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La diversité en matière de prestations offertes au niveau de soutien pédagogique suscite notre intérêt et nous porte à vouloir repérer en quoi la figure professionnelle du DSP reste singulière au canton du Tessin, malgré qu’elle semble se rapprocher à d’autres métiers pratiqués dans différentes régions suisses4, notamment par des affinités de tâches, qui portent toutes sur la mise en place de stratégies pédagogiques visant à répondre à des besoins spécifiques de l’élève tant au niveau des apprentissages scolaires que du comportement, donc, qui portent sur des situations de désadaptation au sens large5 -.

Plus particulièrement, à différence d’autres cantons - tels que Genève (Direction générale de l’enseignement obligatoire-enseignement primaire & Direction des ressources humaines, 2014) Fribourg (Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport, 2015) ou Vaud (Canton de Vaud, s.d.) -6 le Tessin se distingue par le fait qu’il ne demande aucun type de formation en enseignement pour les professionnels chargés d’apporter des mesures de soutien pédagogique.

4 Pour rappel, nous prenons en considération que des mesures destinées à des élèves intégrés dans des classes traditionnelles.

5 À noter aussi que, d’une façon générale, ce sont les enseignants de soutien pédagogique mêmes qui choisissent les modalités d’intervention (en individuel ou en petits groupes, dans la classe ou dans un local annexe, etc.).

6 Liste de cantons qui n’est pas exhaustive ; nous nous sommes limités à reporter que des exemples de quelques régions de la Suisse romande.

Ceci induit le fait que des gens ayant des parcours académiques différents, issus notamment de la psychologie, des sciences de l’éducation ou de la pédagogie spécialisée, peuvent accéder à cette profession. Par contre, ils sont obligés à suivre dès que possible un programme d’habilitation (Dipartimento Formazione e Apprendimento [DFA], 2014).

Ensuite, le DSP se distingue par l’appartenance à un véritable service (le SSP, Cf. Chap.1.2.) qui agit au sein des établissements scolaires et qui se dote d’une organisation précise, alors que dans d’autres cantons les mesures d’intervention de soutien pédagogique sont gérées par la direction même de l’établissement scolaire et ne sont pas l’objet d’autres types de services créés à part. De ce fait, hors du Tessin il n’y a pas d’équipes spéciales conçues pour la gestion du soutien pédagogique. Tout fonctionne en une seule unité correspondant au réseau de collaborations qui s’instaurent au sein d’un même bâtiment scolaire, entre de différents acteurs impliqués dans la scolarité obligatoire des élèves. Par contre, quelque soit le cas de figure de professionnel de soutien pédagogique prise en compte, la collaboration avec les enseignants titulaires ainsi qu’avec d’autres professionnels du champ de l’éducation en général s’avère un socle incontournable du métier (Canton de Vaud, s.d. ; DFA, 2014 ; Direction générale de l’enseignement obligatoire-enseignement primaire & Direction des ressources humaines, 2014 ; Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport, 2015).

Pour ce travail, nous concevons donc la singularité du DSP sur la base du parcours de formation qui permet l’accès au métier ainsi que de la présence d’équipes sous-régionales. Le tableau suivant (Tableau 1) permet de comparer d’une façon très générale quelques différences cantonale à ces propos :

Tableau 1: Différents types de figure d’enseignants de soutien pédagogique7

7 Afin de justifier la spécificité de la figure professionnelle du DSP, nous reportons dans le tableau quelques exemples de services de soutien pédagogique mis en place à niveau national. Toutefois, nous sommes consciente du fait que notre liste n’est pas exhaustive.

Ainsi, pour avoir un aperçu plus complet de la situation en termes de similitudes ou différences par rapport à la profession en question, il serait intéressant de mener d’autres recherches plus approfondies visant à comparer plus en détails les différentes formes de maître de soutien pédagogique mises en place au niveau suisse.

Titré du professionnel Canton Formation requise Caractéristiques principales de l’intervention

Par ailleurs, notre attention est captée par la spécificité du métier de DSP : nous avons alors choisi de prendre en considération le cas tessinois comme objet de notre travail de mémoire. Aussi, l’intérêt pour cette figure professionnelle est fortement marqué par des raisons personnelles : nous sommes en effet très rattachée à notre canton d’origine et le fait d’avoir vécu nous-mêmes la réalité de ce système scolaire (au niveau obligatoire et gymnasial) ainsi que le fait d’éventuellement envisager un futur professionnel là-bas, nous amènent à nous intéresser beaucoup à cette réalité cantonale.

Plus précisément, avec ce travail nous aimerions comprendre plus en profondeur comment ces professionnels construisent leur profil professionnel, que cela soit seuls ou en collaboration, et comment ils arrivent tous à exercer un métier primordial dans la scolarité des élèves en n’ayant aucune formation spécifique et en étant chacun confronté à un contexte professionnel particulier : chaque DSP intervient dans des classes et éventuellement des bâtiments divers. Pour ce faire, nous avons structuré nos analyses autour de quelques concepts théoriques qui nous semblaient particulièrement pertinents pour saisir les spécificités du métier. C’est ainsi que nous avons abordé les notions d’apprentissage en situation de travail (notamment le Workplace Learning dans la littérature anglophone) et de communauté de pratique, la première desquelles nous a amenée à parler aussi des concepts de professionnalisation et de compétence, tandis que la deuxième de celui collaboration. Cette dernière notion allant se référer de manière élargie aux interactions entre DSP et tout autre acteur. L’ensemble de ces notions nous a permis d’orienter nos analyses selon

(complément censé - Gestion par la direction de l’école - Inspecteur de l’enseignement

spécialisé avec fonction de conseiller pédagogique

des pistes précises, nous permettant de structurer le travail et de saisir les spécificités du métier de DSP au sens large.

De plus, nous aimerons avec ce travail saisir également les différents regards portés par les DSP sur les diverses formations donnant accès au métier : le parcours académique et l’année d’habilitation. La mise en évidence de ces points de réflexion et vécus nous paraît en effet inédite et particulièrement utile pour amener des pistes de réflexions inhérentes à un métier caractéristique du canton du Tessin. Cela pourrait ainsi apporter des éléments particulièrement intéressants pour faire émerger de possibles pistes d’amélioration en termes de préparation à la profession de DSP.

D’ici, nous estimons que cet objet de recherche s’inscrit clairement dans notre voie d’études, notamment en ce qui concerne la formation des adultes : en effet, nous retenons que notre recherche serait susceptible de faire émerger des points saillants d’une pratique encore peu étudiée et, par conséquent, peu présente dans la littérature. Nous reconnaissons alors l’importance d’analyser la figure professionnelle des DSP non seulement pour faire émerger les caractéristiques propres aux professionnels en question (retirer donc des similitudes en termes de compétences et d’identité professionnelle entre les différents DSP, notamment en considérant la variété des problématiques auxquelles ils sont susceptibles d’être confrontés), mais aussi pour faire ressortir les points positifs et négatifs autour du métier au sens large, ne se limitant donc pas aux enjeux rattachés à la pratique même du métier, mais touchant aussi aux avantages et faiblesses liés aux dispositifs de formation impliqués pour l’exercice de la profession. Les résultats tirés de la recherche apporteront alors des éléments concrets inhérents au métier de DSP, tout en ouvrant des pistes de réflexion autour de la réalité professionnelle en question ainsi qu’autour des dispositifs de formation impliqués, en particulier pour ce qui concerne l’habilitation. Par ailleurs, avant de nous lancer dans les cadres théorique et méthodologique, il nous semble d’abord opportun de présenter plus en détails le fonctionnement du SSP tessinois.

1.2. Organisation du service de soutien pédagogique [SSP] des écoles