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L’apport du constructivisme au coaching

Dans le document Frank Bournois Thierry Chavel (Page 81-84)

La connaissance est une construction de l’esprit. Pour reprendre la célèbre for-mule de Paul Valéry : « Nous ne raisonnons que sur des modèles. » Alors, répon-dent les constructivistes, la question à se poser n’est pas de savoir : « Quel est le modèle le plus vrai ? », mais plutôt : « Quel est celui qui facilite des résultats efficaces, rapides et durables ? » Pour le constructivisme, la connaissance doit être opératoire pour être adaptée à nos objectifs. Ainsi, le concept de vrai cède délibérément et modestement la place à celui de vraisemblable, plausible, utile, opératoire.

Tirer profit des deux niveaux de réalité pour élargir l’espace des possibles Les constructivistes distinguent deux niveaux de réalité : la réalité de premier ordre, celle des faits bruts, des expériences, des comportements, et la réalité de second ordre qui, elle, est la signification, la valeur que nous leur attribuons. Le problème est que nous avons une fâcheuse tendance à confondre ces deux niveaux de réalité. Et pourtant, cette distinction est essentielle, car l’immense majorité des problèmes humains n’implique que cette fameuse réalité de second ordre. C’est elle qui pose invariablement problème. C’est en effet notre réalité de second ordre qui nous ouvre ou pas l’accès à nos ressources, c’est d’elle dont découlent nos émotions, nos comportements, nos résultats. Notre réalité de second ordre influence tellement bien nos interactions qu’elle remplit la fonction de prophétie auto-réalisatrice. Qui n’a entendu ou déclaré : « Je le savais bien que ça se passerait ainsi ! »

Pour le modèle constructiviste, la réalité n’est pas prédéterminée, elle est constamment reconstruite. Même si la réalité de premier ordre ne change pas, même si les données factuelles de la situation problématique restent les mêmes,

© Groupe Eyrolles

celles-ci peuvent être réinterprétées pour faciliter la résolution du problème posé. Nos interventions représentent une application de la pensée constructi-viste. Elles sont fondées sur des interventions directes dans la réalité de second ordre du coaché lorsqu’elle lui porte préjudice, ne lui permet pas de se diriger de manière satisfaisante vers la réalisation de son objectif.

Bien gérer notre espace de libre arbitre et de responsabilité

Du mythe de l’objectivité au principe de responsabilité

Les faits sont les faits, certes, mais rien n’est moins têtu que les faits puisqu’ils ont le sens qu’on leur donne. L’illusion la plus périlleuse est de croire qu’il n’existe qu’une lecture des faits, qu’une version de la réalité, la nôtre ; voilà ce qui mène aux blocages, aux conflits et aux guerres. Les faits sont les faits, on ne peut pas les changer, mais on peut changer notre façon de les éclairer et de les interpréter, et cela suffit pour se placer dans une toute autre configuration.

Nous ne sommes pas les observateurs passifs de la réalité, mais les interprètes.

Ainsi, nous sommes les créateurs de la réalité dont nous parlons et sur laquelle nous allons agir. Cette compétence à donner du sens est spécifiquement humaine : l’être humain sait transformer la réalité pour la rendre plus jouable et plus féconde, comme pour la rendre injouable et sans issue.

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Le modèle constructiviste implique que, face à une réalité, le sujet a la liberté d’inventer et de choisir des lectures différentes. Là réside son espace d’auto-nomie et de responsabilité. À cet égard, le constructivisme rend pleinement à la personne sa part de libre arbitre, d’influence et de responsabilité, en lui mon-trant comment prendre du recul afin de bien contrôler ce qui est contrôlable.

C’est en voulant l’inaccessible que l’on rend impossible ce qui serait réalisable, et que perdurent les souffrances et les problèmes humains.

Une grande partie des problèmes humains résulte de blocages, de limitations découlant de cette fameuse réalité de second ordre. Nous attachons donc une grande importance aux points de vue du coaché, mais nous les gérons dif-féremment : nous les recadrons quand c’est possible, mais quand ils sont devenus des vérités premières fort nuisibles, nous les utilisons jusqu’au bout afin de faciliter un lâcher-prise fort salutaire. La règle intangible est de ne jamais mettre en doute ou chercher à combattre un point de vue limitant pour tenter de l’éliminer. Paradoxalement, il faut l’utiliser délibérément comme une ressource ; c’est le moyen le plus adéquat pour qu’il se transforme.

Nos émotions, nos comportements, nos résultats découlent du choix de nos hypothèses et interprétations. Ce sont donc moins les comportements des autres qui nous coincent que les interprétations, suppositions ou hypothèses que nous faisons sur eux, ou encore les intentions que nous leur attribuons.

Ce n’est pas la véracité d’un point de vue qu’il faut viser, cela est illusoire ; c’est son efficacité à élargir le champ des possibles et des possibilités. Car ce sont moins les situations qui posent problème que les interprétations que nous en donnons. Face à une même situation, comment se fait-il que pour l’un celle-ci pose problème, alors que pour l’autre elle n’en pose aucun ? Comment se fait-il que le premier s’empêtre dans la situation en la perpétuant par de mauvaises solutions, alors que le second la maîtrise spontanément ? C’est le point de vue qui est pris pour l’appréhender qui fait en effet toute la différence.

À retenir

Prendre du recul, c’est examiner et évaluer la qualité de sa réalité de second ordre, de son point de vue, de sa représentation : est-elle utile, aidante, féconde, élargit-elle l’espace des possibles ? Est-elle nuisible, bloquante, limi-tante, susceptible de mener à une impasse ? La responsabilité que l’on prend dans le choix de nos points de vue est grande.

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Nous avons d’autant plus intérêt à prendre ce recul que nous passons notre vie à expérimenter nos hypothèses pour les valider et conforter nos points de vue.

Nos échecs et difficultés, pour une grande partie, résultent d’hypothèses limi-tantes et nuisibles.

Dans le document Frank Bournois Thierry Chavel (Page 81-84)