• Aucun résultat trouvé

Intimités transnationales : au delà du débat authenticité instrumentalité

Conclusion Quelques pistes de réflexion

Chapitre 2. L’enquête et ses cadres

2.3 Cadre conceptuel et ancrages théoriques

2.3.3. Intimités transnationales : au delà du débat authenticité instrumentalité

Comme le chapitre précédent l’a montré, la littérature portant sur les intimités Nord- Sud a tendance à problématiser ce type de relation. Les partenaires se trouvent souvent pris dans une dialectique du bourreau et de la victime ou alors, la relation est appréhendée principalement dans son rapport à l’immigration (non-désirée) de l’époux originaire du Sud. Dans les deux cas, ces relations sont évaluées en regard de leur degré d’instrumentalité et d’(in)authenticité. Ces perspectives, qui se concentrent généralement sur un moment-clé de la relation intime—la rencontre intime ou la migration—ce faisant, isolent ces mariages du contexte du développement de la relation et tiennent peu compte des parcours de vie des individus qui sont directement impliqués. Ces tendances contribuent ainsi à stigmatiser davantage ce type d’unions qui au fond, ne diffèrent pas tant que cela des relations conjugales qui ne sont pas mixtes au niveau de la nationalité, si ce n’est des contraintes structurelles qui leur sont imposées. Il s’avère, au contraire, que de concevoir ces relations en tant que problèmes nourrit une certaine panique morale38 (Critcher, 2008; Garland, 2008; Rubin, 1984) qui semble prendre de l’ampleur dans plusieurs États occidentaux.

Dans le cadre de cette thèse, nous nous éloignerons donc de ces perspectives qui placent l’Occident au centre des désirs de migration et au sommet d’une hiérarchie des valeurs sociales et morales liées à l’intimité et à l’institution de la famille (D'Aoust, 2017a; É. Fassin, 2010; Fernandez & Jensen, 2014; Strasser, Kraler, Bonjour, & Bilger, 2009), pour donner plus de place à l’expérience vécue des femmes canadiennes qui entreprennent des relations de

38 J’ai employé le concept de panique morale dans le but d’illustrer l’impact de l’augmentation des discours

répudiant les intimités Nord-Sud au Canada, surtout quand ces dernières mènent à la migration d’un individu originaire d’un pays du Sud. La référence à l’anthropologue féministe Gayle Rubin est pertinente dans le sens où c’est ici la sexualité et les projets conjugaux des femmes canadiennes plus âgées qui se trouvent devenir l’objet de ridicule et d’un contrôle plus serré. Comme le note Rubin (1984, p. 162):

« Sexual activities often function as signifiers for personal and social apprehensions to which they have no intrinsic connection. During a moral panic such fears attach to some unfortunate sexual activity or population. The media become ablaze with indignation, the public behaves like a rabid mob, the police are activated, and the state enacts new laws and regulations. When the furor has passed, some innocent erotic group has been decimated, and the state has extended its power into new areas of erotic behavior ».

couples avec des hommes qu’elles ont rencontré à l’extérieur du Canada pour diverses raisons. Laisser une plus grande place aux récits de ces femmes permet de déconstruire l’idée de centre et de périphérie puisque c’est l’expérience personnelle qui devient centrale, bien que les différents régimes de pouvoir en place structurent et délimitent ces expériences vécues (Glick Schiller & Salazar, 2012; Mahler & Pessar, 2001; Massey, 1994).

Déconstruire le « Nord » et le « Sud » dans l’étude des relations conjugales « Nord-Sud » La notion de « out-of-the-way places », telle qu’élaborée par McCullough, Brunson et Friederic (2013)39 pour fournir un cadre à l’analyse des intimités dans un contexte de globalisation, offre un potentiel théorique intéressant pour appréhender l’expérience des femmes canadiennes en couple avec un homme originaire d’un pays du Sud. En effet, ce concept

« disrupts fixed core/periphery models of globalization, in which flows radiate from urban centers to remote peripheries by changing the perspective to that of individuals. Individual definitions of out-of- the-way shift, as people originate in various locations and move around in search of the possible » (McCullough et al., 2013, p. 1).

Dans cette optique et pour les besoins de cette étude, le lieu qui est « out-of-the-way » n’est plus automatiquement une périphérie—un pays du Sud, un bourg régional—mais, devient un espace qui est perçu comme étant éloigné, géographiquement ou affectivement, pour les acteurs. Pour les femmes de l’étude, les vicissitudes bureaucratiques qui empêchent ou limitent la réunification avec le conjoint peuvent former cet espace « out-of-the-way » ; ou encore, un endroit tant aimé et considéré comme central dans l’univers d’une femme—le village algérien de son mari, par exemple—peut être reconstruit comme « out-of-the-way » à travers le processus de parrainage, lequel opère aussi comme processus d’altérisation.

La conception de ce qui est « out-of-the-way » se transforme au gré des attachements affectifs que développent les femmes canadiennes pour des lieux géographiques et pour des

39 Les auteurs se sont inspirés de l’ethnographie d’Anna Tsing, laquelle était située chez un groupe marginalisé

habitant la forêt indonésienne (Tsing, 1993), pour transformer cette notion en un concept ayant un potentiel théorique important pour l’étude des intimités transnationales.

hommes originaires de certains endroits du monde. Parfois, un pays du Sud devient le « centre » d’où émerge le sens que les acteurs donnent à leur vie (Frohlick, 2008, 2009, 2013; Jacobs, 2009; Therrien, 2014). Ce concept nous permet ainsi d’envisager la mobilité des acteurs non plus selon un axe assez fixe qui va du Sud vers le Nord, mais d’une façon plus fluide, en accord avec les trajectoires affectives de ces individus. Catherine Therrien utilise le concept de « chez-soi » d’une façon similaire (Therrien, 2009, 2014). L’auteur fait davantage référence à des attachements affectifs que géographiques. Les « désirs d’ailleurs » ou « l’habitus d’ailleurs » fait partie de l’identité de certains individus et structurent, en quelque sorte, les parcours de mobilité et de conjugalité de ces derniers, ainsi que leurs cartographies personnelles.

D’autre part, le concept de « out-of-the-way places » prend un sens différent quand on porte attention à l’entité que forme le couple. En effet, les concepts de Nord prospère et de Sud pauvre perdent un peu de leur sens dans l’étude de la formation et du développement des couples et des familles « mixtes », dans lesquelles la migration ne résulte généralement pas de la décision d’un seul membre de la famille (Laaroussi, 2001). Cependant, ces divisions géopolitiques exercent toujours une pression sur les individus, modulent leurs choix et trajectoires et les obligent à naviguer à travers certaines contraintes structurelles. Pour McCullough, Brunson et Friederic, bien que « global political economy and geography still matter » (2013, p. 2), ce qui est intéressant avec le concept « out-of-the-way-places », est que l’accent est mis sur l’expérience (inter)subjective des individus avec des lieux. Le centre découle ainsi de la position de l’individu, de ses ancrages, de ses expériences. Néanmoins, comme le suggèrent plusieurs chercheurs, il est important de rendre compte, d’une part, de la tension qui existe entre la structure et l’agentivité des acteurs (Constable, 2009; Williams, 2010, 2012); et d’autre part, des négociations, des résistances et des conformités qui découlent des cadres imposés par les enjeux de pouvoir globaux, ainsi que de l’originalité des routes empruntées lorsque les individus sont confrontés à des politiques relativement contraignantes car, « no body exists beyond global forces » (Mountz & Hyndman, 2006, p. 457)40.

40 Dans le cadre de cette thèse, c’est l’expérience de femmes canadiennes qui est au centre de l’étude. Le genre

L’amour, une force de mobilité ?

Dans ses travaux sur ce qu’elle appelle les « technologies de l’amour », Anne-Marie D’Aoust (2015, p. 95) note que, dans la notion même d’amour, se trouve celle de mobilité:

« Love moves people. This encompasses the different ways in which we are pushed to do things we perhaps would not do otherwise: love is a powerful force that drives us, motivates us. Love is movement - an idea conveyed in the very idea of emotional transports ».

En effet, il est courant de se dire transportée par l’amour. Plusieurs chansons et films populaires évoquent aussi l’idée qu’une personne amoureuse est prête à se déplacer pour rejoindre l’objet de son amour (voir Gorman-Murray, 2009). Dans son étude des intimités chez les expatriés britanniques à Dubaï, Katie Walsh (2009) observe que dans les cas où un individu en couple obtient un poste à l’étranger, son partenaire le suit souvent, par « compulsion to proximity » (Urry, 2004). La migration de mariage est une autre sphère où l’amour, peu importe la définition qu’on lui donne, s’il est performé, ressenti ou encore imbriqué dans un ensemble complexe d’émotions, de valeurs, de pratiques et de projets, figure au premier rang (Maskens, 2013).

Plusieurs chercheurs soulèvent l’importance de se pencher sur le thème, souvent négligé, de l’amour dans les études de la mobilité et des familles transnationales :

« Love, whether it is for a partner, lover or friend, or for a child, parents or other kin, is so often a key factor in the desire and the decision to move to a place where one’s feelings, ambitions and expectations—emotional, sexual, political,

processus d’immigration de leur époux. Les États-nations ont une longue histoire de sexisme institutionnel, principalement en ce qui a trait aux questions de citoyenneté. Par exemple, dans son étude de l’intimité dans les colonies hollandaise en Indonésie, Ann Stoler (2002) montre clairement la façon dont les pays colonisateurs contrôlaient leurs citoyennes à travers leurs politiques conjugales. Plusieurs États européens présentent encore une tendance à contrôler leurs citoyennes, lesquelles sont souvent conçues en terme de reproductions de l’identité nationale (Bonjour & de Hart, 2013; Howe & Rigi, 2009; Yuval-Davis, 1997), n’ayant aboli que depuis peu les lois qui dictaient que les femmes mariées devaient adopter la nationalité de leur conjoint (si ce dernier était étranger) (Dragojlovic, 2008; Guerry, 2016). Plusieurs chercheurs ont relevé des attitudes qui oscillaient entre protection et paternalisme de la part des autorités étatiques lorsque des citoyennes se mariaient avec des hommes étrangers (Odasso, 2017; Wray, 2006, 2011, 2012).

economic, hedonistic etc. – can be lived more fully and freely » (Mai & King, 2009, p. 296).

Selon Skrbiš (2008, p. 236), les émotions font partie intégrante de l’expérience transnationale : « emotions should not simply be seen as a convenient and occasional resource called upon to explain certain peculiarities of transnational family life but they need to be seen as constitutive part of the transnational family experience itself ». Similairement, Mai et King arguent que les émotions n’émergent pas seulement en tant que résultat d’expériences migratoires, mais contribuent à façonner la trajectoire même de mobilité-migration des individus (2009, p. 296): « We also advocate for an ‘emotional turn’ in migration and mobility studies which explicitly places emotions, especially love and affection, at the heart of migration decision making and behavior ».

L’anthropologue Maruška Svasek (2008) définit les émotions comme une « force » qui pousse vers l’action. Dans son étude des familles transnationales, ces dernières permettent de garder le contact avec les membres de la famille éloignés géographiquement. Chez les couples transnationaux, les émotions sont aussi un moteur, mais lié à la mobilité qui transporte les partenaires au-delà des frontières, dans le but de les réunir physiquement (Beck & Beck- Gernsheim, 2014). Pour les individus dont la mobilité internationale est limitée, les émotions les poussent à mettre en place des stratégies de communication et de co-présence (Baldassar, 2008). Enfin, pour Frohlick (2009, p. 391), cette émotion qui joue un rôle sur les désirs de mobilité et d’ancrage des individus c’est l’amour :

« ‘Love’ – as an emotional script and register of feelings about co-presence and enmeshment – is also a means through which travellers as ‘cosmopolitan subjects’ forge desires to migrate from their national domicile to a Third World country where they fall in love with an ‘Other’ and are compelled to remain ».

L’anthropologue Loretta Baldassar (2008) se concentre davantage sur l’expression des émotions, principalement celles de « longing for » et de « missing », en lien à des personnes ou à des lieux aimés. Selon elle, ces émotions se manifestent : « discursively (through words), physically (through the body) as well as through actions (practice) and imagination (ideas) » (p. 250). Ces approches théoriques fournissent un cadre dans lequel appréhender les expériences vécues des femmes de cette étude, lesquelles se définissent souvent d’abord en

tant qu’ « amoureuses » pendant le processus de parrainage de leur conjoint. Vers une perspective constructiviste de l’authenticité conjugale

Comme vu dans le chapitre précédent, la question de l’instrumentalité des relations intimes binationales, souvent conçue en opposition à une certaine authenticité des sentiments amoureux, est centrale aux politiques des gouvernements des États occidentaux, lesquels utilisent cette rhétorique pour resserrer leur contrôle sur l’immigration conjugale. Cette polarisation contribue aussi à structurer l’expérience vécue des acteurs, lesquels se voient constamment sommés de justifier les motivations à la base de leur relation conjugale. Il convient donc de définir un peu mieux le concept d’authenticité conjugale auquel se réfèrent si souvent les acteurs eux-mêmes, sans toutefois entrer dans le débat philosophique existentiel dont le concept d’authenticité a fait l’objet (Carman, 2006; Rickly-Boyd, 2012; Zimmerman, 1982).

Dans la majorité des études portant sur la migration conjugale chez les couples binationaux, l’authenticité conjugale est souvent appréhendée comme un set de normes imposées par les institutions étatiques et contre lesquelles la relation intime des couples est évaluée et jugée. Dans ces cas, l’authenticité se traduit dans sa forme matérielle—à travers les pratiques intimes, les récits des conjoints et les autres « preuves » matérielles de la relation (des photos, cadeaux, billets de cinéma, etc.) Or, le concept d’authenticité en lui-même n’est pratiquement pas questionné et ses implications théoriques ne sont pas exploitées.

Dans le cadre de cette thèse, j’approche le concept d’authenticité conjugale de manière constructiviste. En effet, même si les participantes à la recherche définissent souvent l’authenticité de leur relation intime à l’aide d’un lexique du ressenti, ce ressenti est en partie structuré par des cadres normatifs parfois contradictoires. La perception et la conception de ce qui est authentique ou non en matière de conjugalité n’est donc pas entièrement le fait d’une perception individuelle expérientielle, mais est en partie déterminée par les conventions sociales en vigueur à un moment donné et dans un lieu donné. La définition même de l’authenticité conjugale est donc relative au contexte historique d’une société spécifique.

De plus, l’authenticité conjugale, telle que comprise ici, est construite à travers le rapport intersubjectif qu’entretiennent divers acteurs entre eux: les partenaires conjugaux demandant à être réunis, les institutions étatiques en lien à l’immigration, leurs politiques et leur administration, les agents d’immigration qui évaluent les dossiers des demandeurs de réunification conjugale, les médias, les familles et amis des personnes concernées, etc. Ainsi, dans une perspective constructiviste, l’authenticité conjugale est « fluide, négociable et contextuelle », c’est un « meaning-making process » (Bruner, 1994, in Rickly-Boyd 2012, p. 272). La notion même d’authenticité conjugale est constamment redéfinie par la circulation des normes intimes et conjugales en vigueur, leur réarticulation dans le cadre de confrontations entre ses différentes définitions et la réappropriation de ses signifiants et signifiés divers. Pour D’Aoust (2013), qui a étudié le processus de réunification conjugale dans plusieurs états occidentaux, la bureaucratisation du processus oblige les partenaires conjugaux à produire une « matérialisation et une quantification de l’amour » (p. 263, ma traduction). Cette pratique contribue elle aussi à la construction de ce qui est authentique ou inauthentique dans le cadre de relations intimes et conjugales.

Par ailleurs, l’authenticité est un concept qui a été largement débattu dans le domaine du tourisme. En effet, un parallèle peut être fait entre le concept d’authenticité tel qu’utilisé en tourisme et dans le cas des couples binationaux. Quand le concept d’authenticité est mobilisé pour juger de la qualité d’un objet précis—une tradition, dans le cadre du tourisme, ou une relation intime, dans le cas qui nous intéresse—il implique plusieurs acteurs et plusieurs points de vue. Tout comme l’illustre Theodossopoulos dans le cadre de son étude du tourisme et des touristes dans une communauté Embera au Pérou, la perspective constructiviste convient bien aux cas où les regards de plusieurs acteurs s’entrecroisent et où l’objet à évaluer est mis en scène (MacCannell, 1973). Ainsi, Theodossopoulos (2013) révèle que, quand des traditions sont évaluées en terme de leur degré d’authenticité, le concept d’authenticité, bien qu’il soit parfois articulé de façon défensive par les personnes impliquées « in response to critical (or opinionated) evaluations and comparisons by outsiders » (p. 408), n’est pas fixe dans sa définition. Ce concept, tel qu’utilisé ici, possède donc un potentiel créateur et innovateur important. Il est ouvert aux négociations et aux reformulations. Plusieurs notions de ce qui est authentique se confrontent et entrent en tension, ce qui a un impact sur les pratiques sociales

des acteurs. En me penchant sur les différentes définitions—elles-mêmes en constante reformulation—que prend l’authenticité dans les récits des participantes à la recherche, nous espérons nous éloigner encore davantage des catégorisations binaires qui affectent les couples Nord-Sud, tout en faisant ressortir les points de contention et de friction que les femmes ont rencontrés tout au long du développement de leur relation intime et de leurs projets conjugaux et migratoires.

2.3. Méthodologie

« While the researcher may lead the dance at the outset, it soon becomes hard to distinguish who is leading and who is following as interactions and movements synchronise. The embodied intersubjective space between them no longer involves division but connection. So, researcher and participant engage the dance, moving in and out of experiencing and reflection while simultaneously moving through a shared intersubjective space that is the research encounter. Then, after the dance, the researcher engages a solo waltz, once again moving in and out of (pre- reflective) experience and reflection as s/he engages multiple meanings emerging from the data. Different interpretations are tried out like dance steps. Eventually the researcher settles on particular meanings revealing possibilities that may excite, inform or point the way to future research » (Finlay, 2006, p. 1).

Cette thèse est le fruit de négociations constantes entre le terrain et l’analyse ; entre des données et des cadres théoriques et conceptuels existants et en transformation ; entre ma position de chercheure et de femme, les récits des participantes et l’expérience même du processus de recherche. J’ai été particulièrement active sur le « terrain » à partir du mois de mars 2015, pour une période d’environ un an et demi, quoique j’aie continué à le fréquenter et à m’en nourrir jusqu’en juin 2017.

Bien que mon terrain ethnographique puisse être qualifié de succès—il a été facile d’accès, j’y ai été accueillie facilement et rapidement, il m’a offert un matériel riche et surprenant—j’ai tout de même dû revoir certains de mes objectifs de recherche suite aux aléas de la collecte de données. En effet, le processus de collecte de données qui a caractérisé ce projet de recherche a aussi été l’objet de quelques détours et blocages. Par exemple, l’un des objectifs initiaux de cette étude était de récolter l’expérience vécue de la relation intime binationale et du processus de parrainage chez les deux partenaires du couple, dans le but de

mettre en relief les dynamiques de couple, ainsi que certains enjeux de pouvoir liés à l’expérience de l’immigration de type regroupement familial au Canada. Cependant, le terrain ethnographique m’a mené dans une autre direction : les hommes parrainés par une femme canadienne, à l’exception d’un seul, ont brillé par leur absence dans mon projet de recherche41. En revanche, ce dernier a connu un engouement certain auprès des femmes canadiennes, lesquelles se sont portées volontaires en grand nombre pour me rencontrer et me raconter leur histoire. Cette thèse est donc devenue, au fil du terrain, l’histoire de femmes pour lesquelles

Outline

Documents relatifs