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En regard au processus d’approvisionnement (pa)

CHAPITRE 6 : RÉSULTATS

6.4. Le rôle de la culture dans la structuration de la relation entre le consommateur et son

6.4.3. Coutumes

6.4.3.1 En regard au processus d’approvisionnement (pa)

C’est à partir de cette coutume qu’on entame la relation avec le magasin depuis l’enfance jusqu’à arriver à avoir une relation plus étroite, plus sociale. Cette proximité fonctionnelle (Dampérat, 2006) dénote l’activité commerciale qui développe le magasin comme une partie de la quotidienneté de la vie de grandes couches de la population.

pa.1) « Coutume d’aller acheter au magasin depuis tout petit »

Les magasins ont été toujours présents dans la conscience des consommateurs des magasins de quartier. Depuis leur très jeune enfance, ils ont été envoyés au magasin à

« faire la commission », c’est-à-dire à acquérir un certain article qui était requis par la famille.

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La coutume d’aller au magasin est invétérée. Elle fait partie intégrale de la croissance des familles colombiennes :

« Bon… dans des magasins depuis que j’ai l’usage de raison » (Informateur Barranquilla, strate haute)

« Moi… en allant au magasin toute la vie, depuis très petit » (Informateur Medellín, strate moyenne)

« Je vais au magasin depuis que je vis ici » (Informateur Medellín, strate moyenne)

« J’ai acheté dans d’autres magasins et dans quelques supermarchés » (Informateur Barranquilla, strate moyenne)

« Beaucoup… presque tous les gens de ce quartier achètent au magasin » (Informateur Valledupar, strate basse)

La coutume d’aller au magasin est telle que, malgré l’arrivée des grandes surfaces dans le marché de détail en Colombie (Pinilla et González, 2004), les consommateurs continuent à visiter les magasins comme faisant partie de leurs coutumes ancestrales.

« Aller au magasin » est une coutume qui fait partie de l’inventaire social des activités que tous les Colombiens apprennent depuis leur enfance et qu’ils incorporent à un tel point dans leur univers social que, quand ils ont des fils, cette coutume est transmise à leurs descendants sans aucune réflexion.

pa.2) « Aller au magasin pour la "ñapa" »

Comme expression de la proximité entre consommateurs et épiciers, la « ñapa », que les épiciers se sont habitués à donner, est considérée plus comme une manifestation de cette relation que comme un stimulant proprement commercial. Et cela s’est fait depuis l’enfance dans cet incessant processus de transmettre de génération en génération tout ce qui paraît utile pour la vie future des enfants :

« J’aimais aller au magasin parce que le monsieur me donnait la "ñapa" » (Informateur Barranquilla, strate moyenne)

« À l’époque de l’enfance, la seule chose qu’on faisait était de sortir en courant et… on était payé avec une banane » (Informateur Cali, strate moyenne)

Bien que donner la « ñapa » soit une coutume qui est en train de se perdre, vu la dépersonnalisation dans laquelle on est tombé depuis l’arrivée des grandes surfaces sur le marché colombien, on continue à la pratiquer dans beaucoup de régions du pays (Ramirez et Pachón, 2004) comme pratique commerciale similaire à celle de la promotion de ventes.

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pa.3) « Surveiller ce que d’autres produits ont pour "antojarse" » (avoir envie) Même si cela peut paraître étrange, certains consommateurs visitent le magasin à la recherche de quelque chose qui leur donne l’envie « antojarse » de manger, un certain produit qui par élan attire leur attention et de cette façon satisfait un « caprice » – quelque chose qu’on ne pensait pas acheter.

Beaucoup de ces consommateurs vont au magasin sans idée complètement claire de ce qu’ils vont acquérir. Ils entrent dans le local commercial, ils observent ce qui existe et prennent la décision d’acheter ou non selon que, dans leur sentiment à eux, ils en ont besoin ou non :

« Je commence à observer des produits, … en plus on peut ainsi emporter quelque chose »... « Je vais et donne tout un petit tour… là… et surveille plus de produits » (Informateur Cali, strate basse)

pa.4) « Consommer des aliments dans le magasin »

Une autre pratique sociale à laquelle les consommateurs colombiens se sont habitués est celle de visiter le magasin à la recherche des aliments non seulement à être préparés chez eux, mais à être consommés dans le local même de l’épicière. Certains s’assoient sur les chaises disposées pour eux et consomment des produits typiques, d’autres les acquièrent et les consomment une fois de retour dans leur foyer :

« Je me bois une limonade ou un produit lacté » (Informateur Valledupar, strate haute)

« Oui, on achète… et on s’en va en buvant un yogourt, une limonade » (Informateur Valledupar, strate basse)

pa.5) « Choisir des produits dans le magasin »

La possibilité qu’ont des consommateurs d’aller directement au magasin pour chercher les produits qu’ils exigent s’est convertie en coutume que certains pratiquent quotidiennement, même si pour cela ils doivent passer de l’autre côté du comptoir et se mettre dans les espaces occupés par l’épicier pour s’occuper de sa clientèle :

« … je vais et je me mets par là pour choisir le mien, dans le comptoir » (Informateur Cali, strate haute)

« Je vais personnellement, j’aime choisir ce que j’achète » (Informateur Medellín, strate moyenne)

« … je choisis les produits que je vais acheter » (Informateur Neiva, strate basse)

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pa.6) « Acheter par peu (le quotidien) »

En considérant le processus de miniaturisation qu’ont toujours pratiqué les épiciers depuis qu’ils acquéraient quelques produits – riz, sel, sucre –, en grandes quantités – arrobes, quintaux – pour être emballés dans des présentations plus petites – onces, unités, huitièmes d’unité – ce qui aujourd’hui est fait par leurs fournisseurs (Diez et Gómez, 2007), les consommateurs de magasin se sont habitués à acquérir des produits en petites quantités.

De cette manière, les consommateurs ont acquis la coutume d’acheter peu dans leur magasin préféré, et surtout de suppléer une certaine urgence. Ceci arrive principalement dans les strates moyennes et hautes :

« Des articles que nous allons consommer immédiatement… il n’est pas besoin de les apporter avec 8 ou 10 jours d’avance du supermarché » (Informateur Valledupar, strate moyenne)

« … je fais le petit achat ("la comprita") et rien de plus » (Informateur Barranquilla, strate basse)

pa.7) « Chercher dans un autre endroit ce dont on a besoin »

L’existence de tant de magasins l’un près de l’autre a fait que les consommateurs se sont habitués au fait que, quand ils ne trouvent pas le produit dont ils ont besoin, ils se déplacent simplement vers un autre magasin placé tout près :

« Si je ne trouve pas ce que je vais chercher là, je vais ailleurs » (Informateur Barranquilla, strate moyenne)

« Non, parce que si on ne trouve pas là les choses, alors il faut aller à d’autres endroits » (Informateur Neiva, strate moyenne)

En attendant, les magasins continuent à être placés dans le périmètre proche du lieu de résidence des membres d’une communauté, et il va être difficile qu’ils disparaissent. La présence des magasins dans la vie du voisinage est vitale puisqu’ils servent de lien entre les uns et les autres. Les épiciers sont des pièces clés dans l’engrenage de la communauté. En attendant, les épiciers continuent à se trouver partout où les consommateurs vont continuer de tenir compte de leur présence.

pa.8) « Acheter en dernière minute »

En accord avec la tradition colombienne de laisser plusieurs activités à réaliser en dernière minute (Muñoz, 2005), les magasins de quartier sont devenus le local commercial où les consommateurs peuvent résoudre leurs urgences. Étant donné que les magasins travaillent tous les jours – les jours fériés inclus – et dans quelques cas jusqu’à des heures avancés de la nuit, on a coutume de chercher le plus inimaginable au magasin.

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Les horaires étendus durant lesquels le magasin fonctionne et est ouvert au public contribuent au renforcement de cette coutume :

pa.9) « Acheter des produits frais au magasin »

Cette conviction généralisée a fait que beaucoup de consommateurs s’approvisionnent au magasin de ces produits de première nécessité, surtout ceux qui sont périssables, ceux qui requièrent des chaînes de froid particulières ou des traitements spéciaux pour qu’ils ne perdent pas leurs propriétés organoleptiques et soient consommés dans de parfaites conditions de qualité.

Cette coutume part du fait que le consommateur sait que l’épicier s’approvisionne presque journellement en certains types de produits (Diez et Gómez, 2007) :

«… tout me paraît "fresquito" de la "galerie", très bon tous les jours » (Informateur Manizales strate moyenne)

pa.10) « Aller plusieurs fois par jour au magasin »

La consolidation de la relation entre consommateurs et épiciers a fait que visiter le magasin plusieurs fois par jour fait partie des activités développées par quelques consommateurs. Parfois sans aucune raison, le consommateur passe par le magasin pour ne pas perdre la coutume.

Pendant ces visites continuelles, on fait croître la confiance et la fidélité, étant donné qu’augmente la proximité entre les uns et les autres, et on obtient une plus grande reconnaissance mutuelle.

pa.11) « Demander des prix »

Puisque les épiciers se trouvent toujours à jour avec les prix qu’ils manient de manière permanente, quelques consommateurs ont pris l’habitude de s’informer de ceux-ci dans le magasin du quartier. L’épicier, en raison de son métier, connaît les changements, les hausses et toutes les modifications qui y sont faites, soit par ses fournisseurs soit à cause d’un contrôle gouvernemental :

« Je demande d’autres prix » (Informateur Barranquilla, strate haute)