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CHAPITRE 3 : MAGASINS TRADITIONNELS

3.5. L’épicier colombien d’aujourd’hui

La croyance que l’épicier était une personne avec un bas niveau d’éducation existe encore, mais l’épicier d’aujourd’hui est une personne mieux préparée. Il peut examiner des sujets économiques, sociaux, sportifs et dans beaucoup de cas familiaux, il a la capacité de donner un conseil approprié au moment juste. Il est un leader engagé dans les décisions qui affectent sa communauté.

L’épicier est un personnage central pour le quartier. Il est tellement familier, comme un ami. « Il a une histoire connue par les habitants, ce qui lui permet d’avoir une identité et être une référence. Il connaît aussi les histoires de ses clients » (Acevedo, 2005).

La majorité des magasins traditionnels sont dirigés par des hommes dont l’âge oscille entre 36 et 45 ans, avec un niveau scolaire d’école primaire. Leur composition familiale est de 4 personnes par maison, dont une moyenne de trois dépend économiquement de l’épicier (Fenaltiendas, 2003).

Ce sont des individus qui participent aux décisions qui concernent leur communauté, qui prennent part activement à l’élection du président et du maire. Ils traitent des sujets relatifs à la sécurité du quartier, à la situation économique du pays, aux problèmes de

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violence, de chômage, de corruption et d’une manière très significative aux problèmes personnels et de coexistence.

L’épicier leader est une personne correcte, capable d’influencer de manière positive les décisions de la communauté. Il doit être proactif et offrir à ses clients un excellent traitement ainsi que des produits qui remplissent les standards de qualité.

Un épicier leader appartient, la plupart du temps, à des groupes de petits entrepreneurs locaux comme les assemblées d’action communale. Cela démontre la capacité qu’il a de se conduire dans son environnement social. Il est capable de choisir ses mandataires puisqu’il a l’appui total de la communauté, parce qu’en plus d’être la personne qui leur fournit des aliments, il est l’ami qui écoute et d’une autre manière résout des problèmes tant personnels qu’économiques. L’épicier à l’heure actuelle est formé pour prendre des décisions qui affectent la vie de la communauté.

Ce qui suit sont des caractéristiques d’un épicier leader: créatif, original, responsable, préoccupé par sa présentation, son attitude de service et de bon traitement à la communauté, personne honnête, dynamique, heureuse et coquine ; prudente avec le maniement de l’information, ayant un bon charisme envers les différents fournisseurs, enthousiaste, d’un bon concept, jouissant de crédibilité, respectant les horaires d’attention tant au public qu’aux fournisseurs, personne impartiale et avec un haut degré de solidarité, se préparant d’une manière constante, aimant sa profession, jouissant d’une grande reconnaissance de la communauté, observant les normes légales, ne contribuant pas à l’écoulement de la contrebande, contribuant à l’amélioration de la communauté, travaillant au bénéfice de la communauté, en équipe, et communiquant l’information à l’industrie afin de trouver des améliorations aux produits (Fenaltiendas, 2003).

3.5.1. Profil de l’épicier actuel

Le profil de l’épicier de quartier a évolué avec les changements continus dont souffre la société. Ses principales caractéristiques sont (Fenalco, 2004):

Âge moyen : 43 ans.

64% des propriétaires ont des établissements formalisés.

33% ont des études de niveau secondaire complet, 8% de niveau technologique et 4% possèdent un titre professionnel.

49% conservent le style traditionnel, suivi par le 11% qui a des miscellanées et 7% des mini-marchés et les boulangeries.

Parmi les produits qu’ils commercialisent le plus, on trouve les produits laitiers (20%), les produits séchés (19%) et ce qui est périssable (17%).

Il y a des épiciers que se déplacent pour acheter parce qu’ils disposent d’un moyen de transport et qu’ils ont une personne de confiance à qui ils peuvent confier le magasin. D’autres épiciers attendent qu’on les visite dans leur magasin ou, à défaut, ils achètent aux épiciers qui sont tête de quartier (47%).

La rentabilité de son activité est en moyenne dans les 15% pour des marchandises comme les produits séchés, laitiers, périssables, et les boissons.

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34% d’entre eux préfèrent vendre par rotation et par rentabilité des produits, et 31% seulement par rotation des marchandises.

La concurrence la plus forte est représentée par d’autres magasins (23%) suivis des supermarchés (19%).

44% fixent les prix par marge d’utilité, et 31% l’établissent par des prix suggérés.

En moyenne, 33% des ventes sont à crédit.

Les achats des produits sont déterminés dans 45% par épuisement de stock et dans 18% par demande des clients ; la marque de la marchandise possède le plus grand facteur d’influence pour son acquisition.

53% utilisent des crédits pour l’acquisition des produits.

(Fenalco, 2004)

3.5.2. Systèmes administratifs de l’épicier

Le magasin de quartier doit concurrencer avec les grandes chaînes, cela est dû au fait que chaque jour les clients attendent plus. C’est pourquoi l’épicier doit s’adapter aux temps nouveaux et s’informer sur les innovations obtenues par les chaînes internationales. Il est nécessaire qu’il se prépare pour des activités comme les suivantes :

Concevoir une présentation des produits qui seront placés plus près des clients, en donnant aussi de l’information sur leur prix.

Offrir au client l’accès libre à beaucoup de produits, dont la vente est précisément faite par cette proximité.

Offrir au consommateur la possibilité de choisir librement ce qu’il souhaite sans l’intervention du personnel du magasin.

Finalement, promouvoir l’affaire, en créant de façon permanente des offres spéciales, des promotions, en organisant des dégustations et d’autres activités qui surprennent les consommateurs et leur montrent l’intérêt qu’il a pour eux.

Le développement de cette activité commerciale est normalement fait pour la survie de la famille avec une série de schémas rudimentaires de commercialisation, ce qui complique le développement tant de l’affaire que des personnes qui interviennent.

En accord avec les résultats de recherches effectuées par Fenaltiendas (2003), on a trouvé que 40% des établissements fonctionnent dans des locaux propres et que 60%

fonctionnent dans des locaux loués dont les coûts sont entre $100 000 et $ 300 000 COP ou plus (entre USD 50 et USD 150). Ces coûts, unis aux systèmes précaires d’administration et de commercialisation, contribuent dans une grande mesure à ce que les marges de rentabilité de cette activité soient trop faibles.

Quelque 38% sont inscrits à la Chambre de Commerce et 24% tiennent leur comptabilité à jour. Ils n’ont presque pas d’employés, ils ont des collaborateurs, étant donné les bas salaires et le peu d’espace dans le magasin.

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Les personnes consacrées à cette affaire doivent avoir leur établissement ouvert tous les jours, les jours fériés inclus. À Bogotá, 87% des personnes ayant des affaires de ce type ont déclaré qu’ils travaillaient dans leur affaire les dimanches et jours fériés, tandis que dans le commerce moderne le chiffre s’élève à seulement 26,5%.

3.6. « En résumé »

La Colombie est un pays de 44 millions de personnes qui habitent dans un peu plus de 1 million de kilomètres carrés, plus de 70% vit dans les secteurs urbains. Une bonne partie de l’économie colombienne a dépendu de la production et de l’exportation de matières premières sous le modèle de substitution d’exportations qui a été imposé en Colombie depuis 1948. Son processus d’industrialisation a été très embryonnaire dans la plupart des secteurs de l’économie nationale. Les niveaux de pauvreté représentent presque 50% de la population avec 17% sous la ligne de misère. Le coefficient Gini est de 0,59, un des plus hauts de l’Amérique latine (DANE, 2009).

Le commerce a été le plus dynamique des secteurs économiques. L’ouverture économique vécue en Colombie depuis 1990, qui a permis l’entrée de grands capitaux internationaux, a transformé le système de distribution en un schéma hybride, en mélangeant les formats modernes avec ceux plus traditionnels. Ainsi, on peut actuellement trouver des supermarchés et des hypermarchés qui sont combinés avec des formats associés aux pratiques commerciales traditionnelles. Au niveau des produits de base, il existe : a) magasins de quartier à travers lesquels on vend principalement des produits alimentaires et d’hygiène ; b) places de marché – marchés publics – où on vend des produits périssables frais ; c) magasins de ventes de vivres qui approvisionnent les épiciers ; d) places grossistes – centrales d’approvisionnements – que se chargent de fournir aux intermédiaires au détail ; e) dépôts que commercialisent des produits entre les détaillants ; f) « abarroteros » qui vendent aux épiciers et à d’autres intermédiaires (Páramo et al, 2009 ; Jaramillo et al, 2005).

Les différents formats de vente coexistent en essayant de gagner davantage de présence et de reconnaissance. Le système de distribution au détail en Colombie a commencé historiquement à souffrir des changements notoires depuis le milieu du siècle précédent avec l’introduction de quelques formats qui, bien qu’ils soient de capital national, ont toujours voulu importer le modèle anglo-saxon des supermarchés (Jaramillo et al, 2005). Mais les changements les plus radicaux ont seulement été entamés avec les processus d’ouverture donnés au début des années 1990. L’arrivée des grands formats de vente au détail a menacé d’en finir avec le commerce traditionnel, sans l’obtenir.

Quoiqu’une partie de la population ait déplacé ses achats vers ces nouvelles constructions, dans lesquelles on exhibe des milliers de références de produits et de marques, le commerce traditionnel s’est refusé à disparaître.

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DEUXIÈME PARTIE :

PHASE EMPIRIQUE

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