• Aucun résultat trouvé

Des circonstances et des personnes

Fiche de lecture 6

1. Des circonstances et des personnes

Les auteurs souhaitent ici repérer des variables qui influent sur l’insertion professionnelle.

Questionnement : Les problèmes rencontrés chez les débutants leur sont-ils particuliers ou constituent-ils seulement un grossissement de ceux reconnus chez les enseignants d’expérience ?

Les nouveaux et les anciens :

Souvent, les problèmes du novice se rencontrent aussi chez l’enseignant expérimenté.

« Le contenu des préoccupations, obstacles ou difficultés rencontrés chez les enseignants débutants ou non, ne semble pas tellement varier. » (p. 76)

« Mais nous notons effectivement une différence assez flagrante dans l’ordre de priorité des problèmes formulés par les maîtres débutants relativement aux expérimentés. » (p. 77)

Les satisfactions chez les débutants (Estève et Vera) - Les satisfactions liées aux relations avec les élèves.

- Le sentiment d’épanouissement personnel.

- Les relations avec les collègues.

- Avec la direction.

- Les activités extrascolaires.

- La considération sociale.

Les enseignants débutants se préoccupent davantage de la discipline alors que les enseignants expérimentés se centrent beaucoup plus sur les conditions de travail.

Des niveaux et des matières :

Les difficultés liées à la discipline sont différentes selon que l’on est avec de jeunes élèves ou avec des grands.

Certaines matières sont plus motivantes pour les élèves ou jugées plus utiles.

Le lieu d’exercice : Plus facile dans milieu où il y a un climat d’entraide.

Ce qui favorise insertion :

« Au cœur des situations plus ou moins problématiques, l’existence d’une équipe pédagogique mobilisée dans un projet qui donne sens au métier, aide le débutant à se positionner, à relativiser ses difficultés, à s’affirmer créativement. » (p.89)

Le sexe et l’âge du débutant :

Selon Stone (1964) : Au secondaire, moins de problème pour les hommes que pour les femmes.

Difficile d’indiquer si sexe et âge ont une influence.

Plus de femmes relatent des situations difficiles mais les hommes sont peut-être plus réservés.

La satisfaction envers le métier est plus grande chez les femmes.

« Veenman fait remarquer que le nouveau professeur qui arrive avec des convictions

« progressistes » est davantage en difficulté à l’entame de sa carrière, que son collègue plus

« conservateur ». (p. 96)

L’incidence de la formation initiale : Une formation décriée :

Pour plusieurs enseignants débutants, la formation initiale est jugée inadéquate.

Difficulté à transférer les apprentissages théoriques de la formation initiale vers la pratique du métier enseignant.

Plusieurs débutants souhaiteraient une formation plus pratique, plus concrète.

Au terme de la formation, les enseignants débutants ne se sentent pas toujours prêts et assez bien préparés pour affronter le marché du travail.

La formation initiale est peu ou pas adaptée aux réalités socioculturelles du terrain.

Les auteurs citent Louvet A. et Barrault F. « Les conceptions de l’éducation. Résultats généraux. » Dans Recherche observatoire des formations, INRP, Paris, Doc. Int., 1985) :

« Au terme de la formation initiale, les représentations du métier sont plus dispersées chez les futurs maîtres qu’à leur entrée en formation. » (p. 105)

Utilité de connaître les besoins :

En connaissant davantage les besoins de formation continue des enseignants débutants, on pourrait parallèlement réussir à dégager les manques au niveau de la formation initiale.

« Il existe indubitablement un rapport entre le niveau des études premières, la formation initiale professionnelle, et les débuts dans le métier. Ce rapport va dans le sens d’une plus grande capacité d’intellectualisation chez les étudiants davantage universitarisés (ils recherchent davantage la théorie), d’une plus grande exigence vis-à-vis la formation professionnelle mais aussi vis-à-vis de leur propre pratique (…) et vis-à-vis du terrain d’accueil. » (p. 108)

Les différentes variables évoquées ne peuvent être analysées isolément.

Voir tableau des pages 114 et 115 dans résumé de Lucie 2. Le maître en son métier

L’enseignant professionnel :

Définition de l’enseignant professionnel :

« Le professionnel s’engage personnellement dans son travail. Il s’y reconnaît, légitimé ; il conduit et organise ses tâches, il est apte à prendre des initiatives, il assume sa responsabilité vis-à-vis des objectifs et des objets de ses activités ; il en mesure les effets et à partir de là, il améliore son action. Il se donne un profil de carrière. » (p. 116)

L’enseignant professionnel est quelqu’un capable de jugement.

Actuellement : mouvement de professionnalisation de l’enseignement : touche à l’insertion professionnelle car on considère l’enseignant non plus comme un technicien qui applique un programme, mais comme un professionnel capable de réflexion et de jugement.

Les auteurs présentent l’enseignant débutant comme un sujet qui se professionnalise :

« Il apprend et perfectionne sa pratique ; il assume sa situation et il se ressent auteur de son travail et de ses projets, il identifie et prend en charge son rôle et donc ses responsabilités ; il cherche à s’intégrer parmi les pairs. » (p. 118)

La prise de fonction :

Définition de la prise de fonction :

G.Ferry (Le trajet de la formation, Paris, Dunod, 1983) définit la prise de fonction comme « l’appropriation progressive d’un statut et d’un rôle. » Les auteurs ajoutent : « et de soi dans ce statut et dans ce rôle ». (p. 119)

L’abrupt de l’arrivée :

L’enseignant débutant est projeté dans l’inconnu : sentiment d’impuissance, d’incapacité, d’ignorance.

La formation initiale est souvent reniée lors de la prise de fonction.

Au début de la prise de fonction, l’enseignant débutant vit beaucoup d’angoisse ; il a le sentiment de ne pas en connaître assez pour exercer sa profession.

Tâtonnement et repérages :

Au départ, la préoccupation du novice est souvent de meubler l’espace-temps (faire une activité après l’autre) afin d’éviter le vide.

La question et la relève :

« Après le « quoi faire » vient le « comment faire » pour que les choses aillent mieux, pour qu’elles s’adaptent, moins chaotiques ; vient enfin l’interrogation de la visée. » (p. 126) Prise de conscience de son rôle en tant qu’enseignant + meilleure prise en compte des élèves.

Réflexion sur ses actions et prise de décision en fonction de cette réflexion.

C’est l’étape où le novice va aller chercher de la théorie (lectures) pour trouver des solutions, où il va effectuer une prise de distance afin de pouvoir faire des prises de conscience.

Pratique et théorie : Une autre démarche et des savoirs nouveaux

En formation initiale, le savoir est théorique, il part d’un point de vue extérieur, il est général (s’adresse à tous).

Une fois dans le métier, l’enseignant va chercher ses propres informations selon ses besoins (sujet qui se forme lui-même).

« D’un savoir reçu, préalablement apporté de l’extérieur sur sa future probable pratique, l’enseignant est passé à une démarche de connaissance de son métier à partir de lui-même, en concrète et actuelle situation. » (p. 130)

« Pour le débutant, l’essentiel du métier ne lui a pas été enseigné. » (p. 131) Il va l’apprendre par l’expérience.

La pratique enseignante est une pratique de l’incertitude : Il est impossible de tout prévoir, tout contrôler.

Assurer la distance, assurer ses fonctions :

L’enseignant prend une distance pour mieux assumer son rôle.

Il est difficile pour le débutant de trouver la bonne distance à établir avec les élèves.

Définition prise de fonction :

« Puisqu’enfin l’enseignement est une pratique de l’incertitude et de l’approximation, la prise de fonction consiste à assumer la gestion au jour le jour de l’insécurisante créativité du changement. » (p. 139)

L’expérience critique :

Les auteurs soulignent que la prise de fonction constitue un moment de crise, de rupture, d’ « entre-deux ».

Entrée dans la 1ère classe : perte des repères, difficulté à se situer et à se reconnaître dans le temps et dans l’espace, sentiment de flou, chaos.

« Cette période (d’entre-deux) et ce sentiment prennent fin quand l’enseignant maîtrise a minima sa pratique. » (p. 146)

N. Mosconi : 3 dimensions de la rupture (« Les enjeux psychologiques de la prise de fonction des enseignants » dans Actes du VIe colloque de l’AIRPE, 1990, 41-50)

1. Dimension institutionnelle : conflit socioculturel : séparation d’avec l’institution de formation et changement de statut d’étudiant à enseignant.

2. Dimension psychosociale : déplacement des investissements relationnels vers élèves, collègues, parents…

3. Dimension intrapsychique : Passage de la personne jeune vers une position d’adulte face aux enfants ou aux adolescents qui lui sont confiés.

Les auteurs citent Huberman : « La plupart des enseignants débutants ont résolu leurs gros problèmes dans l’espace de trois à cinq ans. » (p. 146)

Ce qui aide à passer à travers cette étape :

- Remarques positives des élèves (80%) - Remarques positives des collègues (60%)

- Soutien d’un proche tel un parent ou un époux (60%) - L’aide technique d’un collègue (60%)

- Le fait de recevoir du matériel didactique (54%)

« Le soutien le plus efficace est d’ordre d’abord relationnel, affectif. » (p. 146)