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Inégalité sociale entre les Libanais

GUERRE AU LIBAN (1975-1990)

Section 1. Histoire du Liban : de l’indépendance jusqu’à la veille de la guerre civile

2.3. Inégalité sociale entre les Libanais

Malgré cette forte croissance économique, les déséquilibres régionaux sont très forts. Les régions rurales notamment au nord (Akkar) et au sud (Bekaa) du pays sont les plus pauvres. En plus, le revenu national est reparti de façon très inégalitaire entre les différentes catégories de population. La répartition du revenu national a fait l’objet d’une étude du ministère du plan en 1962 dont les principaux résultats sont présentés par le graphique ci-dessous.

152 Dagher A. (1995).

Graphique No 3.2.4 - La répartition du revenu national sur la population libanaise au

début des années 1960

Source : Chiffres tirés de « Besoins et possibilités de développement au Liban », ministère du plan, 1962 et mis sous cette forme par nos soins.

D’après ce graphique, nous constatons clairement la répartition inégalitaire du revenu entre les Libanais. Seulement 4% de la population (la classe riche) tire 30% du revenu national et 14% de la population (la classe aisée) touche 28% du revenu national. Les riches et les aisés touchent ensemble 60% du revenu national et le reste est partagé par la classe moyenne et les pauvres. La classe moyenne, regroupe 32% de la population, et touche 21% du revenu national. La moitié de la population est classée comme pauvre et dont 9% est très pauvre. La part touchée par les pauvres du revenu national est de 15%.

La situation s’est améliorée durant les années 60 et la première moitié des années 70. En 1974, la classe des revenus supérieurs représentait 19,5 des ménages libanais. Cette classe regroupe les riches et les aisés154. La classe des revenus moyens155 représente 60,1 % de la population. Le revenu mensuel des ménages appartenant à cette classe leur permet de satisfaire leurs besoins ordinaires et d’épargner de l’argent. La classe des revenus bas156 représente 20,4% des ménages. Cette classe

154Tels que les chefs d’entreprises de cinq salariés ou plus, les professions libérales, les cadres supérieurs des administrations

publiques et du secteur privé et les grands exploitants agricoles.

155 Font partie de cette classe, les chefs d’entreprises de moins de cinq salariés, les artisans, les cadres moyens, les

instituteurs, les moyens exploitants agricoles et les employés du secteur privé et des administrations publiques.

arrive à peine à satisfaire ses besoins vitaux et elle bénéficie des services publics d’éducation et de santé157.

La répartition de ces différentes classes sociales entre les régions libanaises est inégale. Les pauvres vivent plus dans les villages ruraux du Sud, de la Bekaa mais aussi du Nord (Akkar). La classe aisée et riche réside plus dans la capitale, dans le Mont-Liban et dans les grands villages du Nord. L’amélioration du niveau de vie des Libanais entre les années 1960 et 1970 peut être observée en étudiant l’évolution de l’indice du niveau de vie synthétique entre ces deux dates.

Ce dernier a augmenté de plus de 30% dans les régions les plus pauvres (Bekaa, villages rurales) en dix ans. Au sud, l’indice de niveau de vie a augmenté de 44%158.

Cette amélioration du niveau de vie de la population libanaise entre les années 1960 et 1970 est le résultat de plusieurs mesures et programmes de développement mis en place par le gouvernement dans le but de réduire le fossé entre les groupes de revenu élevé et ceux du faible revenu.

Toutefois, ces disparités économiques et sociales ont été aggravées par le système fiscal libanais inéquitable. Depuis son indépendance, le Liban est qualifié de paradis fiscal. La classe moyenne et les classes laborieuses supportent la plus grande partie des impôts et des taxes de consommation, soit entre 79 et 84% des recettes budgétaires sur la période 1965-1974159. C’est cette classe qui contribue donc le plus aux recettes budgétaires. La classe aisée n’est pas affectée par ce système d’imposition puisque l’impôt sur le revenu est faible et que cette partie privilégiée de la nation place ses fonds à l’étranger pour échapper à la fiscalité. L’impôt sur le revenu ne représente qu’une part faible des recettes du budget soit entre 10 et 12% supporté en majorité par les salariés et les sociétés anonymes. La répartition de l’impôt sur le revenu entre les différentes catégories socioprofessionnelles est représentée par le tableau ci-dessous.

157Cette répartition des ménages par classe de revenus est tirée de l’étude de Maroun Ibrahim sur « La question des classes moyennes au Liban (ou l’accentuation des disparités sociales au Liban dans les années ‘80’ et ‘90’ ».

Tableau No 3.2.1 - La structure de l’impôt sur le revenu au Liban Prélèveme nt aux plus- values de capital** Taxe progressive sur la propriété bâtie Professions industrielles et commerciales Professions non commerciales( professions libérales) Revenus supérieus ou égaux à 4800L.L Revenus supérieus ou égaux à 48 800L.L 1943- 1959 4%-15% 3%-12% 3% 7% - - 1959-1976 5%-42% 4%-37% 2% 10% 10% du revenu brut 10% 3%-15%

Impôt sur le revenu

Titre 1: bénéfices des professions industrielles,

commerciales et non commerciales y compris les

professions libérales*

Titre2: traitements,

salaires et pensions capitaux immobiliersTitre 3: revenus des

7% du revenu brut

*les hôpitaux, les établissements d'enseignements, les asiles et les hospices sont exonérés du paiement de l’impôt sur le revenu

**assimilées à des bénéfices réalisés par les professions industrielles, commerciales et libérales. Source : Collectés par nos soins auprès du ministère des finances.

Ce tableau montre les principaux impôts sur le revenu et les taux d’imposition appliqués. D’après le titre 2, nous constatons que l’impôt sur le revenu est forfaitaire. Le même taux d’imposition est appliqué à tous les salariés qui ont un salaire compris entre 4 800 livres libanaise et 48 800 livres libanaises. Il en est de même pour tous ceux qui ont des revenus supérieurs ou égaux à 48 800 livres libanaises. La répartition de la charge fiscale entre les différentes classes sociales est inégalitaire: l’impôt n’est pas progressif.