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3.5 Le drageonnage

3.5.2 Expansion et perpétuation dans le temps et l’espace

Figures n° 30 à 32. En Ouganda, renflement sur la racine d’Harungana madagascariensis avant l’émergence probable de drageons. (Photos Q. Meunier).

3.5.2 Expansion et perpétuation dans le temps et l’espace

Le Dge est un phénomène complexe, puisque souterrain. Nos définitions doivent tenter de distinguer les divers rejets et les MT. Selon Bellefontaine & Montuis (2002),

«

le Dge est un procédé de MV permettant à certaines espèces, arborescentes ou non, de se propager, voire de coloniser le milieu par la formation de tiges adventives à partir du système racinaire. Cette néoformation de pousses à partir de racines, généralement traçantes ou superficielles, différencie le Dr du rejet de souche. Ce dernier se développe sur une structure anatomique de tige : ce peut être la partie aérienne, voire souterraine du tronc, en étant conscient de l’ambiguïté qui peut subsister pour les pousses apparaissant au niveau du collet. … Le caractère souvent spontané de ces manifestations est susceptible d’entraîner de regrettables confusions. Pour le Dge, comme pour le MgeT, le sevrage avec la plante mère s’effectue, en conditions naturelles, de façon progressive, voire parfois très tardivement. … Cette possibilité de sevrage progressif des plantes régénérées par Dge revêt une importance déterminante pour la survie de la nouvelle plante issue de la plante-mère, particulièrement en conditions sahéliennes, très contraignantes. … Ainsi, certaines espèces colonisent le milieu en drageonnant de façon « spontanée », bien que souvent l’apparition de Dr soit stimulée par la disparition de l’appareil caulinaire de la plante-mère. … Les Dr, contrairement aux boutures par exemple, bénéficient à travers leur connexion racinaire, de « l’effet souche » qui constitue vis-à-vis de l’appareil caulinaire néoformé un formidable réservoir de substances trophiques, sans sous-estimer l’influence des phytorégulateurs endogènes. Cette « source » de réserves non négligeable permet la régénération saisonnière de nouveaux individus en situations naturelles défavorables, notamment sur le plan du déficit hydrique affectant les zones arides. Ce mode de régénération, tirant profit de « l’effet souche » au même titre que les RS ou les MT, constitue une alternative salutaire pour le maintien, voire l’expansion de certaines espèces dans des conditions de milieu trop drastiques pour d’autres modes de régénération, ne serait-ce que par graines. … La régénération par Dge de certains arbres permet la perpétuation dans l’espace et dans le temps des génotypes correspondants, sous forme de clones qui garantissent la survie de l’espèce. Ainsi, le chêne liège (Quercus suber) dans le bassin méditerranéen (chapitre 7) produit chaque année des Dr qui permettent la colonisation de grandes superficies, sous forme de reboisements clonaux naturels, tout en assurant, au fil des générations de Dge le rajeunissement physiologique du clone » (Bellefontaine & Montuis 2002).

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Figures n° 33 à 35. Les travaux d’entretien de cette piste au nord d’Abomey au Bénin sont responsables de l’apparition de centaines de drageons de Daniellia oliveri au bord, alors que sous les palmiers et plants de coton dans le champ voisin, ils

sont moins fréquents (Photos R. Bellefontaine).

Les sylviculteurs africains connaissent généralement mieux les espèces qui émettent des RS que celles qui drageonnent. Et pour cause, puisqu’il est nécessaire de déterrer partiellement les Dr pour être certain de leur origine. Sans excavation partielle, la distinction morphologique des plants issus de reproduction sexuée de ceux qui proviennent de MV est rarement possible. Certains auteurs, rares, signalent que des formes de jeunesse différenciables morphologiquement existent pour certaines espèces. Pour Psidium cattleianum, les feuilles de jeunes Dr sont plus grandes que les feuilles d’un semis du même âge (Huenneke & Vitousek 1990). Selon Chapoulet & Perrier (2001), les Dr de Symphonia globulifera ont des feuilles de plus petite longueur, mais un nombre d’entre-nœuds plus grand que les semis de même âge.

Nous verrons au chapitre 5.4 que certains clones peuvent s’étendre sur de très grandes superficies, soit en peuplement mono-clonal (Long & Mock 2012, Mock et al. 2012), soit en populations multi-clonales (Mock et al. 2013, 2014).

3.5.3 Bibliographie

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- Bellefontaine R., Montuis O., Edelin C., 2002. Propagation végétative naturelle : compte-rendu de la première réunion du 10 mai 2001 au Cirad (Montpellier). Cirad-forêt (Montpellier) et GEA (Groupe d’étude de l’Arbre), 16 p.

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- Cassagnaud M. & Facon B., 1999. La propagation végétative chez quelques espèces de la garrigue méditerranéenne : architecture, développement et stratégies adaptatives. Maîtrise de Biologie des Populations et des Ecosystèmes, Univ. Montpellier II et UMR AGAP Cirad (Montpellier), 20 p. + ann.

87 - Chapoulet C. & Perrier M., 2001. Etude des stratégies de développement de jeunes plants de Symphonia globulifera dans différents milieux. Rapport de projet-terrain (réalisé du 24 septembre au 5 octobre 2001), Module FTH 2001, ENGREF, Montpellier (France), 13 p.

- Da Lage A. & Métailié G., 2000. Dictionnaire de Biogéographie végétale. CNRS Editions, 579 p. - Du Laurens D., Loquai C., Monsarrat A., 2000. Le drageonnage des espèces ligneuses ligneuses tempérées et tropicales. Etude bibliographique. Axes de réflexion pour la mise en place d’une étude sur le drageonnage en zone sahélienne. Institut National d’Horticulture, Angers et CIRAD-forêt (Montpellier), 34 p.

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