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Les conséquences sur le plan politique de la guerre

GUERRE AU LIBAN (1975-1990)

Section 3. Guerre 1975-1990 : causes, déroulement et conséquences sur le plan politique

3.4. Les conséquences sur le plan politique de la guerre

Au fil des ans et suite à la guerre, le poids des communautés a changé. La principale conséquence de la guerre sur le plan politique est le nouveau partage du pouvoir entre les communautés selon les accords de Taëf.

Ces accords modifient la répartition confessionnelle des postes au parlement et dans les administrations publiques. Le Parlement a rectifié le nombre des députés, il l’a porté la première fois à 126 puis à 128. Le nombre des députés est augmenté à 128 au lieu de 99, réparti équitablement entre les chrétiens et les musulmans. Dans cette nouvelle répartition des députés du parlement, les chrétiens ont gagné 10 sièges alors que les musulmans en ont gagné 19200. Dans les administrations, la répartition

confessionnelle est abolie et remplacée par le critère de la qualification et de la spécialisation, sauf pour les fonctions de la première catégorie qui sont distribuées à égalité entre chrétiens et musulmans sans spécification d’aucune fonction à aucune communauté.

Le partage des trois présidences entre les communautés n’a pas changé. Cependant, le Président de la République perd un grand nombre de ses prérogatives au profit du Président du conseil des ministres et du gouvernement. Ainsi le pouvoir exécutif n'est plus confié au Président de la République qui l'exerçait avec l'assistance des ministres mais au Conseil des ministres. Le Président de la république peut présider le Conseil des ministres quand il le souhaite mais sans participer au vote. Il nomme toujours le président du conseil des ministres mais sur la base de consultations parlementaires impératives. Il ne peut plus révoquer le conseil des ministres ni le premier ministre. Cependant, le président a gardé deux principales prérogatives. D’abord, il promulgue le décret de nomination du chef du gouvernement et celui de la formation du gouvernement (en accord avec le premier ministre). Ainsi sans la signature du Président de la République, aucun gouvernement ne peut être formé. Ensuite, c’est lui qui procède à la négociation des traités internationaux et qui les ratifie avec l’accord du premier Ministre201. Mais effectivement, c’est le premier Ministre qui prend les

décisions. Les attributions du président du parlement ont augmenté. Il a la possibilité

200 Le nombre de siège attribué aux musulmans a passé de 45 à 64 et celui attribué aux chrétiens a passé de 54 a passé à 64. 201 Toutefois, le traité international concernant le tribunal spécial à caractère international chargé de juger les auteurs de

l’attentat à la bombe qui a coûté la vie à l’ancien Premier Ministre Rafic Hariri a été promulgué sans la signature du président.

de s’opposer à la discussion d’un texte venant du gouvernement. Son mandat est quatre ans au lieu d’un an. En plus, le gouvernement ne peut pas exercer sa fonction sans l’obtention de la confiance du Parlement dans un délai de trente jours après sa nomination.

Nous remarquons que les maronites ont gardé avec eux la Présidence de la république mais celle-ci a été vidée de ses attributions. En vertu de cet accord, les maronites ont perdu leur prédominance dans les répartitions communautaires à la faveur des deux communautés sunnites et chiites. La mention de la confession ou de rite sur la carte d’identité est abolie, mais pas sur les actes de naissance et les registres familiaux. L’accord envisage aussi une déconfessionnalisation politique progressive : « L'abolition du confessionnalisme politique est un objectif national primordial qui sera réalisé, par étapes, selon un plan»202.

L’accord de Taëf adopte la mohafazah203 comme circonscription électorale. Ainsi,

l’élection des députés se fait sur une base non communautaire. Le candidat à un siège donné et d’une confession donnée doit obtenir les voix de tous les électeurs de la circonscription. Les chrétiens se sont sentis menacés par ce système électoral puisque un certain nombre de leurs députés est choisi par des électeurs dont la majorité est musulmane surtout dans les Mohafazat du Nord et du Sud et à Beyrouth.

Ces accords prévoient le redéploiement de l’armée syrienne dans la plaine de la Bekaa dans une période de deux ans en préalable à son retrait définitif. Cependant ce n’est qu’à partir de 2000 que les soldats commencent leur retrait partiel du Liban. Entre 2000 et 2004, leur effectif passe à 14 000 alors qu’il était de 30 000 à la fin de la guerre204. En mai 1991 et conformément à l’accord de Taëf, le Liban et la Syrie ont signé un « traité d’amitié et de coopération ». Selon ce traité, la Syrie peut demeurer au Liban jusqu’à la mise en application de toutes les réformes constitutionnelles prévues et jusqu’au retrait israélien du sud du Liban.

202 Document d’entente nationale.

203 La Mohafazah est une division administrative dont l’équivalent en France serait la région. Elle est généralement divisée

en plusieurs Caza. Le nombre actuel des Mohafazat est 8. Notons que les élections législatives de 2009 sont faites selon une autre loi législative (celle de 1960).

Après la guerre, le calme revient mais le Liban s’est retrouvé sous la tutelle de la Syrie consacrée par le traité de 1991 et avec l’accord des Etats-Unis205. De plus, l’armée israélienne occupe une partie du sud du pays et ses attaques continuent. Les milices palestiniennes, toujours armées, se sont regroupées dans les 12 camps répartis sur tout le territoire. Le prix de la guerre est lourd, des soldats étrangers réguliers ou non occupent des zones du pays.

Les attaques israéliennes sur le Liban n’ont pas cessés. En 1993, l’armée israélienne a bombardé durant sept jours des villages dans le sud du Liban. En 1996, elle a lancé l’opération « Raisins de la colère » et bombarde le village de Cana causant la mort de 102 civils libanais. Le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné l’assassinat des civils. De plus, l’Etat Hébreu a bombardé pour plusieurs fois des centrales électriques dans le pays. A ces attaques, il faut ajouter les survols réguliers du territoire par l’armée israélienne qui constituent une violation de la souveraineté du Liban.

Le 12 juillet 2006, Israël a mené une guerre de 33 jours sur le Liban en riposte à l’enlèvement de deux militaires israéliens par le Hezbollah. Durant cette guerre, l’armée israélienne a bombardé de nombreuses infrastructures : routes, ponts, ports, aéroport et dépôts de carburants. Les bombardements de l’aviation et de la marine israéliennes, particulièrement sur la banlieue sud de Beyrouth, le sud et Baalbek, ont causé la destruction de nombreux établissements industriels et commerciaux, de 350 écoles, de cinq hôpitaux et de 130 000 logements. Cette guerre a causé 1183 morts, 4059 blessés et près d’un million de déplacés.

Le 20 mai 2007, des combats ont éclaté entre l’armée libanaise et le groupe islamiste « Fath el Islam » au nord du Liban. L’armée a encerclé et attaqué le camp de Naher el Bared où se refugiaient les combattants terroristes. Elle a remporté une victoire dans sa bataille contre les terroristes. Durant cette guerre qui a duré environ 4 mois, 171 soldats libanais ont été tués et des centaines ont été blessés.

Des facteurs régionaux et plus particulièrement le conflit israélo-palestinien ainsi que le confessionnalisme politique libanais constituent les principaux facteurs qui ont poussé à l’éclatement de la guerre au Liban en 1975. Les seize ans de guerre n’ont

205 En 1990, la Syrie devient l’allié des Etats-Unis au Proche Orient. Elle rejoint la coalition dirigée par les Etats-Unis

permis de résoudre aucun des problèmes qui ont poussé à son déclenchement. A la sortie de la guerre, la scène politique libanaise est divisée. Les chefs de milices ont laissé les armes pour occuper des postes au sein du Parlement et du gouvernement. Ils sont toujours en désaccord entre eux ; mais cette fois-ci, leurs conflits se déroulent à l’intérieur du conseil des ministres empêchant parfois le vote de certaines réformes administratives et économiques. Les chrétiens se sentent désavantagés par les accords de Taëf et demandent désormais l’amélioration de leur représentation dans les administrations publiques et la rectification de ces accords. Israël menace toujours le Liban et occupe jusqu’à présent les fermes de Chebba. La Syrie influence la scène politique libanaise et la situation est agitée dans les camps palestiniens où les organisations sont armées. La situation politique n’est toujours pas stable dans le pays. En outre, de temps à autre, nous assistons à des assassinats politiques et à une détérioration de la situation sécuritaire dans les camps palestiniens répartis sur tout le territoire libanais.