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Niveau herméneutique

49 SCHILLEBEECKX, Historia Humana, Revelaçâo de Deus, p 27.

5.2.3 Le Saint-Libération à l’œuvre dans l’histoire

L’Histoire du Salut cherche à s’incarner dans la réalité concrète de l’histoire de chaque peuple. La théologie de l’histoire que Romero s’évertue à enseigner à son peuple, consiste à discerner cette présence à l’œuvre dans les événements libérateurs et transcendants qui se produisent au cœur même de l’histoire profane et à contresens, en dénonçant tout ce qui s’oppose à la présence salvifique en ce monde comme projet du Malin et fruit du péché. La transcendance à l’œuvre dans l’histoire correspond, selon Pablo Richard, à tout ce qui nous permet de surmonter les limites propres à la condition d’opprimé et de mortel. Le transcendant apparaît, selon lui, comme tout ce qui nous libère de l’oppression. Ce qui fait qu’un événement historique à portée libératrice s’inscrit authentiquement comme une ouverture à la transcendance 63 64 Sur ce même sujet de la transcendance à l’œuvre secrètement dans l’histoire de l’humanité, Ellacuria rappelle que cette relation a souffert d’une interprétation erronée au cours des siècles de l’histoire chrétienne et que cette erreur perdure jusqu’à nos jours dans l’esprit de bien des gens.

On identifie le transcendant avec ce qui est séparé et ainsi on suppose que la transcendance historique est ce qui est séparé de l’histoire. La transcendance serait ce qui est situé au-dehors ou au-delà de ce que nous pouvons appréhender immédiatement comme réel, de sorte que le transcendant serait toujours l’autre, le distinct et le séparé, soit dans le temps, soit dans l’espace, soit dans son entité. Mais il existe une autre façon radicalement différente de comprendre la transcendance qui est plus consonante avec la manière dont se présente la réalité et l’action de Dieu dans la pensée biblique. Cette manière consiste à voir la transcendance comme quelque chose qui transcende «en» et non comme quelque chose qui transcende « de », comme quelque chose qui pousse physiquement à plus mais non à l’extérieur de, comme quelque chose qui lance mais qui en même temps retient. Dans cette conception, lorsque Dieu est atteint historiquement - et la même chose peut être dite lorsqu’on atteint Dieu personnellement - on n’abandonne pas l’être humain, ni l’histoire réelle, mais on s’enfonce dans ses racines. Ce qui était déjà effectivement présent, devient plus présent et plus efficace. On peut séparer Dieu de l’histoire mais on ne peut séparer de Dieu 63 10/02/80, p.216-218, Vffl.

64 Voir RICHARD, Pablo, « Teología en la teología de la liberación » dans Mysterium Liberationis, TI, ρ. 214-215.

F histoire. Dans F histoire, la transcendance doit être vue davantage dans sa relation nécessité-liberté que dans la relation absence-présence 65.

Le Christ s’est incarné dans notre histoire à une époque concrète. Sa venue ne fait pas référence à un temps mythique mais à une période historique bien réelle qui peut être étudiée, en un endroit qui se situe géographiquement et politiquement à la périphérie de l’Empire Romain, « en Fan quinze de l’empereur Tibère ». Dieu utilise l’histoire humaine à ses propres fins, sans faire de bruits, pour y réaliser secrètement son projet rédempteur. Jean le Baptiste y apparaît comme le héraut de Dieu qui collabore à cette oeuvre en annonçant la réalisation de la promesse messianique. Dieu utilise toujours les empereurs et les rois à ses propres fins mêmes si ceux-ci l’ignorent et s’opposent la plupart du temps à son Règne de paix et de justice. Au moment de l’Exil, Isaïe décrit Jérusalem comme le symbole de la cité de Dieu. Anéantie par les ennemis d’Israël, c’est Dieu lui-même qui la restaure avec l’aide de Cyrus, le roi des Perses. Les prophètes savaient très bien interpréter les signes de l’Histoire du Salut qui se déroulaient sous leurs yeux. Tantôt exilés, tantôt rachetés, ils n’ignoraient point la puissance de Dieu à l’œuvre et les raisons de son agir derrière tous ces événements, nous confie Romero.

Observez comment les événements des peuples sont employés par !Histoire du Salut pour semer chez les humains l'espérance, le repentir, le retour à Dieu, la joie de se sentir accompagné par Dieu dans l'histoire. C'est cela !'enseignement de cette première pensée, en ce temps de l'Avent : une grande espérance que Dieu marche avec notre histoire. Dieu ne nous a pas abandonnés, Dieu sait tirer partie même des injustices des hommes, H espère leur retour afin, qu'ici également, au El Salvador, le Salut puisse s’appeler du nom si doux de la Parole de Dieu d'aujourd'hui (Ba 5,4) : « Paix dans la Justice, Gloire dans la piété ». Faisons notre possible pour que notre histoire soit véritablement une Histoire de Salut 66.

Il s’agit là d’un appel à la transcendance, d’apprendre à saisir à l’aide des signes des temps, au coeur de l’immanence du quotidien, des événements heureux ou tragiques, la présence de la grâce du divin à l’oeuvre, et surtout de reconnaître où se situe notre agir et parfois même nos omissions à l’intérieur de ce plan rédempteur. Ellacuria, qui fut un temps élève de Karl Rahner, rapporte ces trois distinctions conceptuelles réalisées par son maître concernant l’histoire profane et l’Histoire du Salut :

65 ELLACURIA, « Historicidad de la Salvación Cristiana » dans Mysterium Liberationis, Ή, ρ. 328. 66 09/12/79, ρ. 17-18, VHI.

1) L’Histoire du Salut se produit et est pénétrée de l’histoire du monde, parce que le Salut a lieu maintenant, qu’il est accepté librement par l’homme et qu’il demeure caché dans !’histoire profane dans la dualité de sa possibilité de Salut et de condamnation ;

2) L’Histoire du Salut est distincte de !’histoire profane parce que cette dernière ne permet pas de donner une interprétation univoque en ce qui concerne le Salut et la condamnation, même s’il faut parler d’une constante interférence et coexistence entre l’histoire profane et l’Histoire du Salut et de la Révélation, nonobstant que Dieu par sa Parole qui est un élément constitutif de l’Histoire du Salut, ait choisi une partie de l’histoire pour la constituer comme l’Histoire du Salut exprimée, officiellement et proprement dite ;

3) L’Histoire du Salut explique l’histoire profane parce qu’elle la démythologise et la désimmunise, qu’elle la voit comme antagonique et obscurcie, qu’elle l’interprète comme existentiellement impuissante et parce qu’elle l’explique d’une manière « christocentrique » 67

Romero rappelle le premier rôle de l’Église dans l’histoire, après celui d’annoncer la présence du Christ et de son Royaume, c’est d’y arracher le péché et par là il entend ce qui s’oppose au dessein de Dieu. Il établit ensuite cette distinction dans l’idée de progrès que peuvent avoir ses contemporains. Pour lui, ce ne sont pas tous les développements matériels qui constituent un véritable progrès pour le peuple et la nation. En effet, si les fruits de ce supposé progrès ne sont destinés qu’aux élites, il s’y oppose comme étant contraire à la juste répartition des biens voulue par Dieu. Citant Jean-Paul Π, Romero rappelle que « le véritable progrès est celui qui porte en soi le sens profond de la vérité du Christ ». Et en guise de conclusion à ce discernement concernant le progrès, il cite cette sentence formulée par le pape : « Le critère, pour s’orienter en cette matière si complexe, est unique : le respect de la personne humaine, riche ou pauvre, doit demeurer au centre des préoccupations sociales d’un pays 68 » !

C’est dans la Bible elle-même que sont inscrites les relations entre la foi et la politique, entre Dieu et l’histoire des peuples. C’est l’Esprit et la foi de ceux qui L’aiment qui sont en fait les géniteurs des peuples. Les liens de sang n’apparaissent ici que comme quelque chose de secondaire. Carlos Mester ajoute en ces propres mots que la présence de Dieu demeure une dynamique à l’œuvre tout au long de l’histoire et que celle-ci collabore à l’avènement d’un monde nouveau.

67 ELLACURIA, « Historicidad de la Salvación Cristiana » dans Mysterium Liberationis, TI, p. 351. 68 09/12/79, p. 18, VIH.

Ce n’est pas le passé qui donne sa valeur à Dieu mais c’est Dieu, perçu comme une présence actuelle qui donne valeur et sens au passé. C’est la redécouverte de la présence de Dieu dans le présent qui rend nos yeux aptes à faire cette relecture du passé vécu avec Lui, et qui nous donne le regard juste pour réaliser aujourd’hui !’interprétation du sens que la Bible a pour nous. [...] Toutes les synthèses du passé, tout cela n’avait et n’a pour unique fonction que de rendre le peuple conscient de la valeur centrale et unificatrice de sa foi en l’existence dans sa vie, d’une présence amicale, d’un appel personnel de Dieu, l’appelant, au moyen de la conversion, vers un futur où la rencontre définitive avec ce Dieu marquera la pleine et totale réalisation de l’humanité 69.

La certitude de notre Salut doit être pour nous une source de joie infinie, nous dit Romero. Une joie profonde que les chrétiens doivent irradier autour d’eux comme un feu qui se propage. Cette allégresse du coeur ne doit pas cependant être prétexte au conformisme et à l’absentéisme politique, au refus de s’engager dans les luttes de transformation de ce monde. Le chrétien est optimiste et c’est pour cela qu’il est un battant qui ne se satisfait jamais des situations d’aliénation et d’oppression que ce soit au niveau social, politique, culturel ou économique. Pour Romero :

La douleur de l'homme est une croix qui en tant que croix apporte la Rédemption et doit donner la paix, l'allégresse de Pâques, l'Espérance de la Résurrection. Ce n'est pas du conformisme parce que le conformisme n'est pas non plus l'allégresse. Le conformisme est un homme pessimiste, un homme fataliste qui croit que tout lui est imposé d'en haut et qu'il ne peut influencer le cours de son destin. C'est un faux concept, je dirais un blasphème de la volonté de Dieu, celui qui ne désire pas sortir de sa condition d'opprimé, de sa situation de marginalité en croyant que cela est la volonté de Dieu. Celui-là offense Dieu. Dieu ne veut pas l'injustice sociale 70.

De la joie intrinsèque de se savoir sauvé et de connaître la présence rédemptrice du Christ au coeur de sa vie, découle la responsabilité pour le croyant de motiver, et ce, la plupart du temps, contre toutes espérances mondaines, contre les tendances de ce monde à la sclérose et à la corruption, les changements sociaux nécessaires que nous exige le projet du Salut- Libération. La volonté du Tout-Puissant exprimée dans le Magnificat doit être l’orgueil et l’ambition des chrétiens qui s’engagent dans les luttes de libération en ce monde à partir du coeur de Dieu. C’est pourquoi ce qui distingue les chrétiens - selon Medellin - des autres

69 MESTER, Por tras das Palavras, p. 114-115 et 132 et 134. 70 16/12/79, p.38-40, VHI.

acteurs du progrès social, « c’est l’originalité de leur message qui ne consiste pas directement dans l’affirmation de la nécessité d’un changement de structures, sinon dans l’insistance dans la conversion de l’homme, qui exige à partir de là, les changements de structures 71 ». C’est ce qui fait dire à Romero :

Cela ne signifie pas que nous devions délaisser la libération du peuple en attendant l'au-delà de la mort. Je suis en train de dire que le Christ ressuscité appartient déjà à l'histoire présente et qu'il est source de liberté et de dignité humaine. C'est précisément pour cela que nous célébrons le Carême comme préparation pour la Pâques, pour qu'à partir de notre situation salvadorienne, les Salvadoriens savourent la vie nouvelle du Christ ressuscité en cherchant à construire un pays plus juste, plus fraternel, où se vit plus intensément la vie de Dieu que le Christ nous a apportée et qu'il nous donne par son mystère pascal 72.

Malgré toutes les promesses des prémices du Royaume, intrinsèques à la dynamique du Salut- Libération, il faut demeurer conscient de la manière imparfaite dont ce Salut se réalise dans le temps. Cette imperfection, nous dit Leonardo Boff, provient du caractère limité des capacités humaine et de la foi que nous mettons en Dieu. C’est pourquoi la réalisation pleine et entière de l’histoire humaine demeure dans l’attente du Salut-Libération qui viendra abolir et purifier tous les obstacles à la réalisation de ce Règne :

Il existe une dialectique entre la proposition salvifîque de Dieu et la réponse de l’homme, entre la possibilité de réalisation et la transcendance de la liberté humaine. La tension entre ces deux pôles ne peut jamais être totalement supprimée. C’est pour cela que nous ne saisissons jamais totalement la proposition de Dieu dans les réponses historiques que nous lui donnons, si sublimes qu’elles soient. Jamais nous ne cernons la totalité de la réalité en soi, mais seulement à travers des modèles historiques qui doivent toujours être confrontés à la réalité, enrichis, critiqués, corrigés et maintenus ouverts à une croissance et à un autodépassement. [...] Leur adéquation totale, la syntonie globale de l’homme et du monde et le dépassement de toute aliénation signifient le salut de l’homme et du monde, leur réalisation au plein sens du mot. Tant que cela n’est pas réalisé, la révélation reste toujours un processus ; elle doit être continuellement traduite en fonction d’un nouveau contexte historique et social 73.

La ré-interprétation permanente des événements du passé à la lumière du présent, constitue l’originalité de l’expérience de foi d’Israël. Celle-ci reposait sur la conviction profonde que

71 Medellin, UCA, no 1,3, p.26. 72 24/02/80, p.265-266, VH.

Dieu est présent dans !’histoire et qu’il nous accompagne en tant que peuple. C’est-à-dire que, lorsque nous bâtissons l’unité du peuple sur une base morale, la grâce de Dieu se rend présente par un ensemble de bénédictions dont nous récoltons tous les fruits. C’est pourquoi, aux origines de la pensée sémitique, il n’y avait pas de dichotomie entre la transcendance et l’immanence de l’histoire. Ces deux dimensions apparaissaient réunies dans une dynamique féconde que nous expose Oscar Romero.

Le Salut-Libération ou sa négation, se réalise concrètement dans l’histoire des peuples. Autrement dit, il ne faut pas comprendre ou interpréter le Salut en dehors de son lien avec l’histoire passée et présente comme lieu de sa concrétisation. Ceci implique l’unité du corps et de l’esprit, des dimensions matérielles et spirituelles, qui n’apparaissent dissociées qu’au regard de la pensée grecque d’où proviendrait un rétrécissement de la compréhension du Salut à un niveau individuel et post mortem.

La promesse d’un Salut dans l’au-delà n’avait pas de sens pour les Israélites qui travaillaient à l’édification d’une nation souveraine sous les auspices du Seigneur de l’histoire. Les nécessités quotidiennes de la survie qui passaient par la sécurité des récoltes et la préservation des maladies, les maintenaient dans une compréhension immanente du Salut. Leur survie individuelle devant l’éternité se réalisait au moyen de leur descendance et de la pérennité d’Israël. C’est la perte de leur souveraineté nationale qui va entraîner l’émergence d’une conception plus spiritualisante et personnelle, sans doute à cause de la dissension du peuple concernant la libération historique. Pour cette nation, la perspective sacrée et transcendante de chaque geste qui transpirait du quotidien, permettait de préserver ce contact avec Dieu.

Au point suivant, nous aborderons la spécificité de la Nouvelle Alliance apportée par Jésus- Christ comme transformation de l’économie du Salut et par conséquent de notre rapport à l’histoire comme réponse au projet divin de Salut-Libération du genre humain.

5.3 - La Nouvelle Alliance réalisée en Jésus-Christ

L’Évangélisation, l’annonce de la Bonne Nouvelle de la Résurrection, même au milieu de cette crise qui secoue son pays, demeure essentielle aux yeux de l’archevêque. Pour lui, en effet, l’avenir du peuple, de l’Église et de l’humanité en dépendent d’une manière intrinsèque. Seule cette Parole semée au coeur de l’humain pourra faire naître la foi, qui sera déterminante dans la résolution des conflits que traversent sa patrie. Cette foi s’exprime au travers des sacrements et par l’exemple de vie que le chrétien doit donner à ses compatriotes.

Le cercle herméneutique de l’Histoire du Salut débute par la formation d’un peuple où pourra naître le Messie et son message de Salut-Libération, pour ensuite retourner, par sa dimension universaliste, à tous les peuples de la Terre. Ceux-ci doivent maintenant se comporter comme des nations saintes afin d’accueillir le Christ en plénitude et faire de leur histoire une Histoire de Salut dans l’immanence qui conduit à la transcendance. La Nouvelle Alliance répond en fait à une promesse déjà présente dans l’Ancien Testament. Pour Gilberto Gorgulho, cette Alliance représente : « la vie du peuple, dans la suite du Maître, dans la communauté des petits, dans l’esprit des béatitudes : Mc 7 ; Mt 5-7 ; Gai 4-5 74 ».

Toute l’histoire d’Israël tend vers ce but qu’est la venue du Fils de David. Dans cette partie nous tâcherons d’interpréter le sens de la plénitude de la Nouvelle Alliance réalisée à partir de sa pratique de Salut-Libération. Attardons-nous ici à l’aspect historique de cette venue. Historique au sens qu’elle modifie notre relation à l’Histoire du Salut qui passe d’une dimension purement nationale, réservée au peuple élu, à une dimension universelle. Cette Nouvelle Alliance qui sacralise en quelque sorte l’histoire de tous les peuples dans leurs dimensions sociales et individuelles, ne continue pas moins d’être un appel à la transcendance. Nous reconnaissons ici ce mouvement ascendant de l’histoire, mais également descendant lorsque ce Salut qui vient, pénètre et transforme nos réalités à partir du coeur de chacun. C’est en ce sens qu’abonde Carlos Mester :

Ce que les chrétiens découvrirent dans l’Ancien Testament à la lumière de la Résurrection du Christ, leur ouvrit une nouvelle fenêtre sur leur propre réalité et leur révéla l’existence d’une action salutaire de Dieu, présente dans le monde,

DA SILVA GORGULHO, « Hermenéutica Bíblica » dans Mysterium Liberationis, TI, p.l77.

depuis la Création. Ainsi, comme Dieu avait inspiré le peuple hébreu, les conduisant à rencontrer le Christ, de même II inspirait toute la réalité, la conduisant au Christ. L’unique différence entre les deux se situait dans le moment de la découverte de cette inspiration divine75.

L’identification profonde à l’histoire et à la culture, aux racines d’un peuple est ce qui permet une conscience de solidarité historique tant sociale « qu’inter-générationnelle ». L’aliénation culturelle, la perte des racines historiques, de points de repère, favorise la désintégration du tissu social fondé sur le sentiment d’appartenance à un même destin. La perte de la mémoire collective et d’un sens commun constituent un grave danger à la survie d’une nation: La foi en la transcendance de la destinée historique appartient en propre à l’héritage de chaque peuple. Ce rêve en devenir, cette espérance collective d’épanouissement et de développement solidaire, apparaît en quelque sorte comme la moelle dont sont faites les nations. « Le sens du mot peuple est grandiose. Lorsque nous disons le mot : « peuple», ne le profanons pas. Le peuple est l’ensemble des hommes qui développent au cours de l’histoire, cette vocation

divine. Chaque peuple possède une vocation76 77 », affirme Romero. Si nous interprétons

!’Histoire du Salut des peuples comme la réalisation de leur vocation divine et historique,