ou
AT année :
2e »
3e
Avoine on orge fumée.
Seigle ou blé sans engrais.
;Ç » Jachère complète.
-L'assolement quinquennal ne différait des précédents que par deux années de pâturage, qui succédaient aux céréales et précédaient
la
jachère.L'année de jachère, le solrecevait, selon sa nature, deux, trois, et parfois jusqu’à quatre etcing labours, et UN engrais copieux, Certes, il n’y avait pas économic demain d'œuvre.
L'avantage qui est résulté de la suppression des jachères a été derendre productifplus d’un tiersde lasurface labourable du canton de Fribourg, Et l’on n’est pas étonné, en y réflé-chissant, que dans letemps où ce système vicieux prévalait
: chez nous et chez nos voisins, on eutà lutter, tous
les
six onfe
2et
sept ans, contre une disette ou excessive cherté, Quoique la population à nourrir fût bien moins considérable.
Les raisonsque
l'on
alléguait, et que quelques-uns allèguent encore pour conserver la jachère, sont: de laisser reposerla terre aprèsdeux années de culture épuisante ; de se procurerle temps nécessaire pour laçonner convenablement le terrain destiné aux semis d'automne; de faire périr les racines des plantes adventices qui sesont emparées du sol; de fournir à la nourriture des troupeaux, en leur procurant en outre un exercice salutaire ; de ne pasmeltre danslanécessité d'acheter
des engrais. ‘ ‘
Les expériences acquises par une culture perfectionnée sont venues à l'appui du raisonnement pour prouver que Loules ces raisons sont peu fondées. Et d'abord ,loin de s'améliorer en ne donnant aucune production , le sol se détériore. Nous avons connu, dans ce pays, des terrains qui, après 25 à 30 ans de repos improductif, ne sc couvraient pas mêmedu plus chétifgazon , et qui aujourd'hui donnent, chaque année ,
d’a-hondantes récoltes. C'est que le sol qui ne produit rien ne pent absorber dans l'atmosphère et retenir au profit de la végétation aucun gaz nourricier,, et qu’il laisse au contraire échapper en pure perte ceux qu’il contient.
Les labours donnés à propos peuvent
à
la vérité améliorerla couche végétale; mais ces labours, loin d’être exclus d'un bon système d'assolement, sont au contraire impérieusenient commandés par
ce
système.Pour ceux qui ne veulentpas abandonner le pacage ,
l
estfacile de trouver des assolements sans jachère qui le
permet-tent, et qui procurent aux animaux, avec un exercice aussi salutaire , des aliments bien pias abôndants que les terrains en friches. Ce qui sc pratique en Angleterre, en Belgique, dans le palatinat du Rhin en est la preuve incontestable,
Quant aux mauvaises herbes , les cultures sarclées les de-truisent au mieux; eLpour letemps on en a toujours assez dans une ferme bien organisée. Lies cultivaleurs belges, les alsa-ciens prouvent depuis long-temps cette vérité.
Enfin, le manque d'engrais provient uniquement de ce que l'on cultive trop de végétaux épaisants et pas assez de plantes fertilisantes. Un plus fréquent emploi de ce que nous avons désigné sous le nom d'engrais végétal mettra promptement
fin au manque de fumier. ,
Les diverses plantes que l'on cultive dans les terres labou-rées n'épuisent pas le sol an même degré. Par exemple , les céréales qui , ayant peu de feuilles, tirent presque toute leur nourriture de
la
terre , et qui , parvenant à une maturité complète , absorbent tant de sucs, fatiguent beaucoup plusle
terrain que les plantes oléagineuses , lespommes
de
terre,les
fêves , les pois, les vesces et les autres végétaux pourvus de feuillages abondants, et surtout que ceux que l'on coupe en
vert, comme
les
trefles et surtoutles
sainfoins et les luzernes, puisqu'ils soutirent de l'atmosphère une grande partie deleur nourriture, etque leurs racinescharnuesencore, ainsi qu’une partie de leurs feuilles, rendent au fonds quelques engrais.Quelques plantes tirent leur subsistance des premières couches du sol, tandis que d'autres ; s'enfoncant beaucoup, vont la chercher à une plus grande profondeur. Ainsi les pre-mières n'auront fatigué que lasuperficie et Jes dernières que
le fonds. Ilsera donc convenable de les faire succéder les unes aux autres, au lieu de semer de nouveau des plantes de même nature qui devraient vivre dans une couche de terredéjà privée d’une grande partie de ses sucs nutritifs,
Il est d'autant plus à propos de ne pas cultiver plusieurs années, surle même
terrain,
les plantes de semblable nature, que l'alternative des cultures fait périr une foule d'insectes dévorants, parce que, vivant exclusivement surtel
végétal oùilsontdéposé leurs œufs, et venant
à
éclore l'année suivante, ils ne retrouvent pas leur nourriture accoutumée el périssentde faim.
H est nécessaire de substituer aux plantes qui favorisent la multiplication des végétaux parasites celles qui les élouflent, et ainsi de suite; par exemple
les
pois ou les fêves au blé et aux autres céréales,L'assolement dépend beaucoup de la nature du sol. Ainsi le blé, le chanvre et
le
lin exigent une terre bien préparée,sat-fisamment meuble, de bonne qualité, où du moins rendue telle par les engrais convenables; les pommies-de-terre , les carottes, les betteraves , les navets (rutabaga) un sol bien défoncé, meuble et substanciel ; le sarrasin , un lerrain léger et bien amendé, un peu frais; la Inzerne et le sainfoin ne réussiraient pas, si la terre n'avait pas assez de profondeur et d'amenblissement pourfaciliterl'introduction de leurs racines.
Lesterrains en pente, où les pluies entraînent facilement
les engrais et même la surface du sol, doivent de préférence recevoir des végélaux dont
le
feuillage couvre bien la terre et amortit ainsi l'effet des chutes de l’eau pluviale,On
doit
en outre varier ses assolements d'après l'avantage plus ou moins grand que l'on trouve de vendre tels ou tels produits.De toutes les opérations agricoles, l’assolement est celle qui exige de [a part du cultivateur l'attention la plus sérieuse et la plus soutenue, les calculs les Mieux raisonnés et la con-naissance la plus approfondie des ressources ct des difficultés de son
art,
de la nature de son terrain ; de sa position localeet des influences du climat. ‘
Nous reconnaissons que ce n’est pas chose facile que de changer l'ordre de culture établi dans un pays, et de rompre ainsi l'équilibre établi entre les habitudes respectivesdes pro-ducteurs et des consommateurs
; car,
pour s'accomplir, ce changement exige l'accord de trois conditions qui doivent y concourir presque simultanément , sans quoi il ne saurait réussir.Il faut : 1° que le cultivateur sache comment
s’y
prendrepour changer
l'ordre
de sa culture; 2° qu'il lepuisse; 3° quece changement
lui
soitprofitable, c'est-à-dire que les consom-mateurs recherchent les produits de la nouvelle culture.Ces
trois
conditions renfermentla
presque totalité desrap-se 5H
ports qui lient en tout pays le système agricole au système soclal: aussi demandent-elles à être examinées avec un peu
d'attention.
4° 11faut que le cultivateur sache comment s'y prendre pour changer l'ordre de sa culture.
Le savoir qu'une telle entreprise exige du cultivateur est de deux sortes : l'une expérimentale, l'autre de raisonnement.
Ce que l’expérience doit lui enseigner, c'està chercherdans des exemples et des essais de nouveaux assortimentsde plantes destinéesà sesuccéderetà s'associer entre elles, de manière à former, par l’ensemble et la proportion de teur culture, un nouveau cours de récoltes. C'est ce qui constitue un bon asso-lement.
Le raisonnement, en revanche, doit lui apprendre à se rendre comple des avantages , éloignés ou prochains, qu’il peut attendre da travail, des avances et de la peine qu'il doit prendre pour établir ce nouvel assolement; ct ceci suppose avant lout, de la part du cultivateur , la connaissance de ses propres aflaires.
Or, nous voyons que , dans l'état actuel de l'instruction de notre peuple, rien n’est plus rare que ceite connaissance, témoin celle du prix intrinsèque du temps, que personne à peu-près ne calcule , bien qu’il soit l'élément essentiel de la
valeur que le travail donne à chaque chose.
Presque toules les opérations rurales se font encore chez nons parroutincon par imitalion, et parce qu’un autre afait ainsi. La plupart même desentreprises, des spéculations, des mouvements imprimés à l'économie , s'accomplissent de
Jasorte sans plus de connaissance de cause, par entraînement, sansavoir bien appris ce que l’on veut entreprendre ou pra-tiquer, et rarement par une conscience réfléchie du mérite même
de
l'entreprise que l’on se propose de tenter , de ses rapports et de ses conséquences. C'est à celte cause principa-lement qu’il faut attribuer le non-succès d’un grand nombre d'enireprises dans notre canton, où l'indusirie manufacturière et commerciale était autrefoissi florissante.Cette réflexion nous conduit à répéter ce que nous avons dit ailleurs: Donnezau Fribourgeoisdes routes pour ses den.
réeset lesproduitsde son travail ; donnez-luide bonnes écoles primaires, de bonnes écoles moyennes qui soient cn même tempsdes écoles industrielleson écolestechniques; mettezleen communication par
la
lectureavec cette grande source de loute idée , de tout progrès, la presse , et vousleverrez bientôt,lui
aussi , s'aidant de ces deux grands leviers sociaux, l'argent, l'intelligence, marcher rapidement au progrès. L'industrie, qui féconde le travail, et la science , qui sert de guide à l'in-dustrie, sont les plus sûrs appuis de l'ordre, de la puissance et du bonheur public. — Mais , revenons ànotre sujet.
TU
faut
donc admettre qu'il est encore difficile à nos çulti-valeurs, soit de se procurerles connaissances expérimentales dont ils ont besoin pour pouvoir combiner un nouve|assole-ment, soit de se rendre un compte assez certain de cette
en-treprise pour
se
décider à laire les avances de tempsetd'argent qu'elle exige.Aussi faut !l se dire que de tels changements ne peuvent jamais s’exécuter en masse ni à priori, car
il
faudrait pour cela que l'Agriculture pût être méthodiquement traitée par de véritables spéculateurs, par un ordre de cultivateurs qui ne vissent dans leur métier que l’artde tirer le plus grand partipossible de la force productive dont la terre est douée, sans égards pour les pratiques ni les habitudes du pays, etqui, de
plus , fussent en possession du capital nécessaire pour
réaliser
leurs plans. ‘
Mais cette classe d'agriculteurs est trop rare parmi nous pour qu'on puisse en attendre un pareil résultat , parce que, parmi les hommes qui ont reçu de leur éducation des moyens defaire autre chose que de labourer la terre, il en est bien peu qui se vouent
à
l'Agriculture et qui considèrent la terrecomme une matière d'amélioration àlaquelle on puisse confier des capilaux.
XI faut danc que les changements qui doivent améliorer l'Agriculture se fassent de procheenproche, par tatonnement, d’après des exemples fournis, soil par. des agronomes‘qui se plaisent à ajouter dansleurs
terres
des expérimentalions agri-coles à leurs autres jouissances, soit pardes hommes queles-circonstances obligent à consacrer leurs loisirs involontaires
à la vie chatmmpêtre et à l'amélioration de leurs domaines.
Les innovations arrivent ainsi par degrés ; ellessesuccèdent et ne se combinent pas, en sorte qu’il n’en ressort pas un
-système complet d’Agriculture : mais une innovation enamène une autre, et la nécessité de les coordonner
finit
par produire une véritable combinaison et un nouvel ordrede culture.Les plus réputées de ces combinaisons, celles de la Bel-gique et de l'Angleterre, n'ont point eu d'autre origine. Ce n'est pas un homme qui, àlui seul, a improvisé ces systèmes, car On sauraitson nom; c'est parvoie de tatonnement
et
àpos-teriori qu’on
es
peu à peu arrivé à combiner la culture pra-tiquée dans ces champs modèles , où les âutres peuples sont allé chercher les exemples qui ont fait progresser leurAgri-culture.
2° I
faut
que le cultivaieur puisse opérer ce changement.Cetle seconde condition est bien plus difficile encore à ob-tenir que la précédente ; car on conçoit qu'on puisse instruire les cultivateurs et répandre chezeux, àforce d'ensei-gnementet de fermes-modèles, les meilleurs procédés d'Agri-culture ; mais la diffeulté de propager ces bons exemples tient aussi À la résistance des faits, et on ne peut pas agirsur
eux comme sur l'intelligence des cultivateurs.
_ Ces faits résultent de l’état même de la Société et des con-ditians auxquelles ses institutions ont soumis la propriété et son cultivateur. Nous n'entendons pas exprimerici, parle mot d’ipstitations, la nature du régime politique auquel les divers pays sont soumis, car nous savons que cette Nature estétran--gère
à
la prospérité de l'économie , et qu'on l’a vue également prospérer ou décheoir squs’des formes de Gouvernementen-5
A metièrement différentes. C'est ainsi que l’on a vu l'Agriculture prospérer sous
l'aristocratie
bernaise, pendant que'la Polognea manqué des principaux éléments d’une bonne culture sous une aristacrälie qui avait conservé àla fois sespriviléges poli-tiques
et
civils et le servage pour capital mobilier. C'est ainsi que l'on a va les Anglais parvenirà un haut pointde perfection acricole avec des institations qui semblaient devoir lescon-‘ + à la médiocrité, parce que leurs grands propriétaires
se sontdéchargés des soins de la propriété en favenr desriches fermiers, entre lesquels ils ont morcelé leurs vastes domaines pardes baux à iong terme; pendant que nous voyonsla France monarchique restér dans celle médiocrité avec une répartitinn de fortunes en apparence plus favorable , parce qu'il ne s’est pas formé chez elle des capitaux mobiliers disponibles pour le
sol et proportionnés à son étendue. C'est ainsi encore que, sous un régime autocratique, la JKussiea poussé les progrès de son économie , depuis l’année 1783, presque aussi loin que
l'ont fait les Etats-Unis de l’Amérique, qui furent à cette époque constituésen république indépendante.
Ce ne sont pas les instilutions politiques qui influent sur l'Agriculture et l’économie, mais la législation civile, fiscale
et
commerciale, mais l'éducation que reçoit le peuple et les conditions sociales sous lesquelles 11 esiste. Ces conditions tiennentproviennent non seulementà
la fois aux lois, aux mœursde celles quiet aux habitudesdominent aujour-;
ellesd'hui, mais de celles qui ont dominé autrefois; car quelque profondes que ‘soient les révolutions, elles ne parviennent guère
a
détruire entièrement ce qui est plus puissant que l’i-magination de l’homme, savoir ses habitudes et sesintérêts.Or,
ses intérêts ont leurs racines dans un passé qui a dis-tribué d'unc certaine manière la propriété , qui ena
réglélesdroits, les charges, ainsi que les conditions de son exploita-tion. On a beau vouloir renier ses ancêtres, on est malgré
soi l'héritier de la forme qu'ils ont donnée au pays, etdecette
forme proviennent les conditions où se trouvent êtreà Ja fois
la propriété et son cultivateur.
fins: l'Agriculture est nécessairement dominée par des cir-stances qui déterminent le régime agricole de chaque pays.
1: 1°, l'état dans lequel s'y trouve la propriété fon-thatrère première de l'Agriculture , sa subdivision , ses la classification de ses propriétaires ; 2°, le'inode ou
ts modes de son exploitation ; 3°. lescapitaux qui
là cenflance qui