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Fonction adverbiale de bip

Analyse des prédicats idéophoniques serbes

2.2. Emploi de bip

2.2.3. Fonction adverbiale de bip

À part l’emploi prédicatif, l’idéophone bip peut aussi s’employer en fonction adverbiale. Dans cette position, bip se place à côté de verbes dérivés bipnuti et bipkati, que nous venons de présenter précédemment. Cependant, il faut dire que nous n’avons pas répertorié beaucoup d’exemples de cet emploi dans notre corpus. Il ne s’agit que des deux phrases suivantes :

44) Ima i onu spravicu za očitavanje barcoda koja bipka bip, bip, bip kad stisneš nekakvo dugme. (https://goo.gl/URaqAA, consulté le 06.01.2018)

« Il y a ce truc pour lire le code-barre qui fait bip, bip, bip quand tu appuies sur un bouton. »

45) Alarm kratko bipnu bip u ponoć ! (https://goo.gl/URaqAA, consulté le 06.01.2018)

« L’alarme a fait un bref bip à minuit. »

Dans la phrase (44), il s’agit de la construction de type ‘VIDF IDF-IDF-IDF’17 avec un verbe dérivé de l’idéophone bip, suivi d’une forme rédupliquée trois fois, ce qui soutient l’idée qu’il s’agit d’une action répétitive barkod čitač bipka bip bip bip « le lecteur du code-barre fait bip bip bip ». En revanche, le verbe perfectif bipnuti dans la phrase (45) est accompagné par une seule forme, bip, ce qui démontre que le bip se fait une seule fois, très brièvement. Il s’agit donc des fonctionnements des appareils : barkod

čitač « lecteur de code-barre » (44) et alarm « alarme » (45) qui émettent un ou plusieurs

bips sans arrêt, les deux désignant l’action de sonner.

Les idéophones ne sont pas des éléments indispensables dans ces phrases ; ils précisent la manière dont l’action se réalise et, de ce fait, assument la fonction adverbiale. Enfin, il convient aussi de mentionner un verbe qui a tendance à s’employer avec la forme bip. Il s’agit du verbe uključiti « déclencher » :

46) Parkiram se, uključim bip alarm i krenem na plažu ! (https://goo.gl/URaqAA, consulté le 06.01.2018)

« Je me gare, je mets l’alarme et je pars à la plage. »

Il s’agit d’un des rares exemples de notre corpus où l’idéophone bip a son complément

alarm « alarme » et on le voit aussi à côté du verbe uključiti, qui a le même sémantisme

que l’idéophone bip : ‘actionner un bouton’. Pour le fonctionnement de cette phrase, la présence de la forme verbale uključiti ou de l’idéophone bip n’est pas obligatoire :

uključim alarm et bip alarm peuvent fonctionner de façon indépendante.

17 La construction ‘V

IDF IDF-IDF-IDF‘ contient le verbe idéophonique bipkati (VIDF) et l’idéophone : bip

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2.2.4. Conclusion partielle

L’idéophone bip peut s’employer en fonction prédicative. Nous l’avons d’abord observé dans des contextes intransitifs avec un seul actant remplissant la fonction de sujet. Ainsi, le prédicat bip désigne une production sonore qu’un appareil émet (téléphone, alarme, etc.). Là, on a affaire à des constructions monovalentes SP. En revanche, les contextes transitifs sont conditionnés par la présence d’un sujet, un être vivant qui manipule un appareil conçu pour émettre un tel son (bip) et d’un COD qui est le plus souvent pris par le nom alarm « alarme » ou dugme « bouton ». De ce fait, ce prédicat bip s’inscrit parmi des prédicats d’action dirigée sur un objet et prend le sens de ‘actionner un bouton’. Il s’agit d’une frappe ponctuelle où un homme appuie sur un bouton, action qui se réalise avec un doigt. Les constructions sont de type SPO.

Lorsqu’on parle de formes dérivées de bip, les deux verbes bipnuti et bipkati gardent la sémantique de bip avec une seule différence sur l’action, qui peut être répétitive ou unique. De ce fait, l’interchangeabilité entre ces formes dérivées n’est pas possible, les deux formes verbales s’emploient dans des contextes bien distincts. Bip peut s’employer à côté de ses dérivés, ainsi qu’avec un autre verbe comme uključiti et, dans ce cas-là, l’idéophone bip assume sa fonction adverbiale.

2.3. Emploi de buć

Le sens principal qu’a la forme buć est de désigner un contact avec de l’eau. Ce sens est donné dans presque tous les dictionnaires académiques consultés (Rečnik srpskog

jezika 2011 : 117 ; SANU 1959, II : 319 ; Matica srpska 1967, I : 312).

Le dictionnaire de la langue serbe SANU décrit la forme buć comme :

« Uzvik za podražavanje zvuka koji se čuje kad nešto, obično manje ili lakše, padne u vodu. » (SANU 1959 : 319)

<Une interjection qui s’emploie pour reproduire un son que l’on entend lorsqu’un objet petit ou léger tombe dans l’eau. >

Il est intéressant de constater que ce dictionnaire définit la forme buć comme l’interjection mais tous les exemples qu’il donne sont avec l’emploi prédicatif de la forme

buć. Prenons quelques exemples :

47) Sagne se a dukati iz njedara buć u jezero ! (SANU 1959, II : 319)

« Il se penche et les pièces d’or de sa poitrine tombent dans le lac, plouf ! »

48) Riba se praćakne pa buć u vodu ! (Ibid : 319)

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49) Omače se jedan deran sa splava, pa buć u reku ! (Ibid : 319)

« Un gamin trébuche dans la péniche et tombe plouf ! dans la rivière. »

50) Ja se sagni da se napijem vode, a sat mi buć u vodu ! (Ibid : 319)

« Je me penche pour boire de l’eau, et ma montre tombe plouf ! dans l’eau. »

Le dictionnaire de Matica srpska en six volumes insiste sur le caractère onomatopéique de la forme buć et précise qu’elle sert à imiter le bruit d’une chute dans l’eau (1967 : 312). Ce dictionnaire donne aussi quelques exemples avec l’emploi prédicatif de la forme buć, comme ci-dessous :

51) Sunča se žaba povazdan na obali, a kad ti odovud proviriš, ona buć u vodu ! (MS 1967, I : 312)

« La grenouille bronze au soleil toute la journée, et quand tu te fais voir, elle saute plouf dans l’eau. »

Dans les dictionnaires plus modernes de 2000 à 2007, la forme buć n’est pas représentée, ni dans les dictionnaires bilingues (Jovanović 2007 ; Grujić 1977).