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U N MODÈLE AMÉRICAIN ?

Carte 2. Musées de France en région parisienne Source : géolocalisation Patrimostat 2018, cartographie de l’auteure

2.1. P ETITES HISTOIRES DES MUSEES DE PART ET D ’ AUTRE DE L ’A TLANTIQUE

2.1.2. Le cas français

L’histoire des musées français débute avec la Ire République. Nous ne revenons

pas en détail sur cette histoire précoce, déjà évoquée dans le chapitre introductif, mais retenons ce contexte révolutionnaire qui joue encore aujourd’hui dans les rapports que les Français entretiennent avec ces institutions. Nous traitons plus en détail l’histoire plus récente des musées et en particulier des grands musées parisiens qui nous intéressent dans ce chapitre.

2.1.2.1. Une naissance révolutionnaire

Le décret du 16 septembre 1792, reprenant en les prolongeant des institutions royales récentes, crée le Muséum central des arts, érigeant ainsi en institution nationale la présentation permanente, au bénéfice de tous, des œuvres qui appartenaient aux collections royales, enrichies, à cette occasion, d’apports provenant des confiscations révolutionnaires. Ce Muséum central des arts fut inauguré le 12 août 1793 ; installé dans le Salon carré et dans la Grande Galerie du palais du Louvre. Quelques jours plus tard, les 15 et 18 août, la Convention nationale décréta que son comité d’instruction publique ferait dresser « des inventaires des objets qui

devraient être rassemblés pour servir à l’instruction » et, dès le 28 frimaire, une commission

temporaire des arts fut établie.

À la suite de la Révolution, le décret Chaptal de 1801 crée quinze musées dans les grandes villes de province et prévoit des envois d’œuvres par l’État depuis le Muséum central. Le fonctionnement est alors très centralisé de Paris vers les provinces. Cependant, cette impulsion révolutionnaire et napoléonienne fait naître un

« désir de musée » (Georgel 1994) dans toutes les municipalités françaises. Il entraine

une multiplication des musées sur tout le territoire français au fil du XIXe siècle avec

environ six cents musées en 1900 (Labourdette 2015).

Pendant que les musées plus modestes se multiplient en province, les musées parisiens ne cessent d’accroître leurs collections, de professionnaliser leur personnel et de rationaliser leur organisation. Cette évolution est marquée par la naissance de la Réunion des musées nationaux.

2.1.2.2. Une Ve République déterminante pour le paysage muséal parisien

À la fin du XIXe siècle, la loi de finances du 16 avril 1895 créa la Réunion des

musées nationaux et la dota immédiatement de la personnalité civile et de l’autonomie financière. L’établissement public se vit fixer, par un décret du 14 janvier 1896, ses missions : « Recueillir, gérer et employer les ressources destinées aux acquisitions

d’objets ayant une valeur artistique, archéologique ou historique et devant prendre place dans les musées du Louvre, de Versailles, de Saint-Germain ou du Luxembourg. » Puis la fin du XXe siècle vit apparaître l’ensemble des établissements publics que nous connaissons

aujourd’hui.

Le décret du 24 juillet 1959 fixant l’organisation du ministère chargé des Affaires culturelles dispose qu’il « a pour mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité

et d’abord de la France au plus grand nombre possible de Français : d’assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, et de favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent ».

Les grands musées nationaux sont organisés sous la forme d’établissements publics :

– Un décret du 31 décembre 1971 créa l’Établissement public du Centre Beaubourg, établissement public national à caractère administratif chargé de réaliser le grand centre culturel souhaité par Georges Pompidou (remodelé plusieurs fois depuis dont une dernière le 22 décembre 2000). – Le décret du 20 mars 1978 qui créa l’Établissement public du musée

Premier chapitre

d’assurer la maîtrise d’ouvrage du projet d’installation, dans les locaux de l’ancienne gare d’Orsay, d’un musée consacré à la production artistique française de la seconde moitié du XIXe siècle et des premières années du XXe siècle.

– Le 18 février 1985, un décret met en place la Cité des sciences et de l’industrie, établissement public à caractère industriel et commercial, alors placé sous la tutelle du ministre chargé de la recherche.

– Le 22 décembre 1992, soit deux cents ans après sa création, un autre décret fait naître de l’Établissement public du musée du Louvre, établissement public à caractère administratif, le Louvre, qui obtient ainsi son autonomie juridique.

– Le 27 avril 1995, un décret créait l’Établissement public du musée et du domaine de Versailles. Cette décision mettait enfin un terme à une situation d’éclatement des responsabilités puisque jusqu’alors cohabitaient sur le musée, le château et le domaine, au moins quatre autorités : les directions du patrimoine et des Musées de France, la Réunion des musées nationaux et la Caisse nationale des monuments historiques et des sites. – Le musée du quai Branly né le 23 décembre 1998 placé sous la tutelle

conjointe des ministres chargés de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Culture.

Cette forme juridique permet aux établissements d’avoir la personnalité juridique et financière. Elle leur offre notamment la possibilité de gérer eux-mêmes les conventions de mécénat ou leur campagne de financement participatif. Pour le reste des musées français, nous détaillons plus précisément leur situation juridique et financière dans le deuxième chapitre. Nous nous concentrons ici sur les musées les plus grands, tous des musées nationaux.

Plus récemment, la loi du 4 janvier 2002 a été l’aboutissement d’une longue réflexion. Elle a pour objectif de « redéfinir le rôle et la position du musée face aux attentes de

la société, en tant qu’acteur au service du développement et de la démocratisation culturels ». La loi

harmonise le cadre législatif des musées qui s’appliquent à tous (sous l’appellation Musée de France, dont nous développons plus en détail les implications dans le

deuxième chapitre également), quelle que soit leur tutelle administrative. Cette loi s’inscrit notamment dans une logique de décentralisation en donnant propriété des œuvres en dépôt dans des musées de province antérieurement à 1910 (plusieurs dizaines de milliers d’œuvres).