• Aucun résultat trouvé

Enfant divin chez Nampi ¯ An.t.¯ar Nampi

5.1 À la recherche de l’origine de la légende

5.1.2 Enfant divin chez Nampi ¯ An.t.¯ar Nampi

Sept textes attribués à Nampi ¯An.t.¯ar Nampi (xie-xiie siècles) célèbrent Cam-pantar (cf. 4.2.2). Six d’entre eux lui sont entièrement consacrés7. Le Tirutton. t.ar tiruvant¯ati, consécration de tous les n¯ayan

¯ar , se distingue en lui dédiant seule-ment deux strophes. La première seule-mentionne le nom du poète : ѯan

¯acampantan¯. Il est décrit comme un enfant qui, ayant obtenu la grâce de P¯arvat¯ı, chante pour les habitants de Piramapuram afin de réjouir le monde et de détruire les jaïns. La seconde, plus ambigüe, évoque des n¯ayan

¯ar tels que le C¯ol¯a Ce ˙nkan., Murukan ¯ et N¯ılanakkan

¯ :

vaiya makil

¯ay¯am v¯al¯a vaman. ar valitolaiya aiyan

¯ pirama purattarar¯ kammen¯ kutalaiccevv¯ay paiya mil

¯ar¯¯rum paruvattup p¯at.ap paruppatattin ¯ taiya larul.per

¯¯ran¯an¯en¯par ñ¯an¯acam pantan¯aiy¯e. (TTA 33) pant¯ar viraliyar v¯el.ce ˙nkat. c¯ol

¯an¯ murukan¯nalla cant¯a rakalattu n¯ılanak kan

¯peyar t¯an¯mol¯intu kont¯ar cat.aiyar patikatti lit.t.at.i y¯en

¯kot.utta ant¯ati kon. t.a pir¯an

¯arut. k¯al

¯iyar kor¯¯ravan¯¯e. (TTA 34)

Pour que le monde se réjouisse, Que nous vivions,

Que les jaïns perdent leur force,

Il chante à l’âge où on gazouille lentement De sa douce et belle bouche rouge babillante, Pour ceux de Piramapuram d’Aiyan

¯,

Il obtient la grâce de la femme de la montagne,

7. Nous adoptons les abréviations suivantes : TTA pour le Tirutton. t.ar tiruvant¯ati, APCV pour l’ ¯Al.ut.aiyapil.l.aiy¯ar tirucan.pai viruttam, APK pour l’ ¯Al.ut.aiyapil.l.aiy¯ar tirukkalampakam, APMK pour l’ ¯Al.ut.aiyapil.l.aiy¯ar tirumumman.ikk¯ovai, APUM pour l’ ¯Al.ut.aiyapil.l.aiy¯ar tiru-vul¯am¯alai, APA pour l’ ¯Al.ut.aiyapil.l.aiy¯ar tiruvant¯ati et APT pour l’ ¯Al.ut.aiyapil.l.aiy¯ar tiruttokai.

On dit que c’est ѯan

¯acampantan¯. (TTA 33) Le C¯ol

¯a Ce ˙nkan. désiré de celles aux doigts [jouant] à la balle8, Murukan

¯, N¯ılanakkan¯ au torse enduit de bon santal, Ayant dit leurs noms,

Les ayant placés dans les décades (offertes) À Celui aux mèches pourvues de fleurs, Il reçoit l’ant¯ati donné par moi le serviteur, Le Kor

¯¯ravan¯ de ceux de K¯al¯i

Qui a la grâce du Seigneur. (TTA 34)

Bien que les éléments hagiographiques contenus dans ce passage soient peu nombreux, ils résument le caractère essentiel du personnage légendaire. Campantar est en premier lieu présenté comme l’ennemi des jaïns. Il est ensuite associé à la localité de Piramapuram. Bien qu’il s’agisse du toponyme utilisé pour célébrer C¯ık¯al

¯i dans l’hymne inaugural du T¯ev¯aram il nous semble fragile d’identifier ici une allusion directe à ce corpus. Puis, le Tirutton. t.ar tiruvant¯ati souligne le très jeune âge de Campantar. Il possède une bouche qui babille (kutalai ) et chante à un âge où l’on gazouille doucement (paiya mil

¯ar¯¯rum paruvam). La faculté de chanter, obtenue par la grâce divine de P¯arvat¯ı, dès sa prime enfance le rend exceptionnel. Campantar est un enfant prodige.

La seconde strophe est problématique du fait de sa construction syntaxique et de l’expression pant¯ar viraliyar. Deux lectures nous semblent possibles. Si kor

¯¯ravan¯, i.e Campantar, est le sujet des absolutifs mol

¯intu et it.t.u, ainsi que du participe kon. t.a, nous pouvons lire qu’il a mentionné les quelques dévots (Ce ˙nkan. le C¯ol

¯a, Murukan

¯ et N¯ılanakkan¯) dans ses décades en l’honneur de Śiva. Cependant, si at.iy¯en

¯, première personne du singulier renvoyant à l’auteur du Tirutton. t.ar tiru-vant¯ati, est le sujet des absolutifs et du participe kot.utta alors c’est plutôt le poète Nampi qui évoque les n¯ayan

¯ar dans son ant¯ati qu’il donne à Campantar. De

8. Plusieurs autres lectures sont possibles :

– V¯el. (K¯ama) de celles aux doigts [jouant] à la balle, Ce ˙nkan. le C¯ol ¯a – Celles aux doigts [jouant] à la balle, le désirable Ce ˙nkan. le C¯ol

plus, l’identification de la ou des femmes désignées par la métonymie pant¯ar vi-raliyar, « celle aux doigts [jouant] à la balle », est difficile. Le commentaire de l’édition de Tarumapuram propose d’en faire un complément de nom de v¯el. qui signifierait le dieu de l’amour K¯ama, et de lire « K¯ama de celles aux doigts [jouant] à la balle ». Or, inclure K¯ama dans une énumération de n¯ayan

¯ar n’est pas sa-tisfaisant. Cette métonymie pourrait aussi désigner un personnage à part entière du groupe de dévots shivaïtes tel que la reine p¯an. d. ya ou la mère de Cuntarar. Ajoutons enfin qu’une strophe de l’APA, attribué aussi à Nampi ¯An.t.¯ar Nampi, présente des rimes initiales similaires9. Ceci nous permet de supposer que l’ex-pression pant¯ar viraliyar, relevant clairement de la formule10, a peut-être servi ici uniquement à la versification.

Ainsi, ce passage du Tirutton. t.ar tiruvant¯ati présente succinctement les carac-tères constitutifs du personnage légendaire de Campantar : un très jeune enfant poète, originaire de C¯ık¯al

¯i, qui a obtenu la grâce divine et qui combat les jaïns. Les six autres textes, attribués à Nampi ¯An.t.¯ar Nampi, qui lui sont consacrés abondent en références hagiographiques pour certains et illustrent un traitement inégal des miracles octroyés à Campantar. Nous constatons, à première vue, que l’APA, l’APUM et surtout l’APT exposent plus de miracles que les autres.

Nous examinons maintenant l’image du poète qui se dessine dans ces six textes, analysant, en particulier, les miracles qu’ils mentionnent et les difficultés qu’ils soulèvent.

L’image du poète Campantar

La représentation de Campantar, personnage principal de ces textes, suivant ses désignations, ses œuvres et sa caractéristique primordiale, est celle de l’ennemi des jaïns.

Si tous les titres de ces œuvres comportent le nom ¯Al.ut.aiyapil.l.aiy¯ar, « l’enfant

9. APA 19 : pant¯ar an. iviral . . ./ kont¯ar nar

¯u ˙nkul¯al . . ./ nant¯a vil.akkin

¯aik . . ./ cant¯ar akalattu . . .

10. Signalons que cette image décrit exclusivement P¯arvat¯ı dans le T¯ev¯aram (I 8.5, 17.5, 70.5, 100.9, 107.1, 120.7 ; II 57.11, 72.1, 109.11 ; III 2.1, 12.6, 28.3, 58.5, 120.3 ; VI 4.1, 6.10, 46.10, 73.3, 86.8 ; VII 25.7, 27.5, 49.10 et 85.4).

meneur d’hommes », ce dernier n’apparaît jamais dans les textes mêmes11, où le poète est nommé Campantan

¯, ѯan¯acampantan¯ ou Tiruñ¯an¯acampantan¯

12. Il est aussi désigné en rapport avec C¯ık¯al

¯i

13 : il est le seigneur de cette localité14 où il est né (APMK 1.10, 7.5 ; APK 0.4 ; APUM 59-63). Nous observons toutefois un traitement inégal des douze toponymes sur le modèle des envois attribués à Campantar. K¯al

¯i, Can.pai, Pukali et Kal

¯umalam sont les plus fréquents. L’unité des douze noms n’est mentionnée que dans deux textes, APUM 56-58 et APA 100, et ceci dans un ordre différent de celui présenté dans le corpus établi du T¯ev¯aram. Enfant — son jeune âge est signifié par les termes « petit (d’une vache, d’un arbre) » (kan

¯¯ru APA 13 et 73) et « enfant » (pil.l.ai APMK 6, 10.10, 26 ; APK 0.32 ; APT 29 et 60) —, il reçoit la grâce divine (APMK 19.7-11, 22.10 et APK 0.5) et témoigne d’une érudition exceptionnelle. Il connaît les Veda (APK 0.19-20, 5, 15, 24, 48 ; APA 61 ; APUM 68). Flambeau du kavun. d. inya gotra (APMK 1.10, 10.4, 25.6 ; APK 14, 17, 28, 34, 37.30 ; APA 3, 12, 23, 27, 67, 98 ; APUM 131), il est aussi le « joyau du diadème brahmane » (vipracik¯aman. i APK 6, 11, 19) et « shivaïte » (caivacik¯aman. i APMK 3, 13.15 ; APK 15, 31, 37.31 ; APA 11, 14, 78 ; APUM 65 ; APCV 9). Campantar déifié (APMK 5, 12, 28.4 ; APK 5, 9, 10, 24 ; APA 2 et 94) est le fils d’Um¯a (malaimakal. putalvan

¯ APMK 1.11 et 10.6). Né de la grâce divine (APMK 4.2), il est adoré (APMK 2, 3, 8, 14 ; APK 3, 17, 18, 28, 36, 37.33-37, 40, 43 ; APA 26, 42 et 90) et parfois même identifié comme Murukan ¯ et K¯ama (APUM 124). Mis à part sa déification et son jeune âge, caractéristiques

11. ¯Al.ut.aiyapil.l.aiy¯ar est le nom employé dans les inscriptions pour désigner l’image de Cam-pantar ; voir partie III, le CEC en particulier.

12. Nous relevons les occurrences de Campantan

¯ (APCV en fin de chaque strophe ; APK 26, 42 ; APMK 2, 7.5, 11, 13.15, 14, 20, 21, 30 ; APA 1, 16, 18, 37), de ѯan

¯acampantan¯ (APK 1.7, 3, 4, 40, 41, 47 ; APMK 4.25, 5, 9, 18, 22.12, 24, 27 ; APA 8, 22, 25, 29, 30, 38, 42, 48, 50, 51, 56, 59, 61, 83, 90, 92) et de Tiruñ¯an

¯acampantan¯ (APK 2, 8, 10 ; APUM 69 ; APA 80, 84, 99, 100). Ajoutons que ces appellations ne figurent pas dans l’APT où il est nommé simplement pil.l.ai (« enfant » APT 29 et 60).

13. APMK 5, 9, 11, 12, 25.6, 26, 27, 28.4, 29 ; APK 15, 25, 33, 40, 42, 44, 46, 47 ; APA 1, 8, 9, 50, 52 et 53.

14. APMK 13.13, 15, 17 ; APK 1.6, 2-12, 14, 16-23, 26-31, 35, 36, 37.30, 38, 39, 43, 48 ; APA 2, 4, 5, 7, 20, 21, 24, 29, 32, 36, 43, 44, 46, 55, 57, 58, 61-64, 69, 77, 79, 86, 87, 93-95, 98 ; APUM 70 et 132.

de ces textes, les autres éléments identitaires sont les mêmes que dans les envois des hymnes du T¯ev¯aram qui lui sont attribués.

Ensuite, Campantar est un « poète » (kavi APMK 10.4 ; APK 13, 33, 41 ; APA 38), « doué en musique » (icai vittakan

¯ APT 15) et « maître des arts » (kalai talaivan

¯ APMK 14 et kalai vittakan¯ APK 6). Il est l’« expert tamoul » par excellence15. Il compose des chants16, en l’honneur de Śiva (APK 0.12, 7 et APUM 85), appelés « tamoul » (tamil

¯ APK 18 et APMK 11), « guirlande » (m¯alai APMK 11) et Veda (curuti, sk. śruti, APK 4 ; APA 46 et 48), qui génèrent des miracles (APMK 4.6, 4.8-9, 28.2-3 ; APA 39 ; APT 38-39 et APCV 3). Le vocabulaire employé pour désigner le poète et les poèmes est similaire à celui des envois du T¯ev¯aram. Notons que la nouveauté ici est que les hymnes prennent une importance démesurée : ils acquièrent la sacralité des Veda et le pouvoir de générer des miracles. Ils se comptent par milliers. En effet, trois textes s’accordent pour attribuer à Campantar seize milles hymnes ou strophes17. Nous trouvons enfin des références précises à certains hymnes du corpus actuel du T¯ev¯aram comme le poème inaugural I 1 (APK 0.9 et APA 13), celui intitulé y¯al

¯uri I 136 (APK 26 ; APA 39, 91 ; APUM 76 et APT 13) ou encore celui surnommé paccai patikam I 49 (APT 42)18. L’APUM mentionne quelques procédés littéraires (APUM 83-85) et l’APT la formule ¯an. ai namat¯e (APT 45) qui est présente dans les envois des hymnes II 84, 85 et III 7819.

Enfin, Campantar porte le titre de « lion pour les hérétiques » (paracamaya k¯ol.ari APK 5, 24, 37.32 ; APA 4 et 54). Il est l’ennemi des jaïns (APMK 8 et

15. tamil

¯virakan¯ APMK 1.9, 10.4, 16.14, 19.12, 23, 25.7 ; APK 1.1, 6, 17, 21-24, 27, 32-34, 36, 37.31, 38, 39, 44-46 ; APA 35, 45, 47, 52, 68, 70, 72, 74, 75, 79, 93, 94, 96 et 98.

16. APMK 1.12, 6, 21 ; APK 0.2, 9, 29, 30, 35 ; APA 2, 31, 80 ; APT 9-10 et APCV 6. 17. patin

¯¯ar¯¯ayiram patikam (APA 15), patin¯¯ar¯ayiranar¯ ¯pan¯uval (APUM 62) et patin¯¯ar¯¯ayiram p¯a (APT 42).

18. L’édition de Tarumapuram explique que ce paccai patikam, littéralement « décade verte », est un hymne dédié à Nal.l.¯ar

¯u. Il s’agit d’après le Periyapur¯an. am de l’hymne qui sort intact du feu devant les jaïns à Maturai et qui est consacré à Nal.l.¯ar

¯u (st. 2354). Signalons aussi que deux inscriptions du temple de Nal.l.¯ar

¯u semblent faire allusion à ce surnom dans l’appelation du village Paccapatiyanall¯ur (cf. inscriptions 455 et 471 dans Vijayavenugopal 2006).

19. Cette formule est aussi associée à Campantar dans les inscriptions ; voir SII 8 442 l. 24 par exemple.

APA 43), qualifiés souvent de « gros » (kun. t.ar APK 20 et 41). Il est né pour les vaincre (APMK 6 et APCV 1). De nombreux passages évoquent sa victoire au bord du fleuve Vaikai (APMK 13.14, 21, 26, 29 ; APA 12 et 54) ou à K¯ut.al, i.e. Maturai (APUM 73), contre les jaïns qu’il a fait empaler20. La haine envers les jaïns déjà exprimée dans le T¯ev¯aram est accompagnée dorénavant de disputes sanglantes au bord de la Vaikai. Ajoutons que ces passages ne se réfèrent jamais de façon précise aux confrontations de Maturai narrées dans le Periyapur¯an. am (la guérison du roi, les épreuves du feu, de l’eau, etc.). Campantar vainc les jaïns et les fait empaler au bord du fleuve (fig. 5.1). Quant aux bouddhistes, seuls deux textes les mentionnent. Ils sont vaincus (APA 66) et décapités (APT 38-39). Ainsi,

Figure 5.1 – Empalement des jaïns. Détail de la frise peinte sur le plafond du man. d. apa de Skanda, C¯ık¯al¯i (cliché U. Veluppillai, 2006).

les actions de Campantar contre ces deux religions sont peu développées dans les textes attribués à Nampi. Par exemple, les épisodes de Maturai qui forment un passage crucial et qui occupent un quart de l’hagiographie de Campantar dans le Periyapur¯an. am ne sont évoqués que dans deux textes seulement : l’APUM et

20. APMK 4.18-19, 26 ; APK 0.23, 8, 9, 35 ; APA 6, 28, 51, 66, 81 ; APUM 74, 134-135 et APT 12.

l’APT. Certains autres miracles sont plus fréquemment attestés.

Les miracles

Dans les textes attribués à Nampi ¯An.t.¯ar Nampi certains miracles sont plus fré-quents que d’autres, et un petit groupe d’entre eux n’apparaît que dans deux poèmes. Parmi les miracles les plus récurrents se trouvent ceux déjà évoqués dans les hymnes attribués à Appar et à Cuntarar : le don de la connaissance, des cymbales, des pièces à ¯Avat.utur

¯ai et à V¯ıl¯imil¯alai et le miracle des portes de Mar

¯aikk¯at.u. À ceux-ci s’ajoutent le don du palanquin, la guérison de l’amant mordu par un serpent à Marukal, le prodige de la barque de P¯ut¯ur et celui des palmiers d’ ¯Ott¯ur.

Le tableau 5.1 recense les prodiges narrés dans le Periyapur¯an. am et établit leur fréquence dans les écrits attribués à Nampi21.

Tableau 5.1: Les miracles de Campantar

Miracles du APCV APK APMK APA APUM APT Periyapur¯an. am

Lait, grâce, connaissance st. 2 st. 0.5-8, st. 1.5, 4.5 st. 40, 72 st. 67 l. 1-8 9, 35, 48 Cymbales 9 4.6-7 40, 82 82 22 Palanquin 9 4.12-13, 28.3 40, 83 79 23-24 Guérison de l’épilepsie 31-32 Guérison de la fièvre 78 Contre la chaleur Pièces d’or à ¯Avat.utur

¯ai 4.17 40, 85 80 18-19 Amant guéri du venin 4.9 49 137-138 21 à Marukal

Pièces d’or à V¯ıl

¯imil¯alai 24 41, 80 78-79 11 Portes de Mar

¯aikk¯at.u 7 35 4.10-11 39, 91 77 26-27 Transfert du feu sur 47-50 le roi p¯an. d. ya

Guérison du roi

Épreuve du feu 76 13-14

Épreuve de l’eau 76 33-34

Barque de P¯ut¯ur 35 4.22-23 39 77 29-30

21. La numérotation des strophes étant erronée dans l’édition du monastère de Tarumapuram nous suivons celle de l’édition de Tiruppan

Miracles du APCV APK APMK APA APUM APT Periyapur¯an. am

Bouddhiste décapité 38-39

Palmiers d’ ¯Ott¯ur 4.14-15 39 81 27-28 Jeune fille ressuscitée 35-38

Mariage 10 60 61-64

Le don de la connaissance, i.e. celui du lait, est mentionné dans tous les textes. Campantar reçoit dès son jeune âge la grâce de Śiva (APK 0.5-8, APMK 1.5, APA 72 et APT 1-10) et celle de la déesse (APCV 2, APK 9, 35, et 48) qui le nourrit avec l’ambroisie de la connaissance (APK 0.5-8, APMK 4.5, APUM 67, APA 40, 72 et APT 1-10) dans une coupelle en or (APK 0.5-8 et APUM 67). Notons qu’un seul texte précise que l’enfant pleure de faim en tapant des pieds (APT 1-10)22.

Le don des cymbales est souvent couplé avec celui du palanquin (APK 9, APA 40, APA 82-83, APT 22-24). Ces deux objets constituent les attributs du poète-enfant. Campantar obtient des cymbales d’or (APA 9, APMK 6-7, APUM 82) à K¯olakk¯a (APT 22, APA 40, APA 82, APMK 6-7), localité adjacente à [C¯ı]k¯al

¯i (APUM 82), pour que ses petites mains ne souffrent pas en marquant le rythme du chant (APA 82 et APUM 82) :

kan. n. ¯ar tirunuta l¯on

¯olak k¯avil karanot.iy¯al pan. n. ¯ar tarapp¯at.u can.paiyar k¯on

¯an. i nontit.umen¯(r¯u) en. n. ¯a vel

¯uttañcu mit.t.apon

¯ al.a ˙nka l.¯ıyakkan.t.um man. n. ¯ar cilarcan. pai n¯atan

¯ai y¯ett¯ar varuntuvat¯e. (APA 82)

Certains habitants de la terre

Qui ne louent pas le seigneur de Can.pai, Bien qu’ayant vu le don de cymbales d’or Marqués des cinq syllabes d’estime,

Pensant : « les paumes du roi des habitants de Can.pai, Qui chante en donnant la mélodie en frappant des mains, Dans [le temple de] de K¯olakk¯a

De Celui au front pourvu d’oeil, Vont avoir mal »,

22. Cette version des faits n’est pas celle du Periyapur¯an. am mais celle retenue par Pat.t.in

[Ces habitants-là] souffrent. (APA 82)

La raison du don de palanquin n’est pas expliquée dans ces textes. Nous appre-nons qu’il est fait de perles (APT 23, APMK 12-13, APMK 28.3, APUM 79) et qu’il fut obtenu à Arattur

¯ai (APA 40, APA 83, APMK 12-13). Cependant, selon l’APUM, ce don a eu lieu à Nelv¯ayil, un site associé à Arattur

¯ai aujourd’hui, près de Citamparam23.

Le miracle de Mar

¯aikk¯at.u, dans ces six poèmes, se limite à la fermeture des portes par Campantar. Parfois, le toponyme est omis (APCV 7, APK 35, APUM 77 et APA 39). Notons que, contrairement à ce qui se passe dans le T¯ev¯aram V 50.8 ou dans le Periyapur¯an. am (st. 2477-2485), il n’y a aucune allusion à la présence d’Appar ou au fait que ce dernier ait ouvert les portes du temple que le poète-enfant referme.

Śiva octroie des pièces d’or à Campantar : à V¯ıl

¯imil¯alai il les fait pleuvoir (APK 24 et APA 41) et à ¯Avat.utur

¯ai il les donne par milliers (APMK 4.17 et APUM 80). Les raisons de ces dons diffèrent. L’épisode de V¯ıl

¯imil¯alai est développé uniquement dans APA 80 :

p¯at.iya centami l

¯¯ar¯pal¯a ˙n k¯acu paricil per¯¯ra n¯ıt.iya c¯ırttiru ñ¯an

¯acam pantan¯ nir¯aipukal¯¯an¯ n¯et.iya p¯untiru n¯avuk karac¯o t.el

¯ilmil¯alaik k¯ut.iya kut.t.atti n

¯¯alul.a t¯ayttik kuvalayam¯e. (APA 80)

Celui à la gloire pleine, Tiruñ¯an

¯acampantan¯ à la gloire longue, Qui obtint un cadeau d’anciennes pièces Grâce au beau tamoul chanté,

Avec Tirun¯avukkaracu à la beauté estimable, Par leur rassemblement, à Mil

¯alai la belle, Le monde subsista. (APA 80)

Dans le Periyapur¯an. am, Campantar et Appar chantent devant le Śiva de V¯ıl

¯imil¯alai pour obtenir des pièces d’or afin de nourrir les villageois souffrant de famine. Contrairement à celles d’Appar, les pièces acquises par Campantar sont anciennes

23. Notons que dans le Periyapur¯an. am ce sont les brahmanes de Nelv¯ayil qui apportent ce palanquin à Arattur

et causent pour cette raison un retard dans la distribution des repas. Campantar demande alors à Śiva d’avoir des pièces de même valeur que celles d’Appar. Son désir est exaucé et le monde ne succombe pas à la famine (st. 2460-2470). Ici nous nous écartons un peu de ce récit : Campantar obtient des pièces anciennes grâce à son chant, il est avec Appar et les deux poètes sauvent le monde.

L’épisode d’ ¯Avat.utur

¯ai n’est résumé que dans APA 85 :

cintaiyait t¯en

¯ait tiruv¯a vat.utur

¯ai yul.tikal ¯um entaiyaip p¯at.al icaittut tolaiy¯a nitiyameytit tantaiyait t¯ıttol

¯il m¯ut.t.iya k¯on

¯caran. c¯arvilar¯el nintaiyaip per

¯¯rol¯i y¯atiran t¯ekaram n¯ıt.t.uvar¯e. (APA 85)

Il chanta [celui qui est] pensée, miel, Notre père qui brille dans Tiruv¯avat.utur

¯ai, Il obtint un trésor impérissable,

Le roi rattacha son père au métier du feu ; S’ils ne prennent refuge [en lui],

Blâmés, sans fin, suppliant ils quémanderont24. (APA 85)

Dans le Periyapur¯an. am, Campantar congédie son père avec des pièces d’or pour qu’il aille conduire ses sacrifices du feu à C¯ık¯al

¯i (st. 2320-2327).

Le miracle de la guérison du venin est un thème apprécié dans ces six textes. Cependant, si plusieurs passages y font brièvement allusion (APCV 3, APK 35, APUM 76, APA 39 et 91), seuls quatre poèmes placent ce prodige dans la localité de Marukal (APMK 4.8-9, APUM 137-138, APA 49 et APT 21). Campantar sauve l’amant d’une jeune femme en détresse mordu par un serpent :

vayal¯ar Marukal patitan

¯¯nul. v¯al.arav¯ar ¯kat.iyun. t.ayal¯a vil

¯unta avan¯uk kira ˙nki ar¯ival¯inta kayal¯ar karu ˙nkan. n. i tan

¯tuyar t¯ırtta karun. aivel.l.a(m) (APA 49a-c)

Celui qui est abondance de bonté, Compatissant pour celui qui tomba, À côté, mordu par un serpent brillant, Dans la ville de Marukal pleine de rizières, Supprima la souffrance

24. Littéralement « tendront la main ». T. S. Gangadharan (1929-2009) nous a guidée dans la lecture de cette strophe.

De celle aux yeux noirs [en forme] de poisson kayal Qui avait perdu la raison. (APA 49a-c)

Ajoutons enfin que deux miracles mineurs reviennent souvent et brièvement dans ces textes : la barque qui traverse le courant pour aller sur l’autre rive à P¯ut¯ur et les palmiers mâles qui deviennent femelles à ¯Ott¯ur.

Ainsi, nous observons un traitement inégal des miracles dans les textes attribués à Nampi. Certains évènements importants du Periyapur¯an. am ne sont nullement ou à peine mentionnés dans ces six poèmes. Par exemple, les miracles de Pat.t.¯ıcaram ou de la guérison du roi p¯an. d. ya sont absents. Ensuite, quelques épisodes de Maturai ne sont évoqués, nous l’avons dit, que dans deux textes : APUM et APT. Même s’il y a plusieurs références à la victoire de Campantar sur les jaïns et à leur empalement au bord du fleuve Vaikai dans APMK et APA, elles ne sont situées dans aucun contexte narratif. De plus, si la reine et le ministre p¯an. d. ya sont cités dans APT 48 et 49 respectivement25, le roi p¯an. d. ya est absent dans ces textes. Pourtant, dans le Periyapur¯an. am, c’est la conversion au shivaïsme de ce personnage clé qui entraîne la défaite et l’empalement de huit milles jaïns. Enfin, seul l’APT évoque un des miracles les plus célèbres, celui de P¯ump¯avai.

Nous constatons aussi qu’il existe des variations narratives entre les textes at-tribués à Nampi et le Periyapur¯an. am. Lors du miracle du lait Campantar pleure de faim dans l’APT et dans le Tirukkal

¯umalamumman. ikk¯ovai alors que dans l’ha-giographie il pleure parce qu’il ne voit plus son père qui a plongé dans le bassin.