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CHAPITRE 2 : LA COMPLEXITÉ DE LA NOTION DE COȖT D’OPPORTUNITÉ DE LA GUERRE

1.1. Définition de la guerre

Il existe plusieurs définitions de la guerre. D’une façon générale, elle est définit comme étant le recours à la force armée pour dénouer une situation conflictuelle entre deux ou plusieurs collectivités organisées : clans, factions, États. Elle consiste, pour chacun des adversaires, à contraindre l’autre à se soumettre à sa volonté57.

« Une autre définition traditionnelle considère la guerre comme des actes de violence menés et organisés par des acteurs et politiques et militaires, qui peuvent être

gouvernementaux, infranationaux ou supranationaux, et qui se nourrissent de motivations antagonistes ».58

Dans l'encyclopédie Universalis, la guerre est définit comme « une lutte armée et homicide, présentant une certaine amplitude et se déroulant dans une certaine durée de temps, entre des collectivités organisées ayant une autonomie politique au moins relative ».

Quincy Wright, définit la guerre comme un « contact violent entre entités distinctes mais similaires ». Il n’y a pas de guerre tant que les tensions n’aboutissent pas à la lutte violente, et le concept de la guerre ne peut pas être utilisé que si l’affrontement n’est pas trop limité. Pour lui, « la guerre est un conflit simultané de forces armées, de sentiments populaires, de dogmes juridiques et de cultures nationales »59.

La guerre a aussi un aspect politique. Au début du XIXe siècle, Karl Von Clausewitz définit la guerre comme un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté, ce qui implique sa défaite ou sa destruction comme puissance militaire susceptible de poursuivre ou de reprendre la guerre. Il affirme que «la guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens » et pense que tant que l’adversaire n’est pas abattu, il y a une crainte qu’il m’abatte. En raison de cette action réciproque que la guerre est essentiellement portée à l’extrême.

Pas très loin de l’idée de Clausewitz, Moreau Defarges trouve que la guerre est l’ultime instrument de la politique, c’est une lutte armée entre ennemis aux buts politiques inconciliables ou incompatibles et comporte toujours le potentiel d’une ascension à l’extrême, c’est-à-dire un engagement sans limite pour atteindre la victoire et la destruction de l’adversaire.

Pour Gaston Bouthoul, la guerre prend une forme organisée. Selon lui, « la guerre est un affrontement à grande échelle, organisé et sanglant, de groupes politiques, souverains dans le cas des États, internes dans le cas de la guerre civile »60.

58 Charles – Philippe D. (2000), La guerre et la paix, Approches contemporaines de la sécurité et de la stratégie, presses de

sciences Po.

59 Wright Q. (1942), A Study of War, University of Chicago Press. 60 Bouthoul G. (1986), Penser la guerre, PUF, Paris, P.15.

Nous distinguons plusieurs types de guerre : guerre civile, guerre interétatique, guerre de libération ou de sécession, guerre religieuses ou ethniques, guerre préventive, guerre révolutionnaire etc. Les deux types les plus observés sont la guerre civile et la guerre interétatique. Nous revenons à la distinction entre ces deux guerres dans la dernière section de ce chapitre.

Les effets entraînés par les guerres sont identiques à tous les pays et ne se différencient que par l’intensité. La guerre affecte l’économie de plusieurs manières. Elle donne lieu à des réactions en chaîne qui font augmenter le poids des pertes économiques. Elle a un impact négatif immédiat sur la croissance et le PIB, sur les échanges et sur l’équilibre financier.

Les principales conséquences de la guerre sont les pertes en vies humaines, les blessés, les destructions, l’émigration et le déplacement de la population. Durant la guerre, l’investissement domestique (privé et public) et étranger sera négativement affecté à cause de la baisse de confiance dans le futur. La chute de l’investissement va affecter défavorablement la croissance du PIB : soit le PIB par habitant va diminuer, soit il va augmenter mais son taux de croissance reste plus faible qu’en cas d’absence du conflit. Il faut savoir que le faible niveau d’investissement persiste après la fin de la guerre vu les besoins intenses en investissement à cause de leur insuffisance durant la guerre, de la diminution du capital national (entrainée par les destructions) et de la dépréciation accélérée du capital61.

La guerre entraîne de graves déséquilibres financiers : l’Etat devient incapable de collecter ses recettes fiscales et ne peut plus parvenir à couvrir qu’une faible partie des dépenses, pour cela le recours à l’emprunt devient la solution durant cette période. En plus, La guerre absorberait une bonne partie des richesses antérieurement accumulées.

Pour finir, nous évoquons l’inflation parmi les effets les plus importants de la guerre. Elle est l’état naturel de la guerre et est susceptible de s’accélérer à cause d’une baisse de la confiance publique dans la monnaie nationale et du financement du déficit budgétaire.

En plus de ses effets immédiats de la guerre, il existe des effets différés dans le temps. En effet, beaucoup des effets néfastes de la guerre sont durables tels que la fuite des capitaux, des hommes, l’augmentation des dépenses militaires et la faiblesse du niveau du revenu national. Après la guerre, il faut comparer l’évolution du revenu national à celle de la période précédente. Le taux de croissance de l’économie augmente après la fin de la guerre mais pourtant il reste inférieur à ce qu’il était avant son déclenchement.

Plus le coût de la guerre est élevé, plus le retard subi par l’économie en matière de développement est élevé. Après la guerre, la croissance de l’économie et les améliorations faites en matière de politique économique ne suffiront pas pour combler le retard. L’économie aura besoin de beaucoup de temps pour s’en sortir et pour retrouver son taux de croissance d’avant guerre. Nous concluons que le coût d’opportunité de la guerre dépend de son coût direct: plus ce dernier est élevé, plus le coût d’opportunité est gigantesque.