’accéder in vivo aux représentations sociales d’un groupe, au moment de l’étude. Ensuite, le contrôle puisque l’entretien donne au chercheur la possibilité d’obtenir des productions discursives de l’interviewer directement utilisables, orientées sur son thème de recherche. Enfin, la singularité, dans le sens que l’entretien permet de collecter des informations personnalisées, où s’expriment des points de vue et des émotions propres à l’individu. C’est la mise en perspective globale des discours qui permettra ensuite, dans un deuxième temps, de retrouver des éléments du contexte social commun (Moliner et al., 2002, p. 52)

Les étapes du déroulement d’un entretien :

Pour le déroulement des entretiens, nous avons suivi une démarche claire et simple. Concrètement, au début de chaque entretien, nous commençons par l’explication de l’objectif de l’étude et ses intérêts, l’importance des réponses, une présentation sommaire de différents axes de l’entretien, l’usage que nous allons faire des données et la démarche de déroulement de l’entretien. De surcroît, l’anonymat des réponses a été proposé à chaque acteur.

Les interviewés devraient avoir la liberté de choisir la date, l’horaire et le lieu.

L’idée étant de créer toutes les conditions confortables pour le bon déroulement de l’entrevue. De fait, les lieux d’entretien étaient variables. De plus, pendant les entretiens, les interviewés avaient la liberté de s’exprimer sur les axes proposés. Notre intervention se limitait à orienter les propos vers des éléments manquants. Pour Kaufmann (1996), il faut laisser l’informateur préserver son unité, sa cohérence, tout en l’encourageant aussi à analyser ses tensions internes. Le but était aussi de créer de la connivence, l’envie de parler.

En ce qui concerne la langue adoptée, les entretiens se sont déroulés majoritairement soit en l’arabe ou en français. L’enregistrement des entretiens s’est fait par un enregistreur électronique avec l’accord de chaque acteur. En somme, la durée moyenne des entretiens variait entre une demi-heure et une heure. Néanmoins, nous soulignons que dans quelques cas de touristes (Danois, Anglais...), l’échange s’est déroulé plutôt en anglais. Au cours de l’enquête, chaque axe de la grille appelle de nouvelles informations qui peuvent ou non amener de nouvelles questions. Nous avons veillé à combler activement les zones d’incertitude de notre étude.

La retranscription :

Pour éviter l’accumulation des retranscriptions et le travail fastidieux qui en découle, nous avons retranscrit les entretiens au fur et à mesure de leurs réalisations.

La retranscription s’est faite intégralement en français. Dans le même ordre d’idées, chaque entretien a fait l’objet d’un premier travail d’organisation, permettant d’établir une présentation du touriste, la date, l’horaire, le lieu de rencontre ainsi que les propos recueillis et répartis selon les différents axes de la grille. Ensuite, nous avons entamé la phase d’analyse en tachant d’établir le sens le plus précis, le plus étroit, et le plus strict des propos recueillis.

75 La grille d’entretien :

La grille devait permettre à « des sujets » variés de s’exprimer et de faire part de leurs représentations et leurs expériences. Autrement dit, elle devait refléter l’hétérogénéité culturelle et linguistique de nos informateurs. Jean-Claude Kaufmann (1996) soutient que « la meilleure question n’est pas donnée par la grille : elle est à trouver à partir de ce qui vient d’être dit par l’informateur » (Kaufmann, 1996).

De surcroît, la construction de notre grille d’entretien (Cf. Annexe 3) comporte plusieurs axes sous forme de questions ouvertes. Elle est toutefois souple et retrace l’ensemble des construits introduits dans les hypothèses. Cette grille est composée de trois axes de questions.

Axe 1 : Récit de vie, rapport à la Médina et au RMH et représentation autour de la mise en tourisme du patrimoine domestique :

Cet axe est dédié à la compréhension du rapport des répondants à la Médina de Marrakech et aux RMH. Nous en déduirons les nationalités des répondants, l’historique de leur installation en Médina et les motivations du choix du RMH comme structure d’hébergement touristique.

Une focalisation sera accordée aux stéréotypes avancés par les interviewés et comment ils organisent leur propres identifications ou inclusions au système de valeurs et croyances des groupes qui forment la population locale. Il est aussi question d’observer comment les stéréotypes permettent de gérer les flux incessants d’informations afin de donner un sens à la réalité perçue sur la Médina de Marrakech et sur les RMH.

Cet axe sera mobilisé aussi pour comprendre le regard porté par l’interviewé sur la Médina et ses habitations, le patrimoine bâti, et la mise en tourisme des habitations anciennes.

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