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Chapitre III. La fin de la violence de l’IRA

II. Les grèves de la faim et la remise en question de la violence

II.2 Les grèves de la faim

Parallèlement à sa campagne d‘« ulstérisation », Roy Mason avait également lancé une campagne de « criminalisation » qui avait pour objectif de présenter les membres des groupes paramilitaires, et plus particulièrement de l‘IRA, comme des criminels de droit commun : « En parlant de criminalisation, on cherche à nier le caractère politique du républicanisme et à l‘assimiler pour l‘opinion au terrorisme »762. Comme nous l‘avons vu dans le chapitre II, la violence qualifiée de politique acquiert un semblant de légitimité, comparée à un acte criminel pur et simple. Ainsi, en voulant éliminer le traitement particulier accordé aux membres de l‘IRA dans les prisons, Roy Mason tentait-il de retirer aux républicains la légitimité que pouvait leur fournir l‘étiquetage politique de leur campagne de violence.

En effet à partir du 1er mars 1976, les prisonniers coupables d‘actes terroristes se virent privés du statut de « catégorie spéciale » dont avaient bénéficié leurs prédécesseurs de 1972 à 1975763. Comme l‘indique un rapport sur le statut de

« catégorie spéciale » du 10 mars 1976 publié par le NIO, cette distinction de statut permettait aux prisonniers condamnés pour des faits liés aux troubles de bénéficier d‘un traitement particulier :

Il [le statut de catégorie spéciale] avait pour objectif de distinguer les criminels ordinaires de ceux qui s‘étaient retrouvés à faire de la prison pour des faits dépendant directement de la situation politique agitée. […] La classification en termes de catégorie spéciale introduite en 1972 est un arrangement purement administratif; ce n‘est en aucun cas une classification d‘ordre légal »764.

« base d‘appui » qu‘ils définissent comme « […] une portion de territoire dans laquelle le gouvernement légal a été complètement éliminé et où les révolutionnaires ont installé leur système ». Maurice Prestat et Pierre Saint-Macary, « Essai sur la guerre révolutionnaire », in Gérard Chaliand (éd.), Stratégies de la Guérilla, anthologie historique de la Longue Marche à nos jours, op. cit., p. 395. À la fin des années 1960, le quartier nationaliste de Londonderry, le Bogside, constituait une telle base d‘appui pour l‘IRA.

762Monica Charlot, L‘effet Thatcher, Paris, Economica, 1989, p. 139.

763 Ce statut leur avait été accordé suite aux grèves de la faim des prisonniers républicains durant l‘année 1972. Kieran McEvoy, Paramilitary Imprisonment in Northern Ireland: Resistance, Management and Release, Oxford, Oxford University Press, 2001, p. 216.

764 « It sought to distinguish between ordinary criminals and those who found themselves in prison serving sentences arising directly from the disturbed political situation. […] The classification of special category introduced in 1972 is a purely administrative arrangement; it is not in any sense a legal classification. » Presentations on Prisons : Special Category, 10 March 1976, p. 1, Belfast, Northern

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Jusqu‘en mars 1976, ce statut avait donc permis aux condamnés relevant de la catégorie spéciale d‘être détenus dans « […] des locaux séparés des prisonniers ordinaires et des prisonniers de factions paramilitaires opposées »765, de jouir de la liberté d‘association, d‘avoir le droit de porter leurs propres vêtements, de dispenser ou de suivre des cours, et enfin « […] de gérer leurs cellules selon un mode militaire »766. Ils étaient également autorisés à recevoir des colis de nourriture et de tabac lors des visites hebdomadaires767. Le rapport exposait les arguments en faveur de l‘abolition de ce statut qui ne serait plus accordé aux personnes condamnées pour des faits commis après le 1er mars 1976768. Trois arguments étaient avancés pour justifier ce changement : premièrement, ce statut avait permis, à tort, aux prisonniers de « catégorie spéciale » de passer pour des prisonniers de guerre au sein de leur communauté, et avait déformé la réalité de la criminalité et de la prison : « L‘attitude des communautés envers le crime et la prison est brouillée quand les délinquants passent pour des prisonniers de guerre républicains ou loyalistes »769. Ainsi ce statut avait-il conféré aux prisonniers une certaine légitimité, comme le mentionnait le rapport : « La catégorie spéciale est perçue comme une marque de respectabilité particulièrement parmi les prisonniers les plus jeunes »770. Il s‘agissait donc bien, en supprimant la « catégorie spéciale », d‘une tentative de délégitimation des membres des groupes paramilitaires en les empêchant de passer pour des prisonniers de guerre. Deuxièmement, le rapport indiquait que l‘abolition de ce statut permettrait de retirer les condamnés des griffes des chefs paramilitaires, et de leur donner la possibilité de travailler ou de suivre des formations, ce que les prisonniers de

« catégorie spéciale » n‘étaient pas obligés de faire771. Enfin, il fallait mettre un terme à l‘illusion d‘une amnistie potentielle que le statut de « catégorie spéciale » avait encouragé : « Enfin, le statut de catégorie spéciale incite les prisonniers, leurs organisations et leurs familles à s‘accrocher à l‘espoir vain qu‘un jour ils feraient l‘objet

Ireland Office, Public Record Office of Northern Ireland (PRONI), <http://cain.ulst.ac.uk/proni/19 6/proni_PCC-1-5-7_1976-03-10.pdf>, page consultée le 18/02/2011.

765 « They were held in segregates accommodation from ordinary prisoners and prisoners of opposing paramilitary factions. » Kieran McEvoy, Paramilitary Imprisonment in Northern Ireland: Resistance, Management and Release, op. cit., p. 217.

766 « […] to run their cages along military style lines. » Ibid.

767 Presentations on Prisons : Special Category, op. cit., p. 2, <http://cain.ulst.ac.uk/proni/19 6/proni_PCC-1-5-7_1976-03-10.pdf>, page consultée le 18/02/2011.

768 Ibid., p. 6.

769 « Community attitude to crime and to prison are blurred when offenders can be represented as loyalist or republican prisoner of war. » Ibid., p. 3.

770 « Special category is regarded as a badge of respectability particularly amongst young prisoners. » Ibid.

771 Ibid., p. 2.

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d‘une amnistie »772. C‘était d‘ailleurs l‘une des revendications principales de l‘IRA pour un cessez-le-feu permanent.

Le 14 septembre 1976, Kieran Nugent, transféré dans la prison de Maze773 fut le premier prisonnier à perdre le statut de « catégorie spéciale » et refusa de porter l‘uniforme carcéral. Ceci marqua le début de la Blanket Protest : en effet les détenus qui luttaient pour le rétablissement du statut de « catégorie spéciale » n‘étaient vêtus que d‘une couverture, blanket en anglais. Ainsi la lutte des républicains s‘organisa-t-elle de l‘« intérieur », c‘est-à-dire à l‘intérieur des prisons, comme le soulignait un prisonnier républicain incarcéré à la prison de Castlereagh située à Belfast-est :

[…] vous faisiez toujours partie intégrante de l‘organisation, et la plupart des discussions portaient sur la continuation de la lutte à l‘intérieur – à ce moment-là cela se concrétisait par le refus de porter l‘uniforme carcéral lorsque vous étiez condamné774.

La Blanket Protest avait été largement suivie par les prisonniers : « En mars 1978, leur nombre s‘élevait à plus de trois cent »775. Cependant, cette protestation des Blanket Men n‘était pas sans conséquence sur les conditions de détention, comme le souligne Agnès Maillot : « Les conditions d‘incarcération se dégradèrent rapidement, en raison du type de protestation que les détenus avaient engagé. Les punitions et les sanctions se multiplièrent et les conditions d‘hygiène se détériorèrent »776. La dégradation des conditions d‘hygiène s‘expliquait, entre autres, par le fait que les prisonniers ne pouvaient sortir seulement vêtus d‘une couverture, et ne sortaient donc jamais à l‘extérieur. Pour la même raison ils n‘avaient plus droit aux visites, et ne recevaient donc plus de colis contenant des produits d‘hygiène. Le dentifrice avait d‘ailleurs été interdit après la découverte d‘explosif dans un tube. La déclaration du Cardinal Tomás O‘Fiaich, après avoir visité les « H-blocks » de la prison de Maze, le 1er aout 1978, décrivait des conditions de détention inhumaines :

772 « Finally, special category status encourages prisoners, their organisations and their families to hold firmly to the mistaken belief that one day they will be the subject of an amnesty. » Ibid., p. 3.

773 Maze, une localité voisine, a donné ce nom à la prison, également appelée Long Kesh ou H-Blocks.

774 « […] you were very much part of the organisation, and very much the talk was about continuing the fight on the inside–at that point it took the form of refusing to wear prison clothes once you were sentenced. » Michael Hall, Seeds of Hope. Ex-prisoners Project, FARSET Community Think Tank Project, Island Pamphlets, Belfast, Regency Press, March 2000, p. 17. Cet ouvrage, qui rassemble les entretiens avec d‘anciens prisonniers membres de groupes paramilitaires, fut publié à l‘initiative d‘Anne Gallagher, infirmière au sein de l‘hôpital Royal Victoria Hospital à Belfast, dont les frères ont été impliqués dans le conflit nord-irlandais.

775 Agnès Maillot, The IRA, op. cit., p. 138.

776 Ibid.

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En passant la journée entière de dimanche dans la prison, j‘ai été choqué par les conditions inhumaines actuelles dans les blocs 3, 4 et 5, au sein desquels plus de 300 prisonniers sont incarcérés. C‘est à peine si on laisserait un animal vivre dans de telles conditions, encore moins un être humain. Au plus proche, cela ressemble au spectacle auquel j‘ai déjà assisté, celui de centaines de sans-abris qui vivaient dans les canalisations des égouts dans les taudis de Calcutta.

La puanteur et la crasse dans certaines des cellules, avec les restes de nourriture pourrie et des excréments humains répandus sur les murs, étaient quasiment impossible à supporter. Dans d‘eux d‘entre elles, je me suis trouvé dans l‘impossibilité de parler par peur de vomir777.

Le Cardinal O‘Fiaich rapportait également les allégations de brutalités envers les prisonniers. Le porte-parole du NIO s‘empressa de répondre le même jour afin de rappeler que les prisonniers vivaient dans des conditions qu‘ils avaient eux-mêmes créées :

Ces criminels sont entièrement responsables de la situation dans laquelle ils se trouvent. Ce sont eux qui ont étalé des excréments sur les murs et déversé l‘urine sous les portes. Ce sont eux qui par leurs actions se sont privés des excellents équipements modernes de la prison. Ce sont eux, et seulement eux, qui créent des mauvaises conditions à partir de bonnes conditions778.

Quant aux allégations de brutalité, selon le NIO, cela faisait partie d‘une campagne de propagande de l‘IRA : « Cette protestation est la base d‘une campagne de propagande organisée par l‘IRA »779. Les témoignages des prisonniers engagés dans cette protestation, parlaient effectivement de brutalités, mais également de la volonté de s‘engager dans une Dirty Protest, une grève de l‘hygiène, afin d‘augmenter l‘intensité de la révolte :

Durant la Blanket protest nous avions tous notre mobilier, nos magazines religieux et toutes ces sortes de choses, mais il fut décidé après trois mois que nous devions aller plus loin en refusant de vider les seaux hygiéniques, de nous laver et tout ça – afin de mettre un maximum de pression sur

777« Having spent the whole of Sunday in the prison I was shocked by the inhuman conditions prevailing in H-blocks 3, 4 and 5, where over 300 prisoners are incarcerated. One would hardly let an animal to remain in such conditions, let alone a human being. The nearest approach to it that I have seen was the spectacle of hundreds of homeless people living in sewer-pipes in the slums of Calcutta. The stench and filth in some of the cells, with the remain of rotten food and human excreta scattered around the walls, was almost unbearable. In two of them I was unable to speak for fear of vomiting. » Tomás O'Fiaich, Statement by Archbishop of Armagh concerning his Visit on Sunday to H-Blocks in Long Kesh Prison, Northern Ireland, 1 August 1978, Belfast, Public Record Office of Northern Ireland (PRONI),

<http://cain.ulst.ac.uk/proni/1978/proni_NIO-12-68_1978-08-01_a.pdf>, page consultée le 18/02/2011.

778 « These criminals are totally responsible for the situation in which they find themselves. It is they who have been smearing excreta on the walls and pouring urine through cells doors. It is they who by their actions are denying themselves the excellent modern facilities of the prison. It is they, and they alone, who are creating bad conditions out of good conditions. » Press Notice: Comment by Northern Ireland Office Spokesman on Archbishop O‘Fiaich‘s statement, 1 August 1978, Belfast, PRONI,

<htttp://cain.ulst.ac.uk/proni/1978/proni_NIO-12-68_1978-08-01_b.pdf>, page consultée le 17/02/2011.

779 « This protest action is the basis of a propaganda campaign which has been mounted by the IRA. » Ibid.

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le système. Et nous en sommes progressivement arrivés à fracasser les meubles et les fenêtres, puis à lancer nos merdes par les fenêtres780.

Les prisonniers étaient en effet responsables des conditions dans lesquelles ils vivaient mais selon le Cardinal O‘Fiaich, le refus de porter l‘uniforme ne devait en aucun cas provoquer l‘interdiction de besoins élémentaires tels que celui de faire de l‘exercice, ou celui d‘avoir des échanges avec ses co-détenus.781 Il insistait également sur la détermination des prisonniers dans cette protestation.

Pourquoi les prisonniers républicains avaient-ils eu recours à un tel mode d‘action ? Olivier Grosjean, spécialiste de la sociologie politique, s‘est intéressé à la relation entre le militantisme et les violences auto-infligées, en particulier au sein des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan782. Dans son article intitulé « Investissement militant et violence contre soi au sein du Parti des travailleurs du Kurdistan »783, il explique de quelle manière le corps peut devenir une arme et donc un moyen de lutte. Il distingue les violences « auto-infligées », qui impliquent des blessures généralement non-mortelles, des violences « auto-sacrificielles » qui mènent à la mort de l‘activiste784. Les grèves de l‘hygiène constituaient en effet des violences que les prisonniers républicains s‘infligeaient à eux-mêmes en s‘imposant de vivre dans des conditions insupportables785. Comme le soulignait le Cardinal O‘Fiaich, les conditions dans lesquelles vivaient les prisonniers inspiraient le dégout et l‘indignation. C‘était là que résidait toute la force de ce moyen de lutte qui jouait sur la mise en scène du « corps souffrant »786. Comme le souligne Olivier Grosjean, le « corps souffrant » pouvait donc devenir « une arme politique de dénonciation »787 à laquelle les prisonniers républicains avaient eu recours afin de dénoncer leur « criminalisation » par le gouvernement

780 « On the Blanket protest we had all our furniture, our religious magazines and all that sort of things, but it was decided after three months that we had to escalate it into a refusal to slop out and wash and all that kind of stuff–to try to create a lot more pressure on the system. And it gradually built up from that to smashing the furniture and smashing the windows, then throwing our shit out the windows. » Michael Hall, Seeds of Hope. Ex-prisoners Project, op. cit., p. 19.

781 Ibid.

782 Groupe armé fondé en 1978 qui a pour objectif d‘obtenir l‘autonomie du Kurdistan (le Kurdistan s‘étend sur quatre pays : la Turquie, la Syrie, l‘Iran et l‘Irak).

783 Olivier Grojean, « Investissement militant et violence contre soi au sein du Parti des travailleurs du Kurdistan », Cultures & Conflits, n° 63, Mort volontaire combattante, automne 2006, p. 101-112.

784 Ibid., p. 101.

785 Le film de Steve McQueen, Hunger, sorti en 2008, porte sur le mouvement du Blanket protest et des grèves de la faim. Hunger, Steve McQueen, United Kingdom, 2008, Drame, 1h40.

786 Olivier Grojean, « Investissement militant et violence contre soi au sein du Parti des travailleurs du Kurdistan », op. cit., p. 103.

787 Ibid.

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britannique. En s‘infligeant des violences physiques et psychologiques lors des grèves de l‘hygiène, puis lors des grèves de la faim, ils se faisaient donc les « victimes » du système carcéral britannique et de la fermeté du gouvernement britannique. En effet si la grève de l‘hygiène constituait une première étape dans l‘escalade de la protestation des prisonniers, les grèves de la faim, et plus particulièrement celles de 1980 et 1981 représentèrent un palier décisif dans cette lutte. Il fallait pousser encore plus loin la lutte, comme le démontrait la déclaration d‘un des prisonniers républicains qui fit partie des grévistes de la faim du début des années 1980 :

Parce que les protestations Blanket et les grèves de l‘hygiène duraient depuis longtemps, nous en avions tout simplement eu assez, les nerfs commençaient à lâcher, alors il fut décidé de commencer une grève de la faim afin de tenter de résoudre le problème, d‘en finir, mais sans pour autant capituler. Ce fut un échec, donc Bobby Sands [membre de l‘IRA] commença une seconde grève de la faim788.

Quels sont les ressorts de la grève de la faim ? Johanna Siméant, également spécialiste de sociologie politique, a beaucoup travaillé sur ce phénomène, et plus particulièrement sur les grèves de la faim des sans-papiers en 1992 à Paris789. Selon elle, ceux qui ont recours à la grève de la faim n‘ont généralement pas d‘autres modes d‘action possibles. Son analyse met en avant le principal ressort de ce phénomène qui a pour objectif de créer un rapport de force : « […] un rapport de force physique – un chantage à la mort, en clair – et un rapport de force symbolique »790. Il faut également souligner la « capacité à susciter des sympathies »791 de ce mode d‘action. Le rapport de force entre les prisonniers républicains et Margaret Thatcher, alors Premier ministre britannique, qui refusera jusqu‘au bout de leur accorder le statut de « catégorie spéciale », allait effectivement susciter des sympathies en Irlande et ailleurs pour ceux qui deviendraient des « martyrs » de la cause républicaine. En effet la seconde grève de la faim de 1981 allait entraîner la mort de dix des grévistes : Bobby Sands décéda le 5 mai 1981 au bout de soixante-six jours sans nourriture. Francis Hughes décéda le 12 mai 1981, puis les décès se succédèrent : Raymond McCreesh, Patsy O‘Hara, Joe

788 « What with the blanket and dirty protests going on for so long, we just had had enough really, nerves were beginning to go, so it was decided to call a hunger strike to try and force the issue, try to break it, without giving in. That failed, so Bobby Sands called the second hunger strike. » Ibid., p. 25.

789 Voir les ouvrages La cause des sans-papiers, Paris, Presses de Sciences Po, collection Académique, 1998, et La grève de la faim, Paris, Collection « Protester », Presses de Sciences Po, 2009.

790 Stany Grelet, « Brûler ses vaisseaux sur la grève de la faim », Entretien avec Johanna Siméant, in Vacarme, Amsterdam, Vacarmes, n° 18, Hiver 2002, <http,//www.vacarme.org/rubrique56.html>, page consultée le 04/08/2011.

791 Ibid. Comme le souligne Johanna Siméant, la grève de la faim est une action qui expose une souffrance physique sur une longue durée (la mort survient généralement entre le 55ème et le 75ème jour), et accroît alors l‘impact de l‘acte sur l‘opinion publique.

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McDinnel, Martin Hurson, Keven Lynch, Kieran Doherty, Thomas McElwee et Michael Devine. Tous, et en particulier Bobby Sands792, devinrent des martyrs de la cause républicaine et les « icônes référents de rébellions sacralisées »793.

Le « sacrifice »794 des prisonniers pour la cause républicaine s‘ajoutait à celui des combattants des rébellions mythiques de l‘histoire du mouvement républicain. Le mouvement des grèves de la faim du début des années 1980, malgré son issue funeste, donna une impulsion à la cause républicaine. En effet, les grèves de la faim avaient initié un nouveau type de lutte dans lequel l‘arme, au sens militaire du terme, n‘était pas impliqué mais qui s‘était avéré efficace en matière d‘impact médiatique.