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Partie I : La violence armée (1969-1972)

I. Les « troubles »

I.4 Des réformes insuffisantes

Le Premier ministre d‘Irlande du Nord, Terence O‘Neill128, qui s‘était, dès le début de son mandat, impliqué dans un projet de modernisation de l‘économie de la Province, annonça une série de réformes le 22 novembre 1968. Il proposa l‘établissement d‘un

128 Premier ministre d‘Irlande du Nord de 1963 à 1969.

129 Un nombre de points est fixé pour chaque demandeur selon ses besoins et l‘urgence de sa situation (intimidation, précarité, conditions actuelles de logement, etc.).

130 « […] citizens‘ grievances against local councils and public bodies », A Record of Constructive Change, Northern Ireland Parliament, 1971, article 13, HMSO, Belfast. Dans ce document, la discrimination est définie comme « […] le fait de prendre une décision en faveur, ou contre, une personne selon ses croyances religieuses ou ses opinons politiques ». « […] as the taking of a decision in favour of, or against, a person which is motivated by consideration of the person‘s religious beliefs or political opinions. » En se fondant sur cette définition, le commissaire en conclut qu‘aucune accusation de discrimination n‘était justifiée.

131 « La Queen‘s University de Belfast cessera d‘être une circonscription électorale pour la Chambre des Communes ». « The Queen's University of Belfast shall cease to be a constituency returning members to the House of Commons. » Electoral Law Act (Northern Ireland) 1968, article 1. « La possession de locaux commerciaux ne constituera plus une qualification pour les votants aux élections parlementaires ». « The occupation of business premises shall cease to be a qualification for electors at parliamentary elections. » Electoral Law Act (Northern Ireland) 1968, Belfast, HMSO, article 3.

132 Cette mesure ne devait être prise qu‘en fonction de l‘évolution de la situation. L‘escalade de la violence dans les années qui suivirent légitima, selon le gouvernement nord-irlandais, le maintien de ces pouvoirs. Ibid., article 11.

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Commissions de Développement chargées d‘aider les organismes publics des principales villes d‘Irlande du Nord, dont Derry et Belfast, à améliorer les relations entre communautés. Ce programme répondit en partie aux demandes formulées par la NICRA, en particulier par l‘établissement d‘un nouveau système d‘attribution des logements. Toutefois certaines revendications demeurèrent insatisfaites : les pouvoirs spéciaux ne furent pas abolis et le droit de vote ne fut toujours pas accordé aux personnes non contribuables133. Les réformes n‘étaient pas suffisantes, comme le déclarait la CSJ134 dans un pamphlet de 1969 :

Elles sont minimes, et sont perçues en grande partie comme un trompe-l‘œil. Deviendraient-elles des lois (et pour l‘instant il ne semble pas y avoir de hâte au Parlement de Stormont) qu‘elles ne fourniraient pas de réelles garanties de droits civiques pour tous en Irlande du Nord135.

La NICRA accepta néanmoins d‘interrompre ses manifestations. Mais People‘s Democracy, mouvement plus radical que la NICRA, était convaincu qu‘il fallait amplifier la lutte. La NICRA elle-même dénonçait le danger que représentait ce nouveau groupe :

Au sein de Queen‘s University, comme dans le ventre d‘une baleine, coupés du reste du monde, les étudiants furent facilement entraînés de la réforme à la révolution en quelques semaines et PD se réduisit à une organisation sectaire, unie politiquement par la seule politique de l‘impatience136.

En effet, la manifestation organisée au sein de PD le 1er janvier 1969 par les étudiants de l‘université de Queen‘s à Belfast allait profondément marquer le mouvement.

Malgré les avertissements de la NICRA, et l‘interdiction par William Craig de toutes les manifestations pour les droits civiques, PD maintint cette manifestation de quatre jours de Belfast à Londonderry137. Harcelés tout au long de leur trajet par des loyalistes, les manifestants furent attaqués à leur arrivée à Londonderry le 4 janvier au Burntollet Bridge, par un groupe d‘environ deux cents loyalistes. Cet évènement, décrit

133 Paul Bew and Gordon Gillespie, A Chronology of The Troubles 1968-1999, op. cit., 1998, p. 7.

134 Voir note 68.

135 « These are minimal, and are widely regarded merely as window dressing. Should they become law (and at present there seems no indication of haste in the Stormont Parliament) they will not afford genuine safeguards to civil rights for all in Northern Ireland. » Campaign for Social Justice in Northern Ireland, Northern Ireland, The Plain Truth, op. cit., p. 19.

136« In the whale's belly that was Queen's, cut off from the outside world, the students were easily led from reform to revolution in a matter of weeks and PD declined into a narrow, politically sectarian organisation united only by the politics of impatience. » NICRA, We shall Overcome, The History of the Struggle for Civil Rights in Northern Ireland 1968-1978, op. cit.

137 À l‘instar de la manifestation organisée en 1966 de Selma à Montgomery au moment de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis.

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sous le nom évocateur du guet-apens de Burntollet138, souleva l‘indignation des manifestants et des partisans du mouvement pour les droits civiques. La police fut accusée d‘avoir participé « passivement », en n‘intervenant pas ou peu, contre l‘attaque des loyalistes. L‘un des manifestants interrogé par Egan Bowes et Vincent McCormack, auteurs du pamphlet intitulé Burntollet, revenait ainsi sur l‘action de la police le 4 janvier 1968 : « Lorsque j‘ai mesuré l‘hostilité notoire de la police, de l‘inspecteur du comté à l‘agent de police, j‘ai compris que nous n‘aurions pas de protection »139. En effet, selon Eamonn McCann, militant au sein de PD, « cette manifestation se heurta à la brutalité la plus partisane et la plus effroyable de la part de la police »140, ce qui ne manquait de d‘attiser les rancœurs nationalistes, en dépit de l‘analyse beaucoup plus nuancée publiée dans le rapport Cameron qui indiquait que la police avait été surprise par la tournure des évènements, ce qui explique qu‘elle n‘ait pu fournir la défense adéquate lors de cette manifestation :

Nous sommes convaincus qu‘un effort important a été fait pour protéger les manifestants à Burntollet, mais nous pensons que l‘ampleur de la crise qui s‘est développée dans la zone de Londonderry les 3 et 4 janvier n‘a pas été appréhendée à temps141.

Ainsi, les réformes annoncées en octobre 1968 n‘avaient-elles pas suffi à désamorcer le mouvement de protestation. L‘accusation de partialité de la police lors de la manifestation de janvier 1969 s‘ajoutait aux plaintes de brutalité lors de la manifestation du 5 octobre 1968, et constituait un premier pas vers un conflit plus violent. Toutefois, ces évènements avaient également contribué à exacerber l‘hostilité réciproque des communautés catholiques et protestantes de Derry et de Belfast.

138 Burntollet Ambush.

139 « When I gauged the overwhelming hostility of the police, from county inspector to constable, I knew that we would get no protection. » Egan, Bowes, and Vincent McCormack, Burntollet, London, LRS Publishers, p. 46, Cain Web Service, <http://cain.ulst.ac.uk/events/pdmarch/egan.htm>, page consultée le 17/11/2010. Ce pamphlet rassemble les témoignages de personnes présentes lors de cette manifestation.

140 « That march met with the most appalling and partisan brutality on the part of the police. », Eamonn McCann, « PD Militants discuss Strategy », in People's Democracy, Explosion in Ulster, London, p. 31, Cain Web Service, <http://cain.ulst.ac.uk/ephemera/pamphlet/pd_explosion_69r.pdf>, page consultée le 17/11/2010.

141 « We are convinced that a serious effort was made to protect the marchers at Burntollet, but we think that the scale of the crisis developing in the Londonderry area on 3rd and 4th January may not have been realized quickly enough. » Disturbances in Northern Ireland, op. cit., paragraphs 99-101.

55 I.5 Les jours décisifs du mois d’août 1969

L‘été 1969, marqué par des affrontements entre catholiques et protestants des quartiers ouvriers de Londonderry, laissa un souvenir douloureux dans la mémoire des deux communautés. Nous verrons que cette période précise sera d‘ailleurs sans cesse évoquée lorsqu‘il s‘agira, pour les groupes armés, de légitimer le besoin de se défendre.

Le 12 août 1969, des émeutes éclatèrent alors qu‘une parade protestante passait près du Bogside, quartier nationaliste de Derry. Deux jours d‘émeutes, connus sous le nom de la « bataille du Bogside »142, s‘ensuivirent, opposant les résidents du quartier et la police, accusée d‘avoir utilisé lors de ces affrontements des gaz C.S143. Les émeutes sectaires se généralisèrent dans d‘autres quartiers nationalistes des villes d‘Irlande du Nord, notamment à Belfast les 14 et 15 août 1969. Une commission d‘enquête, présidée par le juge Lord Scarman, fut établie le 27 septembre 1969 par le gouvernement nord-irlandais afin d‘examiner les conditions dans lesquelles s‘étaient développées les violences de l‘été 1969. D‘un point de vue social, les conséquences de ces violences furent dramatiques. En effet, le rapport de cette enquête, publié en avril 1972, indiquait que 1,6 % des ménages à Belfast, dont 1 505 ménages catholiques et 315 ménages protestants, avaient été contraints de déménager entre juillet et septembre 1969144. Concernant le rôle de la police durant ces émeutes, le rapport reconnaissait que la police était « en faute »145 et énumérait les erreurs commises dont : « le manque de directives formelles dans la manière de gérer les désordres à Londonderry durant le début de la soirée du 12 août »146 ; « l‘utilisation de mitrailleuses Browning à Belfast le 14 août et 15 août »147 ; « l‘incapacité à empêcher les foules protestantes de réduire en cendres les maisons catholiques »148 ; et « l‘incapacité à prendre des mesures effectives afin de retenir ou de disperser les foules ou de protéger les vies et les biens lors de l‘émeute du

142 The Battle of the Bogside.

143 Le gaz CS, ou ortho-chloro-benzal malonitrile, est un gaz lacrymogène non létal utilisé pour disperser les émeutes et autres troubles de l'ordre public.

144Violence and Civil Disturbances in Northern Ireland in 1969, April 1972, Belfast, HMSO, Part XII Social Cost, chapter 31, section 6.

145 Ibid., section 3.7.

146 « The lack of firm direction in handling the disturbances in Londonderry during the early evening of 12 August. » Ibid.

147 « The use of Browning machine-guns in Belfast on 14 August and 15 August. » Ibid.

148 « The failure to prevent Protestant mobs from burning down Catholic houses. » Ibid.

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15 août durant la journée et avant l‘arrivée de l‘armée »149. Si le rapport expliquait que ces erreurs avaient reposé principalement sur le manque considérable d‘effectifs de police150, le rôle de la RUC était une fois de plus remis en cause.

Ainsi, dans les quartiers nationalistes de Londonderry et de Belfast, les communautés furent-elles dès lors convaincues de la nécessité d‘organiser des comités de défense non seulement contre les éventuelles attaques des loyalistes, mais encore contre la violence de la police. Gerald McAuley, alors âgé de quinze ans, fut tué par balle le 15 août 1969, près de Bombay Street en flammes, une rue située dans les Falls, un quartier nationaliste de Belfast. Gerald McAuley allait devenir un martyr républicain, symbole du traumatisme de l‘été 1969. Du côté loyaliste, les émeutes de l‘été 1969 avaient accru le sentiment d‘insécurité, et il paraissait donc urgent de se préparer aussi à se défendre. La question d‘une « troisième force »151 civile, qui viendrait aider la police et l‘armée à combattre les groupes armés clandestins républicains, fut soulevée dans les journaux loyalistes du début des années 1970. Dans un article de 1971 l‘Association de Défense de Woodvale152 exposait en effet le besoin d‘une force capable de protéger les protestants des attaques des catholiques, et surtout des groupes armés républicains:

[…] comme nous l‘avons déclaré, seule la puissance massive de l‘armée britannique ou l‘intervention d‘une troisième force contre les ennemis jurés des loyalistes et de leur pays empêchera une collision frontale qui ne peut que conduire à la perte de nombreuses vies153.

Afin d‘éviter cette collision frontale, comme le déclarait l‘Association de Défense de Woodvale, le gouvernement britannique envoya l‘armée le 14 août 1969 dans la Province.

149 « The failure to take any effective action to restrain or disperse the mobs or to protect lives and property in the riot areas on 15 August during the hours of daylight and before the arrival of the Army. » Ibid.

150 Ibid., section 3.9.

151 Third Crown Force.

152 Voir note 111.

153 « [...] as we have stated only the full force of the British Army or intervention of a third force against these sworn enemies of the Loyalists and their country will prevent a headon collision which can only result in the loss of many lives. » WDA News, Monday 27 September 1971. Nous reviendrons sur ces comités de défense dans le point sur les groupes armés clandestins présents durant les troubles. En effet, certains comités passèrent du statut de groupe de défense à celui de groupe armé clandestin.

57 I.6 L’intervention de l’armée britannique

Il faut noter que l‘armée britannique était déjà présente dans la Province avant les émeutes du mois d‘août 1969. En effet, 2 500 militaires avaient été envoyés afin de mener des missions de garde en raison de nombreux sabotages154 :

En avril et en mai 1969, après les tentatives de destruction des oléoducs et des centrales d‘électricité par des saboteurs, les troupes furent réparties un peu partout afin de garder les réservoirs et les autres points vulnérables155.

Ces activités de sabotage étaient en grande partie organisées par le groupe armé clandestin UVF, et l‘Ulster Protestant Volunteers (UPV)156, opposés aux réformes en cours. Cinq mois plus tard, soit en septembre 1969, 6 000 militaires furent déployés à Londonderry et à Belfast afin de maintenir l‘ordre. À Belfast il s‘agissait d‘« établir une séparation physique entre les deux communautés »157. L‘arrivée de l‘armée, l‘« Opération Banner158 » est souvent décrite comme le début d‘une lune de miel entre les soldats britanniques et les habitants des quartiers catholiques159. Censée s‘interposer entre les deux communautés, elle devint pourtant leur « double » cible :

L‘année 1969 finit comme elle avait commencé, c‘est-à-dire dans la violence. La succession d‘émeutes qui eut lieu de la fin de l‘automne au début de l‘hiver marqua l‘amplification de la violence sectaire. L‘armée fut immanquablement impliquée et les éléments paramilitaires des deux côtés trouvèrent un rôle à jouer dans les accrochages, à coups de briques et de bouteilles, au sein des ghettos de Belfast160.

Dans les quartiers protestants unionistes et loyalistes, l‘intervention de l‘armée fut d‘ailleurs vécue comme une trahison :

154 Par exemple le 30 mars 1969 : explosion à Castlereagh, Belfast-est, qui visait la centrale électrique; le 4 avril 1969 : attaque des réservoirs d‘eau à Dunadry, dans le comté d‘Antrim ; le 20 avril 1969 : attaque des réservoirs d‘eau à Silent Valley dans le comté de Down ; le 24 avril 1969 : attaque des réservoirs d‘eau entre Lough Neagh et Belfast.

155 « In April and May 1969, after the first attempts by saboteurs to destroy the water pipelines an electricity power stations, the troops were widely dispersed to guard reservoirs and other vulnerable points. » « 24 Hours A Day », Soldier - Magazine of the British Army, January 1970, p. 11.

156 Ce groupe loyaliste émergea à la fin des années 1960. Il participait aux contre-manifestations organisées par l‘Ulster Constitution Defence Committee (UCDC), une structure créée en 1966 afin de lutter contre les réformes proposées par O‘Neill.

157 « Guerre au Cœur de l‘Europe, Irlande du Nord », Raids, Paris, Histoire et Collections, Hors-série n°

21, p. 20.

158 « Opération Bannière ».

159 « Guerre au Cœur de l‘Europe, Irlande du Nord », Raids, op. cit., p. 20. Voir également Niall O'Dochartaigh, « The British Army, August 1969-April 1970 », in From Civil Rights to Armalites: Derry and the Birth of the Irish Troubles, Cork, Cork University Press, 1997, p. 153-160.

160« 1969 ended as it began – violently. Throughout the late autumn and early winter a succession of riots marked an increase in sectarian violence. The army inevitably became involved and the para-military elements on both sides found an active role for themselves in the brick and bottle skirmishes of the Belfast ghettoes. » NICRA, We Shall Overcome, The History of the Struggle for Civil Rights in Northern Ireland, 1968-1978, op. cit.

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En août 1969, au prétexte de protéger l‘Union entre cet état et la Grande Bretagne, le gouvernement de Westminster envoya au front des forces britanniques de combat dans notre pays.

Ces forces étaient arrivées, non pas à la demande de notre Parlement de Stormont élu librement, ni pour aider les protestants qui luttaient pour leur vie dans les rues de Belfast. Elles étaient arrivées pour porter secours à ces Nationalistes Catholiques Romains de la C.R.A. [NICRA] et de l‘I.R.A., et aux pseudo-socialistes des « People‘s Democracy » dont l‘assaut conjoint de l‘Ulster s‘était terminé en une bataille sanglante sur Shankill Road le 15 août 1969161.

Dans cette citation, l‘intervention de l‘armée est décrite comme une décision prise à un niveau supérieur à Stormont. Pourtant, l‘armée fut envoyée à sa demande : « Le gouvernement du Royaume-Uni répondit à la requête du gouvernement nord-irlandais qui réclamait une assistance militaire à Londonderry et à Belfast afin de restaurer l‘ordre et la loi »162. Seulement, le remplacement des B-Specials le 1er avril 1970 par l‘Ulster Defence Regiment (UDR), un régiment de l‘armée britannique dont les recrues étaient locales, avait accentué ce sentiment de trahison. Ainsi, dans les quartiers loyalistes, la fin des B-Specials confirma-t-elle le besoin d‘organiser un système d‘auto-défense163. Dans les quartiers catholiques nationalistes et républicains, l‘arrivée de l‘armée fut relativement bien accueillie, bien qu‘il y eut de prime abord quelques soupçons quant à la raison de leur présence164. En effet, les soldats britanniques se présentèrent en tant que force de paix neutre « afin de se démarquer de l‘attitude de la RUC et de tenter de ne pas pâtir de la même image de partialité »165. Mais la lune de miel ne dura pas. En effet, les soldats britanniques furent peu à peu considérés comme une armée d‘occupation, alors que plus de 11 000 soldats étaient déployés en juillet 1970. La dégradation des relations entre les résidents des quartiers catholiques et les soldats s‘accéléra lorsque l‘armée fut chargée de fouiller les habitations du Falls Road,

161 « In August, 1969, under the guise of Protecting the Union between this state and Great Britain, the Government at Westminster sent front line English forces into our country. Theses forces had come, not at the request of our freely elected Parliament at Stormont, nor to the aid of Protestants fighting for their lives on the streets of Belfast. They had come to the rescue of those Roman Catholics Nationalists of the C.R.A., the I.R.A., and the pseudo-socialists of ‗People‘s Democracy‘ whose combined assault upon Ulster had ended in bloody rout on the Shankill Rd. on the 15 August 1969. » « Union », Loyalist News, 41st Edition, 31 October 1970.

162 « [...] the United Kingdom Government responded to the requests of the Northern Ireland Government for military assistance in Londonderry and Belfast in order to restore law and order. » James Chichester-Clark, Text of a Communiqué and Declaration, Presented to Parliament by the Prime Minister, 19 August 1969, article 3.

163 « Bring back the B‘Specials », Loyalist News, 19th Edition, 29 May 1971.

164 Mike Burns, « Reaction to Troops in Derry », 1st Broadcast : 14 August 1969 (Clip Duration: 01'40);

Martin Wallace, « Political Reaction », 1st Broadcast : 14 August 1969 (Clip Duration: 01'27); Tom McCaughren and Pat Sweeney, « Derry at End of Day », 1st Broadcast : 14 August 1969 (Clip Duration:

01'59), RTÉ Libraries and Archives, August 1969, <http://www.rte.ie/laweb/ll/ll_t18f.html>, page consultée le 20/11/2010.

165 « Guerre au cœur de l‘Europe, Irlande du Nord », Raids, op. cit., p. 20.

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quartier républicain de Belfast, le 3 juillet 1970, pour y chercher des armes et qu‘un couvre-feu d‘une durée de 34 heures fut imposé.

À l‘origine force d‘interposition, l‘armée britannique se trouva ainsi engagée dans la violence et devint la cible de l‘IRA. La présence de l‘armée devait être temporaire :

« Il [le gouvernement du Royaume-Uni] insiste de nouveau sur le fait que les troupes seront retirées lorsque l‘ordre et la loi auront été restaurés »166. L‘arrivée de l‘armée britannique en Irlande du Nord marqua-t-elle le point de départ de la militarisation du conflit ? Kevin Toolis, spécialiste du terrorisme et reporter à Belfast durant les troubles, revient sur l‘arrivée de l‘armée britannique dans la Province et abonde dans ce sens :

« Au lieu d‘être là pour éviter le conflit, la présence même des troupes britanniques lors

« Au lieu d‘être là pour éviter le conflit, la présence même des troupes britanniques lors