• Aucun résultat trouvé

Enfin, quelques femmes interrogées (quatre) avaient rencontré leur conjoint au Canada, alors que ce dernier était demandeur d’asile Dans le cas de telles rencontres,

Conclusion Quelques pistes de réflexion

Groupe 4. Enfin, quelques femmes interrogées (quatre) avaient rencontré leur conjoint au Canada, alors que ce dernier était demandeur d’asile Dans le cas de telles rencontres,

l’expérience du développement de la relation intime et de la mobilité des femmes diffèrent parce que les partenaires sont tous les deux installés au Canada. Les données qui ont émergé de ces récits de rencontre ont donc peu servi dans cette thèse, mais j’ai tenu à inclure ces entretiens dans l’analyse parce que l’expérience vécue du processus de réunification conjugale, dans ses dimensions administrative et affective, vient corroborer l’expérience des femmes qui ont parrainer leur conjoint de l’extérieur du Canada.

Notons enfin que, bien que les profils issus de ces quatre catégories soient très variés, que le développement de l’intimité et le rapport que les femmes entretiennent avec le pays de leur conjoint varient selon le mode de rencontre amoureuse; l’expérience vécue du processus de réunification conjugale est sensiblement la même chez toutes les femmes rencontrées47. Ces catégories ont donc leurs limites analytiques.

47 La similarité au niveau de l’expérience du processus de réunification conjugale tient probablement du fait que

2.3.3. L’analyse des données : émergence des thèmes et sous-thèmes

L’analyse des données n’a pas débuté à la fin de la collecte de données. Au contraire elle a été appréhendée comme un processus dynamique qui s’est consolidé au fil des entretiens et des observations. Elle est le résultat d’un équilibre entre la subjectivité de la chercheure et l’objectivité des méthodes d’analyse employées (Lerum, 2001).

Tout au long du terrain, les thèmes et les pistes d’interprétation qui émergeaient des entretiens et des observations dans les deux groupes de soutien Facebook ont été notés dans un carnet de bord. Lorsqu’une saturation dans les données a été atteinte, nous avons stoppé la collecte active des données et commencé le processus d’analyse de l’ensemble de ces dernières, tout en effectuant parfois des allers-retours dans les communautés en ligne pour valider un point d’analyse. Tout d’abord, les axes d’analyse ont été déterminés sur la base du guide d’entretien. Ensuite, tous les entretiens ont été lus et relus pour noter les thèmes qui s’en dégageaient. Les transcriptions d’entretien ont ensuite été codées en fonction de ces thèmes. Des sous-thèmes se sont alors distingués et ont eux-aussi été codés et répertoriés à travers toutes les transcriptions. Les notes d’observation ont elles-aussi été scannées pour y dénicher d’autres thèmes liés aux questions de recherche qui auraient pu avoir été omis, ainsi que pour soutenir ou infirmer certaines pistes d’analyse.

Au total, treize thèmes principaux ont été recensés dont : l’authenticité de la relation, des parcours de vie mobiles, la désillusion amoureuse, les inégalités au sein du couple, la rencontre amoureuse, le mariage et la mobilité amoureuse. Chaque thème comporte entre deux et neuf sous-thèmes. Plusieurs se chevauchent ou s’entrecroisent. Ces thèmes et sous-thèmes forment la trame de cette thèse.

et le climat politique entourant l’immigration ont peu fluctué au cours de ces années (pour un aperçu des exigences, voir le site d’immigration Canada au http://www.cic.gc.ca/english/information/applications/spouse.asp).

Éthique de la recherche

La majorité des entretiens ont été enregistrés et puis transcrits. Seulement deux entretiens ont fait l’objet d’une prise de notes manuelle, à la demande des participantes qui se sentaient plus libres de discuter sans l’entremise d’une enregistreuse. Par souci de confidentialité et de protection de la vie personnelle des participantes et de leur famille, tous les entretiens et leurs transcriptions ont été codés, les enregistrements ont été détruits et des pseudonymes ont été donnés aux participantes, ainsi qu’aux individus (généralement leurs époux ou enfants) dont elles mentionnent le nom dans leur récits. Ces pseudonymes ont été choisis en essayant de respecter le plus possible le caractère spécifique du nom de la personne dans sa langue ou signification d’origine. Par exemple, j’ai sélectionné des noms qui étaient courants dans la génération de la participante, si c’était le cas. Dans le cas de leurs conjoints et enfants, si le nom d’origine est dans une autre langue que le français, j’ai sélectionné un pseudonyme tiré de cette même langue.

Des questions d’ordre éthique se sont aussi posées dans le cadre de l’observation participante que j’ai menée dans les groupes Facebook. En effet, bien qu’avisées périodiquement de ma présence dans le groupe et des objectifs de ma recherche par des publications sur le forum de discussion, les participantes à la recherche n’ont pas toujours conscience que ce qu’elles écrivent sera utilisé à des fins de recherche. Il était donc essentiel d’utiliser des pseudonymes. De plus, j’ai parfois modifié certaines caractéristiques du couple ou de leur histoire personnelle—le pays d’origine du conjoint, par exemple—afin d’éviter qu’ils ne soient reconnus par des tiers ou par les conjoints des femmes eux-mêmes. Certaines femmes dont l’histoire a été plus difficile ont spécifiquement demandé de prendre ces mesures d’anonymat supplémentaires.

2.3.4. Ma position: entre chercheure et participante à la recherche

Il est surprenant de constater le nombre de chercheurs travaillant sur les couples mixtes transnationaux qui sont (ou ont été) eux-mêmes dans cette situation conjugale. Or, leur expérience est rarement traitée dans le cadre de l’analyse. Parfois elle est mentionnée au passage dans la préface d’un ouvrage (Breger & Hill, 1998; Constable, 2003), alors qu’ailleurs, l’expérience de la chercheure est explicitée, puis questionnée, sans toutefois être

analysée en tant que donnée pertinente à la recherche (Kelsky, 2001; Therrien, 2008). L’anthropologue Catherine Therrien (2008, p. 39), laquelle a placé « l’expérience partagée au cœur de [sa] méthodologie de recherche », témoignait de ses doutes sur sa position de chercheure et de participante à la recherche :

« J’ai été frappée de constater que la théorie que j’avais élaborée correspondait parfaitement à ma propre histoire. J’ai alors eu un profond moment de doute. Était- il possible, après cinq ans de recherche, cinquante-huit heures d’entretien en profondeur, des centaines d’heures d’observation participante, des mois de transcription et d’analyse, d’arriver à des résultats de l’ordre du témoignage ? » Des questions d’ordre similaire m’ont aussi préoccupée au début du terrain ethnographique, mais je me suis rapidement rendue compte de la diversité des expériences personnelles de mes interlocutrices et de la spécificité, non généralisable, de la mienne. Toutefois, dans le cadre de ce projet de recherche, mon expérience personnelle a été centrale au processus de recherche lui-même. D’une part, elle a contribué à créer un sentiment d’aise et de complicité chez les femmes interrogées, ainsi qu’une collaboration profonde avec elles. Elle a aussi facilité le développement d’une réflexion analytique ancrée dans l’expérience et les émotions. En effet, les émotions et l’affect qui caractérisent l’expérience vécue des chercheurs font partie du processus d’enquête et du processus de construction de la connaissance (Bondi, 2005; Doucet & Mauthner, 2012; Hastrup & Hervik, 2003). Les émotions, souvent associées à mon expérience personnelle, qui ont surgi lors les entretiens et lors du processus d’analyse, m’ont permis de comprendre l’expérience des autres femmes en créant une connexion empathique avec elles (Finlay, 2006; Nicolas, 2008; Tedlock, 1991).

Mon expérience de rencontre amoureuse et de parrainage d’un homme ghanéen est aussi apparue de manière périphérique dans mes données. Parfois, c’était les femmes interviewées elles-mêmes qui m’ont posé des questions directes sur mon expérience, alors que d’autres fois, l’entretien a pris la forme d’un dialogue dans lequel participante à la recherche et chercheure ont partagé des moments de leur vie, souvent ceux qui présentaient une forte charge émotionnelle. Des parties de mon expérience narrée ont été enregistrées lors des entretiens effectués avec certaines femmes, mais, à part la vignette autobiographique qui figure dans l’introduction, je ne fais pas référence à ma propre expérience dans le cadre de

cette thèse. Toutefois, pour reprendre l’expression de Therrien (2008), « l’expérience partagée » entre les participantes à la recherche et moi-même a permis de faire ressortir des similitudes et des divergences dans l’expérience vécue, mais aussi, toute la charge émotive liée à l’expérience de couple transnational. La nature du thème de recherche étant très émotionnelle, j’étais souvent amenée à partager mon expérience par résonnance avec l’état affectif de mes participantes, ce que Finlay (2006) appelle pratiquer l’empathie réflexive.

Outline

Documents relatifs