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L’importance des expériences pratiques avant l’entrée dans le monde professionnel 100

CHAPITRE 5 : PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS

5.3. Eléments mettant en avant la valeur de l’habilitation

5.4.3. L’importance des expériences pratiques avant l’entrée dans le monde professionnel 100

D’une façon générale, les stages préalables à l’entrée dans le monde professionnel apparaissent comme une ressource importante favorisant un meilleur passage de la formation au monde du travail, notamment en considérant le caractère très abstrait des formations académiques, celles-ci ne transmettant aucune connaissance concrète relative au métier (« Je pense que celle-là [une formation seulement théorique] c’est la critique plus:.. [!] Grave que je peux faire à l’université », Laurence, ll.591-593). Dans cette optique, Laurence souligne l’importance de faire en sorte qu’il y ait un plus grand nombre d’occasions préalables à l’entrée professionnelle pour se faire des idées concrètes par rapport à la profession et aux possibles stratégies d’action (« De façon à que l’on puisse aussi:.. voir concrètement [!] ce qu’on fait dans le domaine du soutien pédagogique », Laurence, ll.456-458). Dans ce sens, David prône l’importance des expériences pratiques, ce qui fait qu’il considère des moments de confrontation au terrain professionnel comme la seule éventuelle

option en substitution à l’habilitation (« L’alternative, au-delà de l’habilitation, c’est de faire une année de plus quelque part, ou deux années de plus », David, ll.363-364).

D’ici, il s’agit de considérer le côté professionnel de ces expériences pratiques comme un élément primordial, parce qu’ils permettent au futur praticien non seulement de se construire une idée concrète de la profession (« ça peut aider à arriver un peu plus conscient », Linde, l.558), mais aussi d’acquérir des premières compétences du métier nécessaires pour avoir un minimum de bases utiles pour être à même d’accomplir les premiers pas lors de l’entrée dans la profession (« Le fait d’avoir vu un peu de près le travail m’a! tranquillisée, je veux dire que je ne me sentais pas totalement perdue », Linde, ll.110-111). À ces propos, Linde affirme que les diverses expériences faites dans le domaine du soutien pédagogique et de l’éducation en général ont été des occasions très utiles qui l’ont préparée au métier (« d’une façon générale, je me sentais plutôt préparée », Linde, ll.116-117) et qui lui ont permis par la suite de se sentir prête à entrer véritablement dans le monde du travail en tant que DSP, cela malgré le fait qu’elle n’avait pas compris tout de suite leur importance (« Puis, honnêtement, à postériori, bien évidemment quand on est tranquille et on a son poste, on peut dire que! pour moi ça a été TRES important », Linde, ll.403-404). De plus, il apparaît que le fait de disposer d’une certaine expérience préalable à l’entrée dans le métier soit visible aux yeux des autres, tout particulièrement en ce qui concerne la façon d’agir et de s’exprimer (« il y a des collègues! qui ont débuté tout de suite! et on ressent cette: différence. Même seulement dans la façon de s’exprimer par rapport à leur parcours », Linde, ll.416-417).

En lien avec ces propos apparaît la valeur accordée aux remplacements. Ils représentent plus particulièrement non seulement des opportunités d’acquérir de nombreux types de savoirs et de se montrer compétents, mais aussi des occasions de se faire un nom à l’intérieur du système scolaire (« Mais il faut faire circuler son nom, il faut se faire connaître, se faire comprendre. Et on doit connaître différents environnements », Nadine, ll.121-122 ; « La voix sur ton nom circule et c’est ainsi que cette année là j’ai fait deux remplacements », Linde, l.316). Par conséquent, les remplacements peuvent apparaître comme une clé d’entrée dans le monde professionnel, qui permet par la suite d’ouvrir les portes au métier de DSP (« On m’avait cherchée déjà l’année avant, mais on ne m’avait pas trouvée, car on avait entendu que j’étais déjà occupée », Nadine, ll.133-134).

Plus en détail, les stages sont jugés davantage significatifs lorsqu’ils touchent à la réalité même du terrain professionnel des enseignants de soutien pédagogique, ce qui permet au futur DSP de se faire une idée véritable de la profession (« celui que j’ai fait non payée à été utile/ ; ça a été utile, mais parce que j’était dans l’école, dans le bâtiment, dans la salle de soutien », Linde, ll.555-556 ; « il a été vraiment intéressant car j’étais vraiment en contact direct avec le travail des enseignants de soutien », Linde, ll.70-71). De ce fait, du point de vue de nos participants, les stages apparaissent davantage utiles lorsqu’ils se font directement en contact avec les DSP plutôt que lorsqu’ils se limitent à l’accompagnement du chef d’équipe (« Donc, concrètement: le travail sur le terrain de l’enseignant de

soutien [on l’apprend] peu », Laurence, l.97 ; « dans ce cas là [stages avec un DSP chevronné] à mon avis on est en train de faire une expérience un peu plus à 360° », Linde, l.572).

En effet, le stage permettant d’accompagner le chef d’équipe ne semble pas permettre de se plonger dans la réalité professionnelle des enseignants de soutien pédagogique (« Mais ce n’est pas qu’on apprend le vrai travail de l’enseignant de soutien », Laurence, l.87), ce qui met en évidence la différence au niveau du rôle joué par ces deux catégories professionnelles (Cf. Chap. 5.2.2.3.).

Par contre, malgré l’écart avec le véritable contexte de travail des DSP, le stage avec le chef d’équipe permet d’acquérir des compétences, notamment en préparant sur le plan relationnel de la profession (« Ce qui a été TRES utile du stage c’étaient les contacts avec les enseignants et les parents pendant les réunions », Laurence, l.337) et en favorisant des premières actions professionnelles de la part du stagiaire (« Parce qu’on en fait beaucoup [de réunions] et en tout cas on apprend beaucoup en voyant comment le chef d’équipe et les enseignants parlent, comment s’exprime l’enseignant de soutien. Au début on observe, puis, lorsqu’on fait les évaluations, on peut de plus en plus aussi intervenir et dire son opinion », Laurence, ll.339-341).

5.4.4. Confrontation préalable au milieu de l’enseignement ordinaire

En lien avec la valeur accordée aux expériences professionnelles préalables à l’entrée dans le métier, il ressort que la confrontation au milieu de l’enseignement primaire pourrait se relever un facteur favorisant un meilleur passage à l’entrée professionnelle. Plus en détails, d’après Nadine, une possible piste à suivre pour pallier aux lacunes dues à une formation non spécifique au métier serait celle de stages de longue durée à l’intérieur de classes ordinaires, notamment à proposer avant l’entrée dans le métier (« enfin, donner la possibilité à ces futurs enseignants de soutien de se plonger aussi dans l’aspect didactique », Nadine, ll.568-569), cela dans le but de permettre aux DSP d’acquérir des connaissances de base relevant plutôt du domaine de l’enseignement, mais étant des éléments-clés aussi pour intervenir dans le champ du soutien pédagogique (« le fait d’attribuer les notes, préparer les carnets d’évaluation, préparer le matériel, planifier les leçons, programmer/, l’enseignant de soutien qui n’a jamais enseigné ne sait pas qu’est-ce que c’est ! », Nadine, ll.571-572).

Dans une même optique, David souligne la primordialité de pouvoir disposer, avant de se lancer dans la pratique professionnelle, de certaines connaissances dans le domaine de l’enseignement ordinaire (« au moins intégrer à l’université des cours spécifiques qui portent sur le scolaire, cela c’est sûr que ça pourrait aider », David, ll.359-360). Aussi, Marlise cite le manque d’une préparation sur le plan didactique, chose qu’elle retient indispensable pour ne pas se sentir totalement perdu à l’entrée dans la profession (« ça serait nécessaire et: [côté didactique de l’enseignement| cela je l’ai appris sur le terrain. Car non:-! », Marlise, l.502). Dans cette perspective, Aline estime que les individus qui disposent d’une formation en enseignement sont avantagés, ce qui met en exergue l’importance du côté didactique surtout pour les DSP novices (« Je pense que dès qu’on commence/

si on a au moins une formation en enseignement on est avantagé », Aline, ll.210-211).

Par contre, il s’agit enfin de relever que Laurence n’estime pas nécessaire de confronter un DSP à la réalité de l’enseignement ordinaire. Elle revendique en effet la différence entre ces deux métiers, tout en soutenant l’idée selon laquelle les aspects communs aux deux professions s’apprennent sur le terrain sans la nécessité d’introduire des stages au préalable (« Je ne vois pas du sens. En tant qu’enseignant de soutien, il s’agit plutôt d’entrer dans les classes [!] c’est faux de pense qu’à chaque fois on prend l’enfant et on l’amène dans la salle [!]. Parce qu’on rentre dans les classes, on fait l’activité avec eux/, on aide l’enseignant à gérer certaines situations. Donc, ce n’est pas que l’on est étranger à! [!] À la classe et à l’enseignement », Laurence, ll.481-488).

CHAPITRE 6 : SYNTHESE, CONCLUSIONS ET