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Le paysage métaphorique

Dans le document Frank Bournois Thierry Chavel (Page 91-94)

Le « paysage métaphorique » est le terme utilisé par Lawley et Tompkins en modélisation symbolique pour décrire un scénario ou une histoire qui émerge du questionnement et des interactions avec les métaphores et les symboles.

Ce paysage prend forme à partir d’images, de gestes, de mouvements ou de sons qu’utilise une personne. Le questionnement du clean language est radica-lement non directif. Ainsi, tout le pouvoir d’interprétation appartient au client, qui déconstruit l’histoire qu’il raconte et qu’il ne connaît pas – et qui concerne son problème. Ce processus semble produire des changements réels,

1. Voir bibliographie conseillée en fin de chapitre.

© Groupe Eyrolles

et quand il raconte son histoire, le client a une sensation de justesse. Le cerveau transfère les solutions trouvées au plan symbolique vers le domaine du compor-tement et des actions conscientes ; les deux structures sont isomorphes.

Extrait d’une session de coaching professionnel pour illustrer le paysage métaphorique

Facilitateur. – Et qu’aimeriez-vous qu’il se passe ?

Client. – J’aimerais retrouver l’énergie que j’avais dans mon travail en tant que directeur de projet. Je me sens débordé, démotivé et j’ai du mal à fixer les prio-rités.

Facilitateur. – Et quand vous retrouvez l’énergie que vous aviez, que se passe-t-il ensuite ?

Client. – Oh ! Je redeviens créatif, je trouve de nouvelles solutions, je réagis vite.

Facilitateur. – À quoi compareriez-vous le fait d’être créatif, de trouver de nou-velles solutions, de réagir vite aux problèmes et de vous plaire à les résoudre ? Client. – C’est comme conduire une Ferrari sur une grande route lisse.

Facilitateur. – Et où se trouve cette Ferrari ? Client. – Juste ici, dans mon plexus solaire.

Facilitateur. – Cette Ferrari a-t-elle une couleur ou une forme ? Pourriez-vous la dessiner ?

(Le client prend son temps pour développer ce dessin d’une Ferrari sur une grande route lisse, et sur ce même dessin deux autres symboles apparaissent ; une petite route qui serpente, et qui se termine en impasse. Le facilitateur a accès à deux symboles qui expriment un objectif désiré [la Ferrari et la grande route] et deux symboles qui décrivent un état problème [la route qui serpente et l’impasse] : il pourra les analyser.

Après un temps consacré à analyser les deux symboles de l’objectif désiré, l’attention du client se dirige vers le problème tel qu’il s’exprime à travers les symboles « route qui serpente » et « impasse ». Le facilitateur reprend ce deuxième symbole.)

Facilitateur. – Quel genre d’impasse est cette impasse-là ? Client. – C’est un mur, un mur en briques.

Facilitateur. – Est-ce qu’il y a autre chose à propos de ce mur en briques ? Client. – Les briques sont rouges, ce sont des briques de ferme, cela fait long-temps qu’elles sont là.

Facilitateur. – S’il y a de vieilles briques et si ça fait longtemps qu’elles sont là, d’où pourraient-elles provenir ?

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Client. – Elles viennent de quelques générations précédentes, à une époque où la vie était moins complexe.

Facilitateur. – Et où, sur votre dessin, cette génération précédente se situe-t-elle ? (Le client l’ajoute à son paysage, il situe un « temps précédent ».)

Facilitateur. – Et où se situe la vie complexe ? (Le client ajoute plus d’informations à son dessin.)

Facilitateur. – Que se passe-t-il juste avant que ne commence la vie complexe ? Client. – Juste avant, il y a des champs verts et une impression d’ordre et de paix se dégage.

Facilitateur. – Et est-ce qu’il y a autre chose à propos de cette impression d’ordre et de paix ?

Client. – Oui, cela s’étend jusqu’à ma tête et je suis capable de penser.

Facilitateur. – Et lorsque cette impression d’ordre et de paix s’étend jusqu’à votre tête et que vous êtes capable de penser, que se passe-t-il avec le mur en briques ? Client. – Les briques paraissent plus chaudes et elles sont collées ensemble avec du sable. Je peux distinguer un portail dans le mur. Ce n’est pas aussi solide que je le croyais.

L’histoire est maintenant lancée et le client pleinement engagé dans la résolu-tion de problèmes à un tout autre niveau. Mais nous allons le laisser là pour regarder de plus près ce qui est en train de se passer.

Analyse de la session de coaching professionnel : que remarque-t-on au sujet de cette pensée cognitive inconsciente ?

Tout d’abord on constate que la session se passe avec un client alerte et actif. Il n’a pas besoin de fermer les yeux pour obtenir un changement de perception : c’est le fait même de porter attention et de rester alerte envers ce qui est en train de se passer qui crée la bascule perceptuelle. L’histoire s’épanouit en temps réel.

Nous constatons également que le facilitateur n’utilise pas une syntaxe courante.

Il laisse de côté certains articles, ne répète que les mots prononcés par le client, et envoie ainsi un signal au cerveau du client qui lui permet de descendre dans les fissures de sa pensée habituelle (régie par le séquencement et orientée vers des résultats) pour se glisser dans un monde de perceptions différentes.

C’est ici, dans le domaine des symboles, qu’il peut explorer son problème à tra-vers la nouvelle perspective de son paysage métaphorique. Il peut trouver un rythme et une source d’énergie différents.

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Dans le document Frank Bournois Thierry Chavel (Page 91-94)