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Référence : Cadieux, L. (1997). La perception des problèmes de comportement des élèves par des enseignants en début de carrière : Études de cas, Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal : Montréal

Sujet : Comment les enseignants débutants perçoivent les problèmes de comportement des élèves.

Chapitre 1 : Problématique

L’entrée dans la carrière marque une période d’adaptation, qui selon Baillauquès (1990) durerait environ 3 ans.

Les nouveaux enseignants ont souvent peur des élèves difficiles et des problèmes de discipline ou de comportement (Griffin, 1983; Kearney, 1987; Baillauquès, 1990). Pour plusieurs, cette nécessité de faire de la discipline est une déception, une facette de la profession à laquelle ils ne s’attendaient pas. Ne sachant comment procéder avec les élèves ayant des troubles de comportement, les débutants répètent les méthodes traditionnelles, même si elles ne leur conviennent pas. Souvent, le sentiment de compétence des enseignants débutants est directement lié à sa capacité de maintenir l’ordre dans la classe et de faire de la discipline.

Selon Brophy et Rohrkemper (1981), la perception que les enseignants ont des troubles de comportement influence leur manière d’intervenir. Ainsi, lorsque l’enseignant croit que l’élève n’est pas responsable de son problème (par exemple, dans le cas de troubles passifs comme la timidité ou des troubles d’apprentissage), il est plus enclin à lui venir en aide. Par contre, dans le cas de comportements dérangeants, l’enseignant est porté à croire croit que l’élève peut se contrôler et il adopte donc des stratégies plus restrictives.

Selon certains chercheurs, la performance de l’enseignant face aux problèmes de comportement dépend de sa croyance à pouvoir intervenir (Mc Laughin et Mash, 1978;

Potvin et Rousseau, 1991). Selon Gilly (1977), c’est la conception de son rôle qui influence l’efficacité de l’enseignant.

« La perception que se font les enseignants débutants leur carrière des problèmes de comportement, serait influencée par le contexte social dans lequel ils se trouvent et par la perception qu’ils auraient de leur rôle, de leurs responsabilités. » (p. 6-7).

Lors de la résolution de problèmes, les enseignants expérimentés prennent davantage de temps que les débutants à cerner le problème et en ont une vision plus complexe (Korevaar et Bergen, 1992).

Suggestions pour préparer les débutants à faire face aux problèmes de comportement : confronter les étudiants-maîtres à de telles situations, favoriser la réflexion sur la pratique lors des stages, soutenir les débutants lors de l’insertion professionnelle, offrir une formation psychologique aux étudiants pour clarifier leur rapport au savoir et à l’autorité, leur position vis-à-vis des élèves, etc.

Questions de recherche :

Comment les nouveaux enseignants perçoivent-ils les problèmes de comportement des élèves ? Comment cette perception influence-t-elle leurs stratégies d’intervention ?

Chapitre II : Cadre théorique A. L’entrée dans le métier

1. Les étapes de développement et les préoccupations du nouvel enseignant : Selon Katz (1972) : 4 stades de développement

1) Stade de la survivance

2) Stade de la consolidation et de la différenciation 3) Stade du renouvellement

4) Stade de la maturité

Selon Fuller (1969) et Fuller et Bown (1975) : 3 types de centration pour l’étudiant maître : 1) La centration sur soi comme enseignant.

2) La centration sur la matière à enseigner.

3) La centration sur les élèves et les problèmes d’apprentissage.

Toujours selon Fuller et Bown (1975) : 3 catégories de préoccupation :

1. Les préoccupations de survie : sentiment de compétence, contrôle de la classe, amour des élèves, évaluation du superviseur, etc.(stagiaires et nouveaux enseignants).

2. Les préoccupations de la situation d’enseignement : conditions d’enseignement, ratio d’élèves, manque de précision des objectifs, manque de matériel, etc.

3. Centration sur les élèves : besoins sociaux et émotifs des élèves, matériel inapproprié pour certains élèves, adaptation du matériel, etc.

Selon Kearney (1987) : Les enseignants débutants sont davantage centrés sur eux-mêmes.

Selon Baillauquès (1990) : Trois préoccupations chez les enseignants qui débutent : la peur des élèves difficiles (rapport à l’autorité), l’angoisse des responsabilités (compétence) et un sentiment de fierté (être toujours prêt à évoluer).

Socialisation : Les recherches indiquent que les débutants adoptent assez rapidement les normes de l’école. Ils enseignent davantage comme ils ont été enseignés au primaire ou au secondaire que comme ils ont appris à le faire lors de la formation initiale.

2. Définition du concept de l’insertion professionnelle :

Plusieurs définitions selon les auteurs. En général, ce concept est associé au passage du statut d’étudiant à celui d’enseignant à temps plein. La durée varie d’un écrit à l’autre.

Legendre (1993) : Premier processus d’intégration d’un emploi.

Baillauquès (1991) : Période de consolidation et de différenciation pour la construction du soi professionnel.

Pour cette recherche, l’insertion professionnelle se définit ainsi : « La première phase d’un processus d’intégration, débutant au moment où le candidat diplômé entre en fonction comme

enseignant dans une école et se terminant au moment où il devient un professionnel compétent. » (p. 18) Phase d’environ trois ans.

B. Les problèmes de comportement :

Selon le MEQ (1992) : « L’élève ayant des troubles de comportement est celle ou celui dont l’évaluation psychosociale, réalisée en collaboration par un personnel qualifié et par les personnes visées, avec des techniques d’observation ou d’analyse systématique, révèle un déficit important de la capacité d’adaptation se manifestant par des difficultés significatives d’interactions avec un ou plusieurs éléments de l’environnement scolaire ou familial. » (p. 19) Ce peut être des comportements sur-réactifs (agression, intimidation, destruction, refus de l’autorité, etc.) ou sous-réactifs (peur excessive, passivité, retrait, etc.).

L’identification des élèves ayant des troubles de comportement et leur distinction d’avec ceux ayant des problèmes de discipline n’est pas totalement objective : dépend du jugement et de la perception de l’enseignant + des décisions administratives.

Selon Kaufmann (1989) : 6 types de troubles de comportement (hyperactivité, trouble de la conduite, anxiété, isolement et timidité maladive, dépression, comportements psychotiques et les autres troubles du comportement.

Définition dans le cadre de la recherche : « Un problème de comportement est un comportement qui empêche l’élève de satisfaire ses besoins (celui d’apprendre) et/ou, un comportement qui empêche l’enseignant de satisfaire ses besoins (celui d’enseigner). » (p. 24) Brophy et Rorhkemper (1979) : Douze problèmes de comportement types vécus en classe : syndrome de l’échec, perfectionnisme, sous-rendement scolaire, troubles d’apprentissage, hostilité/agressivité, hostilité déguisée, défiance, hyperactivité, difficulté d’attention et de concentration, manque de maturité, rejeté des pairs, timidité/retrait.

C. La perception des problèmes de comportement des élèves par les enseignants en début de carrière :

Les comportements les moins tolérés sont les sur-actifs.

Selon Cunningham et Sugawara (1988), les nouveaux enseignants croient que les problèmes de comportement sont d’origine interne et qu’ils sont contrôlables et passagers. Les causes environnementales ne sont souvent pas prises en compte.

« En somme, les recherches indiqueraient que les enseignants croiraient à l’intentionnalité de l’élève, surtout pour les comportements dérangeants, à son engagement volontaire dans le problème et à l’irridiation de celui-ci. » (p. 26).

Les enseignants débutants manquent de connaissances quant aux problèmes de comportement et ils en ont une représentation trop simplifiée. (Cunningham et Sugawara, 1988; Kearney, 1987).

“Or si les études démontrent l’utilisation restreinte de stratégies (toujours les mêmes) des enseignants débutants, soit un manque quantitatif, on relève davantage les lacunes de l’aspect

« qualitatif » de la représentation du problème chez ceux-ci. » (p. 28).

Modèle inspirant la recherche : Recherche de Brophy et Rorkemper (1981) : À partir de douze problèmes de comportement types, les chercheurs ont réalisé deux illustrations (vignettes) de chacun des problèmes et on demandé aux enseignants d’indiquer ce qu’il ferait pour chacune des situations illustrées, d’expliquer pourquoi et de décrire l’élève en question. Les vignettes ont ensuite été classées selon le concept d’appartenance du problème (à l’enseignant, à l’élève ou aux deux). Par la suite, les chercheurs ont analysé l’impact de l’appartenance du problème sur les perceptions de l’enseignant et les stratégies utilisées.