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RECUEIL AGRICOLE, INDUSTRIEL, COMMERCIAL, HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE,

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L'ÉMULATION,

RECUEIL AGRICOLE, INDUSTRIEL, COMMERCIAL, HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE,

PREMIÈRE ANNÉE 1841-1842. 70m

ON SOUSCRIT,

À FRIBOURG, CHEZ L.-J. SCHMID, ÉDITEUR;

ET POUR LA SUISSE ET L'ÉTRANGER, AUX BUREAUX DES POSTES.

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PREFIH RE ANN E J84t -1842.

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ON SOUSCRIT,

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L’ÉMULATION,

RECUEIL AGRICOLE, INDUSTRIEL, COMMERCIAL, HISTORIQUE ET LMITÉRAIRE.

N° 1.

SEPTEMBRE , 1841 ; PREMIÈRE QUINZAINE,

CONDITIONS DE L’ABONNEMENT,

L'Emulation paraîtra tous les quinze jours dans ceimême farmat. Chaque numéro eontiendra 8 pages d'impression en caractères petit-romain. Les numéros d'une année rénnis formeront unvolume, Le prix de l'abonnement, rendu franco dans tous lesHeux du Canton ILy@poste, est fixéà A5balz pour l'année. Bne peul s'abonner pour moins d'un an. Tout abonnement dela Ville de Fribourg doit sefaire an Bureau del'Emrlution,Minede la Préfecture numéro 198, Les abonnements du dehors peuvent se faire àvolonté aux Burcaux de Poste respestils

ou an Burcau de l'Emulation, lettreset argent affranehis.

;

PROSPECTUS.

Bopuis

une vinglaine d’anuées, le Canton de Fribourg a fait de sensibles progrès dans lacarrière de la civilisation.

Des monuments européens, dont la pensée est notre gloire , et dont l’exéculion n’a pas été duc toujours à des Etrangers, se sont élevés parmi nous, Des fondations phi- lantropiques et des établissements d’instruction publique ont pris naissance dans pays, y ont acquis une exten- sion remarquable. IBes voies de communication, anssi nom- breuses que sagement établies, ont donné un nouvel essor au commerce et à la cireulation des hommes et des idées.

L’espuit Littéraire, endormi depuis les Guillimann de Ko- mont,les Geinoz deBulle, lesFontaine deFribourg

»

vient

de signaler son réveil par des publications de plus oumoins d’intérêt et par la création de sociétés pour la culture in- telleetuelle. Quelques espérances d’une culture artistique sourient même de loin à l'ami des Beaux-Arts. Une vie plus douce, plus aisée, meilleure en nn mot, nous a été ouverte sons les auspices de la paix et de la liberté.

Pourquoi donc tant de défiance de lui-même

et

de sespro-

pres forces dans

le

peuple fribourgeois ? Pourquoi

cette

apa-

thic des hommes d’intelligence ou d’imagination, quand l’exercice de Jeurs facultés serait si précieux à l’avance- ment de leurs concitoyens ? Comment vont se perdant pen

à peu tant de belles et d’utiles chosts de notre vie publique on privée, du temps présent on de l’âge antique? Où sont les vestiges de mille essais tentés isolément sur les divers points de la république fribourgeoise

?

Ne serait-ce point, parce qu’à ces tendances isolées de

p'ogrès,

à ces mouvements partiels, il manque un point d’appui, un centre quelconque et un organe qui les popu- larise jusque sous le toit des chaumières.

Nous en avons la conviction, ces tentatives d’améliora- tien ne réussissent point, faute de la sympathie vive

et

éclairée d’une publicité nationale.

Cette conviction a donné naissance au journal que nous annoncons aujourd’hui.

L’Emurarion, tel estletitre de la nouvelle feuille. Elle scra consacrée, non àla polémique

religieuse

ou politique, mais uniquement au génic pacifique et fécond de l’art et de la science; elle pourra plaireàtous,parce qu’elle cherchera

exclusivement et consciencieusement le bien-être detous, L’Emulation mettra en première

ligne

les objets d’utilité publique, Agriculture, Commerce, Arts et Métiers, Sta- tistique, Economie publique et domestique. Toutes ces branches seront, autant que possible, envisagées du point de vue spécial et local. Les Inventions et les Découvertes d’une utilité reconnue, les Procédés nouveaux applicables dans ce pays, les Perfectionnements déjà introduits et les

Améliorations à introduire, l'Etat moraletmatéciel de nos populations;tel est en grand le cadre de cette première et

importante partie dujournal.

L’Emulation ayant pour but aussi la Culture intellec- tuelle, consacrera quelques unes de ses colonnes à l’Mis- toire et à la Littérature.

Dans

cettepartie

encore,efle cherchera

à être

nationale, le cachet de la Nationalité pouvant seul lui faire trouver grace aux veux de l'Etranger. L’Kistoire Cantonale, l'Histoire Fédérale, et celle de la Suisse Momande en particulier, seront l’objet d’études suivies. Les biographies des Fri- bourgeois illustrés par les arnies, la science ou les arts, forméront un complément nécessaire de la partie histori- que.En Littérature, l’Émulation publiera tour à tour des poésies, des légendes , des traditions propres à amuser

et

à instruire. Elle aimera à peindre Jesmœurs el la vied’au- trefois. Elle vouera quelque étude à cette belle langue ro- maude, riche de mille nuances inconnues à la langue elas- sique, dont nous possédons Un monument si curieux dans

A T

'

RECUEIL AGRiCOLE, INDUSTRIEL, C O HIERCIAL, HISTORIQUE ET U'fTÉRAIRE.

N° 1.

SEPTEMBRE , 1841 : PREMIÈRE QUINZAINE.

CONll;'!TI UlS D:S L'ABONNEMENT,

L'E,nuln.lio" parnîtra tous ic, quinze jonrs ,lans ('r même forma(. Clrnqnc numi.ro, r.ontic111]r, 8 pog~•-~Ïm.~rrssiun en ~;"r•c!ère• pctit-ro,.u1~1•. Les numéros ~·un~ 111née rénnis fortnrroDI un -roluu\~. Le prix ,le J"ahonnernent, rcg1\ 11 (nmc:o ":"" luns. les l~•~•ir du Ca;1t'.·'.1 01< ,l ') a ,,_ostc, c,\ file a lia Laiz pour l ~nuec. On llC peul~ ~Lo~ucr ]'OU~ mo11,s d un an, Tout abonnemcn~

ile la \'ille de Frihouqj" cl oit se fajrc "" llureau de I Emr<latwn, hnc ,le la i relecture uumcru 108. Les nbonncmeuts du dehors peuvent se f11rc a ,·ulontc aux llurcaiu de l'oslc rcspc•tifs

011 an JJnrcau de !'E11wfalion, lc!lrcs cl aq;cnt 1ffrand.11s.

PROSPECTUS.

' Depuis une vinp;Lainc d'années, le Canton <le Frihourc: a fait de sensibles proi:p·i~s tfans la carrière de la civi]isation.

Des monuments européens, dont ]a pensée est notre p·loire et dont l'cxécn{ · on n'a pas été duc tonJ'onrs à des

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Etraur,·er8, se sont élevés pat·mi nous. Des fondations phi- lantropiqucs et des éUihJisscmcnts d'instruction puLJique ont pris naissance dans fr, pays, on y ont acquis une exten- sion remarquable. Des voi~s Je cormnnnication, ans:-;i nom- breuses que sa{p~mcu t établies, ont donne nn nouvel essor ali commerce et

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la circulation des hommes et des idées.

L'csprjt littéL·aire, cnrformë depuis Jcs Gnillirnann de Ro- mont, ]es G·einoz de BtilJe, Jr~s .Fontaùie de Fribourg·, vient de sir;nalcr son réveil par, es pnhlica.tionsdc plus ou moins

<l'intérêt et par b création tlc sociétés pour la culture io- te1lcctuc1le. Quehp1cs espérances d'une cu]tm·c artistique som•jent 1nème de loin à l'ami des Deaux-Arts. Une vie plus douce, p]us aisée, mcillcmc c-n nn mot, nous n été ouverte sons les auspices 1.le 1a paix cl de la liberté.

Pourquoi donc tant de défiance de h1i-mèmc et de ses pro- pi·cs forces dans] c peuple frihonrg·cois '? Pourquoi celle apa- thie des hommes d'intcHjc•cnce ou· d'imar,-ination, qna&ul l'exercice de Jeurs facultés serait si précieu½ it J'avance- meut de ]em·s concitoyens'? Com.mcnt vont se perdant peu

:1

peu tant Je belles et d'utiles choses de notre vie publique

01! privée, du temps pl·ésent Oil <le l'~rrc antique'? Oi1 sont Jes vestiP·cs de miHe essais tentés isolément sn1• les divers , u po:nts de 1a républ ïque frihourgeoise '?

Ne serait-ce point, parce qu'à ces tendances isolées de p:•oip·•·~, à ces mouvenu~nt~ par6cls, il manque un point d'appui, un centre quelconque et un organe qui les popn- lar1sc _jusque sous le toit des chaumières.

Nm.1s en avons la conviction, ces tentatives d'améliora- tieu ne réussissent point, faute de la sympathie vive et éclai1·ée d'une pnb] ic~té nationale.

1 Cette conviction a donné naissance au journal que nou1'\

1

annonçons aujourd'Jmi.

L'E~rnLATION; tel est ic titre de la nouvelle fcui11e. Elle sera consacrcc, non à 1a polémig:ue religieuse ou politique, mais uniquement au ~·énic p9cifiqnc et fécond <le l'art et de la science; el]c pourra plaire â tous, parce qu'elle cLercltera exclusivement et consciencieusement le Lien-être de tous.

L' Ernulall'.on mettra en premihc ligne les objets d'utilité publique, A(p·icuJtnrc, Commerce, Al'ts et llf étiers, Sta- tistique, Economie publique et domestique. Toutes ces Jn·anches seront, autant que possible, envisarrécs dn point de vue spécial et local. Les Inventions et les Découvertes d'une nti]itc reconnue, les Procédés nouveaux applicables tlans ce pays, les Perfectionnements déjlt introduits et Jcs Améliorations à introduire, l'Etat moral et matfriel de nos populations; tel est en {P'~11J le cadr~ <le cette premihc et importante partie clu journal.

L' Eniulation ayant pour but aussi la Culture intelle·c- tuclle _, consacrera quclcp1es unes Je ses colonnes à l'His- toirc et à la Littérature.

Dans cette partie encore, eUe cl1erc11era à être nationale, le cachet de la Nationalité pou11ant seul lui faire trouver g·race·

anx -yeux de rEh-ànr,·er. L'Histoirc Cantonale, l'Histoirf.

Fédél·alc, et ce1le de la. Suisse Romand c en particulic:r, seront l'objet d'étmlcs suivies. Les biographies des Fri- hourgcois il1nstrés par ]es arnies, la science ou les a1~ts fol'méront un complément nécessaire de l'a partie hist ri.

que.

En Littérature, l' Èmulatiolt publiera tour à tour des pocsics, des légendes , des traditions propres à amuser et à instruire. EHe aimera à peindre Jes mœurs el la yje d'au- trefois. Elle vouera quelque étude à cette bel1e Jang·ne ro- rnaudc, riche de male nuances inconnues à la lang·uc clas- sique, dont no1.1s possédons un monument si curjeux dans

(5)

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la traduction des Bucoliques Virgiliennes, par l’avocat Python. Tout ouvrage fribourgeois ou suisse, qui ren- trera dans le cadre de l’Emulation, aura droit à une re- cension bienveillante.

Jaloux de contribuer à une œuvre utile et populaire, des Magistrats, des Négociants, des Hommes d’étude ont généreusement offert leur concours pour la rédaction de

VEmulation. Ces amis des Lettres et de la Prospérité pu- blique formeront le Comité de publication. Nul article ne

pourra paraître qui n’ait recu leur sanction. Les Collaho- rateursdel’Emulation étant des hommes d’opinions diffé- rentes, sa complète indépendance de toute vne personnelle,

de tout espritde parti ou de coterie, est ainsi garantie.

Mais une telle entreprise demande naturellement, pour réussir, un concours plus étendu, plus efficace que celui

de quelques citoyens. Elle doit être appuyée des souscrip- tions et de la bienveillance du Public, H faut que les hom- mes éclairés de toutes les classes Tui accordent leur active coopération. Les Collaborateurs n’ont d’autre intérêt que

de voir prospérer la feuille, leur travail, à eux,sera com- plètement gratuit. Pourvu que l’Emadation devienne po- pulaire et produise quelques bons fruits, :1s donneront avec joie quelques heures par jour

à

leurs Concitoyens.

Le Conrré pe L’Emulation.

—— ao

AGRICULTURE.

* APERCU GÉNÉRAL.

La population du Canton de Fribourg est essentiellement agricole, et elle paraît destinée par la nature à conserver toujours ce caractère distinctif. Nous l'en félicitons sincère- ment, persuadés que noussommes que son bonheur n'en sera que mieux assuré.

L'Agriculture, cette science qui remonte au berceau des sociétés humaines, et qui a réuni les familles en nations, fournit partout à l'homme

la

plus innocente et la plus pure

de ses occupations, en même temps qu'elle est la plus utile.

Quoique l’Agriculture ne soit pas la seule source de la prospé- rité publique , elle en est une des plus riches, et seule elle dépend peu des chancts politiques qui alternativement font passer les états de la paix à la guerre et de la guerre

à

la paix.

Elle nourrit l’homme , elle l'habille, et fournit à ses princi- paux besoins comme à ses plaisirs les plus usuels. Douce et profitable occupation, elle ramène l’homme à la tranquillité, à la santé , aux vertus. Cicéron l’a dit avec cette raison supé- rieure

qui

caractérise ses immortels écrits : « De tout ce qui

» peut être utile à l’humanité, rien n’est plus que l’Agrieul-

» ture , excellent, productif, et digne d'un homme vraiment

» libre.»

L’Emulation est donc assurée de servir utilement

l’intérêt

national, de travailler efficacement au progrès moral et maté- riel du peuple, en le tenant au courant des améliorations et des découvertes qui se font incessamment dans la science de

l'Agriculture et les arts industriels qui s’y rattachent, Elle ne suivra à cet égard aucun plan systématique. Ce n'est point un traité d'Agriculture qu'elle prétend écrire. Assez de bons ou- vrages ont été publiés et sont élaborés encore chaque

jour

sur

cette matière. C'est au fur et à mesure que les améliorations

se présenteront, ou lorsque les travaux de chaque saison ou quelque intempérie en feront

sentir

l'a-propos ou le besoin, que nous essaicronsde donner à nos Concitoyens de salutaires conseils el de profitables enseignements,

La science de la Culture à fait des progrès dans ce Canton, secondée qu'elle a été par l’exemple et par les leçons de quel- ques Agronomes d'un ordre distingué. Pourtant, il faut le dire , dansle plus grand nombre de nos Communes , l’Agricul- ture est encore malheureusement dans l’enfance , et ne s’est pas encore affranchie de l'ignorance et de la servitude des routines. Tout s'enchaîne dans Ia vie des nations ; l'ordre matériel et l’ordre politique, La constitution de la propriété, l’état social du travailleur, qui presque toujours en dépend,

le degré d'instruction des Classes laboricuses se placent au premier rang des circonstances qui réagissent sur la produe- tion comme sur le bien-être des peuples, Tues institutions actuelles du Canton de Fribourg, les bonnes lois qui en out

été la suite et qui ont affranchi

le

sol des entraves

que

la dîme

et la féodalité mettaient à l'amélioration de la culture , ont placé le Fribourgeois dans l’heureuse position de pouvoir désormais en homme

libre

cultiver une terre libre. C'est à le faire avec intelligence qu’il doit s'appliquer maintenant,

L’Agriculture est une science de faits, d'observalions et de raisonnements

:

il est donc nécessaire, pour la bien pratiquer,

de mettre à profit tous

les

faits importants qui ont été recueil-

lis, toutesles observations judicieuses qui ont été constatées, et tous les raisonnements concluants qui en ont été déduits.

De toutes

les

industries, l’Asriculture est celle qui affecte les formes les plus diverses : Enchaînée aux circonstances variables du climat, du sok et des localités, elle recoit de la traduction des Ducoliques Virgiliennes, par l'avocat

Python. Tout ouvrage f1·ihourgcois ou suisse, qui ren- trera dans le cadre de FEmulation, aura droit à une re- .cension bienveillante.

Jalonx de contribue1· à une œuvrc utile et popu]airc, des Magistrats, des Né&ociants, des Hommes d'étude ont généreusement offert leur concours pour la rédaction de l' Emulation. Ces amis des Leth-es et de la Prospérité pu- blique formeront le Comité de pnblicalion. Nul artic1e ne pourra paraître 11ui_ n'a~t reçu lem· sanctio~. ~e~ Coll~b~- rateurs del' Emulation ctant des hommes d opm10ns d1ffe- rentes, sa complète indépendance de toute vue pcrsonncl1e, de tout esprit de partï ou de coterie, est ainsi g·arantie.

Mais mie telle entreprise demande naturcHement, pour réussir, un concours plus étendu, plus efficace que celui de c1uclques citoyens. Elle doit être appuyée des souscrip- tions et de la Mcnveilbnee <lu Public. il fout que les l10m- mes éclajrés de toutes les classes ]ni accordent leur active coopération. Les ColJaboratenrs n'ont d'antre iutérèt que

<le voir p1·ospérer la feuille, leur travail, à eux, sera com- plètement gratuit. Pourvu que l'Emulafion devienne po- pulaire et proùuisc queJques bons fruits, i!s donneront avec joie quelques heures par jour à leurs Concitoyens.

LE Co:.:uITÉ DE L'Émulation.

APERÇU G~NÉRAL.

La population dt1 Canton de ~ribourg est essentiellement agricole, et elle paraît destinée par la nature à conserver toujours ce caractère distinctif. Nous l'en félicitons sincère- ment, persuadés que nous sommes que son bonheur n'en sera que mieux assuré.

L'Agriculture, cette science qui remonte au berceau des sociétés humaines, et qui a réuni les familles en nations, fournit partout à l'homme la plus innocente et la plus, pure de ses occupations, en rn~me temps qu'elle est la plus utile.

'Qt1oique ]'Agriculture ne soit pas la seule source de la prospé- rité publique, elle en est une des plus riches, et seule elfe dépend pe11 des chanct!s politiques qui alternativement font p,asser les états de la paix à la guerre et <le la guerre à la paix.

Elle nounit l'homme , elle l'habille, et fournit à ses princi- paux. besoins comme à ses plaisirs ies plus usuels. Douce et profitable occupation, elle ramène l'homme à la tranquillité, à la santé , aux vertus. Cicéron l'a dit avec cette rai~on supé- rieure~qui caractérise ses immortels écrits : << De tout ce qui

» peut être utile à l'humanité, rien n'est plus que l'Agricul-

» turc , excellent, productif, et digne d'un homme vraiment

» libre.»

L'Emulation est donc assurée de servir utilement l'intér~t national, de travailler efficacement au progrès mocal ~t maté- riel dt1 peuple, en le tenant au courant des améliorations et des déco11vertcs qui se font incessamment clans la science de

!'Agriculture et les arts industriels qni s'y rattachent. Elle ne suivra à cet égard aucun plan systématique. Ce n'est point un traité d'Agricu\ture qrt'e\le prétend écrire. Assez de bons ou- vragc:s ont été publiés et sont élaborés encore chaque jour sur celte matière. C'est a11; for et à mesure que l~s améliorations

se présenteront, ot1 lorsque les travaux de chaque saison ou quelque intempérie en feront· sentir l'à-propos ou le besoin, que nous essaierons de donner à nos Concitoyens de salu~aires conseils et de profitables enseignements.

La science de la Culture a fait des progrès dans ce Canton, secondée qu'elle a été par l'exemple et par les leçons de quel- ques Agronomes d'un ordre distingué. Pourtant, il faut le dire, dans le plus grand nombre de nos Communes, l'Agricul- ture est encore malheureusement dans l'enfance, et ne s'est pas encore affranchie de l'ignorance et de la servitude des ro11tines. Tout s'enchaîne àans fa vie des nations; l'ordre matériel et l'ordre politique. La constitution de la propriété, . l'état social du travailleur, qui presque t9ujours en dépend, le degré d'instruction des Classes laborieuses se placent a Il

premier rang des circonstances qui réagissent sur la produc- tion comme sur le Lien-être des peuples. Les insti lutions actuelles du Canton de Fribourg, les bonnes lois qui on out été la suite et qui ont aflranchi le sol des entraves· que la dîme et la féodalité mettaient

a

l'amélioration de la culture, ont placé le Fribourgeois dans l'heureuse position de pouvoir désormais en homme libre cultiver une terre libre. C'est à le faire avec intelligence qu'il doit s'appliquer maintenant,

L'Agriculture est une science de faits, d'observations et de raisonnements: il est donc nécessaire, pour la bien pratiquer, . de mettre à profit tous les faits importants qui ont été recueil~

lis, toutes les observations judicieuses qui ont été constatées, et tous les raisonnements concl,uants qui en ont été déduits.

De toutes les industries , l' Agrjcultu re est celle qui ailecte les formes les plus diverses : }~nchaînée aux circonstances variables du climat, du sol et des localités, elle resoit de

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Sa 5 gi

chacane d'elles des modifications nombreuses. Le Canton de Fribourg, sur une surface d'environ 27 milles géographiques carrés nous présente l'image de ces formes si variées. En des- cendantdepuis

la

région supérieure, quel’onpeutappeler alpine, à la région des monts inférieurs, et de là à la région basse, comprenant

le

bassin des lacs, nous rencontrons sur cet espace si resserré les systèmes les plus tranchés : l’état pastoral pur, avec sa vie errante et ses mœurs insouciantes; la culture pas- torale mixte, tantôl sauvage, arrachant au sol toutesarichesse productive, l’excilant encore parl'écobuage , * pour le rendre épuisé à l’action grammifère de sa nature ; tantôt régulière, plus prévoyante , plus soigneuse , formant des enclos, créant des soles, * arrivant quelques fois par la stabulation 8 à l’al-

ternat* perlectionné, Puis se présentent les branchesdiverses

du système cultural, plus préoccupé de la production des

cé-

réales, pour lesquelles les bestiaux ne sont qu’une annexe

;

! Ecobuage, action d'enlever au moyen d’une houe la superficie d'un terrain avec l'herbe, pourlabrûler et améliorerle sol avec ses

cendres.

? Soles, certaine étendue de terrain, sur laquelle on sème successi- vementdu blé, de menus grains, des fourages.

3 Stabulation, l’étal destroupeaux à l’étable.

9 Aliernat, culture allerne desdifférentes semailles.

annexe essentielle, il est vrai. C’est le système céréal pur, biennal ou triennal. C'est Ensuite le sysième céréal mixte, transition au système alterne avec lequel il se confond, en s'associant aux prairies naturelles ou factices, aux racines et aux plantes commerciales (vins, huiles, chanvres, lins). Ce système se rencontre disséminé sur plusieurs points, mar- chant à la tête de

la

civilisation agricole, et agrandissant son domaine à mesure que la propriété se divise et que l'état so- cial du travailleur s'améliore.

Pour atteindre le but d'utilité qu’elle se proposé, l’Emula- tion s'efforcera de réunir dans ses articles sur l'Agriculture tout ce qu’il imiportera le plus de connaître, pour se livrer avec succès à une culture facile et profitable des champs, des

pâturages, des bestiaux, des forêts, et de toutes les autres parties soit de l'Agriculture proprement dite, soit de l’Horti- culture, soit de l’Economie rurale etdomestique, Ellecompte

à cet effet surle concours des hommes honorablesqui , comme membres de la Société Feonomique, ont déjà rendu des ser- vices signalés à l'Agriculture fribourgeoise, ct elle s'empres- sera de publier les articles qu’ils voudront bien lui commu- niquer.

S.

tRDUS RI2R ——o Do ER COLWEI BOB,

FRIBOURG,

CENTRE INDUSTRIEL AU MOYEN-—AGE.

Aimez le travail des muins!

NicolasdeFlüe our Suisses.

Dans cet âge de fer qu'on nomme le moyen-âge , des guerres continuelles désolaient l'Europe. L'anarchie régnait dans tous les royaumes, etle droit du plus fort (en allemand Faustrecht,

le droit du poing) remplaçait la justice. On vit alors s’élever les bourgeoisies, ! associations d'hommes-libres commandés par des bourgmestres et des avoyers-capitaines , armées de pied en cap

, et

retranchées derrière les hautes murailles des

villes fortifiées. Rempart du trône contre les barons révoltés, les bourgeoisies devinrent aussi l’asyle des opprimés de toutes les classes etleboulevard de la liberté des peuples. Tes bour- geoisies de Berne, de Zurich, de Lucerne, de Bâle, deSchaf- fouse, de St-Gall, de Fribourg, de Soleure etdeCoire, unies aux peuples des pastorales ettoujours

libres

des

aldstittiem,

formèrent le noyau de la Confédération de ls !Ïaute-Alle- magne. * Confédération de paysans et debourgeois , que deux

* Bourgeoisie, du mot allemand, Burg , forteresse; Bürger, gavni- saive. Les corporations bourgegisiales de l'Allemagne équivalent aus communes de France et d'Angleterre.

C'est le nom donnéàla liguo suisse parles anciens chroniqueurs

latins, allemands et français. /

cents ans de guerre ct de persévérantes acquisitions subsu- tuèrent à la domination de quatre maisons ducales , de cin- quante comtes souverains, de cent cinquante barons, de mille nobles, 8

Mais le simple fait de la fondation de ces bourgevisies ne suffit pas pour leur donner ce degré d'énergie inlerne qui élevaet consolida l'archedel’alHiance confédérale. «Les villes, » dit l’historien Henne ,* « prospérèrent etacquirent de la consi- dération par le commerce , les priviléges et les métiers. » Àla

bravoure,au sangfroid des combats, les bourgeois et paysans de laSuisse unirentl’amour dutravail ,lasimplicité desmœurs et l’esprit public, qui forment la base essentielle de la pro- spérité des nations et des individus. Des institutions vigoureu- sement trempées émanèrent de ces assemblées populaires tenues en plein air ou sousl&s voûtes de cloitres vénérables.

L'industrie fleurit en Suisse avec les vertus des siècles hé- roïques, Les soies de Zurich , les étoffes de Berne et de Fri- bourg, les toiles deSt-Gall, le commerce de transit de Bâle et de Lucerne, en répandant l’aisance dans la Confédération,

3 Les ducs de Zähringen, d'Autriche, deSavoieetdeMilan, Ceder- nier possédait le Tessin, (LéventiRe, etc.) Leprince d'Orangefut aussi dépossédé deses fiefs au pays de Vaud.

4 /enne, deSt-Gall, ancien arctriviste d'Etat, professeur et oraleur populaire dans laSuisse allemande ,auteur d'une Chronique suisse en 3 volumes : premier vol, p. 427.

chacune d'elles des modifications nombreuses. Le Canton de Fribourg, sur une surface d'environ ~? milles géographiques carrés nous présente l'image de ces formes si variées. En des- cendant depuis la région supérieure, que l'on peut appeler alpine, à. la région des monts inférieurs, et de là à la région basse, comprenant le bassin des lacs, nous rencontrons sur cet espace si resserré les systèmes les plus tranchés : l'état pastoral pur, avec sa vie errante et ses mœurs insouciantes; la culture pàs- torale mixte, tantôt sauvage, arrachanL au sol toute sa richesse productive, l'excitant encore par l'~cobuage, 1 pour le rendre épuisé à l'action grammifère de sa nature ; tantôt régulière, plus prévoyante, plus soigneuse, formant des enclos, errant des soles, 2 arrivant quelques fois par la stabulation 3 à l'al- ternat 4 perfectionné. Puis se prése1Hent )es branches diverses du système cultural, plus préoccupé de la production des cé- réales, pour lesquelles les bestiaux ne sont qu'une annexe;

1 Ecobuage, action d'enlever au moyen d'une houe la superficie

<l'un terr~i11 avec l'herbe, pour la brûler et ameliorerle sol avec ses cendres.

2 Soles, certaine étendue ,le terrain, f;Ur laquelle on sème successi- vcmen t du blé, de menus grains, des fourages.

3 Sta!w!rttùm, l'état des troupeaux à l'étable.

-' ALlemat, cul Lure alterne <les d1fférentes semailles.

FRIBOURG,

CENTRE Ii'lDUSTRIEL AU l'IIOYEN-AGE.

Aim.e'Z le travail de.)' mains!

Nicol.os d.e flüe o.UI Suisses.

Dans cet âge de fer qu'on nomme le moyen-âge, des guerres continuelles désolaient l'Europe. L'auarchic régnait dans tous les royaumes, et le droit du plus fort ( en allemand Faustrecht, le droit du poing) remplaçait la justice. On vit alors s·'élever les bourgeoisies, 1 associations d'hommes-libres commandés par des bourgmestres et des avoyers,..capitaines, armées de pied en cap, et retranchées derrière les hautes murailles des villes fortifiées. Rempart du trône contre les barons révoltés, les bourgeoisies devinrent aussi l'asyle des opprimés de toutes les classes et le boulevard de la liberté des peupfos. Les bour- geoisies de Berne, de Zurich, de Lucerne, de Bâle, de Schaf-, fouse, de St-Gall, de Fribourg, de Soleure et de Coire, unies aux peuples des pastorales et toujours libres des JYaldstliJtert, formèrent le noyau de la C<tr/tidùation de lq, llaute-Alle- magne. 2 Confédération de paysans et de bo11rgeois , que deux

_1 Bourgeoisie, du mol allemind Bu.rg•, forteresse; Biirgor, 3arni- sa1rn. Les corporations ho•u·aeqisia.les de l'Allemagne équivalent aux comrnunes de Frarice et d'1 nglctene.

2 C'est le nom donné à la hg.. uiss~ pai: les anciens chroniqueurs latiJ1s, allemands et ft:mç::w.

annexe essentielle , il est vrai. C'est le s_ystème céréal pu-r, Liennal ou triennal. C'est ensuite le système céréal mixte, transition au système alterne avec lequel il se confond, en s'associant aux prair.ies natui-elles ou factices, aux racines et aux plantes commerciales (vins, huiles• chanvres, lins). êe système se rencontre disséminé sur plusieurs points, mar- chant à Ja tête de la civilisation agricole, et agrandissant son domaine à mesure que la propriété se divise et que l'état so- cial du travailleur s'améliore.

Pour atteindi-e le Lut d'utilité qu'elle se propose, l'Emula- tion s'efforcera de réunir dans ses articles sm· l' Agriculture tout ce qu'il importera le plus de conna1tre, pour se livrer avec succès à une culture facile et prnfitablc aes champs, des pâturages, '<les hestiaux, des forêts, et de toutes les autres parties soit de }'Agriculture proprement dite, soit de }'Horti- culture, soit de l'Economie rurale et domestique. Elle compte. à cet eflet sur le concours des hommes honorables qui, comme membres de la Sociéti Economique, ont déjà rendu des ser- vices signalés à l'Agriculturc fribourgeoise, et elle s'empres- sera de publier les articles qu'ils voudront bien lui commu- niquer.

s.

cents ans de guerre et de persévérantes acquisitions substi- tuèrent à la domination <le quatre maisons ducales, de cin- quante comtes souverains, de cent cinquante barons, de rnillc nobles. 3

Mais le simple fait de la fondation de ces bourgeoisies ne suffit pas pour leur <lonner -ce degré d'énergie interne qui éleva et consolidal'arche de l'aJliance confédéra1e. << Les vil les,>>

dit l'historien Henne, 4 « prospérèrent et acquirent de la consi- dération par le commerce, les priviléges et les métiers. >> A la bravoure, au sangfroid des combats, les bourgeois et paysans de la Suisse unirent l'amour da travail, la simplicité des mœurs et l'esprit public, qui formeot la Lase essentielle de la pro- spérité des nations et des individus. Des institutions vigoureu- sement trempées émanèrent de ces assemblées populaires tenues ;~n plein air ou sous' l~s voûtes de cloitres vénérables.

L'indusirie fleurit en Suisse avec les vertus des siècles hé- ro'l'que~. Les soies de Zurich, les étoffes de Ilerne et de Fri- bourg, les toiles de St-Gall, le commerce de transit de Bâle et de Lucerne, en répandant l'aisance dans la Confédération,

3 Les ducs de Zahrinscn, d' Auh.-iche, de Savoie et de Milan. Ce der- nier possédait le Tessin, (LéventiAe, etc.) Le prince d'Ornuge fut aussi dépossédé de ses fiefs. au pdys de Vaud. ..

4 llemu:, de St-Gall, aucien archiviste d'Etat, professeur et orateur popl.dai(,e J ns la Suisse allcmancle , auteur d'une Chr~nique suisse en 3 V<liume., : premier voL, p. 127.

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