• Aucun résultat trouvé

La remise en question du principe de l’abstention

Partie I : La violence armée (1969-1972)

II. Les mouvements paramilitaires

II.1. L’émergence des Provisoires

II.1.2 La remise en question du principe de l’abstention

À la fin des années 1960, après la campagne de la frontière, le mouvement républicain, et plus particulièrement l‘IRA, était donc quasiment inexistant, comme l‘admettait un cadre du mouvement : « En 1967, le Mouvement était tombé en désuétude. Il n‘était actif ni au niveau politique ni au niveau révolutionnaire. Le nombre de recrues diminuait. Les gens étaient partis »224. La période d‘après-campagne fut cruciale puisqu‘elle engendra une réflexion sur la stratégie du mouvement.

Dès l‘année 1966, dans le journal républicain An Phoblacht, Paddy Mac225, un militant républicain, faisait référence à un groupe qui se développait au sein même du mouvement et était appelé les « Progressistes » :

À de nombreuses occasions, dans les pages de An Phoblacht, des tentatives ont été faites pour alerter les républicains, et particulièrement les hommes de l‘IRA, sur les dangers qu‘encoure leur organisation face aux projets du groupe appelé les « Progressistes » qui opère dans les sphères

221 « All arms and materials have been dumped and all full-time active volunteers have been withdrawn.

Foremost among the factors motivating this course of action has been the attitude of the general public whose minds have been deliberately distracted from the supreme issue facing the Irish people–the unity and freedom of Ireland. » Irish Republican Army Statement, 26 February 1962, Dublin, Irish Republican Publicity Bureau.

222 Art Mac Eoin, « The IRA's Operation Harvest », An Phoblacht/Republican News, Thursday 13 December 2001, <http://www.anphoblacht.com/news/detail/25672>, page consultée le 15/12/2009.

223 Ce principe consiste à présenter des candidats sans toutefois accepter de siéger au sein du Parlement.

224 « In 1967, the Movement had become dormant. It wasn‘t active in any political sense or in any revolutionary sense. Membership was falling off. People had gone away. » Cathal Goulding, Chef d‘État Major de l‘IRA officielle, « Republicanism: Why it has failed », This Week, 31 July 1970, p. 16.

225 Paddy McManus, membre du Sinn Féin, élu conseiller de Belfast-nord en 1992.

72

dirigeantes. Parmi d‘autres choses, l‘alerte a été donnée concernant un projet de désarmer l‘IRA, et finalement de la disperser du même coup226.

Dans ce même article, Paddy Mac parle d‘une remise en cause des actions illégales menées par l‘IRA, et d‘un nouveau plan qui privilégierait les actions légales :

Sous le titre « révolutionnaire », ce « plan » propose entre autres qu‘à l‘avenir l‘entrainement militaire et l‘endoctrinement soient destinés à « soutenir et consolider les actions révolutionnaires (sic) initiées en toute légalité, plutôt qu‘à mener des actions illégales en comptant sur l‘organisation politique [le Sinn Féin] pour les ‗justifier‘ comme cela a été le cas jusque-là »227.

Le débat portait donc dès 1966 sur une évolution de la stratégie du mouvement qui favoriserait l‘action politique plutôt que l‘action militaire. Les conclusions de ces réflexions sur la stratégie du mouvement furent soumises à l‘appréciation de « chaque membre du mouvement républicain »228 en mars 1969 dans un rapport crucial intitulé Ireland Today, élaboré par la commission mise en place suite au « Ard Fheis », le Congrès annuel du Sinn Féin, en décembre 1968, et chargée « […] d‘étudier et de faire des propositions concernant une nouvelle voie »229.

Quelles étaient ces propositions ? La section 2 du rapport230 exposait deux options stratégiques à long-terme qui permettraient au mouvement républicain d‘élargir considérablement sa base en créant des alliances avec des groupes du nord et du sud de l‘Irlande, notamment avec le Parti travailliste irlandais231, qui devint lors des élections

226 « On numerous occasions attempts have been made in the pages of An Phoblacht to awaken Republicans, and especially IRA men, on the dangers to their organization from the designs of the so-called ‗Progressive‘ group who operate in leadership circles. Amongst other things warning was given of a plan to disarm the IRA, and eventually disband it altogether. » Paddy Mac, « Irish Republicanism Needs its Armed Men », An Phoblacht/The Republic, n°8, 1966, [s.p.].

227 « Under the heading ‗revolutionary‘ this ‗plan‘ proposes amongst other things that Army training and indoctrination in future be designed ‗to back up and consolidate revolutionary (sic) action initiated legally, rather to initiate actions illegally relying on the political organization to ‗explain away‘ as has been the case hitherfore.‘ » Ibid.

228 Ireland Today, Internal Document of the Republican Movement, February 1969, Introduction, p. 1,

Irish Left Online Document Archive, « Remembering 1969 »,

<http://cedarlounge.wordpress.com/2009/02/16/the-left-archive-remembering-1969-ireland-today-internal-document-of-the-republican-movement-february-1969/>, page consultée le 15/03/2010. Chaque membre du mouvement républicain était invité, en retour, à transmettre ses remarques et commentaires à la direction.

229 « [...] examine and recommend the way forward. » « The Split », Republican Lecture Series No.1, Sinn

Fein Education Department, 1979, p. 2, Cain Web Service,

<http://cain.ulst.ac.uk/issues/politics/docs/sf/lecture/sf-lecture1htm> , page consultée le 14/12/2009.

230 Ce rapport est composé de 4 sections : la première propose une évaluation des « forces sociales » présentes en Irlande du Nord et en République d‘Irlande (classes sociales, syndicats, etc.) ; la seconde propose deux stratégies possibles pour le futur du mouvement; la troisième concerne sa politique électorale; et enfin la quatrième suggère des modifications dans sa structure.

231 Irish Labour Party (LP) : fondé en 1912 par James Connolly, James Larkin and William O‘Brien, ce parti était au départ l‘aile politique du Irish Trade Union Congress, l‘organisme qui regroupe dès 1894 les

73

de juin 1969 en Irlande le troisième parti par ordre d‘importance232. La première option reposait sur la création d‘un Front National de Libération233 (NLF) qui rassemblerait les divers groupes engagés dans les luttes sociales afin de « développer une action coordonnée entre les mouvements qui font preuve de la plus grande clarté d‘esprit, et détourner le mouvement travailliste de sa direction issue de la classe moyenne »234. Dans son addendum235, le Sinn Féin ajoutait que les groupes susceptibles de faire partie de ce front pouvaient être de nature politique, socio-économique et culturelle236. Toutefois, le Sinn Féin assurait que le NLF n‘avait pas vocation à devenir un parti politique :

Il est évident que le NLF ne doit pas être considéré comme un parti politique, mais comme un large mouvement national ayant des demandes fondamentales simples, à partir desquelles le soutien contestataire peut être utilisé afin de structurer toutes les organisations affiliées237.

Dans le nord, les groupes susceptibles d‘être concernés étaient, entre autres, People‘s Democracy238, le Parti communiste d‘Irlande du Nord239 et le Parti travailliste d‘Irlande du Nord240. Dans le sud, il s‘agissait de s‘associer au Parti travailliste irlandais, en raison de ses alliances avec les syndicats, mais aussi au Workers‘ Party241 pour son expérience concernant les activités syndicales242. Le mouvement républicain, quant à lui, devait apporter ses connaissances en matière d‘associations de fermiers et de tenanciers, ainsi que son « […] expérience de la défense physique »243. Le seul point négatif concernant l‘alliance avec le Parti travailliste irlandais reposait sur la classe sociale de sa direction, la classe moyenne ou « bourgeoise », mais le rapport assurait

syndicats irlandais. Lors des élections législatives du 18 juin 1969, le parti obtint 16,6 % des votes et 17 de ses candidats furent élus.

232 Après le Fianna Fáil, parti politique républicain irlandais né d‘une scission du Sinn Féin en 1926, et Fine Gael, parti politique irlandais fondé en 1933 rassemblant alors les partis opposés à la politique anti-britannique menée par le Fianna Fáil.

233 National Liberation Front (NLF).

234 « To develop co-ordinated action between the movements which have the greatest clarity of thought and to wean the Labour movement away from middle-class leadership. This may be called the road of the national liberation front. » Ireland Today, op.cit., Section 2, p. 9-10.

235 Addendum to the Ireland Today Document, Sinn Féin, July 1969, Irish Left Online Document Archive,

« Remembering 1969 », <http://cedarlounge.wordpress.com/2009/08/10/irish-left-archive-remembering-1969-sinn-fein-addendum-to-ireland-today-document-july-1969>, page consultée le 15/03/2010.

236 Ibid.

237 « It cannot be over-stressed that the NLF is not to be considered as a political party, but as a broad national movement with certain simple basic demands around which agitational support can be used to build all the affiliated organisations. » Ibid.

238 Voir p. 51.

239 Voir note 74.

240 Voir note 71.

241 Parti fondé en 1948 en République d‘Irlande, sous le nom de Irish Workers League jusqu‘en 1962.

242 Ireland Today, op. cit., Section 2, p. 9.

243 « […] physical defence experience », ibid.

74

que si la direction travailliste se montrait trop encline aux compromis, notamment avec le Fianna Fáil, le Parti travailliste serait bien entendu évincé du Front244. La seconde option de stratégie à long-terme, intitulée « Clann road », consistait également à s‘associer au Parti Travailliste sans chercher à l‘éloigner de sa direction « bourgeoise », mais en se distinguant des groupes avec lesquels la première option proposait une alliance. L‘option « Clann road » fut rejetée : « Il y eut, naturellement, un rejet unanime du ‗Clann road‘ électoraliste, cherchant à s‘allier avec le Parti travailliste sous sa direction opportuniste actuelle »245. Seulement, si la première option fut choisie elle nécessitait, inévitablement, un changement de taille dans la stratégie du mouvement. En effet elle impliquait de remettre en cause le principe fondamental de l‘abstention pour les candidats du Sinn Féin.

Pourquoi la remise en question du principe de l‘abstention était-elle si problématique au sein du mouvement républicain ? Il est important de souligner que le principe de l‘abstention aux élections à Westminster avait été l‘une des principales lignes politiques du Sinn Féin, et ce dès sa formation. Selon Arthur Griffith, fondateur du parti, siéger à un parlement équivalait à reconnaître sa légitimité :

C‘est un truisme politique d‘affirmer qu‘aucun pays ne peut être gouverné constitutionnellement si il l‘est contre sa volonté, mais l‘Irlande, en envoyant des membres au Parlement britannique, confirme qu‘elle est un pays gouverné constitutionnellement et que les lois instaurées pour elle par l‘Angleterre, les lois fiscales et de coercition, sont établies par et avec son autorité et son consentement246.

En 1919, les candidats du Sinn Féin élus au Parlement avaient refusé de siéger à Westminster et avaient créé le « First Dail », la première Assemblée irlandaise, qui

244 Ibid., p. 10. L‘alliance avec le Parti Travailliste irlandais devait aussi permettre d‘éviter qu‘il ne se lie avec Fine Gael.

245 « There was naturally, unanimous rejection on of the vote-catching ‗Clann road‘, seeking alliance with the Labour Party under its present opportunist leadership. » Addendum to the Ireland Today Document, op. cit., [B] Points on Strategic Section, p. 3. Sous la direction de William Norton, le LP avait formé un gouvernement de coalition avec Fine Gael de 1948 à 1951 et de 1954 à 1957. Brendan Corish, dirigeant du LP de 1960 à 1977, était contre ces alliances. Toutefois le LP forma de nouveau un gouvernement de coalition avec Fine Gael de 1973 à 1977.

246 « It is a political truism that no country can be governed constitutionally against its will, but Ireland admits, by sending members to the British Parliament, that she is a constitutionally governed country and that the laws made in England for her–tax laws and coercion laws– are made by and with her authority and consent. » Arthur Griffith, « The Resurrection of Hungary, a Parallel for Ireland », United Irishman, 1904, The 1916 Rising: Personalities and Perspectives, an Online Exhibition,

<www.nli.ie/1916/pdf/3.3.1.pdf>, page consultée le 04/02/2010. Arthur Griffith fut le rédacteur du journal United Irishman dès sa création en 1899.

75

allait durer jusqu‘en 1921247. La remise en cause de ce principe, conséquence d‘une réflexion au sein du mouvement après l‘échec de la campagne de la frontière, fut donc capitale. Le débat portait sur le choix entre une stratégie réformatrice ou révolutionnaire. Pour obtenir des réformes de l‘« intérieur », il était nécessaire d‘entrer dans le système, et donc de siéger aux Parlements de Stormont, de Dublin et de Westminster. Seulement, siéger à Dublin et à Stormont impliquait la reconnaissance des Parlements établis après la partition, et donc remettait en cause la légitimation de la lutte républicaine : « Abandonner le principe de l‘abstention signifiait reconnaître la légitimé des Parlements de Stormont et de Leinster et rejeter l‘autorité historique de jure du Conseil de l‘Armée »248. En effet, comment l‘IRA et le Sinn Féin pouvaient-ils prétendre lutter contre un système auquel ils auraient adhéré en y participant ?

La remise en cause de l‘abstention posait un autre problème. En effet, si siéger à Stormont et à Westminster représentait une trahison de la cause, cela impliquait également d‘accepter de prêter serment et de déclarer son allégeance à la couronne britannique249. Dans un article publié dans An Phoblacht, en juillet 1970, Deasún Breatnach250, journaliste et écrivain irlandais, expliquait à quel point la question du serment, qu‘il décrivait comme « […] un appel à Dieu »251, était sensible et touchait à l‘éthique républicaine :²

Nous ne pouvons vivre avec les faux serments et les fausses déclarations, nous ne pouvons nous résoudre à accepter de prendre part à – et par là même de perpétuer – des assemblées parlementaires qui tirent leur existence du droit supposé des Britanniques de décider quelle sorte

247 Le Premier Daíl reconnu officiellement fut fondé après la signature du traité anglo-irlandais (Government of Ireland Act, 1920).

248 « To abandon the abstentionist policy was to recognise as legitimate Stormont and Leinster House parliaments and to deny the historical de jure authority of the Army Council. » « The Split », Republican Lecture Series No.1, p. 3, op. cit.

249 Le serment d‘allégeance fut établi par la loi de 1866, Parliamentary Oaths Act. Chaque membre du Parlement britannique doit jurer devant Dieu qu‘il sera fidèle et respectera son serment d‘allégeance à sa Majesté, à ses héritiers et à ses successeurs, selon la loi. Une autre version est acceptée, établie par la loi de 1888, Oaths Act, selon laquelle chaque nouveau membre a la possibilité de prêter serment sans jurer devant Dieu. Il est à noter qu‘un serment d‘allégeance était inclus dans la Constitution de l‘État libre d‘Irlande de 1922. Cet article était d‘ailleurs dénoncé par les opposants au traité. Cependant, l‘allégeance devait être déclarée à l‘État libre seulement et pas au roi Georges V (à qui il fallait toutefois jurer fidélité).

De Valera fit amender la Constitution en 1932 et fit retirer cet article.

250 Deasún Breatnach (1921-2007) fut éditeur de An Phoblacht de 1973 à 1974, puis de 1977 à 1979.

251 « […] the calling of God », Deasún Breatnach, « The Republican Ethic », An Phoblacht, Iúil (juillet) 1970, p. 3.

76

d‘administration aura l‘Irlande et jusqu‘où elle pourra gérer ses propres affaires. Nous ne pouvons pas briser notre promesse d‘intégrité que ce soit avec les morts ou avec les vivants252.

Ainsi, prêter serment sur la couronne britannique équivalait à renier le « code moral républicain »253, qui se fondait, selon Deasún Breatnach sur « la vérité, l‘entière vérité »254.

Il fallait donc que la direction de l‘IRA et du Sinn Féin apportent des réponses aux problèmes posés par cette nouvelle voie. Le rapport de mars 1969, Ireland Today, énonçait les arguments contre la fin de l‘abstention255 mais tout en les confrontant à ceux en faveur de l‘implication électorale du Sinn Féin. Le rapport notait en premier lieu la nécessité de prendre en nsidération « […] les arguments qui résultent des changements de la situation externe »256 dont le soutien en Irlande du Nord au mouvement pour les droits civiques, en particulier concernant la demande d‘un système électoral plus juste : « Un homme, un vote »257. Selon le rapport, ce soutien attestait de l‘intérêt de la population nord-irlandaise pour le système électoral en vigueur. Le mouvement républicain avait donc tout intérêt à y participer. Parmi « […] les arguments qui résultent du développement interne du mouvement »258, le rapport insistait sur le fait que l‘implication du mouvement dans la campagne pour les droits civiques serait plus efficace en étant actif de l‘intérieur, c'est-à-dire au sein de Stormont, mais aussi au sein du Parlement irlandais car « il est plus facile de faire pression sur un TD [Teachta Dalá, membre du Parlement irlandais] si il fait partie du mouvement, et qu‘il représente sa direction »259. Le rapport rappelait également l‘urgence pour le mouvement de participer aux élections et de siéger à Stormont afin de ne pas perdre les bénéfices – un soutien électoral possible – de leur implication dans la campagne pour les droits civiques, au détriment du Parti travailliste nord-irlandais260. Dans son addendum de

252 « We cannot live the lie of false oaths and declarations; we cannot swallow the lie of participating in–

and thereby perpetuating– parliamentary assemblies which have their being in Britain‘s alleged right to decide what kind of administration Ireland is to have and how far she will be permitted to conduct her own affairs. We cannot break our covenant of truth with either the dead or the living. » Ibid.

253 « republican moral code », ibid.

254 « the truth, the entire truth », ibid.

255 Ireland Today, op.cit., Section 3 Arguments on Electoral Policy, p. 12-13.

256 « [...] arguments that have arisen from the changes in the external situation », ibid., p14.

257 Voir p. 45.

258 « [...] arguments that have arisen from the internal development of the movement. » Ireland Today, op.cit., Section 3 Arguments on Electoral Policy, p. 14.

259 « It is easier to press a TD if he is part of the Movement, and responsible to its leading bodies. » Ibid., p. 16.

260 Ibid.

77

juillet 1969, le Sinn Féin avertit d‘ailleurs du danger qu‘encourait le mouvement s‘il ne se distinguait pas des autres participants à la campagne pour les droits civiques261. Quant à la question du serment d‘allégeance à la couronne britannique, le rapport apportait une réponse simple :

Il est bien entendu nécessaire de lutter également contre le serment en tant que droit civique, mais les membres du Mouvement ne devraient avoir aucune hésitation à prêter serment, comme le firent de nombreux Fenians et d‘autres, afin d‘atteindre l‘objectif principal, à savoir, anéantir la domination britannique en Irlande262.

Ainsi, le problème du serment était-il résolu : il devait être prêté par défaut et considéré comme « nul et non avenu »263.

Dans son addendum, le Sinn Féin déclarait que « l‘Argument du ‗risque de scission si la politique changeait‘ ne fut pas réellement pris en considération. Il apparut qu‘un tel risque existait si la politique ne changeait pas »264. Malgré les arguments avancés en faveur de la fin de l‘abstention, le rapport ne parvint toutefois pas à éviter la scission au sein du mouvement républicain. Si cette scission du mouvement républicain armé et politique, et par conséquent l‘avènement d‘une aile plus radicale, reposa en majeure partie sur la question de l‘abandon du principe de l‘abstention, facteur déclenchant, il faut également prendre en considération les conséquences des affrontements violents des 14 et 15 août 1969 dans les quartiers nationalistes de Belfast et de Londonderry.

II.1.3 L’absence de l’IRA et les affrontements d’août 1969 : prémices d’une